Un paysage vallonné, la forêt, peu de voitures, des infrastructures complètes et de qualité, me revoilà sur une terre qui m'est chère, celle de Brommat. Ah qu'est-ce que l'on y est bien une fois arrivé. Et heureusement d'ailleurs car quelle galère pour s'y rendre ! Mon voyage a commencé à 9 heures ce matin à la gare de Montpellier, puis changement à Toulouse pour un train express régional (TER) qui m'a emmené jusqu'à Figeac ; là j'ai pris un bus direction Aurillac pour rejoindre Marc Fleuret et toute l'équipe pour trois derniers quart d'heure en voiture… Arrivée 17 heures 30. Je dis à un agent SNCF qu'il est compliqué de voyager dès lors que l'on ne passe pas par Paris, il me répond d'un poli mais peu sincère « Je vous comprends Monsieur ».
Direction Frontignan (34) où le père de Julien Taurines allait nous emmener à Brommat. A cette occasion, je faisais la connaissance de notre capitaine Olivier Cugnon de Sévricourt (-90 kg) absent au stage d'avril dernier pour cause de blessure. Julien, très accueillant, gère le barbecue ! Notre + 100 kg et non voyant (il porte un cercle rouge sur son kimono comme tous les B1), nous fait rire et nous inquiète à la fois ! La bonne ambiance est installée.
Arrivé sur le site, je retrouve toute l'équipe. Commence une petite série de footings, de fractionnés, et de dernières mises en place tactique. Nous rencontrons les élus et diverses personnalités locales. Je ne reconnais pas le dojo, complètement transformé pour ces championnats du monde. Les 36 nations arrivent au fur et à mesure, j'ai les yeux grands ouverts.
Le tirage au sort tombe, j'affronterai au premier tour M. Pakgratis de nationalité Grecque. Bien sûr cela ne me parle pas mais la compétition pour moi a déjà commencé !
Richard Wagner et la célèbre musique du chef d'œuvre de F.F. Coppola « Apocalypse Now » tournent dans le bungalow que je partage avec Cyril Morel et Cyril Jonard. Ce n'est pas ce dernier que la musique va déranger car en plus d'être mal voyant (B2) il est mal entendant ; le premier, par contre, apprécie.
En route pour la cérémonie d'ouverture où l'intégralité des athlètes va défiler. C'est long, j'ai envie de combattre, mais apparemment c'est toujours comme ça.
C'est le jour J ! Enfin ! Les arbitres qui jugeront nos combats sont les même que pour les compet' internationales valides, j'en suis flatté. Ma famille, mes amis, et tout mon club avec qui j'ai effectué une préparation intensive de 6 semaines, débarquent vêtus de jaune.
Le speaker annonce mon combat, il est l'heure. Olivier Duplan qui me coachera m'amène jusqu'à la surface de combat.
En handisport, il n'y a pas de combat de garde « à distance », la prise de garde est automatique avant chaque reprise et la baston s'interrompt dès qu'il y a rupture totale. Hormis ce point, le règlement reste identique au judo « valide ». L'entame du duel est tendue. Chacun cherche à installer ses mains le plus haut possible. Mon adversaire du jour paraît aussi crispé que moi. Je semble dominer. Mes supporters font du bruit, je ne suis pas près de lâcher ! Trop excité, trop brouillon, trop de précipitation, c'est logiquement que je m'incline sur un contre. La sanction est immédiate, je ne serai pas repêché. J'aurai au moins gagné un titre, celui du plus jeune judoka masculin de la compétition. Je mesure alors l'ampleur de la tâche et le travail qu'il faudra fournir. Pour cela je dirai au revoir à Avignon et bonjour à Montpellier, plus particulièrement son pôle espoir et le club de Jean-philippe Gentil.
Très déçu, je suis le reste de la compétition. J'ai l'impression de subir un désagréable décalage horaire. Je sens, malgré tout, la volonté de l'équipe de bien m'intégrer dans le groupe. Sentiment confirmé lors du championnat par équipe.
La semaine de stage s'était bien passée. Une intégration réussie. Un test match remporté dans ma catégorie de poids. Un Julien Taurines à qui je parlais enfin après l'avoir croisé sur la région Languedoc-Roussillon à de nombreuses reprises et un espagnol plus à l'aise au fin fond de l'aveyron que dans sa péninsule ibérique natale... Direction quelques semaines plus tard pour le tournois de brissac (Angers) organisé par le club d' Antoine Hays (sélectionneur des filles), une visite médicale confirmant que j'entrais bien dans les critères de sélection handisport et me revoilà à Brommat pour les Championnats du monde !
David Garcia (-66 kg), le plus français des espagnols
Brommat, c'est un peu là où tout a commencé. C'est en avril 2006 que je fais ma première rencontre avec le groupe handisport. Je venais d'obtenir ma ceinture noire (mai 2005), il me fallait un nouvel objectif. Tout m'était inconnu.Tout sauf une voix, celle de Cyril Morel qui reprend du service en -73 kg pour les championnats du monde par équipe de juillet qui auront lieu sur les terres Aveyronnaises. Sa dernière compétition remonte aux jeux paralympiques de Sidney en 2000, notre dernière rencontre remonte d'ailleurs à cette époque où je travaillais, dans le cadre scolaire, sur la relation entre le sport et le handicap. Il n'était pas question d'handisport pour moi, je ne me sentais pas "handicapé", j'estimais avoir un problème de vue parfois dérangeant. Monsieur Maurice Souche, mon président, me prévient qu'en janvier 2001, à Mèze (Hérault), se tiendrons les championnats de france. "On pourrait y faire un tour histoire de voir" me propose-t'il. Niet? Le hasard de la vie fait que Morel pour sa dernière "cap" se retrouvait à mes côtés pour mes premiers pas en handisport.
Le natif de Grenoble, Cyril Morel
Du 18 au 25 avril 2009 aura lieu, comme chaque année, le stage international de Brommat. J'y ferai ma quatrième participation.
Voici une photo du président du club Maurice (à G.) et de mon entraineur Patrice (à Dr.) :
Salut et bienvenue sur mon blog dédié au Judo handisport.
La photo qui suit va vous aider à savoir qui je suis :
C'était aux Championnats de France de Judo Handisport 2009, à Toulouse, où j'ai réussi à conserver pour la troisième année consécutive mon titre de Champion des moins de 60 kgs déficients visuels.
Gràce à ce Blog, vous pourrez me suivre pendant les stages et les compétitions en France et à l'étranger.
Tout au long de ce récit, où se mèleront diverses anecdotes, vous découvrirez le Judo handisport, la pratique du sport à haut niveau et par la même occasion voyagerez.
Nom : Téoule
Prénom : Benjamin
Né le : 10 mars 1987
à : Avignon (vaucluse)
Classification du handicap : B2 (maladie de Léber, dégénéréscence du nerf optique)
Licencié au judo club Spiripontain (gard) depuis septembre 1994
Grade : Noir premier dan.