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Tibhirine  : Alger reporte l'exhumation des têtes des moines 
26/02/2014 à 08:49 Par  Jeune Afrique
Les tombes des sept moines, enterrés à Tibéhirine, en  Algérie. Les tombes des sept moines, enterrés à Tibéhirine, en Algérie. © AFP  
Attendu en Algérie à partir de dimanche pour procéder à l'exhumation des  têtes des moines de Tibhirine, le juge français Marc Trévidic a vu son voyage  reporté à la dernière minute par les autorités algériennes.
C'est un coup  dur pour les familles des moines de Tibhirine. Les autorités algériennes ont  décidé de reporter la visite - prévue à partir du dimanche 2 mars - du juge  d'instruction français Marc Trévidic, qui devait procéder à l'exhumation des  têtes des sept religieux, assassinés en mai 1996 dans des conditions  troubles.
Cette exhumation, que les magistrats instructeurs réclamaient  depuis plus de deux ans, avait été acceptée cet automne par les autorités  algériennes. Côté français, tout était prêt pour cette visite impliquant une  importante organisation logistique. "C'est pour nous une immense déception et un  camouflet infligé à la justice française", a commenté l'avocat des familles et  proches des moines, Me Patrick Baudouin. "Le magistrat de liaison algérien en  France a indiqué au juge Trévidic que tout n'était pas prêt pour cette  visite".
De source judiciaire, on a précisé que cette visite était  reportée "à fin mai-début juin". "Nous espérons sincèrement que ce déplacement  aura lieu", a déclaré Me Baudouin. "Mais je suis sceptique, car nous sommes  menés en bateau depuis si longtemps dans cette affaire", a-t-il ajouté, en  s'interrogeant sur une éventuelle relation entre ce report soudain et "le climat  délétère en Algérie à l'approche de la présidentielle".
Une bavure de  l'armée algérienne ?
Christian de Chergé, Luc Dochier, Paul  Favre-Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin  Ringeard, moines de l'Ordre de Cîteaux de la stricte observance, avaient été  enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par un groupe d'hommes armés dans  leur monastère isolé de Tibhirine, près de Médéa (nord-ouest).
Ce rapt  avait été revendiqué un mois plus tard par le GIA (Groupe islamique armé) via un  communiqué signé de son émir Djamel Zitouni, commanditaire des attentats de 1995  en France. Le 21 mai, un second communiqué annonçait l'exécution des religieux.  Leurs têtes seront retrouvées neuf jours plus tard au bord d'une route de  montagne.
Après avoir suivi la thèse islamiste, le juge Trévidic a  réorienté l'enquête vers une possible bavure de l'armée algérienne, avec le  témoignage, en juin 2009, d'un ancien attaché de Défense à l'ambassade de France  à Alger. Selon le général François Buchwalter, les moines ont été tués dans un  raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait  être un bivouac de jihadistes.
Justice algérienne  "souveraine"
Après ce nouveau témoignage, les juges d'instruction  français avaient adressé une commission rogatoire internationale aux autorités  algériennes en décembre 2011. Outre l'exhumation et l'autopsie des têtes des  religieux, les magistrats demandaient l'audition d'une vingtaine de témoins,  dont celle d'un des ravisseurs présumés des moines, Abderrazak El  Para.
En visite à Alger en novembre, Marc Trévidic avait obtenu le feu  vert des autorités algériennes pour la première partie de sa demande, mais pas  sur la seconde, au grand dam des proches des moines. En décembre, le ministre  algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait tenu à rappeler au  sujet de cette affaire que la justice algérienne était "souveraine comme (...)  la justice française".
Outre la présence d'impacts de balles, les  analyses prévues sur les têtes visaient notamment à établir si la décapitation  avait été menée avant ou après la mort et devaient potentiellement permettre  d'écarter ou d'accréditer certains témoignages.
(Avec AFP)
