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L'archipel des sunnites Posté le Mardi 26 Août 2014 à 22h44

L'archipel des sunnites

Henri Tincq

Slate.fr 19.08.2014

Frères musulmans, Hamas, al-Qaida, État islamique, Boko Haram... Derrière une matrice «salafiste» commune, une infinie variété de mouvements, des premiers islamistes modérés aux militants radicaux d’aujourd’hui et aux combattants du djihad mondial. Tentative de cartographie.

Après l’échec des deux totalitarismes meurtriers du XXe siècle, le nazisme et le communisme, le monde s'est cru, au moins pour quelque temps, à l'abri de nouvelles menaces grâce au retour à une certaine prospérité, très inégalement répartie, et à la paix. Mais depuis, les affrontements entre pays, races, ethnies n’ont guère cessé, alimentés par des haines religieuses instrumentalisées à des fins politiques. Cet extrémisme religieux contraint les pays démocratiques à une vigilance de tous les instants, pèse sur la politique internationale et, par contagion, nourrit d'autres extrémismes et entraîne une spirale sans fin de violences.

Le réveil du fondamentalisme sunnite est l’un des événements majeurs de la fin du dernier siècle. Il est un élément décisif de la déstabilisation politique au Proche-Orient (Frères musulmans, Hamas palestinien, al-Qaida et son dérivé, l’Etat islamique), en Afrique (al-Qaida au Maghreb islamique, Boko Haram au Nigéria), en Afghanistan et au Pakistan (talibans) et même, sous une forme plus modérée, en Turquie (AKP).

Cet islamisme sunnite est activé, depuis trente ans, par l’interminable conflit israélo-arabe, par des guerres désastreuses en Afghanistan et en Irak, par les révolutions arabes de 2011, par la contagion islamiste en Afrique, hier en Algérie, aujourd’hui en Afrique sahélienne. Avant de voir ce qui distingue ces mouvements, il faut commencer par étudier leur matrice commune.

1. La matrice salafiste 

Ces groupes islamistes s’enracinent tous plus ou moins dans la théologie salafiste, courant le plus rigoriste de l’islam sunnite. Le «salafisme» contemporain a été inspiré en particulier, au XVIIIe siècle en Arabie, par le penseur Mohamed Ibn Abdel-Wahhab. Pour lui, le déclin des pays musulmans face à l'Occident résulte de l'oubli du message originel de l'islam par des élites musulmanes raffinées et laxistes. Il prêche une lecture littéraliste et puritaine de l'islam et s'allie avec Mohamed Ibn Saoud, fondateur de la dynastie ultraconservatrice qui dirige encore aujourd'hui l'Arabie saoudite, inspiratrice de l’islamisme mondial.

Dans la diversité de leurs étiquettes, ces islamistes modérés ou radicaux qui défraient l’actualité ont en commun cette théologie salafiste ou wahhabite qui prône le retour au Coran, à la Sunna (la tradition du Prophète), à la charia (loi islamique), à la séparation stricte entre les sexes. Adeptes d'une lecture fondamentaliste des textes sacrés, ils vénèrent les salaf, c’est-à-dire les «ancêtres pieux» (Mahomet et ses compagnons), imitent leur façon de parler et de s’habiller, portent, comme eux, une longue barbe. Les femmes sajafistes se vêtent d’un niqab qui couvre intégralement leur corps et leur visage, ne laissant apparaître que les yeux.

Ils s'estiment les représentants du seul véritable islam et appellent à purifier la religion de toute influence occidentale et étrangère. Ils rejettent les quatre écoles traditionnelles du droit musulman –hanéfite, malékite, chaféite et hanbalite– pour ne s'inspirer que du Coran et de la Sunna. Ils veulent revenir aux sources précisément pour débarrasser l’islam de toutes ses interprétations humaines, dénonçées comme des «innovations». Les «salafistes» au sens strict se tiennent en général éloignés du combat politique, même s’ils ont présenté des candidats lors des élections législatives de 2012 qui ont suivi la révolution en Egypte.

2. Les frères musulmans et la tentative de «ré-islamisation par le haut»

Aux sources de la pensée et des organisations islamistes contemporaines, il faut aussi citer la société des Frères musulmans, fondée en Egypte en 1928 par l’instituteur Hassan al Banna, et le Jamaat i-Islami, créé en 1941 au Pakistan par Abul a'la-Maududi

Ces groupes ont aussi en commun le rêve d’un retour à l’âge d'or mytifié de l'islam des débuts. Ils réclament davantage d’islam dans tous les domaines de la vie publique et privée, prêchent un ordre moral strict, une obéissance inconditionnelle à Dieu, la guerre contre les «infidèles» et les juifs. Dans le sous-continent indien, le Jamaat i-Islami n’est guère contesté par des mouvements plus radicaux, mais chez les Frères musulmans d’Egypte, une mouvance extrémiste et terroriste va émerger, inspirée en particulier par Sayyid Qutb, penseur et militant radical exécuté par Nasser en 1966.

Les Frères musulmans et les groupes politiques plus ou moins clandestins inspirés du salafisme s’exportent à la fin des années 1980: le Hamas (Résistance palestinienne) est fondé en 1987 par des Frères musulmans; en Algérie, le Front islamique du salut apparaît en 1989 et rêve d’instaurer dans son pays un Etat islamique et la charia; en Egypte, les militants radicaux des Frères musulmans prospèrent aussi sur fond de détresse sociale et font la guerre à Gamal Abdel Nasser, à Anouar el-Sadate (assassiné sous leurs coups en 1981) puis à Hosni Moubarak.

Le succès de ces mouvements islamistes vient de leur quadrillage social dans les quartiers urbanisés et de leurs actions d’assistance et de formation. Ils sont à l’origine des révolutions arabes comme au Caire en 2011. Les Frères musulmans ont ensuite fait en Egypte une désastreuse expérience du pouvoir avec leur président élu Mohamed Morsi, abrégée par l’armée en 2013.

Cette première tentative de «ré-islamisation par le haut» (selon l’expression de Gilles Kepel) dans le monde musulman sunnite échoue depuis trente ans, à la différence ce qui s’est passé dans l’islam chiite avec le succès de la Révolution iranienne en 1979. Les Frères musulmans et les salafistes sont détestés par les intellectuels laïques et les partis d’inspiration socialiste ou marxiste et sont victimes de la répression militaire, notamment en Egypte et en Algérie.

Leur radicalisation croissante sème le deuil, mène à l'assassinat de touristes étrangers (les attentats en Egypte), menace et expulse les minorités religieuses (les chrétiens), et trouve son paroxysme dans les années 90. En Algérie, le Front islamique du salut est responsable de la terrible guerre civile qui fait une centaine de milliers de morts. En Palestine, le Hamas, au pouvoir à Gaza, durcit son combat, purement nationaliste au début, contre Israël.

3. Le tournant du djihad mondial

Le fondamentalisme sunnite a rompu, depuis les années 1990, avec ces premières formes d’islamisme, soit modérées, soit terroristes, qui étaient, à l’origine, un jeu de forces sociales (élites sans avenir, jeunesse urbanisée et désespérée) et d’influences intellectuelles, mais qui ont échoué. Un islam complètement perverti, d’une violence encore plus radicale, de type planétaire et suicidaire, a succédé à ce premier fondamentalisme sunnite.

On est aujourd’hui dans l’ère du djihad mondial –al-Qaida, talibans, Boko Haram, État islamique– qui menace le monde civilisé, déstabilise les relations internationales et l’équilibre mondial. Ce djihadisme mondial s’est répandu chez les talibans en Afghanistan, au Pakistan, au Proche-Orient, en Irak, dans l’Afrique maghrébine et sahélienne, et jusqu’en Occident. Les attentats terroristes du 11-septembre à New-York et Washington, ceux qui sont ensuite survenus au Maroc, à Madrid, Londres, Bombay ou Nairobi, montrent qu’aucune partie du monde n’est épargnée.

Les militants de ce djihad mondial sont nés dans ce qu’on a appelé la génération des camps: les «camps de concentration» de l’Egypte de Nasser, où étaient détenus les premiers combattants islamistes, et les camps d'entraînement du Pakistan, d'Afghanistan, d’Algérie. Ce sont –si l'on veut comparer avec la guerre d'Espagne de 1936– les «brigadistes internationalistes» de l'islam. Lavage de cerveau, préparation militaire, enseignement militant wahabbite et salafiste: cette émergence d'un islamisme de la terreur n'a plus rien à voir avec celui des premiers Frères musulmans de Hassan el-Bannah en Egypte, avec Maududi dans le sous-continent indien ou ces autres théoriciens dépassés des premières générations modérées.

 

4. Les talibans, où comment un système d'enseignement a été dévoyé

Prenons le cas des talibans: leur régime de terreur a été renversé à Kaboul (qu’ils avaient conquis en 1996) par les Américains en 2002, mais ils sont restés militairement actifs dans un pays toujours en guerre comme l’Afghanistan et dans ces zones-frontières floues avec le Pakistan, dominées par les tribus pachtounes, devenues l’un des plus grands viviers au monde de cet islamisme djihadiste qui ensanglante la planète.

Ces talibans sont issus d'un milieu traditionnel, celui des écoles Deobandi de l'Inde remontant à l'époque coloniale, destinées à former de bons musulmans dans un environnement hindou. Or, ce système scolaire a transformé ces étudiants en machines à fabriquer des fatwas terroristes et des kamikazes. Il les a fait basculer dans l'activisme le plus sordide et le plus criminel. Comment un enseignement codifié de mollahs ou d'oulémas a pu être ainsi pris en otage par des réseaux terroristes radicaux? Les spécialistes n’ont pas fini de se poser la question.

5. al-Qaida,  une expansion fondée sur deux ressorts

Le réseau al-Qaida (la «base»), cofondé par Oussama ben Laden en 1987, prend ses racines dans les thèses islamistes radicales comme celles de l’Egyptien Sayyid Qutb. Son djihaddisme se répand dans le monde, au Proche-Orient, en Afrique sahélienne, en Asie grâce à ses «succursales» et des «réseaux» plus ou moins organisés, «dormants» ou au contraire très actifs quand il s’agit de préparer des actions d’éclat et des attentats.

L’expansion d’al-Qaida dans les années 1990 et 2000 s’appuie sur deux ressorts principaux.

Le premier est la «victimisation» de la communauté des musulmans dans le monde, la fameuse oumma. Le monde musulman asiatique, arabe, africain est victime d'une accumulation de souffrances et de frustrations, égrenées par des noms de lieux «martyrs» répétés à l'infini: aujourd’hui Palestine, Irak, hier Tchétchénie, Kosovo, Bosnie, où pourtant, dans chaque cas, les situations politiques et religieuses sont différentes. C'est l'appel à l'oumma souffrante. Un Ben Laden, abattu en 2011 par les forces américaines au Pakistan, n'était pas soutenu par des classes sociales définies ou un mouvement politique qui se reconnaissait en lui, mais il en appelait à la mobilisation de l'oumma humiliée par les Occidentaux «croisés» et les juifs.

Le deuxième ressort d’Al-Qaïda et de ses dérivés du djihad mondial, c'est le discours apocalyptique, celui du Jugement dernier auquel tout musulman, le jour de sa mort, est appelé. C'est ce ressort qui est utilisé pour envoyer les candidats aux attentats-suicides au mausolée des martyrs (les chahid), pour lancer les appels au djihad contre un Occident diabolisé. L’objectif d’al-Qaida est de tenter de créer un affrontement de civilisations, de cultures, de religions, en se fondant sur l'historicité de l'action du Prophète, sur une interprétation à l'état brut des versets les plus belliqueux du Coran, une absence totale d'interprétation historique et critique.

6. L'État islamique, filiale et rival

Après la disparition d’Oussama ben Laden, les djihadistes d’al-Qaida sont restés actifs sous la direction de son numéro deux Ayman al-Zawahiri. Mais, au prix d’une infinie surenchère, d’autres djihadistes sunnites, encore plus violents, ont émergé en Irak, regroupés sous la bannière de l’Etat islamique.

A l’origine, il constitue une émanation de la branche irakienne d’al-Qaida qui, en avril 2013, a voulu fusionner avec le Front al-Nosra, groupe djihadiste présent dans la guerre en Syrie, pour fonder l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Mais al-Nosra a refusé cette fusion et, depuis, les deux groupes sont engagés dans une guerre fratricide.

L’Etat islamique représente un potentiel de dangerosité supérieur à celui d’Al-Qaïda et inquiète aussi bien l'Iran que les Etats-Unis, l’Europe ou l'Arabie saoudite. Il mène une guerre de conquête en Irak, prend des villes, chasse les minorités religieuses (notamment chrétiennes), rêve de fonder un Etat islamique de part et d'autre de la frontière syro-irakienne.

al-Qaida reposait sur la fortune personnelle d'Oussama Ben Laden et des donateurs issus des pays du Golfe. Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI, aussi puissant que discret, est plus indépendant. Il s’est autoproclamé «calife» et dispose de sources de revenus plus variées: puits de pétroles et centrales électriques s'ajoutent à son réseau de contrebande, d'extorsions et d'enlèvements contre rançon.

L’Etat islamique se compose de quelques milliers de militants irakiens, qui possèdent une bonne connaissance du terrain, mais aussi de nombreux Syriens entraînés par trois ans de guerre contre Bachar el-Assad. D'autres combattants ont été formés en Tchétchénie ou en Afghanistan. Entre 1.500 et 2.000 viendraient d’Europe. Leur chef, Al-Bagdadi, entretient de très mauvaises relations avec al-Zawahari, son rival d'al-Qaida. Il conteste ouvertement son autorité en refusant de se retirer du front syrien au profit du groupe al-Nosra.

7. Boko Haram, les talibans du Nigéria

D’autres djihadistes sont recrutés en grand nombre depuis dix ans au Maghreb islamique et au Nigéria. Dans ce dernier pays, le «géant de l’Afrique», la secte Boko Haram, «groupe pour la prédication et le djihad», surtout implantée dans le Nord à majorité musulmane, s’illustre depuis sa création en 2002 par des séries de violences fanatiques contre le gouvernement central, contre les chrétiens (attaques d’églises), contre les femmes (rapts collectifs, viols). Le nom de Boko Haram (en langue haoussa) veut dire «l’éducation occidentale est un péché». Prônant un islam radical et rigoriste, son idéologie est proche de celle des talibans d’Afghanistan.

Au final, quel est l’avenir de ce djihad mondial? Les frustrations sociales et politiques qui le nourrissent restent énormes dans les pays musulmans africains, asiatiques ou arabes. Mais l’oumma, qu’il tente de mobiliser, n’est pas homogène et, bien qu’en progrès, les djihaddistes ne peuvent pas créer, à eux seuls, les conditions d'un soulèvement planétaire de l'islam contre l'Occident.

On peut donc faire l'hypothèse –mais avec prudence– que cet islamisme à tendance mondiale, qui joue sur les ressorts d'un islam persécuté dans un affrontement apocalyptique de civilisations, n'a pas d'avenir, s'il reste, comme aujourd’hui, l'affaire de réseaux de têtes brûlées et n’a pas davantage de base sociale, ni de soutien politique.

8. L'exception AKP

Dans ce tableau mondial du fondamentalisme sunnite, il faut faire une place à part à l’AKP (Parti de la justice et du développement), qui vient de réaffirmer son pouvoir en Turquie par l’élection à la présidence de la République de son chef, Recep Tayyip Erdogan. Ce parti n’a bien sûr rien à voir avec le djihadisme mondial, mais l’islamisme modéré qu’il prône correspond lui aussi à une forme de «réislamisation» de la société turque, qui apparaît comme une menace, à peine voilée, contre la laïcité, principe fondateur de la République moderne fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk.

A ceux qui contestent son autoritarisme et la dérive religieuse de son régime, le chef de l’AKP répète qu’il veut seulement former une jeunesse religieuse en adéquation avec les valeurs et les principes de la nation turque. Lors de sa dernière campagne, Recep Tayyip Erdogan interpellait ainsi ses adversaires, en termes populistes: «Attendez-vous du parti conservateur et démocrate AKP qu'il forme une génération d'athées? C'est peut-être votre affaire, votre mission, pas la nôtre. Vous ne voulez pas d'une jeunesse religieuse. La voulez-vous droguée?»

On peut lire dans son discours une volonté de promotion de l'islam, non pas comme outil de revendication politique, mais comme vecteur privilégié du lien social. Avant lui, le «bon et pieux» croyant était obligé de se situer contre la laïcité officielle. Depuis dix ans, l’AKP d’Erdogan tente de croiser la référence individuelle à l’islam et le respect constitutionnel de la laïcité. Tenter de concilier ces deux dimensions soulève toutefois bien des ambigüités et des antagonismes en Turquie, mais tous les pays musulmans qui rejettent l’islamisme extrémiste ont aujourd’hui les yeux tournés vers l’expérience turque.

Henri Tincq

L'Etat islamique est une start-up qui cartonne. Voici ses résultats en chiffres

Grégoire Fleurot 26.08.2014

L'Etat islamique, ce groupe djihadiste qui s'est autoproclamé califat et applique sa version brutale et sanguinaire de la loi islamique dans le grand territoire à cheval entre la Syrie et l'Irak qu'il contrôle désormais, est différent des autres groupes terroristes armés de la planète.

Aucune autre organisation du même type ne contrôle à l'heure actuelle un territoire aussi vaste, n'a autant d'argent, n'est aussi active et habile dans ses campagnes de recrutement et de communication à travers le monde et n'administre les habitants des zones qu'elle contrôle avec autant de sérieux.

A tel point que le magazine Matter compare l'Etat islamique à une start-up à la «croissance explosive, disruptive et super-méchante» (l'organisation publie d'ailleurs un rapport d'activité annuel de plusieurs centaines de pages, comme n'importe quelle entreprise), dont elle a réuni les chiffres clés dans une infographie très instructive.

D'abord, l'argent. L'Etat islamique est le groupe terroriste le plus riche du monde, et de loin, avec une trésorerie qui a atteint 2 milliards de dollars grâce à ses victoires militaires de ces derniers mois, contre autour de 500 millions pour les Talibans ou le Hezbollah ou encore 350 millions pour les FARC.

Une grande partie de cet argent provient des puits de pétroles que contrôlent le groupe, comme le montre ce camembert des sources de revenu.

Si l'Etat islamique était un pays, sa population serait de 6 millions d'habitants, comme le Nicaragua, et sa superficie (qui évolue de jour en jour) serait d'environ 90.000 km² sur un territoire compris dans un triangle entre les villes de Racca en Syrie et de Mossoul et Falloujah en Irak, soit l'équivalent du Portugal.

Ce graphique montre l'évolution du nombre de combattants du groupe, qui s'appelait encore récemment l'Etat islamique en Irak et au Levant, qui est passé d'à peine 1.000 en 2012 à 80.000 aujourd'hui. Une courbe à faire pâlir n'importe quelle start-up de la Silicon Valley:

Un recrutement qui s'est parfois effectué de force, mais qui a aussi et surtout bénéficié des talents de l'organisation en termes de communication: au total, les soutiens de l'Etat islamique peuvent tweeter jusqu'à 40.000 messages par jour, tandis que des t-shirts et autres magazine à sa gloire sont vendus dans le monde entier. 

 

Grégoire Fleurot

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