LA CROIX 10/11/14 - 11 H 40
Lancé en 2007 à la suite de la lettre adressée aux responsables chrétiens par 138 intellectuels musulmans qui réagissaient au discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne, le Forum catholico-musulman tient à Rome son troisième séminaire du 11 au 13 novembre. Le thème choisi est « Travaillons ensemble au service des autres ».
« Trois sujets seront abordés : l’éducation des jeunes, la mise en œuvre du dialogue interreligieux et comment contrer la violence pour le bien commun », précise le P. Miguel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
« Malheureusement, au nom de la religion, on commet des actes de terreur inacceptables. Face à la cruauté, il nous faut trouver les moyens de renforcer le dialogue au service de l’humanité : ces images d’une inhumanité inacceptable nous demandent des réponses précises et adéquates. »
Le premier séminaire, en novembre 2008 – sur le thème « Amour de Dieu, amour du prochain » – s’était déjà tenu dans un contexte de crise, né de la mauvaise réception, dans le monde musulman, d’un discours prononcé par Benoît XVI à l’université de Ratisbonne (Allemagne) sur la relation entre religion et violence.
Organisé en novembre 2011 en Jordanie, à proximité du lieu présumé du baptême de Jésus, le deuxième s’était déroulé dans un climat moins tendu sur le thème « Raison, foi et personne humaine ».
Désormais, les violences commises par des groupes se réclamant de l’islam en Syrie et en Irak, mais aussi au Nigeria et ailleurs, soumettent à nouveau le dialogue islamo-chrétien à de vives tensions.
Dans un communiqué diffusé le 12 août, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a vivement appelé les « responsables religieux, surtout musulmans » à « condamner sans ambiguïté » les crimes commis contre « des chrétiens, des yézidies et d’autres communautés religieuses et ethniques numériquement minoritaires en Irak » et « à exercer leur influence auprès des gouvernants » pour qu’ils cessent, sous peine de faire perdre « sa crédibilité » au dialogue interreligieux.
La réunion se tiendra donc cette fois à Rome, dans les locaux du conseil pontifical. Pour des raisons « logistiques », la taille des délégations a été réduite : alors qu’elles comptaient chacune, jusque-là, 24 membres et 5 conseillers, elles n’en compteront plus cette fois que 12 de part et d’autres.
La délégation musulmane est, comme les fois précédentes, présidée par le prince Ghazi bin Muhammad de Jordanie et compte des représentants des différentes régions du monde de l’Indonésie au Maghreb, mais aussi d’Amérique du Nord.
Côté catholique, la délégation est présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran et compte plusieurs collaborateurs réguliers du Conseil pontifical venant de diverses régions du monde, comme Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale du Nigeria.
Les participants devraient rencontrer le pape François au cours d’une audience privée.
Prévue de longue date, cette rencontre montre le souci, de part et d’autre, de maintenir le contact et de trouver des remèdes à la violence commise au nom de la religion. Le grand imam d’Al-Azhar, principale institution de l’islam sunnite basée au Caire (Égypte), prépare, lui, pour début décembre, une conférence islamo-chrétienne pour « contrer le discours extrémiste ».
Enfin, les 18 et 19 novembre, le KAICIID (Centre international du roi Abdullah Bin Abdulaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel) doit organiser à Vienne (Autriche), avec des invités « de haut niveau » venus du Moyen-Orient, une conférence sur le thème : Les responsables religieux contre la violence commise au nom de la religion.
Anne-Bénédicte Hoffner