‣ Amnesty International a recueilli des témoignages sur des attaques contre les églises, les commerces et les maisons des chrétiens d’Égypte, et sur plusieurs meurtres. ‣ L’ONG demande aux autorités égyptiennes d’assurer leur sécurité.
|
L’église copte du Prince-Saint-Tadros, à minya,
a été incendiée, comme 38 autres dans tout le pays. AFP
Depuis le début de la répression des manifestations islamistes par les autorités égyptiennes, il y a une semaine, des dizaines d’églises ont été visées par des attaques, sans compter les maisons et les commerces coptes incendiés. Plusieurs personnes ont été tuées, même si les informations manquent sur la situation dans les villages de Haute-Égypte.
« En attaquant les coptes, on s’en prend à la communauté la plus faible, s’insurge Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Il y a toujours eu des discriminations, parfois des violences, mais cette fois elles ont lieu partout en Égypte, avec une ampleur inégalée. » La situation semble particulièrement grave dans le gouvernorat d’El-Minya, en Haute-Égypte. Les habitants coptes s’y sentent « assiégés ». Mais c’est à Ezbet El-Nakhl, tout près du Caire, qu’Amnesty a recueilli son principal témoignage. Des habitants ont raconté qu’une manifestation pro-Morsi passait près du quartier chrétien, jeudi 15 août, lorsque les choses ont dégénéré. La plupart des coptes s’étaient barricadés, mais ceux qui étaient restés dans la rue ont été « blessés par balle ou frappés ».
L’organisation de défense des droits de l’homme cite le témoignage de Khaled, un chrétien : « Ils étaient munis de barres métalliques et brandissaient le drapeau noir d’Al-Qaida. Certains étaient armés. Ils insultaient les chrétiens : “Chiens chrétiens, on va vous montrer” et criaient “Allah Akbar”. Nous tentions de fermer la porte du garage, lorsque mon oncle est tombé dans mes bras. Je me suis rendu compte qu’il avait reçu une balle dans la tête. »
Les autorités coptes assurent que l’armée « est davantage présente dans les lieux où les Frères musulmans s’en sont pris aux chrétiens ».
Mais Amnesty condamne l’absence de réaction ferme du gouvernement alors qu’il s’attendait à des actes antichrétiens. « Dans le contexte politique actuel, les autorités égyptiennes comme les dirigeants des Frères musulmans se sont montrés honteusement incapables d’empêcher et de faire cesser les attaques visant les coptes. Des mesures visant à garantir leur sécurité doivent être prises sans délai », déclare Hassiba Hadj Sahraoui. Les Frères musulmans ont condamné officiellement les attaques anti-coptes, mais de nombreux militants islamistes et groupes locaux attribuent la destitution de Mohamed Morsi aux chrétiens, ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux.
D’après l’Union des jeunes de Maspero, une organisation copte, 38 églises ont été incendiées et 23 autres partiellement détruites dans tout le pays. « Les coptes sont pleinement Égyptiens. On ne peut demander à huit millions de personnes de quitter leur pays », insiste Hassiba Hadj Sahraoui, qui réclame une action des forces de sécurité, mais aussi que les agresseurs soient traduits en justice « dans un procès équitable, pour que cesse le sentiment d’impunité ».
Rémy Pigaglio
« Nous tentions de fermer la porte du garage, lorsque mon oncle est tombé dans mes bras. Je me suis rendu compte qu’il avait reçu une balle. »
À lire sur www. la-croix.com : les coptes catholiques et orthodoxes refusent une division religieuse.