Maktub (extrait n° 21)
Dans un bar d’un village perdu, en Espagne,
prés d’une ville nommée Olite, on lit sur une affiche le texte suivant que le
patron a rédigé :
Justement au moment ou j’avais réussi à
trouver toutes les réponses, toutes les questions ont changé.
Le maître dit :
« Nous sommes toujours très occupés à
chercher des réponses. Nous considérons qu’elles sont essentielles pour
comprendre le sens de la vie. Mais il est plus important encore de vivre
pleinement et de laisser le temps se charger de nous révéler les secrets de
notre existence. Si nous sommes trop occupés à trouver un sens, nous ne
laissons pas faire la nature, et nous sommes incapables de lire les signes de
Dieu. »
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 20)
Le jeune Bonaparte tremblait comme une
feuille durant les féroces bombardements du siège de Toulon. Le voyant dans cet
état, un soldat dit à ses compagnons :
« Regardez-le, il est mort de
peur !
-En effet, répliqua Bonaparte. Mais je
continue à combattre. Si vous éprouviez la moitié de l’effroi que je ressens,
vous auriez pris la fuite depuis très longtemps. »
Le maître dit :
« La peur n’est pas signe de lâcheté.
C’est elle qui nous permet d’agir avec bravoure et dignité dans certaines
circonstances. Celui qui éprouve la peur et va cependant de l’avant, sans se
laisser intimider, fait preuve de courage. Mais celui qui affronte des
situations difficiles sans tenir compte du danger ne fait preuve que
d’irresponsabilité. »
Paulo Coelho
Maktub (extrait n° 19)
Nous parcourons le monde en quête de nos
rêves et de nos idéaux. Très souvent, nous rendons inaccessible ce qui se
trouve à portée de main. Lorsque nous découvrons notre erreur, nous comprenons
que nous avons perdu notre temps en cherchant très loin ce qui était tout prés.
Nous nous culpabilisons pour nos faux pas, notre quête inutile et le chagrin
que nous avons causé.
Le maître dit :
« Bien que le trésor soit enterré dans
notre maison, vous ne le découvrirez pas si vous ne le cherchez plus…
« Certaines choses dans la vie portent
le sceau qui dit : Vous ne comprendrez ma valeur que lorsque vous m’aurez
perdu… et retrouvé. Il ne sert à rien de vouloir rendre plus court ce
chemin. »
Paulo Coelho
L’Homme et son image
POUR M.L.D.D.L.R.
Un
Homme qui s’aimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde :
Il accusait toujours les miroirs d’être faux,
Vivant plus que content dans son erreur profonde.
5Afin
de le guérir, le Sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les Conseillers muets dont se servent nos Dames :
Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,
Miroirs aux poches des Galants,
10Miroirs
aux ceintures des femmes.
Que fait notre Narcisse ? Il va se confiner
Aux lieux les plus cachés qu’il peut s’imaginer,
N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure.
Mais un canal formé par une source pure
15Se
trouve en ces lieux écartés :
Il s’y voit, il se fâche ; et ses yeux irrités
Pensent apercevoir une Chimère vaine :
Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau.
Mais quoi, le canal est si beau
20Qu’il
ne le quitte qu’avec peine.
On voit bien où je veux venir :
Je parle à tous ; et cette erreur extrême
Est un mal que chacun se plaît d’entretenir.
Notre âme, c’est cet Homme amoureux de lui-même ;
25Tant
de Miroirs, ce sont les sottises d’autrui ;
Miroirs de nos défauts les Peintres légitimes ;
Et quant au Canal, c’est celui
Que chacun sait, le Livre des Maximes.
Jean de
Une
Montagne en mal d’enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun, au bruit accourant
Crut qu’elle accoucherait, sans faute
5D’une
cité plus grosse que Paris
Elle accoucha d’une Souris.
Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
10Je
me figure un Auteur
Qui dit : « Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre. »
C’est promettre beaucoup : mais qu’en sort-il souvent ?
Du vent.
Jean de