Je suis aux prises avec le froid de Dschang
Mes alliés sont mes chaussettes et mes gants
Le gel transforme en vanité mon col roulé
Mes doigts sont crispés et boursouflés
Et mes lièvres crevassées en sillons alignés
Comme les flancs des montagnes sarclées
Mes pieds se fendent et se craquellent
Le givre méprise les bas en laine
Il me rend sourde, muette et aveugle
Il me prend la gorge et m’étrangle
Mes yeux sont une bouillie de glaçons qui fondent
Mon nez saigne et se décompose
Le climat d’ici glace les âmes et déchire a chevelure
Puis il marque la peau comme une brûlure
Le froid prétend étourdir la sensibilité
Il tente même d’éconduire la chasteté
Le froid fait des victimes pendant ses nombreuses croisades
Il fait de nos demeures des chambres froides
J’ai vécu dans ce paradis de commerce et de nourriture
J’ai survécu dans cet enfer glacé.
Eva Mfegue