C'est la bonne heure où la lampe s'allume :
Tout est si calme et consolant, ce soir,
Et le silence est tel, que l'on entendrait choir
Des plumes.
C'est la bonne heure où, doucement,
S'en vient la bien-aimée,
Comme la brise ou la fumée,
Tout doucement, tout lentement.
Elle ne dit rien d'abord - et je l'écoute ;
Et son âme, que j'entends toute,
Je la surprends luire et jaillir
Et je la baise sur ses yeux.
C'est la bonne heure où la lampe s'allume,
Où les aveux
De s'être aimés le jour durant,
Du fond du coeur profond mais transparent,
S'exhument.
Et l'on se dit les simples choses :
Le fruit qu'on a cueilli dans le jardin ;
La fleur qui s'est ouverte,
D'entre les mousses vertes ;
Et la pensée éclose en des émois soudains,
Au souvenir d'un mot de tendresse fanée
Surpris au fond d'un vieux tiroir,
Sur un billet de l'autre année.
Emile Verhaeren (1855 - 1916)
La Photo
Les mains croisées sur ton ventre
Me regardes, souriante !
Ta belle jupe couleur lin
Ton corsage à ton gilet, blancs,
Tu aim' le blanc, il va au teint !
Tes cheveux de soie grisonnants
Entourent ta si jolie tête,
Maman !
Ton regard malicieux curieux
Entre en mon cœur, mon âme, mieux !
Ton sourire m'entraîne et m'ivresse
M'emporte aux pays des tendresses,
Des mots que tu m'appris, petite,
Qui me reviennent en flot et rythment
Ma Vie, depuis que tu n'es plus,
Maman !
Mes yeux se perdent dans ton regard
Se noient de Vie et puis d'Amour ;
Ils peuvent trouver ça bizarre
Toi non et moi non plus, Amour !
Toutes les deux nous savons bien
Que nul ne sépare, ni rien
Ta Vie dans ma Vie nous offrons,
Maman !
Marie Aubrée, 19 Janvier 2009
copyright Capucine
en voyant les sculptures de Mme Tussaud, j'explique à Capucine qui sont les
personnages :
- le Dalai lama est un homme très sage
- alors le père noël lui a apporté un cadeau !
- ...
- Ghandi aussi était une homme très sage
- Ils faisaient le même métier alors ? |
[Marcel Jouhandeau] la mort, c'est un peu comme une connerie. le mort, lui, il ne sait pas qu'il est mort. ce sont les autres qui sont tristes. le con, c'est pareil. Philippe Geluk Pour la mort comme pour tant d'autres importunités, la première fois est évidemment la plus désagréable. Pierre Châtillon
copyright Capucine
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quand au dernier
matin du monde
couchés au creux de notre couche
nous pensons,
depuis le berceau
jusques au reposoir
nous n'avons fait
chaque soirée
que nous coucher
et avancer
vers notre dernier
lit défait
alors, quand au
dernier matin du monde
au lit des fées
nous nous remettons,
soyons heureux,
car notre Vie
n'a pas été vaine
depuis le berceau
jusques au reposoir
si nous avons accompli
chaque jour notre devoir
de rendre plus belle la Vie
le dernier lit défait
Marie Aubrée,18 Janvier 2009
copyright Capucine
Je m’approche d’un lit, il a fait son temps
Comme disaient les anciens
Tout de bois cerné
Haut sur pattes
Un énorme édredon rouge, fait de plumes
Alourdit chaudement des draps blancs épais et rêches
Et couvertures flétries aux couleurs passées
Deux énormes oreillers à peine écrasés
Sur un long boudin de crin
Apportent à l’ensemble
Un sentiment de confort
Le lit est tranquille
On dirait qu’il dort
Ses habitants sont partis
Les attend-il encore ?
Il a servi des années
A donné des petits
A rempli toutes ces nuits
Ses diverses fonctions
Une nuit, le rêve
L’autre, l’ Amour
Un jour des pleurs
Un matin des rires
Aujourd’hui, il est là
Sert à rien, à personne
Il est là, il attend
Que quelqu’un le reprenne
Un huitième lit défait
copyright Capucine