Blog créé grâce à Iblogyou. Créer un blog gratuitement en moins de 5 minutes.

nissou

nissoublogs

la colombe et la fourmi Publié le Vendredi 9 Octobre 2009 à 12:20:03

La Colombe et la Fourmi

 

L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.
20Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l’eau se penchant une Fourmis y tombe ;
Et dans cet Océan l’on eût vu la Fourmis
S
’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité ;
25Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmis arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus
Ce Croquant par hasard avait une arbalète ;
30Dès qu’il voit l’Oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon Villageois s’apprête,
La Fourmis le pique au talon.
Le Vilain retourne la tête.
35La Colombe l’entend, part, et tire de long.
Le soupé du Croquant avec elle s’envole :
Point de Pigeon pour une obole.

 

Jean de la Fontaine

 

 

 

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager
la chatte métamorphosée en femme Publié le Vendredi 9 Octobre 2009 à 12:19:29

La Chatte métamorphosée en femme

 

Un homme chérissait éperdument sa Chatte ;
Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,
Qui miaulait d’un ton fort doux :
Il était plus fou que les fous.
5Cet homme donc, par prières, par larmes,
Par sortilèges et par charmes,
Fait tant qu’il obtient du Destin
Que sa Chatte en un beau matin
Devient femme, et le matin même
10Maître Sot en fait sa moitié.
Le voilà fou d’amour extrême,
De fou qu’il était d’amitié.
Jamais la Dame la plus belle
Ne charma tant son Favori
15Que fait cette Épouse nouvelle
Son hypocondre de Mari.
Il l’amadoue, elle le flatte ;
Il n’y trouve plus rien de Chatte,
Et poussant l’erreur jusqu’au bout,
20La croit femme en tout et partout,
Lorsque quelques Souris qui rongeaient de la natte
Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés.
Aussitôt la Femme est sur pieds :
Elle manqua son aventure.
25Souris de revenir, Femme d’être en posture.
Pour cette fois elle accourut à point ;
Car ayant changé de figure,
Les Souris ne la craignaient point.
Ce lui fut toujours une amorce,
30Tant le naturel a de force.
Il se moque de tout, certain âge accompli.
Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli.
En vain de son train ordinaire
On le veut désaccoutumer.
35Quelque chose qu’on puisse faire,
On ne saurait le réformer.
Coups de fourche ni d’étrivières
Ne lui font changer de manières ;
Et, fussiez-vous embâtonnés,
40Jamais vous n’en serez les Maîtres.
Qu’on lui ferme la porte au nez,
Il reviendra par les fenêtres.

Jean de la Fontaine

 

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager
comme le fleuve qui coule 6 Publié le Vendredi 9 Octobre 2009 à 12:18:58

Comme un fleuve qui coule (extrait 6)

 

 

Isabelita me raconte la légende suivante :

Un vieil Arabe analphabète priait avec tant de ferveur, toutes les nuits, que le riche chef d’une grande caravane décida de l’appeler.

« Pourquoi pries-tu avec une telle foi ? Comment sais-tu que Dieu existe,  alors que tu ne sais même pas lire ?

-Si, seigneur, je sais lire. Je lis tout ce qu’écrit le Grand père Céleste.

-Comment cela ? »

L’humble serviteur s’expliqua :

« Quand vous recevez une lettre d’un absent, comment reconnaissez-vous celui qui l’a écrite ?

-Par l’écriture

-Quand vous recevez un bijou, comment savez-vous qui l’a fabriqué,

-Par la marque de l’orfèvre.

-Quand vous avez entendu des pas d’animaux autour de la tente, comment savez-vous si c’était un mouton, un cheval ou un bœuf ?

-Par les traces », répondit le chef, surpris par ce questionnaire.

Le vieux croyant l’invita à sortir de la tente et lui montra le ciel.

« Seigneur, ces choses écrites là-haut, ce désert ici-bas, cela n’a pas pu être dessiné ou écrit par des mains humaines. »

 

Paulo Coelho

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager
comme le fleuve qui coule 5 Publié le Vendredi 9 Octobre 2009 à 12:18:35

Comme un fleuve qui coule (extrait 5)

 

 

      Un de mes amis revient du Maroc avec une belle histoire.

  Un missionnaire, arrivant à Marrakech, décida qu’il irait tous les matins se promener dans le désert qui se trouvait aux limites de la ville. Lors de sa première promenade, il remarqua un homme couché dans le sable, d’une main caressant le sol, l’oreille collée à la terre.

« C’est un fou », se dit-il.

Mais la scène se répéta tous les jours et, au bout d’un mois, intrigué par ce comportement étrange, il décida de s’adresser à l’étranger. Il s’agenouilla à coté de lui et, avec une grande difficulté-il ne parlait pas encore l’arabe couramment-, lui demanda :

« Que faites-vous ?

-Je tiens compagnie au désert, et je le console de sa solitude et de ses larmes.

-Je ne savais pas que le désert pouvait pleurer.

-Il pleure tous les jours, car il rêve de se rendre utile à l’homme et de se transformer en un immense jardin, ou l’on pouvait cultiver des céréales et des fleurs, et lever des moutons.

  -Alors, dites au désert qu’il accomplit bien sa mission, déclara le missionnaire. Chaque fois que je marche par ici, je comprends la vraie dimension de l’être humain, car son espace ouvert me permet de voir comme nous sommes petits devant Dieu.

  « Quand je regarde ses sables, j’imagine les millions de personnes qui sont nées égales, même si le monde n’est pas toujours juste avec tous. Ses montagnes m’aident à méditer. Quand je vois le soleil se lever à l’horizon, mon âme s’emplit de joie, et je m’approche du créateur. »

  Le missionnaire quitta l’homme et retourna à ses occupations quotidiennes.   Quelles ne fut pas sa surprise, le lendemain matin, quand il le trouva au même endroit, et dans la même position.

« Avez-vous rapporté au désert tout ce que je vous avais dit ? » demanda-t-il.

  L’homme acquiesça de la tête.

« Et cependant il continue à pleurer ?

  -J’entends chacun de ses sanglots. Maintenant il pleure parce qu’il a pensé durant des milliers d’années qu’il était totalement inutile, et qu’il a perdu tout ce temps à blasphémer contre Dieu et son destin.

  -Alors dites-lui que l’être humain, même si sa vie est beaucoup plus courte, passe aussi beaucoup de temps à penser qu’il est inutile. Il découvre rarement la raison de son destin, et il croit que Dieu a été injuste envers lui. Quand arrive enfin le moment ou un événement lui montre pourquoi il est né, il pense qu’il est trop tard pour changer de vie, et il continue à souffrir. Et comme le désert, il se reproche le temps perdu.

  -Je ne sais pas si le désert entendra, dit l’homme. Il est habitué à la douleur, et il ne peut pas voir les choses autrement.

  -Alors nous allons faire ce que je fais toujours quand je sens que les gens ont perdu l’espoir. Nous allons prier. »

  Tous deux se mirent à genoux et prièrent ; l’un se tourna vers la Mecque parce qu’il était musulman, l’autre joignit les mains en prière, parce qu’il était catholique. Ils prièrent chacun son Dieu, qui fut toujours le même Dieu, bien que l’on persiste à lui donner des noms différents.

  Le lendemain, quand le missionnaire reprit sa promenade matinale, l’homme n’était plus là. A l’endroit où il avait coutume d’embrasser le sable, le sol semblait humide, car une petite source était apparue. Dans les mois qui suivirent, cette source grandit, et les habitants de la ville construisirent un puits autour.

  Les bédouins appellent l’endroit le « Puits des larmes du désert ». Celui qui boira de son eau, disent-ils, saura faire de la cause de sa souffrance un motif e joie et finira par trouver son vrai destin.

 

Paulo Coelho

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager
comme le fleuve qui coule 4 Publié le Vendredi 9 Octobre 2009 à 12:17:58

Comme un fleuve qui coule (extrait 4)

 

 

  « Tout le monde sait que la vie des nuages est très mouvementée, mais aussi très courte », écrit Bruno Ferrero.

Et voici encore une histoire :

  Un jeune nuage naquit au milieu d’une grande tempête en mer Miditérranée. Mais il n’eut pas le temps d’y grandir ; un vent puissant poussa tous les nuages vers l’Afrique.

  A peine avaient-ils gagné le continent que le climat changea : un soleil généreux brillait dans le ciel, et au dessous s’étendait le sable doré du désert du Sahara. Le vent continua de les pousser vers les forets du sud, vu que dans le désert il ne pleut pas, ou presque.

  Cependant, ce qui arrive aux jeunes humains arrive aussi aux jeunes nuages : il décida de s’éloigner de ses parents et de ses amis plus âgés, pour connaître le monde.

  « Que fait-tu ? Protesta le vent. Le désert est le même partout ! Rejoins la formation, et allons jusqu’au centre de l’Afrique, ou il y a des montagnes et des arbres extraordinaires ! »

Mais le jeune nuage, d’une nature rebelle, n’obéit pas ; peu à peu, il perdit de l’altitude, et il réussit à planer sur une brise douce, généreuse, prés des sables dorés. Après une longue promenade, il s’aperçut qu’une dune lui souriait.

Il vit qu’elle aussi était jeune, formée récemment par le vent qui venait de passer. Il tomba amoureux sur le champ de sa chevelure dorée.

« Bonjour, dit-il. Comment est la vie en bas ?

  -J’ai la compagnie des autres dunes, du soleil, du vent, et des caravanes qui de temps en temps passent par ici. Il fait parfois très chaud, mais c’est supportable. Et comment est la vie là-haut ?

  -Il y a aussi le vent et le soleil, mais l’avantage, c’est que je peux me promener dans le ciel et connaitre beaucoup de choses.

  -Pour moi la vie est courte, dit la dune. Quand le vent reviendra des forets, je disparaîtrai.

  -Et cela t’attriste ?

  -cela me donne l’impression de ne servir à rien.

  -Je ressens la même chose. Dés que passera un vent nouveau, j’irai vers le sud et je me transformerai en pluie ; mais c’est mon destin. »

  La dune hésita un peu, puis déclara :

« Sais-tu qu’ici, dans le désert, nous appelons la pluie Paradis ?

  -Je ne savais pas que je pouvais devenir si important, dit fièrement le nuage.

  -J’ai entendu des légendes racontées par les vieilles dunes. Elles disent qu’après la pluie nous sommes couvertes d’herbes et de fleurs. Mais je ne saurai jamais ce que c’et, parce que dans le désert il pleut très rarement. »

A son tour le nuage hésita. Mais bien vite un large sourire lui revint.

  « Si tu veux, je peux te couvrir de pluie. Je viens d’arriver, mais je suis amoureux de toi, et j’aimerais rester ici pour toujours.

  -Quand je t’ai vu pour la première fois dans le ciel, moi aussi je suis tombée amoureuse,, dit la dune. Mais si tu te transformes en pluie ta belle chevelure blanche, tu vas en mourir.

  -L’amour ne meurt pas jamais, répliqua le nuage.

Il se transforme ; et je veux te montrer le Paradis. »

Et il commença à caresser la dune de petites gouttes ; ainsi ils demeurèrent ensemble très longtemps, jusqu’au moment ou apparut un arc-en-ciel.

Le lendemain, la petite dune était couverte de fleurs.

   D’autres nuages qui se dirigeaient vers l’Afrique, croyant que se trouvait là une partie de la foret qu’ils cherchaient, déversèrent leur pluie. Vingt ans plus tard, la dune était devenue une oasis, et les voyageurs se rafraîchissaient à l’ombre de ses arbres.

  Tout cela parce qu’un jour un nuage amoureux n’avait pas craint de donner sa vie par amour.

 

Paulo Coelho

Ecrire un commentaire - Permalien - Partager