Ma vie avec l'Hallux Valgus

Lundi soir, quatrième semaine après l'opération. Tout va bien ! et grand progrès : je me suis essayée à marcher avec une grosse basket large, afin de pouvoir enfin mettre le nez dehors et me montrer en public. Eh bien, tout s'est passé pour le mieux. Evidemment, je ne pourrais pas rester des heures avec le pied enserré de telle sorte, mais je peux au moins me permettre quelques courses ou flânerie. Bien entendu, je me sens moche et je bave devant les chaussures à talons que j'aimais porter avant ... ou je jalouse affreusement les femmes en jupe et talons. Je me languis de pouvoir à nouveau être totalement moi-même. Mais c'est déjà positif de pouvoir sortir et me présenter en public, même si ma démarche n'a rien d'aisé, je boîte et je traine la patte, mais le contraire serait anormal.

Du côté de mon travail, je sens que mon absence pèse un peu ... je m'en veux souvent d'être absente, mais il m'aurait été difficile de faire autrement et je ne voudrais pas reprendre le travail pour repartir en arrêt maladie deux jours après. Je vais donc tenir la date indiquée sur mon arrêt et revenir, je l'espère, dynamique et en pleine forme !

Je ne m'attendais pas à un moment de douceur, ni à une partie de plaisir, mais le retrait inévitable de mes agrafes qui tenaient lieu de points de suture, fut un vrai cauchemar.
Bizarrement, je ne le "sentais pas" vraiment. Pour commencer, le chirurgien m'avait prescrit ce retrait à faire effectuer par mon médecin traitant curieusement, j'aurais imaginé que cet acte de minutie serait réalisé par une infirmière, dont le métier est bien plus manuel que celui d'un médecin généraliste, sans vouloir dénigrer leur fonction bien au contraire. Enfin, mon médecin traitant, qu'en réalité je n'ai rencontré qu'une fois car j'ai récemment changé en raison de ma nouvelle localisation, est en congés et se voyait donc remplacé par un collègue. Je suis donc partie dans le flou artistique le plus complet et un tantinet tendue. Je redoutais un peu l'attente avant le rv fixé à 16 heures mais, par chance, il ne semblait y avoir aucun patient avant moi. L'entrée dans le cabinet ne tarda donc pas. Le cabinet m'avait déjà marquée par son désordre, mais en plein jour et avec l'angoisse naissante, ce manque de soin me terrifia d'autant plus. Le médecin me demanda pour quoi je venais le voir, j'expliquais qu'il fallait retirer les agrafes. Il ne sembla pas impressionné alors que je m'attendais à ce qu'il m'expédie chez une infirmière. Par contre, il ne savait pas où étaient rangées les pinces, étant simplement là en remplacement. Pendant qu'il s'affairait à chercher, je pris place sur la couchette prévue à cet effet, tellement tendue que j'avais du mal à effectuer le moindre mouvement.
Il mit la main sur une pince, avec laquelle il commença à essayer d'extraire la première agrafe de la cicatrice située sur le côté de mon gros orteil. J'espérais que ces fameuses pinces ne ressembleraient pas à celles que j'utilise dans mon travail pour retirer les agrafes prévues pour maintenir entre eux les documents : hélas si.

La douleur fut aussitôt fulgurante. Moi qui ne suis pas douillette, je lâchais un râle de souffrance. Il persista sans se préoccuper de ma soudaine douilletterie.
Finalement il décréta que la pince ne convenait pas. Il décida d'aller en chercher une autre. Je décidais de mettre cette douleur fulgurante sur le coup de cette pince inadaptée. Je profitais de ces quelques minutes de recherche pour retrouver mon souffle, tant la douleur avait été persistante et frappante. Malheureusement, le médecin débarqua avec sa nouvelle pince et reprit très rapidement son travail ... de boucher !!!! Il s'acharna sur les agrafes comme lorsque je me prends de colère contre les agrafes, au bureau, qui me résistent. Il tirait sur la chair, et plus cela résistait, plus il tirait. J'ai cru que j'allais mourir. J'ai éclaté en sanglots compulsifs comme une petite fille. Tant pis si ça fait "tâche", je ne pouvais plus me retenir. Mon père, qui assistait à la scène, souffrait pour moi et semblait très contrit. J'appris pendant cet acte de barbarie, que ce médecin avait été chirurgien maxilo-facial pendant presque 20 ans. Disons qu'au moins, ses patients étaient endormis pendant ses actes !
Il peina à retirer certaines agrafes, qui selon lui, s'étaient retournées et avaient été mal posées. Je décidais alors de maudire le chirurgien qui m'a flanqué ces agrafes grossières.
Pendant cette torture, je fermais les yeux, le bras replié sur mon visage et la main serrant mon bas ventre avec frénésie. Je m'efforçais de penser au moment tant attendu où je serais enfin libérée et assise dans le salon, devant la télé. Le retrait des agrafes fut long. Le médecin comptait au fur et à mesure : "Allez ! plus que trois !" et il repartait dans son travail d'acharnement et de lutte contre ma chair. Un vrai cauchemar.
Quand tout fut terminé, je pleurais comme une madeleine, un peu comme si j'avais contenu toute ma peine et toute ma douleur pour choisir d'exploser précisément là, à cet instant. Très honnêtement, je n'ai pas eu autant mal après mon opération.
Il m'a fallut du temps pour que la douleur s'estompe. Mon pied saignait au niveau des points d'agrafe, ce qui est normal. Il me plaqua un pansement et tout fut terminé.
Si c'était  refaire ... soit j'impose des points de suture classiques, soit je fais faire ce retrait d'agrafes par une infirmière, qui a l'habitude de ce type de pratique.

Ce soir, aucun changement réel. J'espérais que mon pied serait comme libéré de ses chaînes, mais je ne constate pas de réelle évolution pour le moment. Il faut dire que je n'ose pas trop bouger mon pied, qui a bien assez souffert pour aujourd'hui.
Je puis vous assurer qu'avant l'intervention de ce jour, j'étais en pleine forme, et ce soir je suis ... vidée, épuisée, les yeux me piquent. Je devais appeler une collègue et je m'en étais fais une obligation, mais je n'ai même pas le courage pour le faire.
Mais je sais que le plus dur est passé maintenant.

Demain c'est inévitable : je me fais retirer les agrafes ...

Lorsque je me suis fais opérer de l'avant bras, j'avais de simples points de suture, mais pas d'agrafes. Pour cette fois, on m'a mis des agrafes sur le côté du gros orteil, et entre les deux orteils comme vous avez pu voir sur les photos.

J'avoue que j'appréhende cette nouvelle étape, bien que nécessaire tout comme l'a été l'opération en elle-même.

On me dit que je serais soulagée une fois les agrafes retirées, et malgré mon appréhension je veux bien le croire. Je sens bien que mon pied est comprimé et retenu par ces points solides et bien ancrés dans ma chair.
Pour le reste, malgré une petite douleur lancinante aujourd'hui peut être liée au temps humide, tout va bien. Je peux bouger les orteils, marcher avec ma Barouk sans trop de difficultés.

Et je ressens l'envie de reprendre le travail ... Je doute que ce soit possible de reprendre mon activité la semaine prochaine, mais j'aimerais que ce soit la dernière à passer à la maison. J'avais besoin d'un break, qui finalement arriva au bon moment, mais désormais je voudrais reprendre mon travail. J'ai l'impression de manquer pleins de choses ... ! Mais ayant rendez-vous avec le chirurgien le 3 mars, et étant arrêtée jusqu'au 6 mars, me sera t-il possible de retravailler avant ?
Enfin nous verrons bien ... Si je peux reporter une chaussure décente, même si ma démarche est fastidieuse, ce sera déjà un ... grand pas en avant !

Le temps passe, mais pas aussi vite que je pensais !!! Déjà presque 15 jours que je suis passée entre les mains de mon chirurgien pour corriger le défaut de mon pied gauche et il me semble que cela fait un mois.
Pas de réel changement, susceptible de me faire écrire des pages entières, mais tout va assez bien. Mon pied a cessé de me jouer de mauvais tours en craquant à tous vas. Il semble s'être habitué à tout cela. Je peux bouger le gros orteil sans que je sois en proie à des craquements inquiétants. Il a gagné en souplesse. Et je peux enfin mettre mon pied sous la couette la nuit ! Quel plaisir de ne plus avoir à l'exposer au froid ! enfin au chaud avec le pied droit, cela me permet un bon repos très agréable et sans douleur conséquente, même si je me contente de dormir sur le dos ou le côté gauche (pour l'instant le côté droit me pose soucis, mais ça viendra).
Je regrettais de m'être faite opérer, mais à ce jour je révise mon jugement trop hâtif et je dis que ce n'est pas si terrible ... je suis même contente de l'avoir fais !
Courage à vous toutes qui me lisez et à très bientôt !


Il a neigé la semaine dernière chez moi ... ce n'est pas encore le moment d'aller gambader dans la neige ... !!!

Encore une journée de passée ... le temps file à vive allure !

Je me suis fais la remarque que le boulot, même s'il me fut dur de le quitter, ne me manque en rien à ce jour. J'avoue même que je ne suis pas pressée de reprendre ma routine qui finissait par m'user moralement. Je profite de cette convalescence pour refaire le plein d'énergie et me reposer enfin, chose qui m'était devenue impossible quand je travaillais.

Comment va mon pied ? A en juger par le fait que je marche un peu, je dirais que la mécanique est bonne. La douleur reste malgré tout présente, mais beaucoup moins forte que précédemment. Je peux aussi garder le pied au sol plusieurs minutes sans avoir d'élancements douloureux. Par contre, je suis quelque peu ennuyée car lorsque je bouge le gros orteil, je sens que ça craque dans l'os, c'est très désagréable. Parfois je me demande si ce n'est pas le frottement de ma chair sur les broches, je me fais des "films" un peu indigestes. Tout ce que j'espère, c'est que cela va passer, car je ne supporterais pas cette sensation éternellement. Le plus fou, c'est qu'on pourrait se dire : ça me fait mal, donc je ne bouge pas le pied. Mais non ! Je m'obstine à remuer l'orteil et la sensation est là, à chaque fois. Ça devient obsédant. Espérons que cela passe, mais ça fait déjà deux trois jours que cela me le fait et je perds un peu espoir ...
Par contre, grosse amélioration au niveau de mes tâches quotidiennes : je peux de nouveau faire à manger presque comme avant, ranger etc ... ça fait du bien au moral.

Au fait, je vous laisse apprécier le travail du chirurgien quant aux broches qui ont été installées dans mon pied (si le craquement persiste, je serais partante pour les faire retirer, mais est-ce possible ???) :