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Déca-Danse

décadence...

Rêve Publié le Vendredi 25 Juin 2010 à 10:29:23

je suis dans une station de lavage de voiture. pas automatique. là, où il faut prendre le tube recourbé un peu au bout pour aller jusque sur le toit. comment on appelle cet engin, j'aimerai bien le savoir... bref, sauf que là, on est trois filles (dont une me fait penser à M. du cheval), on tient toutes les trois une tige dans un compartiment pour une voiture. et on attend les clients. il y en a qui arrive, et on met le mécanisme en marche et il sort un produit blanc, et pateux, mais assez liquide quand même, comme de la colle. ou le produit qu'on voit dans la pub davisconel. et on enrobe la voiture la dedans, elle reste blanche, mais c'est sensé la prévenir de toute trace de choc, de rayure...

colle = étanchéité ?

choc, rayure = carapace ?

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Cher B, Publié le Jeudi 24 Juin 2010 à 09:57:33

Deuxième rendez vous avec l'analyste. Il est prévue une séance par semaine jusque fin juillet, date où elle part en vacances, et à la rentrée deux séances par semaines (ca me laissera le temps de mettre les rembousements en route). Elle verra à la rentrée pour le psy, et la nutrioniste... moi, je sais toujours pas quoi en penser.

en tous les cas, je me sens quand même bien avec elle. elle m'a dit que la prochaine fois "elle me laisserait développer ma pensée différement parce que là, c'était juste les entretiens préléminaires, et que on commence vraiment la semaine prochaine"... ca me laisse perplexe. comment ca "différement" ? comment vais je y arriver ? ma pensée va s'emeler, faire des boucles sur elle même, et n'arriver à rien comme d'habitude, les mots ne couvriront plus aucun sens...ca me fait peur.

j'ai dit à un moment que l'autre psy m'avait paru brutal... et après quelques autres paroles que j'ai oublié, j'ai dit qu'il ressemblait à ma mère. et elle m'a dit "ah bon, dans la brutalité ?"... je n'avais pas fait le rapprochement, et je ne pensais pas considérer ma mère comme brutale, juste direct, mais oui, pourquoi pas brutale ?

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Musique Publié le Lundi 21 Juin 2010 à 10:58:15

J'aime assez ce morceau.

Je l'imagine comme un combat entre le bien (les aigües au piano) et mal (son artificiel). On combat tellement beau et artistique qu'on dirait une danse.

J'ai tant de fois pensé à construire une "reprise de dressage" sur ce morceau, un peu comme une chorégraphie...

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Cher B, Publié le Samedi 19 Juin 2010 à 10:40:42

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beaucoup de choses à dire, et peu de temps...

déjà, j'ai eu mon rendez vous avec l'autre analyste (je te dis pas l'angoisse). je suis ok. déjà elle m'a posé des questions simples sur ma vie, comme quelqu'un qui veut juste te connaitre avant de passer au sujet. je ne sais pas si s'était fait exprès, mais ca m'a laissé le temps de baisser l'angoisse et de retrouver mon souffle et ma voix. ensuite on a parlé de beaucoup de choses et j'ai eu l'impression d'avoir été écoutée et c'est tout ce qu'il me faut. on verra la suite après. j'ai un prochain rendez vous. mais j'avoue, que le coté financier m'obsèdent un peu. c'est hyper cher même avec un rembousement sécu, sans parler du train. en plus, elle veut que j'aille voir un psychiatre pour un traitement pour le sommeil, je ne suis pas sure de vouloir, sans compter, que je ne suis pas sure de pouvoir le payer. elle aimerait que je sois suivie par une nutritioniste aussi, et là, c'est clair que je pourrais pas payer, et en plus j'ai pas du tout envie de me remettre la dedans. mais sinon, elle a l'air très bien, et j'aime bien son cabinet. il a des tons chauds, et pas asceptisés comme celui de l'autre.

cette nuit j'ai pensé à ma première séance et m'est venu ceci : "parler, c'est comme manger mais à l'envers". je fais référence à la sensation de quand ca passe dans la gorge quand on avale, et de la sensation d'être remplie. ben là, on sent les mots passer dans l'autre sens pour sortir, et on se sent vidée après. conclusion ? parler, c'est vomir ? bizarre...

hier, ma mère a reparler de la mort de mon grand père. elle m'a dit : "on en a discuté avec papa, et il est pas mort d'un coup. c'est impossible qu'il soit tombé sur le dos, il a du tomber à plat ventre et essayer de se retourner...". Cher B, quel est l'intéret de reparler de ca ? et de me montrer qu'il a agonisé ? franchement... moi, je persiste à croire qu'il a eu une sorte d'attaque cérébrale, qui l'a foudroyer. peut être que c'est uniquement pour me protéger, et pour ne pas imaginer autre chose, mais de toute façon on ne saura jamais avec certitude ce qui s'est passé, alors à quoi bon ? autant croire cela. mais, visiblement, on ne peut pas me laisser croire à mes petits films en toute tranquillité, il faut qu'on viennent tout casser sans raison et sans intéret !!!

J'ai enfin recu mon petit seau à composte. On met tous les déchets qui se dégrade de façon naturel, et après, on vide dans le grand composteur au fond du jardin. je suis fière de recycler... surtout qu'on a déjà le grand composteur mais on mettais juste les tontes de la pelouse dedans alors, que là on peut recycler tout ce qu'on fait dans la cuisine. et pis, on a aussi les deux récupérateur d'eau de 400 litres. on a presque un jardin autonome en matière d'eau et d'engrais...

ce soir, papa et maman sont de sortis !!! je vais donc passer la soirée seule à la maison avec bibi, ce sera chouette...

demain, c'est la fête des pères, j'espère que ca ira pour maman. je me fais pas de souci pour le midi, c'est le soir qui m'inquiète, et j'espère qu'il n'y aura pas de match de foot... déjà qu'on a perdu en plus...

bon, je te laisse, j'ai toute ma chambre à faire, et les paquets cadeaux de papa... ca me fait penser qu'il va falloir que j'achète ma cartouche de clope et le cadeau d'anniversaire à maman, aie mon portefeuille...

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Les mots pour le dire, Marie Cardinal Publié le Mercredi 16 Juin 2010 à 11:03:19

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Les mots pour le dire, Marie Cardinal, Grasset 1977, Le livre de poche (36ème édition) septembre 2009, ISBN : 978-2-253-01559-8

"Prostrée comme je l'étais, recluse dans mon univers, comment trouver les mots qui passeraient de moi à lui ? Comment jeter le pont qui joindrait l'intense au calme, le clair à l'obscur, qui enjamberait l'égout, le fleuve gros de matière en décomposition, le courant méchant de la peur, qui nous séparait le docteur et moi, les autres et moi ? J'avais des histoirs à raconter, des anecdotes. Mais l'histoire qui m'habitait, "la CHOSE", cette colonne de mon être, hermétiquement close, pleine de noir en mouvance, comment en parler ? Elle était dense, épaisse, parcourue à la fois de spasmes, de halètements et de mouvements lents comme ceux des fonds marins. Mes yeux n'étaient plus des fenêtres. Bien qu'ouverts je savais pourtant que je les avais fermés, qu'ils n'étaient que deux tranches de globes oculaires. J'avais honte de ce qui se passait à l'intérieur de moi, de ce charivari, de ce désordre, de cette agitation, et personne ne devait regarder là-dedans, personne ne devait savoir, pas même le docteur. J'avais honte de la folie. Il me semblait que n'importe quelle forme de vie était préférable à la folie. Je naviguais sans cesse dans des eaux extrêmement dangereuses pleines de rapides, de chutes, d'épaves, de tourbillons et cependant je devais faire semblant de glisser sur un lac, aisément, comme un cygne." Les mots pour le dire, M. Cardinal, p9

"Je me balançais un peu d'avant en arrière, pour me bercer, sachant très bien qu'en même temps que moi je berçais la chose. Les gouttes de sang s'écrasaient et se diluaient un peu dans l'humidité de la faïence blanche, elles avaient fini par se faire un mince chemin sineux jusqu'à la vidance. Cela m'occupait de voir le travail du sang sorti de moi, je pensais qu'il avait maintenant une vie qui lui était propre, qu'il découvrait la physique des choses de la terre, le poid, la densité, la vitesse, la durée. Il me tenait compagnie, livré lui aussi aux lois incompréhensibles et indifférentes de la vie. La chose avait gagné. Il n'y avait plus qu'elle et moi pour toujours." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p22

"Car je souffrais beaucoup de l'aliénation dans laquelle je m'étais réfugiée. J'y étais déchirée, attendant des autres des solutions qui, lorsqu'on m'en donnait, me blessaient à chaque fois ou m'éloignaient encore plus. Qui pouvait m'atteindre ? Quel sens pouvait avoir le remue-ménage des autres autour de moi ? Quelle signification avait le brassage incompréhensible des paroles, des mouvements, des actions légales et civilisées, des gestes sauvages ? Il m'était devenu impossible de comprendre la division des vies en années, des années en mois, des mois en jours, des jours en heures, en minutes, en secondes. Pourquoi les gens faisaient-ils tous les mêmes choses en même temps ? Je ne comprenais plus rien, la vie de ceux qui m'entouraient n'avait aucun sens. Je me trouvais livrée à un univers qui, lorsqu'il ne m'était pas hostile, m'était indifférent. Et je devais rendre des comptes à cet univers, je devais sans cesse m'accuser de mes mauvaises actions et faire pénitence pour les avoir commises. Mes pensées s'embrouillaient de telle sorte que, plus les années passaient, plus j'avais l'impression de m'enfoncer dans le mal ou l'imparfait, ou l'incorrect ou l'inconvenant ou l'indécent. Je n'arrivais plus jamais à être satisfaite de moi. Je me considérais comme un déchet, un rebut, une anomalie, une honte et, ce qui était pire : je croyais que je m'étais laissé envahir par l'erreur à cause de ma mauvaise nature. Je croyais qu'avec un peu de courage, un peu de volonté, en écoutant les conseils qu'on m'avait prodigués, j'aurai pu être dans le camp des bons. Mais, par lâcheté, par paresse, par médiocrité, par bassesse, j'avais choisi le mauvais côté et j'avais irrémédiablement basculé dans l'abjection. Mon corps lui-même avait épaissi, s'était affaissé. Je croyais que j'étais devenue laide au-dehors comme au-dedans." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p40

"J'avais encore l'attitude de la défense : la tête enfoncée dans les épaules, le dos voüté, les poings serrés, aux aguets derrière mes yeux, mes oreilles, mon nez et ma peau. Tout m'assaillait, il y avait du danger partout. Je devais me débrouiller pour voir sans voir, entendre sans entendre, sentir sans sentir." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p42

"[...] la lenteur, la viscosité, et l'absurdité du fait d'exister se précisaient jour après jour dans mon esprit, jusqu'à devenir la chose." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p51

"[...] elle m'a dit sur un ton pitoyable : "Ton père vient de mourir, va t'habiller, il faut que tu rentres avec moi à Alger", je me suis détendue. J'ai vu le beau ciel, la mer aveuglante, les plantes grasses avec leurs fleurs roses et jaunes étoilées, j'étais soulagée. Elle ne venait pasme priver de tout ça, des copains, du jeu. Le reste ce n'était pas vie. D'ailleur pourquoi ce ton compatissant à propos de mon père dont elle n'avait jamais dit que des méchancetés ? Parce qu'il était mort ? La mort le rendait-il petit, malheureux, attendrissant ? Pour moi il restait le même : inconnu, célibataire, ennuyeux, un peu effrayant et gânant avec ses gestes maladroits pour m'attirer vers lui. 3Viens m'embrasser, mon petit loup." D'habitdue ma mère l'appelait par son nom de famille : "Tu diras à Drapeau qu'il ne m'a toujorus pas envoyé ma pension." "Demande à Drapeau de t'acheter des chaussures, etc." Aujourd'hui elle disait "ton père" comme s'il était son mari, comme s'ils formaient un couple. On aurait dit que la mort les liait, qu'elle faisait d'eux un ménage. Impossible à imaginer pour moi. Cela me paraissait faux et malsain, sans que je sache pourquoi. Je n'osais pas la regarder, il me tardait qu'elle parte. Et pourtant elle restait là. J'ai pensé : "Si, par dessus le marché, elle pleure, je fous le camp en courant." Non, elle ne pleurait pas, elle était boulversée, elle m'attendait. "Nous devons rentrer à Alger, il faut tout préparer." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p58-59

"Les gens se sont mis à chuchoter, à marcher sur la pointe des pieds. L'appartement était feutré, matelassé, froid, prêt pour la macabre réception mondaine." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p60

 "Pourquoi la mort des humains était-elle aussi absurde ? Pourquoi ce deuil, ces drapeaux en berne, ces musiques lourdes, ces larmes, ces cérémonies, ces Pompes funèbres, ces tambours voilés, ce noir ? Pourquoi ne jamais parler des vers, de la peau exangue qui se marbre, des pieds qui s'étirent comme des spatules, de l'odeur ? Pourquoi fermer la bouche et les yeux des cadavres, pourquoi leur bourrer le trou de balle de coton ? Pourquoi ne pas laisser le corps libre dans ses mutations, dans ses travaux mystérieux ? Où était le mystère d'ailleur ? Y en avait-il un ? Pourquoi ces masques, ces maquillages ? Et les salons mortuaires où les cadavres tricotent, lisent ou le plus souvent se reposent tranquillement, comme si de rien n'était, alors que chacun sait qu'est en train de s'opérer secrètement en eux le précieux mouvement de la matière, le glissement du solide au liquide, l'évanouissement du liquide en gaz et en poussière, tout ce balancement harmonieux qui fait que les forêts poussent, que le vent souffle, que la terre tremble, que la planète tourne, que le soleil chauffe. Pourquoi ne pas vouloir participer à l'équilibre des forces, des flux, des rythmes, des courants, des puissances ? Je ne comprenais rien, j'étais folle. C'est parce que j'étais folle que je ne comprenais rien à ce que les autres faisaient et voulaient." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p69

" Si j'avais pu savoir le mal qu'elle allait me faire, si, au lieu de n'en avoir que la prémonition, j'avais pu imaginer la vilaine blessure inguérissable qu'elle allait m'infliger, j'aurais poussé un hurlement. Bien campée sur mes deux jambes écartées j'aurai été chercher en moi la plainte fondamentale que je sentais se former, je l'aurais conduite jusqu'à ma gorge, jusqu'à ma bouche de laquelle elle serait sortie sourdement d'abord comme une corne de brume, puis, elle se serait effilée en un bruit de sirène et elle se serait enflée enfin en ouragan. J'aurai hurlé à la mort et je n'aurais jamais entendu les mots qu'elle allait laisser tomber sur moi comme autant de lames estropiantes. Là, dans la rue, en quelques phrases, elle a crevé mes yeux, elle a percé mes tympans, elle a arraché mon scalp, elle a coupé mes mains, elle a cassé mes genoux, elle a torturé mon ventre, elle a mutilé mon sexe. Je sais aujourd'hui qu'elle était inconsciente du mal qu'elle me faisait et je ne la hais plus. Elle chassait sa folie sur moi, je lui servais d'holocauste." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p135

" [...] d'une part je transpirais et d'autre part, si je paraissais muette et paralysée, à l'intérieur de moi au contraire se produisait une agitation extrême faite d'une profusion d'élans et de rétractations, dans tous les sens à la fois, que je ne comprenais pas, que je maîtrisais pas et qui me terrorisait. La chose était là. La chose était là dès ma petite enfance, j'en avais la conviction. Elle survenait à la chaque fois que je déplaisais ou que je croyais déplaire à ma mère. [...] Je prenais conscience qu'à trente ans passé j'avais toujours aussi peur de déplaire à ma mère. [...] je ne pouvais pas être aimée, je ne pouvais pas plaire, je ne pouvais qu'être rejetée. Ainsi, je vivais tous les départs, tous les contretemps, toutes les séparations comme des abandons. Un métro raté simplement agitait la chose. J'étais une ratée et par conséquent je ratais tout." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p142-143

"Un mal épouvantable, une douleur intense à la base du crâne, plus forte que tout ce que j'avais ressenti jusqu'alors. On m'arrachait la cervelle par à-coups brutaux. Fulgurance de la douleur. Eblouissement de l'extrême souffrance. Racine monstrueusement contorsionnées enserrant dans leur convulsions pustuleuses des squelettes de dragons, des charognes de pieuvres, libérant, au fur et à mesure qu'on les extirpait au grand jour, une insupportable odeur de pourriture." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p150

"La tempête était forte. Elle arrachait tout. La nouvelle arme de la chose était plus terrible que les précédentes. Plus terrible que le sang, plus terrible que la mort, plus terrible que le coeur qui bat la charge. La nouvelle arme de la chose c'était l'angoisse pure, droite, sèche, simple, sans paravent, sans bouclier, nue. Une angoisse sans transpiration, sans tremblements, sans tachicardie, sans ressort qui me poussait à courir ou à me recroqueviller. Je n'étais plus une malade. Je n'étais qu'une femme stupide, vieillissante, sans importance, dont la vie n'avait aucun sens. J'étais rien. Rien à en avoir le vertige, rien à hurler à la mort. Mourir. Mourir et en finir. J'avais envie de la mort, envie de son mystère. J'en avais envie parce qu'elle était autre chose, une chose incompréhensible pour les hommes, une chose inimaginable. C'était cela que je désirais justement : l'inimaginable, l'inhumain. Je désirais me dissoudre dans une particule électrique, me désintégrer dans une pulsion circulaire, être anéantie. Le néant. Pourquoi ne me suis-je pas tuée à cette époque ? A cause de mes enfants ? Je ne pouvais pas leur léguer cela : le cadavre d'une dingue qui aurait pesé sur leur vies aussi lourd que ma mère avait pesé sur la mienne. Je ne voulais pas les faire entrer dans le cirque de la chose. Est-ce vraiment à cause d'eux que je ne me suis pas suicidée ? Je ne le sais pas." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p158-159

"C'est une maladie épouvantable ! C'est vivre dans uen épaisse mélasse faite de l'extérieur et de l'intérieur, du vif et du mort, du strident et du sourd, de l'ici et du là-bas, de l'étouffant et de l'impalpable. C'est être livré à la chose horrifiante, changeant sans cesse, soudée au malade, fascinante, qui tiraille, qui coupe, qui additionne, qui pèse, qui traîne, qui ne laisse jamais en repos, qui occupe tout l'espace et tout le temps, qui est l'incompréhensible et le vide ! Mais un vide plein, un vide compact ! Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire seulement, espèce de pauvre con ?" Les mots pour le dire, M.Cardinal, p160

"[...] maintenant que je me rappelais, précisément, les détails du minutieux lavage de cervelle auquel j'avais été soumise et grâce auquel j'étais devenue à peu près digne de ma mère, de ma famille, de ma classe, maintenant que je savias, que je découvrais la supercherie par laquelle ces supplices avaient été pratiqués et endurés jusqu'au bout, pour l'amour, l'honneur, la beauté, le bien, que me restait-il ? Le vide. Qui étais-je ? Personne. Où aller ? Nulle part." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p161

" Le pire était de penser que tous ceux de mon milieu avaient subi le même sort que moi. Pourquoi, alors, étais-je la seule à avoir réagi à la fois si bien et si mal au dressage ? Etait-ce parce que j'avais l'esprit réellement malade ou parce que j'étais particulièrement faible et inconsistante ? Je ne concevais que cette alternative qui était un gouffre, un enfer." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p162

"[...] je la voyais avec son gros ventre odieux, cette charge supplémentaire, cette honte à traïner aujourd'hui et demain, toute sa vie. [...] et ce maudit embryon qui gonflait, qui la ramenait à une réalité détestée : elle, cette jeune femme qui avait raté sa vie, gâché ses trésors." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p193 

"Des livres [...] avaient brûlé comme des feux de joie dans la nuit de mon adolescence et de mes années d'étude. Après les avoir lus en transpirant, avidement, je les avais refermés avec un sentiment de déchirement. J'aurais voulu rester encore dans leurs pages, à l'abri de leur force, de leur liberté, de leur beauté, de leur courage. Le fait même d'écrire me semblait être un acte important dont je n'étais pas digne." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p207

"J'étais déjà dans l'univers de la chose. Je vivais comme un automate dans une sorte de cauchemar flou duquel me tiraient des crises de frayeur inexplicables. Peur de rien, peur de tout. Un comprimé me faisait retomber dans ma léthargie, dans mon brouillard. Je luttais pour paraître normale. J'allais au lycée, je faisais mes cours, je rentrais, je m'occupais de mes enfants, de la maison. Je ne parlais pas. cela n'était ni plaisant ni déplaisant, ni facile ni difficile. Il n'y avait plus de temps. Je ne vivais pas la vie que j'avais l'air de vivre. J'étais à l'intérieur de moi-même confrontée à l'incompréhensible, à l'absurde. Seule émergeait dans la réalité, poignante, l'impression que je m'aliénais, que je m'éloignais des autres. Je me faisais penser à ces fusées qu'on envoie vers la lune à uen vitesse vertigineuse et qui décollent cependant lentement, maladroitement, presque en hésitant, comme si leur départ était un arrachement. Je sentais que j'étais en plein arrachement et qu'à un moment donné j'allais être précipitée à une allure démente hors du monde. Je faisais tout pour rester dans la réalité des autres et cet effort constant m'épuisait." Les mots pour le dire, M.Cardinal, p209-210

 "C'est ça avoir un vagin. C'est ça être une femme : servir un homme et aimer des enfants jusqu'à la vieillesse. Jusqu'à ce qu'on vous conduise à l'asile où l'infirmière vous recevra en vous parlatn petit-nègre, comme on parle aux enfants, aux innocents, en gâtifiant : "Elle va être bien là la mémé ! C'est pas vrai la mémé ?"". Les mots pour le dire, M.Cardinal, p252

"Je savias qu'avec la chose il n'y avait plus ni jours ni nuits, que "toilette" ne voulait rien dire, pas plus que "dormir", "enfants", "salon", ou n'importe quoi. La bataille est trop âpre, l'agitation intérieure trop grande pour que quoi que ce soit d'autre existe. On évolue dans un monde à soi inquiétant, sournois, parfois terriblement agressif, toujours pesant, qui mobilise toutes les forces, toute la volonté. Il faut faire attention. Attention !" Les mots pour le dire, M.Cardinal, p266

 

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