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l'entreconnaissance

Haine de l'autre, poison pour la démocratie Posté le Samedi 27 Septembre 2014 à 23h21

Le Monde

 

 

28 septembre 2014

 

ÉDITORIAL

 

Haine de l'autre, poison pour la démocratie

 

Depuis la décapitation d'Hervé Gourdel par le groupe algérien Jund Al-Khalifa, les musulmans de France ont apporté la réponse la plus nette à tous ceux qui voudraient faire l'amalgame entre l'islam et la violence sanguinaire des djihadistes.

Au lendemain de cet assassinat, le Conseil français du culte musulman, représentant l'islam de France auprès des pouvoirs publics, a dénoncé ce " crime barbare ". Et condamné " l'organisation Daech, connue sous l'appellation “Etat islamique” " – dont se sont revendiqués les assassins d'Hervé Gourdel –, qui " n'a rien ni d'un Etat ni d'islamique " et dont " les actions criminelles sont en totale contradiction avec les principes élémentaires de la religion musulmane ". De son côté, l'Union des organisations islamiques de France a refusé que les musulmans de France soient " associés, de près ou de loin ", à cet " assassinat ignoble ".

Vendredi 26 septembre, lors d'un rassemblement en hommage à Hervé Gourdel, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a répété que " l'islam, c'est la paix, c'est le respect de la vie, c'est la tolérance ". C'est-à-dire, a-t-il martelé, le contraire du terrorisme et de la " barbarie ".

D'autres initiatives témoignent de l'onde de choc provoquée par cet assassinat dans la communauté nationale et, en son sein, chez les quelque 5 millions de musulmans de France.

Ainsi, une vingtaine de personnalités, dont le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, et la sénatrice socialiste de Paris Bariza Khiari, ont publié une tribune dans laquelle, face à " un groupe de barbares fanatisés ", ils affirment : " Nous sommes aussi de sales Français. "

De même, le mouvement #Not in My Name (" Pas en mon nom "), lancé le 10 septembre par une fondation britannique pour répondre aux crimes de l'Etat islamique et " noyer leur message de haine et de violence ", tourne en boucle sur les réseaux sociaux.

Enfin, d'autres voix expriment leur exaspération de voir les musulmans sans cesse sommés d'exprimer haut et fort leur indignation devant les crimes commis par les djihadistes et de s'en désolidariser. Comme si cela n'allait pas de soi. Ainsi, ces jeunes intellectuels qui, dans nos colonnes (lire page 19), invitent à ne pas être " dupes " : " Cette injonction sous-entend qu'il existerait bel et bien un lien entre l'EI et les musulmans. " Et ils dénoncent cette " banalisation d'une culpabilité ontologique - de tout musulman - , qui exprime un racisme insidieux et décomplexé ", comparable, à bien des égards, à l'antisémitisme.

Au-delà de la diversité de leurs tonalités, toutes ces prises de position sont, en réalité, complémentaires et salutaires. Elles disent que la haine de l'autre est un poison redoutable pour la démocratie.

Elles martèlent, à juste titre, que c'est précisément parce que la haine de l'autre est le ressort de la barbarie djihadiste qu'il faut à tout prix éviter d'y répondre par la suspicion, la stigmatisation et la détestation. Mais, au contraire, par le rappel inlassable des principes qui fondent la République laïque et, en particulier, les " droits inaliénables " reconnus à " tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance ", selon le préambule de la Constitution.

 

La mort tragique d'Hervé Gourdel a la vertu de rappeler à tous, croyants ou non, musulmans ou non, cette évidence. 

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