Plisse ton front, raidit ton corps,
L'étreint chaque jour davantage,
Inexorable et sans remord.
Ce qu'hier il faisait sans gêne
Est un tel calvaire aujourd'hui,
Que ton âme a parfois grand' peine
A ne pas vieillir avec lui ...
AG
Il partit chasser le lion
Juste avec une épuisette.
Alors pensez si son nom
S'étala dans les gazettes !
Un journaliste filma
La capture du sauvage
Qui, grand amateur d'images,
Hélas croqua
La caméra.
AG
Est-il un Grand Bonheur
Tout à l'envers du Monde
Pour vaincre la fureur
Ici partout qui gronde,
La douleur, l'ignorance,
Et leurs jeux si cruels ?
Est-il une espérance
De voir cet autre ciel ?
Un océan d'amour
Où noyer nos alarmes,
Un aller sans retour
Pour la haine et les armes ?
Il pleuvait ce jour-là
Sur nos cœurs, dans nos têtes,
Jusqu'à prier tout bas
Pour que le temps s'arrête.
Mais quand tu m'as souri,
En essuyant tes larmes,
Au jardin de nos âmes.
"D'où viens-tu, belle fleur
Que tant d'amour inonde ?
- Je viens du Grand Bonheur,
Tout à l'envers du Monde !"
AG
Affamés et fourbus par une nuit d'alerte,
Des soldats découvrirent au sortir d'un bois
Une masure vide avec la porte ouverte.
Sur la table trônait une boîte de pois.
De l'avis général, on conclut au partage,
Chacun ne voulant pas léser ses compagnons.
Pour ce faire on prit une cuiller à potage
Qui circula de l'un à l'autre assis en rond.
Ce petit-déjeuner fut en tous points frugal,
Mais pour tous il brilla d'une ardente lumière.
Ils reprirent la route, et dans l'air matinal,
S'ils n'étaient point repus, ils se sentaient tous frères !
AG
A son chant fougueux j'ai mêlé ma voix,
Caressé les blés, bu l'eau des fontaines,
Surpris l'oréade au profond des bois …
AG