Maktub (extrait n° 6)
Un vieil ermite fut un jour invité à se rendre à la cour du plus puissant roi de son temps.
« J’envie un saint homme qui se contente de si peu lui dit le roi.
-J’envie Votre Majesté qui se contente de moins que moi, rétorqua l’ermite.
-Comment pouvez-vous dire cela, alors que tout ce pays m’appartient ? s’exclama le roi offensé.
-Précisément, répondit le vieil ermite. Moi, j’ai la musique des sphères, j’ai les rivières et les montagnes du monde entier, j’ai la lune et le soleil, parce que j’ai dieu dans on âme. Mais votre Majesté n’a que se royaume. »
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 5)
« Au commencement de votre chemin, vous trouverez une porte avec une inscription, dit le maître. Revenez me dire quelle est cette phrase. »
Le disciple se livre corps et âme à sa quête. Et puis un jour, il voit la porte, et il retourne consulter son maître.
« Au commencement du chemin, il était écrit : Ce n’est pas possible, lui annonce-t-il.
-Ou était-ce écrit, sur un mur ou sur une porte ? demande le maître.
-Sur une porte.
-Eh bien, posez la main sur la poignée et ouvrez-la. »
Le disciple obéit. Comme l’inscription est peinte sur la porte, elle pivote en même temps qu’elle. Lorsque la porte est entièrement ouverte, le disciple ne parvient plus à distinguer la phrase et il avance.
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 4)
Le maître réunit un soir ses disciples et leur demanda d’allumer un grand feu autour duquel ils pourraient s’asseoir et bavarder.
« Le chemin spirituel est à l’image du feu qui brûle devant nous, dit-il. L’homme désireux de l’allumer doit s’accommoder des désagréments de la fumée qui nous fait suffoquer et monter les larmes aux yeux. La reconquête de la foi passe par là.
« Mais, une fois que le feu crépite, la fumée disparaît et les flammes illuminent tout autour de nous, apportant la chaleur et la paix.
-Et si quelqu’un allumait le feu pour nous ? demanda l’un des disciples. Et s’il nous permettait d’éviter la fumée ?
-celui-là serait un faux maître. Il pourrait emporter le feu là ou il en aurait envie, ou l’éteindre à sa guise ; mais, puisqu’il n’aurait appris à personne à l’allumer, il serait capable de laisser tout le monde dans l’obscurité. »
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 3)
Le disciple s’approcha de son maître :
« Pendant des années, j’ai cherché l’illumination et je sens que je suis sur le point de la rencontrer.
Je veux savoir quelle est la prochaine étape.
-Comment subvenez-vous à vos besoins ? demanda le maître
-Je n’ai pas encore appris à subvenir à mes besoins, mon père et ma mère m’entretiennent. Mais ce n’est là qu’un détail.
-La prochaine étape consiste à regarder le soleil pendant une demi-minute », répondit le maître.
Le disciple obéit.
Le maître lui demanda alors de décrire le champ qui les entourait.
« Je ne vois pas, l’éclat du soleil a troublé ma vision.
-Un homme qui ne cherche que la lumière et se dérobe à ses responsabilités ne rencontrera jamais l’illumination. Un homme qui garde les yeux fixés sur le soleil finit par devenir aveugle », expliqua le maître.
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 2)
Imaginez la chenille. Elle passe la plus grande partie de son existence à regarder d’en bas les oiseaux voler, et s’indigne de son propre destin et de sa forme. « Je suis la plus méprisable des créatures, pense-t-elle, laide, répugnante, condamnée à ramper sur la terre. »
Un jour, cependant,
Quelques jours plus tard, elle constate qu’elle s’est transformée en un superbe papillon. Elle s’étonne du sens de la vie et des desseins de Dieu.
Paulo Coelho