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Le blog de Chérif BOUTAFA

Parler de Grenoble, etc.

LES OUBLIES DE LA NATION. Posté le Dimanche 6 Juin 2010 à 23h41

Le 8 mai 2010, comme à l’accoutumé, la France a célébré le 64ème anniversaire de la fin de la barbarie nazie qui a marqué le retour d’une paix durable en Europe (8 MAI 1945). Cette date est l'occasion de rendre hommage à ces hommes et à ces femmes connus ou anonymes qui ont donné jusqu'à leur vie pour que cesse l'intolérable. Les oubliés de la Nation  qui ont risqué leur vie pour que triomphe la liberté, oubliés de la République qu'il faut reconnaître et assumer leur prix du sang.

Mais qui se souvient que cette liberté a été aussi chèrement payée par les combattants « indigènes » goumiers, zouaves, tabors, tirailleurs, spahis, engagés voire pour certains enrôlés de force dans l’armée française !

Mais cette année est particulière puisque nous fêterons le 50ème anniversaire de la création d'une discrimination entre combattants ayant servi sous le même drapeau.

1959 - 2009 : 50 ans d'injustice.

Depuis 1959, les anciens combattants issus des anciennes colonies sont victimes d'une discrimination que nous ne pouvons plus tolérer.

Nous devons donc nous mobiliser fortement en faveur de cette cause qui doit être une cause nationale. Pour ce combat qu'ils ont mené pour la France libre, c'est à nous désormais de mener un combat pour la justice et la dignité.

Face à tant d'injustice et à l'urgence de la situation, la Proposition de loi d'Alain Rousset, député et président de la région Aquitaine a déposé en octobre une proposition de loi en vue de « compléter les mesures déjà intervenues de « décristallisation », améliorer les conditions d'accueil et de prise en charge de ces anciens combattants en France et leur permettre de choisir librement leur lieu de résidence ». Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'argent, mais de liberté de circulation sur le territoire national pour ceux qui se sont battus pour son intégrité.

La France ne peut décemment se cacher derrière l’ignorance pour voiler les oublis de son histoire. Il est enfin temps de regarder notre passé en face : le pays a plus que tout autre le devoir d’équité et de justice.

Depuis une loi du 26 décembre 1959, ceux parmi les français de l'époque devenus ensuite étrangers à la suite de la décolonisation ne bénéficient pas des mêmes droits, des mêmes pensions que leurs camarades de combattants restés français.

Cette situation inique s’accompagne d’un système tout aussi pervers qui conduit à des drames humains intolérables. Faute de pension militaire décente, des milliers de personnes âgées ont émigré au début des années 1990 pour bénéficier de minima sociaux auxquels ils pouvaient prétendre dans la mesure où la Loi Pasqua leur donnait droit à une carte de séjour en tant qu’anciens combattants. Ils se sont retrouvés en France sans accueil adapté, isolés, clochardisés, et ignorés de tous. Ils mènent aujourd’hui leur dernier combat pour que la République leur reconnaisse les mêmes droits que leurs compagnons d’armes français.

Le film Indigènes a contribué à faire bouger les lignes. Depuis 2007, les retraites du combattant et les pensions militaires d’invalidité, dites « pensions de sang » ont été revalorisées mettant enfin à égalité les anciens combattants quelle que soit leur nationalité. Mais cette victoire est amère. Des différences persistent, selon les associations de défense des anciens combattants et de lutte contre le racisme. « Quand un ancien combattant français perçoit environ 600 euros, un ancien combattant sénégalais touche 159 euros. Leurs pensions varient de 1 à 8 selon qu’ils sont aujourd’hui Français, Marocain, Sénégalais, Tunisien, Camerounais ou Cambodgien ».

Quatre-vingt mille personnes seraient encore concernées et que mettre retraites et pensions à égalité coûterait entre environ 500 millions d'euros par an. « Equivalente à la somme du bouclier fiscal voté à l'été 2007...».

Les premiers oubliés sont les jeunes français que le FLN a fait prisonniers. Le silence entourant leur douloureuse expérience incombe en priorité aux acteurs eux-mêmes. Après leur libération, aucune instance officielle ne s’est intéressée à leur sort. Croyant que ce qu’ils avaient vécu ne méritait pas d’être évoqué, les appelés se sont tus. Quand ils sortaient de détention, on les priait de ne pas révéler ce qu’ils avaient vu. Car s’ils parlaient, c’était la vie des soldats toujours prisonniers qu’ils mettaient en danger….

Ce qui revient à dire que ces gens on été doublement prisonniers pendant quarante ans en Algérie, puis en France.

Par ailleurs, il me semblait que tout avait été dit sur la guerre d'Algérie. Or des témoignages des appelés du contingent prisonniers du FLN qui, pour la première fois, racontent les horreurs de leur détention.

Exemple : - la fusillade du 26 mars 1962 à Alger, où l'armée française a tiré sur une manifestation pacifiste, tuant 80 personnes et faisant 200 blessés et également, l'abandon des harkis par la France.

- Les enlèvements de militaires et de civils français et musulmans pro-français. 25 000 personnes dont les corps n'ont jamais été retrouvées.

- Le massacre de 2 000 Français en une seule journée à Oran, le 5 juillet 1962.

- L'accord secret entre le gouvernement de la métropole et le FLN, dans le but de pousser les pieds-noirs à quitter l'Algérie au plus vite...

- Des complots et des crimes d'État montrent comment et pourquoi le silence a été organisé et prolongé par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis.

- Il y a aussi des dossiers laissés volontairement dans l’ombre par tous les gouvernements de la République depuis quarante ans. Il s’agit, à compter du 19 mars 1962, de l’enlèvement par le FLN de vingt-cinq mille Français militaires et civils sans que l’armée pusse intervenir, entravée par les accords d’Evian.

Nous découvrons l’incroyable vérité et le combat mené par les familles des disparus frappant à toutes les portes dans l’espoir que l’on veuille bien répondre à leurs légitimes interrogations.

Et comment ont été organisés l’odieux abandon des harkis et leur livraison par des fonctionnaires français, sachant que cent cinquante mille d’entre eux mourront dans des conditions effroyables.

Au même titre que leurs frères d'armes français, ils ont combattu sous nos drapeaux et y ont perdu leur vie, leur proche ou leur jeunesse.

Malgré la bravoure dont ils ont fait preuve, ils continuent à vivre ou plutôt à survivre dans l'ombre d'une histoire à laquelle ils ont pourtant contribué.

Le président du Conseil constitutionnel a le devoir de mettre en garde le President de la Republique, Monsieur  Nicolas Sarkozy contre une réforme des institutions oublieuse des leçons du passé.

Le passé éclaire bien souvent le présent.

La phrase de Monsieur Bossuet était : « Quand l'histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes : il n'y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils ».

Goumiers, zouaves, tabors, tirailleurs ou spahis, sont à mon sens les « Oubliés francais de la République ».

« LA FRANCE N'OUBLIERA JAMAIS LEUR SACRIFICE A TOUS CES BRAVES ».

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