Suite de ce lamentable récit.......
Depuis
plusieurs jours il retournait souvent au même endroit, c’était un bon
coin. Comme tous les bon coins (exemple les coins à champignons, non !
pas les coings aux champignons, je sais que vous aimez les recettes
zarbies mais je ne vous conseille pas le mélange, car c’est un coup à
rester dans un coin de morgue avec de mauvais champignons) cela ne se
dit pas, ou alors sous la torture.
Le
pire c’est le coin à Morilles, d’ailleurs les gens se cachent et
attendent le moment idéal pour se dissimuler et chercher les « Morilles
dans la brume »
Un coin de chasse c’est moins important, mais cela reste tout de même secret.
Il
revenait donc le soir à la nuit tombée, avec trois quatre geais où
pies, cela déjà n’était pas normal, il faut savoir que les geais et les
pies sont rarement vus ensemble, ils se détestent et s’évitent, ils
mangent quelquefois la même chose au même endroit (exemple, les
cerises) mais à des heures différentes.
Le
matin il partait à nuit noire, bien qu’il soit interdit de se déplacer
dans la colline et ailleurs, avec un fusil à la bretelle, de cette
façon personne ne le suivait.
Lui,
n’avait rien dit sur le nombre de ces oiseaux tués, mais sa femme
Adèle, et oui « la putaing d’Adèle »* était une vraie pie (une de plus
à passer à la casserole, non ce n’est pas un remake d’Hannibal) au
village, toujours à jacasser autour du lavoir communal, à embrouiller
les choses simples, à manigancer de fausses intrigues (bèè, oui il n’y
avait qui veut gagner des millions ou dallas, TV niet, alors on
s’amusait au dépends des autres) à inventer de fausses liaisons, bref la peste finie.
Le
lavoir communal était pire qu’un petit carroulet bien gentil, pourtant
les carroulets disséminés dans les quatre coins du village n’étaient
pas tendre, mais je vous ferais un article sur les carroulet, il n’en
reste qu’un dans mon village.
Donc
l’Adèle avait dit que son masclé* de mari ramenait plein de gibier,
sans préciser le genre. Cela lui donnait de l’importance, un Masclé,
bon chasseur (elle oubliait un peu simple) qui tire bien, ça c’est un
homme (jupi tombe pas dans le grivois).
Presque
tous les jours, sont Zhom ramenait où des Agasses*, ou des Gay. Il
fallait les plumer, et les vider soigneusement, ces bestioles ça
mangent n’importe quoi, des fruits, des glands, des insectes, des
petites musaraignes, et des charognes bien sûr.
L’Adèle
faisait ses fricots, avec de bonnes olives blanchies, plein d’autre
bonne choses pour donner du goût, ou plutôt masquer le goût, et zou*
une Grosssssse heure de cuisson, car la chair n’est pas très tendre, es
un pauou raide aquo, sabès (c’est un peu raide ça, vous savez).
Elle
commençait à se lasser tout de même, elle avait bien essayé de faire
des terrines, mais il fallait acheter le foie de porc, alors !!!! Ce
n’étais pas la grande richesse à cette époque, on comptait encore, et
même deux fois.
Le
réfrigérateur et le congélateur n’existaient pas dans nos villages.
Elle avait pensé aux conserves, mais il fallait garder les pots pour
les fruits et légumes, et les pots cela coûtait cher aussi.
Elle avait donc commencé à donner de son fricot à ses vieilles voisines, à qui un peu de viande faisait le plus grand bien, Adèle était une vipère, mais elle avait un « peu » de cœur, et puis on ne jette rien ici.
*putaing
d’Adèle : oui nous on met un g à la fin, gros mot, interjection
commune, genre « oh la putaing d’Adèle, je me suis niquer le doigt avec
cet enculé de marteau de merde , saloperie de con ,vaï » ici il n’y a
que le vaï qui est correct, mais des formules comme ça il y en à des
tonnes en provence. Donc Adèle n’y est pas pour grand-chose, mais je
pense qu’une Adèle à dû faire la putain il y a longtemps.
* masclé : Un mâle, un vrai « Aquèou es un mascle »
*Agasses : pie commune, agaçon petite pie encore dans le nid
Le chasseur de geais
Histoire en 2856 épisodes
Notre chère amie Marithé a choisi le sujet, mais
pas le plus facile et le plus court, en plus c’est une histoire terrifiante.
Tout d’abord quelques précisions : cela se
passe dans mon village début des années 50, j’étais encore un pitchoun gari* à
cette époque, et c’est bien plus tard que cette histoire vraie me fut racontée.
La personne à qui est arrivée cette histoire est encore en vie.
Attention j’enrobe
l’histoire, autrement elle ne fait dix lignes
A la sortie de la guerre de 45 et même après, la
vie était encore rude dans nos campagnes, certains se souviennent peut être
encore du bouillon de corbeau, souvenir
peu réjouissant.
Recette du bouillon de corbeaux
L’on peut tirer un excellent bouillon des corbeaux. (berk)
Il suffit pour cela de les plumer et vider, d'attendre qu'ils
soient mortifiés*, de les saler à dose convenable, et de les faire bouillir
jusqu'à ce que tout leur suc ait passé dans l'eau.
Le bouillon qu'on en retire est de la meilleure qualité, et l'on
peut s'en servir pour tous les potages (re berk)
* Une viande mortifiée est une viande soumise à un commencement de
décomposition pour l'attendrir. (vomir)
Tout cela pour vous dire qu’ici on mangeait encore
les pies et les gaies, en fricot avec
des olives et pomme de terre, tout en sachant que se sont des oiseaux
opportuniste et à la limite charognards.
Oui, jupi a mangé du fricot de geais, mais il y a
très longtemps, maintenant je les laisse manger mes cerises en toute impunité.
Je vous préviens cela va être long.
Donc revenons à notre brave chasseur un peu
simple* qui s’appelle Marceou*. Il chassait comme tout le monde avec son vieux
fusil à piston, antiquité héritée de son grand père.
Mais oui vous connaissez, ce sont ces vieux fusils
que l’on recharge par le canon. Un peu de poudre, un bout de papier journal
(comme ça les oiseaux manqués peuvent lire les nouvelles fraîches au passage,
genre armistice de 14/18) puis on tasse avec la baguette, un peu de plomb en
grenaille, encore un peu de journal (de cette façon les oiseaux peuvent lire
l’autre page), puis on vérifie si les petite cheminées d’amorçage sont bien
remplies et on met une amorce. Ensuite on attend le gibier, et puis Pan ou
Pchuiiiit, oui pchuiit cela veux dire que la cheminée était mal remplie et que
le coup va partir, mais pas tout de suite, cela fait tout drôle de rester le
fusil épaulé en train d’attendre que le coup parte, surtout si c’est un Tyrex
Malinus Malinus en face de vous, je sais ils sont herbivores, et alors, les
taureaux dans les arènes aussi.
Bon, prenons le coup du Pan sec et franc, la
encore vous aurez des surprises, avant l’invention de la poudre T sans fumée,
la poudre fumait énormément. Au bout du canon du fusil se formait un petit
nuage blanc/gris opaque et vous ne saviez pas si le gibier était touché et
utiliser le cas échéant le deuxième coup.
Donc la technique , était de faire quelques pas en
avant pour traverser ce nuages dignes des fumigènes des CRS (chasseur rapide et sûr) et de taper dans la
patte du Tyrex. Attention « Tyrex pas content n’a jamais mal aux
dents »
Stooooooooooop
Retournons chasser lou Gay* tranquillement, je
vous parlerai des œufs de Tyrex plus tard, œufs indispensables pour faire une
bonne brouillade de rabasses*
Donc Marcéou, prenais son fusil, son carnier* sa
quille de rouge, deux beaux oignons blancs du jardin, un bout de pain et
quelques amandes, avec cela il devait faire tout de même quelques kilomètres
pour retrouver son coin à gay, (non, il n’allait pas à la love parade) et
rester la journée entière afin de remplir sa besace.
*pitchoun
gari : petit garçon, ou petit rat
*simple :
tous les villages ont un simple ou plusieurs, mais plusieurs cela fait des
doubles, putaing, je vais pas en sortir.
*Marcéou :
marcel
*lou
gay* : le geai
*rabasse :
truffe noire, fruit abondant et peu cher
*carnier :
besace en cuir pour mettre la carne, heuuuuuuu