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Parce que le roseau plie...

... mais ne rompt pas

... Publié le Dimanche 22 Mars 2009 à 10:42:19

Hier soir, un pote vient me voir. inutile de préciser qu'étant donné la quantité d'alcool ingurgitée, j'étais pas très réceptive...

 

Lui et un autre veulent organiser une soirée pour toi, avec tout le monde. Alors là, mon cerveau ne comprend rien, parce qu'en général on fait des soirées pour les gens lorsqu'ils sont vivant. Je lui demande de m'expliquer, et à ce que j'ai comprit, ce serait le genre de soirée "souvenir", tu sais où chacun raconte un souvenir, où regarde les photos et les vidéos des soirées, des anniversaires, des vacances, des barbuc... bref, tout ce que je déteste, pourquoi ne pas mettre des bougies et faire tourner les tables pendant qu'on y est ? "esprit es tu là, si oui manifeste toi", c'est du grand n'importe quoi. Il me dit que c'est pour dire adieu, une sorte de rituel. Mouai, enfin, ils ont eu un enterrement pour ca, ca leur a pas suffit ? Remarques s'ils veulent un second tour, je peux leur offrir un billet d'entrée pour le suivant !

je lui répond donc, que moi, je n'irai pas. Je n'irai pas à une soirée comme celle ci dont, je ne vois vraiment pas le sens que je pourrai lui donner, et je n'irai pas faire ca chez toi. D'ailleur, je ne rentrerai plus dans cette maison.ou en tout cas pas avant longtemps. Je comprend qu'ils aient besoin de ce genre de truc, alors, ils ont ma bénédiction pour utiliser la maison à condition qu'elle soit nickelle après. Il me remercie mais ne comprend pas pourquoi je ne viens pas. Obligée de lui expliquer que pour moi c'est débile comme soirée, et que c'est facile d'utiliser une maison, lorsqu'on ne t'a pas trouvé baignant dans le sang, et que ton père ne pendouille pas au plafond comme le ponpon sur les tours de manèges (sauf que l'à on se passerai bien du second tour... et en plus, c'est le troisième bref...). Je crois qu'il m'en veut un peu, mais ca m'est égal, je me sens vraiment très très loin d'eux en ce moment.

je suis un glaçon, les gens ne comprenne pas que je ne réagisse pas, que je ne pleure pas et tout ca, ils croivent que je ne ressent rien... ils sont à coté de la plaque, évidement que je ressens des choses, seulement... je les reconnait pas, c'est comme ci, ca m'appartenait pas, en fait.

j'ai rendez vous avec le psychiatre mardi... hum, un psy ca suffira où il faudrai une armée ? je ne vois pas l'intéret d'aller là bas non plus. De recommencer à parler de tout ca, de rentrer dans certains détails... je peux dire comment je vais et tout ca (et encore, c'est dur de parler de moi) mais parler de toi, c'est une autre histoire. Moi, j'aimerai juste que tout cela soit derrière moi, être par exemple dans 10 ans, et que tout ca soit derrière moi, que je puisse respirer pour de vrai à nouveau, et retrouver ma déconnade habituelle, je n'aime pas ce que tu as fait de moi.

enfin, heureusement, il n'y a plus de famille, donc le jeu du cluedo est finit, j'ai eu la fille avec le rasoir dans la salle de bain, la mère avec les médocs à l'hosto, le père avec la corde dans la salle à manger... je suis au complète maintenant. Ouf... si tu avais eu un frère ou une soeur, j'aurai eu peur de le retrouver dans la véranda avec un pistolet... je peux dormir plus tranquille maintenant.

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... Publié le Samedi 21 Mars 2009 à 10:51:55

Dieu que cela fait du bien de sentir la chaleur passer dans mon ventre et mes veines. C'est un liquide assez agressif au premier abord, mais au bout d'un certain nombre de centilitres, on ne le sent même plus passé. Si ce n'est l'effet que cela fait, on dirait de l'eau comme c'est translucide en plus.

bon quand même au bout de la bouteille et demie, on se rend compte que c'est plus de l'eau, et qu'il va falloir penser à s'arrêter et à se faire un café...

je sais, le matin, c'est pas bien de boire. mais mes parents sont pas là (alors pour une fois ou je peux faire ce que je veux hein !) et vu que j'ai pas dormit de la nuit, ce n'est pas vraiment le matin du coup, techniquement. Oui, j'ai pensé : que vais je faire avec la maison ? parce qu'il va falloir la vider, et après, la vendre ou pas, je sais pas ? et il va y avoir des trucs à signer avec les notaires et tout ca non ? peut être pas ? j'en sais rien. c'est quelque chose qui me dépasse complètement tout ca.

 

finallement, je vais peut être pas me faire de café tout de suite... le temps semble moins long et cela me parait moins douloureux ainsi. comme on dit :

"Peu importe le flacon,..."

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Et ce qui devait arriver... Publié le Vendredi 20 Mars 2009 à 11:47:35

arriva...

 

Sais tu que mercredi après midi ta mère est arrivée en urgence à l'hopital d'argenteuil... overdose médicamenteuse. Barbituriques (quésaco ca ?), anti dépresseurs, anxiolityques, anti inflammatoires... bref on peut dire qu'elle a prit la dose. Moi, quand ton père m'a appelé pour me prévenir, elle était en réanimation. J'ai téléphoné au médecin (entre deux autres choses puisque vois tu, j'ai une vie, accessoirement, et j'étais au stage), il m'a dit sans rentrer dans de grands détails, qu'un lavage d'estomac avait été fait, mais que beaucoup de substance était passée dans le sang, et qu'il était possible qu'elle ne s'en sorte pas, qu'il fallait attendre... super... (et maintenant, Sandrine, essaie de te raccrocher un mini sourir sur le visage, allez fais un effort, tu es pas toute seule chez toi, il y a des gens !)

 

Les heures tournent, les jours aussi. Dans la nuit de mercredi à jeudi, son coeur a laché. Ta mère n'a jamais été une force de la nature concernant le médical (le reste aussi d'ailleur mais bon, on est comme on est). Elle n'a pas fait long feu. Ton père me prévient jeudi matin. Imagines tu dans quel état il est ? Il vient de perdre sa fille, et maintenant sa femme ! Je vais lui tenir compagnie et tout ca, mais qu'est  ce que tu veux que je lui dise ? Comment je peux apaiser ca, moi ? Je ne suis que...moi. Et en plus, tu m'as quand même  mit un grand coup dans la gueule avec ton départ, alors, je fais ce que je peux, merde !

 

Bref, jeudi soir, je vais chez toi, pour "diner" (si tenté qu'on puisse avaler quoi que ce soit l'un et l'autre), j'ai fait ton plat préféré (avoues que t'es dégoutée de pas pouvoir en manger ;) ).

Je rentre par le sous sol comme d'habitude. C'est fou ce que cette maison me semble vide maintenant. Mes pas résonnent, il me semble même entendre de l'écho lorsque j'appelle ton père. Je monte les escaliers, après tout, c'est vrai qu'il est difficile de s'entendre d'un étage à l'autre chez toi. En passant la porte de communication, et en rentrant dans le salon, je me trouve nez à nez avec des pieds qui pendouillent. Le pire, c'est que j'ai même pas comprit tout de suite. En fait, si j'ai comprit, je crois, mais je ne voulais pas lever les yeux, non, je ne voulais pas, je ne savais que trop ce que j'allais voir. Et pendant quelques minutes, j'ai eu peur de ne pas y survivre si je levais les yeux. Je finis par le faire, parce qu'il le faut bien. Et voilà. Pas très joli à voir (cela dit, plus que toi quand même, pour faire pire, il aurait fallu y mettre du sien). Sur la petite table, un petit mot : ma femme et ma fille ont peut être quitté ce monde, mais c'est toujours ma famille, ma place est avec elle. Donc, j'appelle direct la police (hey maintenant, je sais faire ! je passe pro du "je suis à coté d'un corps, c'est un suicide, j'habite à...dépêchez vous, s'il vous plais"). En attendant, je monte sur une chaise avec des cisailles, je lutte pour couper, il tombe. Je crois que c'est un bruit inimitable qui n'existe que dans ce cas là, avec une hauteur précise et un poid précis.

 

Qu'est ce qu'il était cool ton père, il m'a toujours considéré comme sa fille. Il ne faisait pas de différence entre nous, il se montrait papa gâteux avec moi, plus que mon père. Il me courait après dans le jardin, il m'a construit une cabane, et quand j'ai grandit, il m'écoutait parlé des garçon, et des misères qu'ils me faisaient, et il les maudissait... c'était un as du barbecue aussi et un buveur de champagne hors pair !

 

Je n'arrive pas à croire que j'ai tout perdu. Toute ta famille, Toute la famille que j'ai adopté. Mon petit havre de paix. tu es fière de toi ? Tu te rend compte que tu as tué tes parents ! Et que tu m'as enlevé les personnes qui sont le plus proche de ma douleur ? Je suis vraiment seule maintenant (peut être que tout cela n'était qu'un rêve, et que j'ai toujours été seule en fait ?!).

 

Enfin, voilà. on t'as enterré vendredi dernier, et pour tes parents...il va falloir que je m'en occupe, parce qu'il n'y a plus de famille pour s'occuper d'eux, si ce n'est moi. Mais comment on fait ca ? comment on enterre les gens ? Parce qu'il faut choisir des vêtements, des cerceuils, prévenir l'église, et le cimetière, faire des fleurs, enfin tout ca... je suis perdue. Vous allez réussir à me démolir tous autant que vous êtes ! Je vous déteste ! Je suis solide ok, mais j'ai des limites, et je vais finir par craquer. Non, je ne suis pas Superwoman !

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Je te rends ton amour... Publié le Samedi 7 Mars 2009 à 12:01:03

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... Publié le Jeudi 5 Mars 2009 à 14:21:55

           

 

            Lorsque tu m'as appelé, je savais que quelque chose n'était pas pareil que d'habitude. Je ne saurait le définir, mais c'était comme un pressentiment. Quelque chose qui m'a traversé de façon physique. Ta voie était comme si tu avais fumé un joint, et tu disais que lorsque tu fumera les poules auront des dents (au moins maintenant on sait qu'elles ne risquent pas d'en avoir).

 

            Tes parents étaient en voyage jusqu'au week end d'après. Moi, tu savais que je dînais avec mes parents chez mon grand père. Heureusement, lorsque tu as appelé nous avions finit et j'ai pu m'éclipser. J'ai dit au revoir, mit mon manteau et prit mon sac assez rapidement mais pas trop, j'ai roulé vers chez toi et me suis garée assez rapidement mais pas trop. J'ai marché, prit les clés et ouvert la porte, assez rapidement mais trop tard.

 

            Sais tu que le sang a une odeur ?

            Ca m'a remplit les narines tout de suite. Cette odeur chaude et ferreuse : écœurante. J'ai monté l'escalier en t'appelant : pas de réponse. Lumière sous la porte de la salle de bain. J'avance une main tremblante sur la poignée et pousse la porte.

 

            Sais tu combien de litres de sang contient un corps humain ? je ne sais pas, mais par contre, je sais ce que ça fait comme place lorsque c'est répandu par terre. Du rouge rubis, luisant, épais, poisseux, puant. Du rouge partout. Entailles béantes aux poignets et aux cuisses, dans un bain chaud. Tu n'avais pas moyen de te rater. Il manquait plus que tu prennes des anticoagulants aussi ! L'eau du bain te soutenais un peu de chaleur, elle était rouge aussi, mais moins. Je suis debout ne sachant où regarder, où poser mes pieds. Je ferme les yeux, essaie de retenir la nausée qui monte dans ma gorge, d'effacer la neige noir qui me tombe devant les yeux, de calmer les battements de mon cœur et je prie pour que mes jambes continue de me porter. Tu aurais peut être pu mettre un panneau genre « Attention, scène pouvant heurter la sensibilité de tout public « ?! J'aurai été prévenue au moins. Je rouvre les yeux mais c'est la même chose. Rien n'a bougé. Je me décide à t'approcher, mes pieds glissent. Je me rappelle qu'à la télé, ils regardent le pou en premier. Je prend ton poignet. Non, au cou plutôt, évidemment. Pas de pou, salope ! peut être que c'est parce que je sais pas le prendre, mais j'en doute. Il faut que je téléphone aux pompiers. Je cherche ce putain de téléphone partout, avant de réaliser que j'ai mon portable dans la poche. Quel numéro, les pompiers déjà ? Ils me disent qu'ils vont vite arriver. Je réalise que tu dois être nue en dessous cette eau. Je me dépêche, je vide l'eau, je ne trouve qu'une couverture mais ça fera l'affaire. Je la jette sur toit, sans te bouger (ça aussi ils disent qu'il faut pas le faire à la télé). Et pis, j'attend avec toi. Ils arrivent, y 'a les sirènes. Ils vérifient ton pou, comme je l'ai fait. Me disent qu'ils sont désolés mais qu'ils vont appeler la police et qu'elle fera le nécessaire pour emmener le corps. La police arrive, on m'a installée sur ce fauteuil où on se roulait quand on avait 10 ans, avec un verre d'eau. Je fais ma déposition, ils t'emmène je ne sais pas où. Aucune importance. Ce truc blanc et rouge, froid, nu, mal coiffé, vide de toute expression… ce n'est pas toi, ça ce n'est qu'un corps, un truc qui reste, un déchet, il ne m'intéresse pas et je me fiche de ce que cela deviendra. Tu n'est pas dedans. Je reste assise, regardant ce verre d'eau qui me semble absurde. Je ne sais pas combien de temps je suis restée sans bouger mais ce n'est que lorsque le soleil m'a fait sursauté quand il est venu dans mon œil, que je me suis rappelée que j'étais vivante. Je prend mes affaires pour sortir, je passe devant la salle de bain. Je ne veux pas que tes parents voient ça en rentrant. Je nettoie. Je frotte, encore et encore. J'ai rayé la baignoire et le carrelage, mais, j'ai l'impression que ça ne part pas. J'ai cassé le balai brosse. Tout doit disparaître. Tu n'aurai pas pu prendre des médocs avec du bourbon comme tout le monde ?! un peu de respect pour ceux qui ramasse merde ! Quand tout est nickel, qu'il n'y a plus de trace (à part les rayures et le tapis que j'ai dû jeter) je suis soulagée, et je m'en vais avec la satisfaction du devoir accomplie. Je referme la porte, comme si je refermais un cauchemar qui n'avait jamais existé.

 

Avant de te  connaître, j'étais une petite fille seule. Je n'avais pas d'ami(e)s et ne voyait aucun intérêt à en avoir. Je me suffisait à moi même. Je ne parlais quasiment pas en dehors de ma famille, ou alors en répondant à des questions et de façon la plus courte possible. Moi, tout m'amusais et je trouvais le monde passionnant, mais ce que je trouvais drôle ou intéressant ne l'était que pour moi. Les autres se moquaient et me laissaient volontiers de côté. J'étais « la fille aux chiens », et une génie d'équitation et cela me convenait comme ça. Je me sentais beaucoup mieux avec les animaux, ils me semblaient plus simples. Je ne sais pourquoi tu es venue vers moi, mais tout a changé. J'avais envie d'autre chose pour une fois, être ton amie, être comme toi. Le destin nous a sourit car nous avons souvent été dans la même classe jusqu'au bac. A partir de ce jour, on ne s'est plus quitté. On refusait les invitation où on ne pouvait aller ensembles, écartions les gens qui ne voulaient pas de l'un ou de l'autre, on passait la journée ensemble en classe, et nos soirées. Une vie pour deux. Avec toi, j'ai toujours été à l'aise d'être moi, contrairement aux autres, ou je cherche à être ce qui est bien que je sois.

            Sais tu ce que tu m'a fait ? tu es comme une sœur pour moi. Sais tu l'importance de cela pour quelqu'un aux racines inconnues. Comment as tu pu me faire ça, sachant comme l'abandon est terrible pour moi !

 

            Je comprend que tu ai voulu quitter ce monde. Ce monde où les gens n'ont plus le temps de penser (heureusement pour eux d'ailleurs), où la moindre différence déclenche des guerres, où les pôles fondent et où même les chiens seront un jour une espèce en voie de disparition, où l'on mange en boite des aliments crées en laboratoire, où la valeur des gens est mesurée à leur patrimoine matériel, où les enfants demandent à leurs parents « pourquoi il dort par terre le monsieur maman ? », et où l'amour n'est pas plus qu'un procéder de « prêté pour un rendu ». oui, il est moche ce monde, il est laid, mais c'est le notre, et moi, je n'en suis pas partie. Lorsque je suis morte l'année dernière, j'étais si bien que je ne voulais pas revenir. Tu as raison. Ici, tout est si brutal, brillant, bruyant. Que doit on faire pour un peu de silence, de paix ? je ne me sentais plus à ma place. C'est encore toi qui m'a aidé à la retrouver. Et maintenant tu n'es plus là.

 

            Je me sens comme anesthésiée. Je ne sais pas quoi faire de ma peau, comment faire, ni où aller. Je suis perdue. je peux rester des heures sans bouger, sans rien penser, comme si je n'existait plus, que le monde s'était arrêter. Je suis comme emprisonnée dans mon propre corps. Plus rien n'est naturel maintenant. J'aimerai pouvoir hurler, pleurer, frapper dans quelque chose, mais mon corps lui reste inerte. Pourquoi je ne peux pas sortir de moi pour réagir. Pourquoi ce que je ressens à l'intérieur ne veut pas sortir ? On me demande « comment ca va ? » et je répond « ca va », alors qu'au fond de moi je hurle « aidez moi, faites quelque chose ! ». Quelque fois, j'ai le cœur qui se serre, mais mes larmes ne viennent pas. Je reste vide. C'est comme si il y avait plusieurs moi. Un qui ne ressent rien, un qui est en colère, et un qui est triste. Ils s'entrechoquent, mais ils ne communiquent pas, et moi, je me sens super mal d'être ainsi, sous tension, dans chacun de mes moi. J'ai parfois l'impression que tout ce que je vois n'est qu'un faux monde, comme une peinture que je pourrais déchirer, et il y aurait autre chose derrière, une réalité où tu serait là. Le monde ne peut pas rester ainsi. Je ne peux pas vivre dans ce monde ainsi. Il y a forcément quelque chose à faire, une solution. Je ne peux pas croire que ça restera comme ça, comment vais je faire moi ? Pour continuer, sans toi ? Je n'ai plus envie de rien. Mon corps a faim je le sais, mais je n'arrive pas à manger, aucun aliment ne me donne envie, tout ce que je mange à le goût de l'odeur du sang, la nourriture a une texture interminable dans ma bouche, j'ai beau mâché, et remâché… je n'arrive pas à l'avaler, elle me semble bizarre. Je ne dors quasiment plus, quand cela arrive soit je fais un cauchemar où je te revois, soit je refais le monde (parce que tu m'aurais parlé avant, parce que je serais arrivée assez tôt), mais le plus souvent tu es en vie et on fait pleins de trucs ensembles, et pendant quelques minutes après mon réveil, j'y crois toujours. J'ai même envie de t'appeler. La plus part du temps, je flotte dans le vide, comme une coquille vide, comme si je m'étais absentée. Je ne suis pas spécialement triste, je suis en colère lorsque je pense à toi. En colère pour ce que tu t'es fait, pour ce que tu me laisse. Je ne comprend pas pourquoi, et Ca me met très en colère, je ne comprend pas comment tu as pu ! Sans même un mot. J'en veux au monde entier, et même à dieu, qu'ai je fait pour mériter ça moi ? M'a tu seulement aimé pour me faire ça ? Tu ne pensais qu'à toi lorsque tu as décidé d'en finir purement, simplement, et salement en plus ! je te déteste, je te déteste, je te déteste. Je te jure que si tu t'en étais sortie, su ne serai même plus là pour en parler, parce que je t'aurai étouffée avec ton oreille dans ta chambre d'hôpital ! Je suis bien plus en colère encore que ça, seulement, je n'ai pas de mot pour le dire. Il n'y a que mon corps qui pourrait l'exprimer, mais comme je l'ai dit, il ne m'appartient plus, et je n'arrive pas à le mobiliser comme je veux.

 

            Je ne supporte plus nos potes. Ils sont là, à pleurer, et à parler de toi sans cesse. Je n'ai pas envie de parler avec eux. Ni de toi, ni d'autres choses. Le seul réconfort que je trouve c'est les personnes avec qui je peux parler qui ne te connaissaient pas. Ils me disent « et tu vas au stage, mais comment tu fais, quel courage », du courage… mais non, c'est tout le contraire. C'est par lâcheté que j'y vais. Parce que lorsque j'y suis, je ne suis pas seule, j'ai quelque chose à faire, avec un cadre définit, où l'on a pas le temps de ne rien faire, où mes petits résidents me donne un rôle à jouer, un personnage à incarner, l'impression d'être un peu utile. Je n'ai pas envie de voir grand monde, mise à part certaines personnes, les moments où il y a trop de gens, qui parlent en même temps me saoulent, m'étourdissent. Quelque fois, même avec une seule personne, je n'y suis pas. Je veux dire, je l'entend mais ce n'est que lorsqu'on me demande une réponse que je me rend compte que j'ai entendu mais pas écouté. J'ai un mal fou à me concentrer sur quelque chose, mon esprit part je ne sais où. Ton enterrement sera sûrement la semaine prochaine, ils voulaient faire une autopsie d'abord. Je me demande bien pourquoi, c'est ridicule, il me semble qu'il ne faut pas avoir faite math'sup pour voir que c'est un suicide ! Enfin bref, je ne sais pas si tes parents décideront de m'inviter finalement. Vois, tu ils me rendent responsable de ce que tu as fait. Ils cherchent un coupable, et ils disent que je te connaissais mieux qu'eux, que je te voyais plus, que j'étais comme ta sœur, et qu'en plus je suis psy, que j'aurai du savoir, anticiper. Ils n'ont peut être pas tord. Quoi qu'il en soit, je ne sais pas si je viendrai à cet enterrement. Parce que tu vois, je sais que tu es morte, je suis bien placée pour le savoir, je t'ai vu de mes yeux. Mais… si je voyais ton corps dans une boite, qu'on descendrai dans un trou, si j'assistais à ça, alors ça voudrai dire que j'y crois. Et si j'y crois, cela veut que ça aura vraiment exister, et ça, je peux pas, je veux pas. Je ne tiendrai pas, je m'effondrerai complètement. Lorsque la douleur arrive un peu, mais de très loin comme émoussée, ça m'étouffe, ça me coupe le souffle et j'arriverai pas a récupérer ma respiration. C'est comme lorsqu'on est jeté dans l'eau très froide.

 

            Je ne sais pas le dire, mon visage sourit alors même que je me noie à l'intérieur. J'aimerai qu'on me fasse sortir de la camisole qui retient ma colère et ma douleur. Je ne sais pas comment. Des bras assez solides et qui me serreraient assez fort pour que je puisse me laisser aller à pleurer sans avoir peur de ne jamais pouvoir m'arrêter, sans avoir peur d'être détruite. Qu'on me fasse un électrochoc, qu'on me gifle… j'aimerai qu'on me réveille. J'ai envie de tornade, d'avalanche, de tsunami, quelque chose d'assez grand et fort, à la mesure de ce que je ressens à l'intérieur. combien de temps... combien de temps je vais être comme ca, me sentir si mal, si en colère, un peu triste et si absente ? un mois ? un an ? plus ? La vie sera t elle belle de nouveau un jour ?

 

Cela fait 5 jours que je ne t'ai pas eu au téléphone. Si l'espérance de vie d'une femme est de 80 ans et qu'il y a 365 jours par an, cela fait…29200 jours en moyenne à vivre sans toi.

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