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L’intellectuel et grand écrivain Abdelwahab Meddeb est décédé Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 23:10:30

L’intellectuel et grand écrivain Abdelwahab Meddeb est décédé

Tunisien, spécialiste et critique de l’Islam, il fut avec Benjamin Stora le coauteur de « l’Histoire des relations entre juifs et musulmans ».

LA CROIX 6/11/14 - 18 H 44

Abdelwahab Meddeb est décédé jeudi 6 novembre. Écrivain, poète, directeur de la revue internationale Dédale, ce Franco-tunisien animait l’émission hebdomadaire « Cultures d’islam » sur France Culture. Il est l’auteur de plus de vingt ouvrages dont L’Exil Occidental, le Printemps de Tunis et codirigé avec Benjamin Stora,« l’Histoire des relations entre juifs et musulmans » (1).

Né à Tunis en 1946, il avait grandi dans une famille traditionnelle, conservatrice et pieuse. À partir de quatorze ans, il se passionne pour la littérature française, lit les grands classiques. Après trois années à l’Université de Tunis, il commence des études de lettres et d’histoire de l’art à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV et s’établit en France en 1967.

Il a enseigné la littérature comparée à l’Université Paris X et fut invité dans de nombreuses universités (dont Yale aux États-Unis et Genève).

« La maladie de l’islam »

Bien que de culture musulmane, Meddeb n’était pas pratiquant. Penseur nietzschéen, ses références intellectuelles étaient davantage les philosophes allemands de la modernité que les oulemas, et autres religieux de l’Islam sunnite. À plusieurs reprises, il s’était exprimé sans état d’âme sur les musulmans.

Ainsi dans « La maladie de l’islam » (Seuil), il n’hésitait pas à affirmer que la violence de l’islam, dont en premier lieu le djihad offensif, provient des sources mêmes de la charia (Coran et Sunna).

Dans une interview à Libération, en 2006, il avait déclaré à propos du prophète Mohammed : « Nous avons affaire à un Prophète qui a été violent, qui a tué et qui a appelé à tuer. La guerre avec les Mecquois fut une guerre de conversion. Il y a eu aussi la guerre avec les juifs et le massacre des juifs à Médine, décidé par le Prophète (…) ». Pour lui, « l’islamisme, était certes la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte lui-même ».

Une « communauté grégaire »

À propos du traitement des femmes en terre d’islam, il déclarait : « La crainte que suscitent les femmes et les étrangers est le signe d’une communauté grégaire fermée sur elle-même, empêtrée dans l’endogamie, la réclusion des femmes, la xénophobie ».

Contacté par La Croix en juillet dernier, à propos des événements en Irak et les attaques de Daech (acronyme arabe pour État islamique) contre les Chrétiens de Mossoul, déjà très fatigué et malade, il avait dit son incompréhension et son effarement face à de tels actes commis au nom de l’Islam.

Agnès Rotivel

 

 

(1) Éditions Albin Michel, 69 €, 1152 pages

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"Musulmans et chrétiens face à la mort" Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 23:08:43
Plusieurs nouveaux articles sont en ligne sur le site de "la Maison Islamo Chrétienne".

 

- Un nouveau dossier : "Musulmans et chrétiens face à la mort"

La tentation est grande à notre époque d'oublier que nous avons à mourir... Musulmans et chrétiens ne peuvent se résigner devant cette indifférence. Ce dossier tente de la briser et d'écouter la manière dont les uns et les autres font face à cet événement inéluctable :
http://www.lamaisonislamochretienne.com/dossiermusulmansetchretiensfacealamort.html

Parmi les articles qui composent ce dossier, nous nous permettons de signaler celui des femmes de notre atelier dans la cité "la Caravelle" : "La foi dans les cités". Un chrétien peut être déconcerté par certaines de leurs convictions. Cependant leur foi, leur désir de plaire à Dieu, leur confiance saute aux yeux : http://www.lamaisonislamochretienne.com/lafoidanslescites.html

Ce dossier sur la mort a été rédigé avant les vacances et les massacres à Gaza d'une part, ceux du Front islamique au Proche-Orient d'autre part. Le bureau de la Maison Islamo Chrétienne a mis en ligne une déclaration préalable à ce dossier sur la mort et qui fait allusion à ces événements : http://www.lamaisonislamochretienne.com/declarationdubureau.html

- Dans la rubrique "Questions impertinentes" :

Une question d'un chrétien à des musulmans "Marine Le Pen et les musulmans" : http://www.lamaisonislamochretienne.com/questpo.htm

Une question d'un musulman aux chrétiens "S'abstenir de vin à table ?" : http://www.lamaisonislamochretienne.com/questmo.htm

- Un article de Mustapha Cherif sur Oumma.com

Les événement du Proche-Orient ont fait naître, dans le monde musulman, un lourd malaise. Comment faire comprendre au monde que le comportement du "Califat islamique" ne peut être imputé à l'islam? La question a été l'occasion, pour notre ami Mustapha Cherif, de dire ux occidentaus que l'islam ne peut pas plus être confondu avec le DAESH que le christianisme ne peut l'être avec l'inquisition. Mustapha Cherif s'en prend aussi aux intellectuels musulmans qui reprochent à l'islam de ne pas s'ouvrir à la modernité. Par-delà le fondamentalisme des uns et le sécularisme des autres, il élabore la notion de "médianité". On conseille aux amis de la Maison Islamo Chrétienne de lire son article; il éclaire les véritables questions qui traversent non seulement le monde musulman mais le dialogue interreligieux : http://oumma.com/215014/lhomme-median

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L’AED vient de créer l’Observatoire de la liberté religieuse Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 23:04:35
L’AED vient de créer l’Observatoire de la liberté religieuse
 

 

  
Pour se faire une idée du site, vous pouvez aller regarder les fiches de trois pays :
  
 
 
 
 
 
Le déclin de la liberté religieuse dans le monde
Rapport 2014 de l'AED - France

Anita Bourdin

ROME, 4 novembre 2014 (Zenit.org) - Zenit - Vous publiez votre Rapport 2014 sur la liberté religieuse dans le monde: est-ce une photographie annuelle? Qu'est-ce qui a changé depuis le rapport précédent ?

Ce Rapport sur la liberté religieuse dans le Monde, nous le publions tous les deux ans. D’une part, nous estimons que cela suffit, car dans la majorité des pays, la situation ne change pas non plus tous les six mois. Bien sûr, il peut y avoir de graves crises et il nous est toujours possible à ce moment-là d’évoquer l’évolution de la situation avec d’autres supports, mais il nous semble que ce cycle sur deux ans nous permet de prendre plus de recul sur ce qui se passe en profondeur. Par ailleurs, il est vrai que la réalisation de ce Rapport demande énormément de travail : une fois tous les deux ans est amplement suffisant !

Pour répondre à votre question sur ce qui a changé pendant la période couverte par ce dernier Rapport (octobre 2012 à juin 2014), je commencerais par une bonne nouvelle : sur les 196 pays analysés, nous avons constaté des améliorations dans … 6 pays ! Ce n’est pas beaucoup  mais on doit tout de même se réjouir de cela. Ces 6 pays sont : Cuba, les Emirats Arabes Unis, l’Iran, le Qatar, le Zimbabwe et Taïwan. Cela étant, j’ai parlé d’améliorations, cela ne signifie pas que la situation y soit idéale. Sur ces six, quatre restent classés comme des lieux de haute ou moyenne persécution !

A contrario, on ne peut que globalement faire état d’une dégradation de la situation de la liberté religieuse dans le monde. C’est sans doute l’impression que tout le monde peut avoir au vu des actualités mais ce Rapport, malheureusement, le confirme. Une détérioration de la situation a été enregistrée dans 55 pays soit 28% des pays du monde.

Quel est l'esprit de votre Rapport sur la liberté religieuse?

Ce Rapport ne concerne pas uniquement les chrétiens, il n’est pas un état des lieux de la persécution antichrétienne. Cela, nous le faisons tout au long de l’année car notre mission principale est de venir en aide aux chrétiens persécutés et tout particulièrement aux catholiques puisque nous sommes une oeuvre de l’Eglise catholique. Toutes nos publications évoquent cette réalité à laquelle nous essayons de répondre par le biais de l’information mais aussi de la prière et bien sûr de l’aide matérielle à travers plus de 5000 projets par an dans 150 pays.

Ce Rapport sur la liberté religieuse se veut également au service de nos frères qui souffrent à travers le monde mais simplement, nous avons retenu un angle différent. Puisque nous demandons davantage de liberté religieuse, il nous semble logique de la demander pour tous. C’est la raison pour laquelle sont étudiées dans ce Rapport toutes les restrictions en termes de liberté religieuse, quelle que soit la religion. Ce Rapport se veut donc le plus exhaustif possible avec comme objectif de faire progresser la liberté religieuse dans le monde, pour tout le monde !

Qu'en tirer, que faire?

Encore une fois, l’impression générale de ce Rapport 2014 est que le droit à la liberté religieuse est entré dans une phase de déclin. Il y a les discriminations inscrites dans de nombreuses Constitutions et celles que les groupes religieux minoritaires vivent au quotidien, mais il y a aussi de plus en plus de régions où les tensions ethniques, économiques et / ou politiques se mêlent aux questions religieuses au point qu’il devient parfois difficile de faire objectivement le tri entre les discriminations strictement religieuses et celles résultant d’autres problématiques. La République centrafricaine en est certainement une des meilleures illustrations.

Ce qui ressort également de ce Rapport, c’est que les chrétiens restent le groupe religieux le plus discriminé. Il y a bien sûr leur nombre (quasiment un tiers de l’humanité) et aussi leur dispersion géographique (ils sont partout) mais cela n’explique pas tout. Le christianisme dérange visiblement de plus en plus, soit parce qu’il défend une anthropologie qui est aujourd’hui de plus en plus combattue, soit paradoxalement parce qu’il se développe et que cela entraîne des réactions de rejet.

Que faire ? La liberté religieuse n’est pas simplement une question théologique qui ne concernerait que les experts ou les grenouilles de bénitier, elle concerne tout le monde, à des degrés divers certes mais c’est bien tout le monde qui est concerné. Lorsque la liberté religieuse progresse, tout le monde en profite. Lorsqu’elle régresse, tout le monde en paie le prix car nous vivons de plus en plus interconnectés. La détérioration de la liberté religieuse au Moyen-Orient par exemple a des répercussions jusqu’en Europe. C’est pourquoi il nous semble indispensable de militer pour la liberté religieuse, c’est l’objet de ce Rapport.

Si vous deviez garder seulement un témoignage à retenir de cette édition 2014?

Spontanément, je citerai le cas de Meriam Ibrahim, cette jeune soudanaise obligée d’accoucher en prison dans des conditions sordides et condamnée à mort par pendaison pour apostasie. Née d’un père musulman et d’une mère chrétienne, elle a été élevée dans la foi chrétienne, le père ayant abandonné la famille très tôt. Sommée de renier sa foi pour devenir musulmane, Meriam a refusé d’abjurer faisant valoir qu’elle avait toujours été chrétienne. Elle a risqué la mort pour cela ! Ce n’est que grâce à la mobilisation internationale qu’elle a pu être sauvée et quitter le pays. On est clairement dans le déni total de toute liberté religieuse, voire de toute humanité !

Sinon, il faudrait évidemment parler des réfugiés syriens et irakiens dont le nombre et la souffrance dépassent l’entendement. Depuis bientôt quatre ans en Syrie et particulièrement depuis le mois de juin en Irak avec la chute de Mossoul, on a affaire à des millions de réfugiés dont le seul crime est de ne pas pratiquer la « bonne » religion. L’épicentre de la suppression de la liberté religieuse, c’est bien là qu’il se situe !

Faudra-t-il attendre 2016 pour avoir d’autres nouvelles ?

Le prochain Rapport sera bien publié en 2016 mais ce n’est pas le seul outil que nous ayons. Bien entendu, il permet de faire le point à un instant T et de conserver une trace de l’évolution de la situation mais cela ne suffit pas, d’autant plus que les choses vont de plus en plus vite. Pour ceux que cela intéresse, il y a évidemment notre site www.aed-france.org qui fait régulièrement le point sur ces questions, mais je suis très heureux d’annoncer également le lancement d’un nouveau site rattaché à l’AED et qui sera entièrement consacré à la liberté religieuse. Il s’agit de l’Observatoire de la liberté religieuse et le site est officiellement lancé aujourd’hui ! L’adresse est très simple : www.liberte-religieuse.org      

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Mgr Pontier aux évêques de France Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 23:02:56

10 points à retenir

du discours de Mgr Pontier aux évêques de France

Laurence Desjoyaux
LA VIE le 04/11/2014

 

Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, a ouvert l’Assemblée plénière qui réunit tous les évêques de France à Lourdes du 4 au 9 novembre 2014 par un discours centré sur l’importance de la famille et de la personne humaine. Résumé en 10 points.

 

1. L’importance de la famille

Quelques jours après la fin du premier volet du synode sur la famille, le président de la Conférence des évêques de France a rappelé l’importance de la famille qui « apparaît sous toutes les latitudes comme cette cellule de base de la vie en société, comme celle aussi de l’Église. » Sans évoquer les débats sur l’accès aux sacrements pour les personnes divorcées-remariées ou le regard porté sur les unions entre personnes du même sexe, Mgr Georges Pontier retient du synode qu’il a redit « la grandeur de la famille humaine, fondée sur l’alliance d’amour entre un homme et une femme, vécue dans la fidélité, capable de traverser les épreuves grâce au dialogue et au pardon, accueillante à la vie reçue comme un don et non revendiquée comme un droit. L’amour véritable est une responsabilité assumée, un roc solide sur lequel s’appuyer et non la succession d’aventures passionnées vouées à une errance insatiable. »

2. La critique de la loi sur le mariage

Mgr Georges Pontier déplore la « fragilisation réelle de la vie familiale » observée ces dernières décennies. Evoquant sans la citer la récente loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe, il explique : « La nature même du mariage a été bouleversée. Au lieu de trouver des solutions adaptées à des questions posées par des situations particulières, on veut légiférer comme si on devait imposer à tous ce qui est revendiqué comme utile ou légitime pour quelques-uns. »

3. Les parents premiers éducateurs de leurs enfants

Revenant en creux sur la polémique autour de l’expérimentation des ABCD de l’égalité il regrette que « la recherche légitime de progresser dans l’égalité entre hommes et femmes dans nos sociétés est allée jusqu’à faire droit à des conceptions philosophiques militantes qui nient la belle complémentarité porteuse de vie entre l’homme et la femme, inscrite dans la nature même de chaque être humain. L’égalité est vue comme une absolue neutralité insignifiante. Un modèle unique et néfaste veut s’imposer et sa transmission aux enfants s’organise sans l’accord des parents, pourtant premiers responsables de leur éducation. »

4. Du risque de l’enfant vu comme un bien de consommation

Rappelant le credo de l’Eglise sur la vie, c’est-à-dire « la dignité inviolable de l’être humain depuis sa conception et jusqu’à sa mort naturelle », le président de la Conférence des évêques de France estime qu’il y a un grave risque humain « à s’engager sur le chemin de la procréation médicalement assistée pour répondre à la revendication du droit à l’enfant. Quant au recours à la gestation pour autrui, il est manifeste qu’on entre dans un processus qui considère l’enfant comme un quelconque bien de consommation. Cette pratique fait peu de cas du contexte humanisant qui consiste à garder liés dans le don mutuel conjugal et familial la conception et le temps de la grossesse. Et que dire de la demande faite à une femme de porter un enfant sans s’y attacher comme si la maternité était un acte banal ou à vocation commerciale? On ne peut reconnaître là un progrès humain pour nos sociétés. »

5. Les soins palliatifs plutôt que l’euthanasie

Là aussi ce n’est pas une nouveauté. Concernant le débat récurrent sur l’euthanasie, Mgr Georges Pontier a redit « que l’accès aux soins palliatifs devait être rendu possible et effectif. Ils offrent un environnement médical et une qualité de présence humaine qui permettent à chacun d’être accompagné jusqu’au bout de sa vie plutôt que de succomber à la tentation d’y mettre fin. » La CEF avait lancé un groupe de travail pour contribuer au débat (travaux à suivre sur son blog)

6. Vers le deuxième synode sur la famille

L’archevêque rappelle que le deuxième volet du synode aura lieu l’an prochain autour de « la vocation et la mission des familles dans l’Eglise et dans le monde ». Entre temps, les diocèses sont appelés à plancher sur le sujet en ayant le souci d’écouter « le témoignage des très nombreux baptisés qui s’efforcent de vivre à la lumière de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église leur vie de couple et leur vie de famille au cœur de leur existence et de tout ce qui leur arrive. »

7. Solidarité avec les chrétiens d’Irak

Alors que la CEF a été la première conférence épiscopale à se rendre sur place après l’offensive djihadiste de la mi-juin en Irak, Mgr Georges Pontier a exprimé à nouveau dans son discours la solidarité avec les chrétiens de la plaine de Ninive. « Nous admirons le témoignage qu’ils ont donné en quittant tout pour ne pas renier leur foi, mais nous sommes affligés de voir des milliers de familles chassées d’une terre qu’elles habitent depuis des millénaires, et poussées à l’errance ou à l’exil. » Il appelle la communauté internationale à agir avec efficacité pour « l’établissement de régimes politiques accordant la citoyenneté entière et identique aux habitants d’une même nation. »

8. Poursuivre le dialogue avec les musulmans

Les récents événements en Irak « ne sont pas sans affecter chez nous les relations avec les musulmans » a reconnu le président de la Conférence. « Un certain nombre d’entre eux souffrent profondément de l’image de l’islam que donnent les exactions commises par Daech. Ils les ont dénoncées. Nous accueillons positivement leurs propos tout en espérant que les autorités musulmanes les plus hautes dans le monde le fassent avec autant de clarté. Les musulmans en ont besoin et nous aussi. » Insistant sur la nécessité d’analyser les raisons poussant certains à rejoindre les rangs du djihad, il estime que la poursuite, dans un esprit de responsabilité, de dialogue, de respect, des relations avec les musulmans est « la seule voie qui nous soit offerte pour une vie ensemble souhaitée par le plus grand nombre. »

9. L’année de la vie consacrée

Elle s’ouvre le 1er dimanche de l’Avent, soit le 30 novembre prochain. Mgr Pontier s’est réjouit du dynamisme des consacrés dont bénéficient les diocèses. « De nombreuses Congrégations sont nées dans notre pays et, depuis le Concile, de nouvelles formes de consécration ont vu le jour, (…) des formes de vie inspirées par l’Esprit de Dieu qui « aime la nouveauté », comme dit souvent le Pape François. »

10. La visite de François en France

Pas de détails sur le programme, mais « une grande joie » après sans doute une légère frustation… « Nous l’attendions surtout après avoir appris sa visite nécessairement brève aux institutions européennes. »

Discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques de France (novembre 2014)

Discours prononcé le 4 novembre 2014 à Lourdes par Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, lors de l'ouverture de l’Assemblée plénière des évêques.

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours. » (Evangelii Gaudium n° 1)

Ces premiers mots de l’exhortation apostolique du Pape François, La Joie de l’Évangile, expriment avec simplicité et profondeur l’expérience chrétienne. La fête de Toussaint que nous venons de célébrer dans nos Églises diocésaines nous a permis de rendre grâce pour la beauté et la bonté du projet de vie du Père créateur, du Fils bien-aimé venu nous révéler et nous ouvrir le chemin du bonheur, de l’Esprit Saint répandu en nos cœurs pour conduire tout homme à la conscience d’être fils de Dieu et frère des hommes. Quelle belle vision, pleine d’espérance, que celle de la foule immense des hommes, réunis dans leurs diversités auprès du Père, ayant traversé « la grande épreuve de la vie ! »

Nous qui traversons en ce temps qui est le nôtre « l’épreuve de la vie », nous voulons témoigner de la joie et de la lumière que nous donne notre foi en Dieu qui aime les hommes. La rencontre du Christ-Sauveur nous guérit de tout fatalisme, de toute peur, de tout désespoir. Nous avançons sur le chemin incertain de nos vies, éclairés par la conviction que la vie humaine n’est pas limitée à ce qui s’expérimente quelques décennies sur terre, mais qu’elle vient de Dieu et va vers Dieu, qu’elle est un don et une œuvre d’amour. A cette lumière qui a resplendi dans le Christ, nous avançons, nous efforçant de vivre en frères des hommes comme lui-même l’a fait. Il s’est fait proche des uns et des autres, des petits, des malades, des étrangers et des pauvres. « Il est passé en faisant le bien » (Actes 10,38). Ainsi s’exprimèrent ses premiers disciples pour lui rendre témoignage.

La vie et la famille, dons de Dieu

Cette vie qui vient de Dieu, nous l’avons reçue au sein d’une famille qui est pour tout être humain le lieu primordial, malheureusement parfois blessé par les épreuves de la vie ou les fragilités personnelles, mais bien le lieu primordial de l’expérience humaine. C’est là, qu’entourés de notre père et de notre mère, de nos frères et sœurs, de nos grands-parents, des cousins, des amis, nous trouvons le milieu vital qui, toute notre vie, sera celui des plus grandes joies, des plus fortes solidarités et aussi des plus profondes préoccupations. Oui, la famille est cette cellule de base de toute vie sociale. Le cardinal Vingt-Trois et moi-même, nous venons de participer au Synode extraordinaire sur « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’Évangélisation ». Même si les défis se déclinent sous le mode de la grande diversité, la famille apparaît sous toutes les latitudes comme cette cellule de base de la vie en société, comme celle aussi de l’Église. Nous aimons l’appeler « Église domestique ». Le Synode a redit la grandeur de la famille humaine, fondée sur l’alliance d’amour entre un homme et une femme, vécue dans la fidélité, capable de traverser les épreuves grâce au dialogue et au pardon, accueillante à la vie reçue comme un don et non revendiquée comme un droit. L’amour véritable est une responsabilité assumée, un roc solide sur lequel s’appuyer et non la succession d’aventures passionnées vouées à une errance insatiable.

Dans l’expérience humaine de la famille, nous sommes accueillis comme un don, même si nous sommes porteurs d’éventuels handicaps. Nous sommes aimés fidèlement et généreusement. Nous faisons l’expérience de la joie, du pardon, de la solidarité. La réussite de la famille demande que chacun recherche le bonheur des autres avant le sien propre. Oui, elle est vraiment porteuse de vie parce qu’en elle, se jouent les solidarités élémentaires et nécessaires à toute vie humaine. Les sociétés l’ont bien compris ! Certaines s’appuient sur elle et la soutiennent pour bâtir leur avenir. D’autres la fragilisent, la réglementent, la soumettent à des projets pensés par quelques-uns. Dans notre pays, la famille jouit d’une image heureuse et le projet d’en fonder une demeure le désir le plus fort. Les enquêtes d’opinion le manifestent. Au sein de l’Europe, nous sommes enviés par beaucoup pour ce goût de transmettre la vie à des générations futures, signe d’un bien-être et d’une sagesse éprouvée. L’Eglise voit avec joie de jeunes adultes s’engager dans la vie familiale, dans la voie du mariage et affirmer de multiples manières au nom de leur foi que la famille est une richesse pour la construction de la personne et la cohésion de la société.

La famille fragilisée

Même si on doit se réjouir d’évolutions positives à amplifier encore – comme celle de l’égalité entre hommes et femmes, celle du choix libre du conjoint – ces dernières décennies manifestent néanmoins une fragilisation réelle de la vie familiale. Le développement d’une culture individualiste peu soucieuse des répercussions sur les autres des choix personnels, la soumission désordonnée à la force des sentiments et à la recherche du plaisir, l’immaturité affective peuvent conduire à des égoïsmes irresponsables, à des comportements violents, à un usage à courte vue des progrès techniques. Tout cela contribue à fragiliser la vie d’un trop grand nombre de familles.

S’est ajoutée encore la mise en œuvre d’une culture qui se laisse emporter par la définition sans fin de nouveaux droits individuels sans toujours prendre la mesure des conséquences négatives sur la conception de l’homme et les nécessaires solidarités d’une vie sociale. Ainsi la recherche légitime de progresser dans l’égalité entre hommes et femmes dans nos sociétés est allée jusqu’à faire droit à des conceptions philosophiques militantes qui nient la belle complémentarité porteuse de vie entre l’homme et la femme, inscrite dans la nature même de chaque être humain. L’égalité est vue comme une absolue neutralité insignifiante. Un modèle unique et néfaste veut s’imposer et sa transmission aux enfants s’organise sans l’accord des parents, pourtant premiers responsables de leur éducation. La nature même du mariage a été bouleversée. Au lieu de trouver des solutions adaptées à des questions posées par des situations particulières, on veut légiférer comme si on devait imposer à tous ce qui est revendiqué comme utile ou légitime pour quelques-uns. Et cela souvent au mépris des plus faibles, d’une part des enfants dans le début de leur vie et d’autre part dans un autre domaine des malades ou des vieillards au terme de leur existence.

L’Église rappelle sans se lasser la dignité inviolable de l’être humain depuis sa conception et jusqu’à sa mort naturelle. On ne peut l’instrumentaliser ni le considérer comme un objet ou un bien qu’on se procure selon son propre désir. Ainsi nous voyons le grave risque humain qu’il y aurait à s’engager sur le chemin de la procréation médicalement assistée pour répondre à la revendication du droit à l’enfant. Quant au recours à la gestation pour autrui, il est manifeste qu’on entre dans un processus qui considère l’enfant comme un quelconque bien de consommation. Cette pratique fait peu de cas du contexte humanisant qui consiste à garder liés dans le don mutuel conjugal et familial la conception et le temps de la grossesse. Et que dire de la demande faite à une femme de porter un enfant sans s’y attacher comme si la maternité était un acte banal ou à vocation commerciale? On ne peut reconnaître là un progrès humain pour nos sociétés.

Quant à la fin de vie, nous nous sommes déjà exprimés sur notre conviction que l’accès aux soins palliatifs devait être rendu possible et effectif. Ils offrent un environnement médical et une qualité de présence humaine qui permettent à chacun d’être accompagné jusqu’au bout de sa vie plutôt que de succomber à la tentation d’y mettre fin. C’est en s’appuyant sur les compétences médicales pour traiter la douleur et sur les solidarités affectives et relationnelles que peut se dessiner le chemin le plus humain. Un groupe de travail au sein de notre Conférence s’est constitué pour contribuer activement aux débats en cours dans notre société.

Comment soutenir la vie des familles ? Comment soutenir la croissance des enfants ? Comment soutenir les personnes en fin de vie ? Aucune loi, aucun droit individuel ne pourra remplacer la solidarité, la présence affectueuse, le soutien mutuel, le don de soi, le sens des responsabilités, surtout si c’est pour, à la place, promouvoir ou permettre la perspective d’en finir avec la vie, d’en finir avec les responsabilités qui nous lient les uns aux autres et qui font pourtant notre grandeur.

Comment soutenir la vie des familles sinon en offrant à chacune les conditions d’une vie possible sur sa terre ancestrale où l’accès au travail, au logement, à l’éducation, à la sécurité, à la santé est assuré à tous ? C’est malheureusement l’absence de ces conditions-là qui affecte de manière évidente et massive la vie d’un grand nombre de familles dans notre pays comme dans le monde entier.

Ce sont les solidarités familiales, nationales, internationales, mondiales qui peuvent seules contribuer à mettre en place les conditions d’une vie toujours plus humaine, plus juste, plus fraternelle. Il revient aux responsables politiques de les mettre en œuvre avec intelligence et détermination avec le souci de veiller à la cohésion nationale. Il revient à chaque citoyen de s’ouvrir à la recherche du bien de tous, en commençant par celui des plus défavorisés. L’Église elle-même se sait appelée à accompagner de sa présence la plus proche les familles qui connaissent de grandes souffrances.

Entre deux Synodes

Durant cette assemblée, nous prendrons le temps de revenir sur le Synode qui vient de s’achever. Je voudrais redire seulement ce matin que ce fut une très belle expérience de la collégialité épiscopale autour de celui qui préside à l’unité des Églises, le Pape François. Les analyses qui en restent à rendre compte de nos débats libres en termes de rapports de force sont trop courtes ! Vous le savez bien, il s’agit de chercher ensemble ce que nous dit l’Esprit, ce à quoi il nous invite à travers son action dans le cœur des croyants, quels sont les mots adaptés pour annoncer aujourd’hui « l’Évangile de la famille », quelles sont les attitudes pastorales justes pour exprimer à chacun la miséricorde de Celui qui est venu comme un médecin « appeler non pas des justes, mais des pécheurs » (Marc 2,17). Il s’agit de se faire proche de tous et d’accompagner leur marche afin que soit reconnu le visage maternel de l’Église. Le Pape François a voulu associer au discernement pastoral l’ensemble de l’Église, et d’une manière particulière bien sûr les Évêques du monde entier. Le travail et la réflexion vont se poursuivre dans nos diocèses jusqu’au Synode de l’année prochaine sur « la vocation et la mission des familles dans l’Église et dans le monde ». Nous aurons le souci d’écouter le témoignage des très nombreux baptisés qui s’efforcent de vivre à la lumière de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église leur vie de couple et leur vie de famille au cœur de leur existence et de tout ce qui leur arrive. C’est notre devoir de pasteurs.

Le contexte international préoccupant

Les événements internationaux ne cessent de nous marquer et de nous préoccuper. Alors qu’en Europe se célèbre le Centenaire du début de cette terrible guerre que fut celle de 1914-1918, alors qu’on croyait la paix acquise sur notre continent, se déroulent ces événements qui obscurcissent l’avenir en Ukraine. Nous voulons une fois encore exprimer à Mgr Borys Gudziaket à tous les Ukrainiens, l’assurance de notre prière pour que des chemins de paix et de réconciliation s’ouvrent entre les Ukrainiens, avec le peuple russe et avec tous leurs voisins européens.

Cet événement conforte notre conviction que la construction de l’Europe n’est pas seulement un enjeu économique, mais aussi un formidable projet de vie ensemble dans la paix toujours à vouloir, à préserver et à conforter. Nous nous réjouissons que le Pape François vienne dans quelques semaines s’adresser à Strasbourg aux membres siégeant au Parlement européen et au Conseil de l’Europe.

Au mois de juillet le conflit violent entre Palestiniens et Israéliens dans la bande de Gaza nous a conduits à annuler le pèlerinage des étudiants en Terre Sainte. Le respect du droit international apparaît de crise en crise comme le point d’appui le plus incontestable pour parvenir à une paix durable nécessaire à la vie des deux peuples en conflit mais indispensable aussi pour la paix dans toute cette région.

Les événements si violents en Syrie, en Irak, en Libye, et leurs répercussions sur les pays voisins, Jordanie, Liban, offrent le spectacle d’une barbarie qu’on pensait révolue. Nous sommes profondément marqués par le sort imposé aux minorités vivant dans ces pays, aux chrétiens d’Irak particulièrement. Nous admirons le témoignage qu’ils ont donné en quittant tout pour ne pas renier leur foi, mais nous sommes affligés de voir des milliers de familles chassées d’une terre qu’elles habitent depuis des millénaires, et poussées à l’errance ou à l’exil. Les liens avec les Patriarches orientaux nous ont conduit à leur manifester notre solidarité et notre proximité par la visite de plusieurs d’entre nous, particulièrement celle du Cardinal Philippe Barbarin, de Mgr Michel Dubost, du P. Pascal Gollnisch. Ces visites sont appréciées et nécessaires. On ne peut oublier la générosité des fidèles de nos diocèses qui s’exprime encore par la prière et par des actes de solidarité et d’accueil. Mais nous savons bien que seule une volonté sincère et efficace de la communauté internationale pourra conduire à une paix durable en favorisant l’établissement de régimes politiques accordant la citoyenneté entière et identique aux habitants d’une même nation. Nous militons pour cela et pour que soit préservé le droit au retour le jour venu pour les populations chassées injustement et cruellement de leurs terres ancestrales ayant enfin retrouvé une sécurité indispensable.

Ces événements ne sont pas sans affecter chez nous les relations avec les musulmans. Un certain nombre d’entre-eux souffrent profondément de l’image de l’islam que donnent les exactions commises par Daech. Ils les ont dénoncées. Nous accueillons positivement leurs propos tout en espérant que les autorités musulmanes les plus hautes dans le monde le fassent avec autant de clarté. Les musulmans en ont besoin et nous aussi. Nous sommes choqués, interloqués, interrogés en voyant ces trop nombreuses personnes partir rejoindre les rangs de cette armée insensée. Au-delà de notre étonnement, nous comprenons bien qu’il nous faut en analyser les raisons, et tout spécialement celles qui peuvent venir de nos sociétés occidentales qui n’ont peut-être pas su encore leur faire une place apaisante et respectueuse. A notre niveau et dans notre pays, nous voulons poursuivre dans un esprit de responsabilité, de dialogue, de respect, nos relations avec nos compatriotes musulmans. C’est la seule voie qui nous soit offerte pour une vie ensemble souhaitée par le plus grand nombre. Nous avons fait appel à M. Gilles Kepel, politologue français, spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, pour nous partager le fruit de son travail, de ses recherches, et de ses réflexions. Dans un instant il s’exprimera devant nous. Cette intervention s’inscrit dans notre désir de discerner le juste chemin entre ceux que dessinent parfois la peur ou la naïveté. Nous y sommes également aidés bien sûr par la rencontre et l’écoute des patriarches orientaux, des responsables de l’œuvre d’Orient ou d’autres associations, et aussi par l’engagement du Saint-Siège en ce domaine, comme il vient de s’exprimer au cours du récent consistoire consacré à cette question.

L’Assemblée qui vient : le pèlerinage des séminaires

Notre Assemblée plénière va poursuivre l’étude des dossiers en cours, et tout spécialement celui que nous avons ouvert sur les Séminaires en France. A la fin de la semaine les Séminaristes et leurs responsables nous rejoindront pour un temps de pèlerinage, de réflexion, de prière ensemble. M. le Cardinal Benjamin Stella, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, sera des nôtres et donnera une conférence. Dans une lettre récente nous avons exprimé aux séminaristes notre joie de vivre ce moment avec eux, notre encouragement dans ce temps de formation, notre confiance dans les équipes de formateurs qui les accompagnent en notre nom, notre action de grâce pour le don qu’ils représentent pour notre Église. Un évêque de chaque Province donnera une catéchèse sur le thème : « Appelé à être prêtre à la suite et à la manière des apôtres ».

Rencontrant les séminaristes, nous ne pouvons oublier les prêtres de nos diocèses qui, souvent, ont été des soutiens essentiels au moment de la naissance ou du développement de leur vocation. Nous savons le labeur apostolique qui est le leur. Nous apprécions leur collaboration fidèle, courageuse, missionnaire. Nous rendons grâces pour le témoignage de la joie de l’Évangile dont ils vivent et qu’ils annoncent autour d’eux. Nous voulons une fois encore leur redire notre admiration et notre reconnaissance.

L’Année de la vie consacrée

Dans quelques jours se tiendra à Lourdes l’assemblée générale de la Conférence des Religieux et Religieuses de France qui se préparera à vivre avec nous tous, dès le 1er dimanche de l’Avent, l’année de la vie consacrée. Oui, vraiment nous rendons grâce pour la joie que procure la rencontre du Christ, la lumière qu’elle apporte et le bonheur qu’il y a à le suivre dans un engagement plus radical, signe que Dieu seul peut combler notre cœur. Nos Églises diocésaines bénéficient de la présence et du dynamisme des consacrés. De nombreuses Congrégations sont nées dans notre pays et, depuis le Concile, de nouvelles formes de consécration ont vu le jour. Tout cela s’enracine dans le dialogue personnel où l’invitation à suivre le Christ devient une heureuse évidence : « Viens, suis-moi »… « Si tu veux » … « Je ferai de toi un pêcheur d’hommes ».

C’est cette expérience spirituelle qui rend compte du choix de ces jeunes hommes et de ces jeunes femmes qui engagent leur vie au service de Dieu et de l’humanité dans des formes de vie inspirées par l’Esprit de Dieu qui « aime la nouveauté », comme dit souvent le Pape François. Il écrivait encore dans l’exhortation apostolique La Joie de l’Évangile (Evangelii Gaudium) : « Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu » (n°259)

Il remet ainsi chaque baptisé devant la disponibilité intérieure et résolue à se laisser transfigurer par la présence de Dieu en lui. Il invite à s’ouvrir à l’œuvre d’humanisation de son Esprit en nous, lui qui sait nous convertir, c’est-à-dire nous détourner de nous-mêmes pour nous tourner résolument vers les appels de Dieu et les cris des hommes les plus éprouvés, qu’ils soient tout proches de nous ou qu’ils vivent au loin.

La visite pastorale du Pape François

Comment ne pas évoquer en terminant la joie que nous a donnée l’annonce de la visite pastorale que le Pape François fera dans notre pays durant l’année 2015. Nous l’attendions surtout après avoir appris sa visite nécessairement brève aux institutions européennes. Déjà nous portons dans notre prière ce moment fort où le successeur de Pierre viendra nous conforter dans la foi, nous écouter avec un cœur paternel, nous encourager dans notre mission de témoins du Christ dans la France d’aujourd’hui. Déjà nous l’assurons de notre reconnaissance et de notre prière pour que le Seigneur le soutienne dans l’exercice de son ministère si important pour la vie de notre Église.

Que la Vierge de Lourdes le protège. Qu’elle accompagne nos travaux de sa présence, qu’elle nous aide à rendre perceptible le visage maternel de l’Église.

 

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Les acteurs du dialogue islamo-chrétien sont désemparés Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 22:56:44

Les acteurs du dialogue islamo-chrétien sont désemparés

Réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière d’automne, les évêques français ont invité mardi 4 novembre le politologue Gilles Kepel pour évoquer la situation au Moyen-Orient.

3/11/14 - LA CROIX
 
Sur la place Bellecour de Lyon, le 1er octobre dernier, le cardinal Philippe Barbarin, Kamel Kabt...
Sur la place Bellecour de Lyon, le 1er octobre dernier, le cardinal Philippe Barbarin, Kamel Kabt...

E.Soudan/Alpaca/Andia

Sur la place Bellecour de Lyon, le 1er octobre dernier, le cardinal Philippe Barbarin, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée et le grand rabbin Richard Wertenschlag lançaient l’appel « engageons-nous » contre la violence et l’extrémisme religieux.

E.Soudan/Alpaca/Andia

Sur la place Bellecour de Lyon, le 1er octobre dernier, le cardinal Philippe Barbarin, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée et le grand rabbin Richard Wertenschlag lançaient l’appel « engageons-nous » contre la violence et l’extrémisme religieux.

 

Sur le terrain, les délégués diocésains des relations avec l’islam et les théologiens reconnaissent que l’avancée de Daech dans le nord de l’Irak et les violences commises contre les non-musulmans ont créé « un choc » en France cet été.

  

« Chaque jour, j’avais l’impression de prendre un nouveau coup sur la tête. » Tout l’été, les nouvelles les plus épouvantables se sont succédé, venues de Gaza, où l’offensive israélienne a causé des centaines de morts, puis de Syrie et d’Irak avec l’invasion de Daech et les décapitations d’otages.

« À chaque fois, je me suis dit que cela allait mettre à mal les relations entre les croyants ici, en France », soupire le P. Étienne Uberall, responsable des relations avec l’islam dans le diocèse de Strasbourg. « De quel dialogue parler ? C’est le travail d’une vie qui est par terre », souffle de son côté un religieux, douloureusement affecté par la situation.

Manque d’intérêt pour leurs propositions, reproches quant à leur pratique du dialogue… Certains responsables des relations avec l’islam en France avaient déjà le moral en berne. Mais le délégué épiscopal du diocèse de Lyon aux relations avec les musulmans, le P. Vincent Feroldi n’hésite pas à comparer le climat actuel à celui qui a suivi « les attentats du 11-Septembre ».

« Serrer les coudes » dans la tempête

« On peut parler d’un choc à propos de ce qui s’est passé cet été », confirme le directeur du service pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques, le P. Christophe Roucou, « et également de ­désarroi devant ces jeunes qui partent en Syrie ».

Ici ou là, ces événements tragiques ont stimulé la solidarité. Réunis au conseil général juste après l’assassinat d’Hervé Gourdel, les responsables des cultes en Alsace ont décidé une marche interreligieuse.

« Au sein du groupe d’amitié islamo-chrétienne, on s’est dit “surtout, on ne lâche rien” », ajoute le P. Uberall, qui observe qu’à Strasbourg les solides relations nouées entre responsables de cultes leur permettent de « serrer les coudes » dans la tempête. Au SRI, les demandes de « soirées ou de journées de réflexion ou de formation » sur l’islam affluent des aumôneries, de l’enseignement catholique, de paroisses ou de mouvements, au point que la petite équipe qui l’anime ne peut y répondre.

« L’amalgame islam = violence s’approfondit dans les mentalités »

À ­Créteil, le délégué du service des relations avec l’islam, Yves Brisciano, qui reconnaît avoir été lui aussi « interpellé » de nombreuses fois depuis l’été, voit surtout, derrière les questions qui lui sont posées, « un désir de mieux comprendre ».

Mais de fait, l’actualité irakienne risque aussi de laisser des traces. « Les chrétiens savent très bien que l’immense majorité des musulmans ne sont pas d’accord avec ces agissements, confusément, l’amalgame islam = violence s’approfondit dans les mentalités à mesure que les images médiatiques s’accumulent, relève le P. Jean Courtaudière, délégué du SRI au sein du diocèse de Saint-Denis. Comment ne pas penser que ces dérives violentes prennent leurs sources quelque part dans l’islam ? »

Très attendues en France, les condamnations des actes de Daech émanant de responsables musulmans se sont succédé tout l’été et « ont été bien relayées dans les mosquées », observe le P. Maurice Bez dans le diocèse de Besançon.

Une « prise de conscience progressive » depuis l’été

Pour autant, ce prêtre habitué des quartiers populaires, qui n’hésite pas à passer le dimanche après-midi devant la mosquée pour parler avec ceux qui s’attardent entre deux prières, reconnaît que des questions demeurent : « Les premiers textes visaient surtout à protéger l’islam. Quand je rencontre des musulmans, je leur dis que le travail doit se poursuivre pour que les gens sachent qu’on a le droit de changer de religion, ou de ne pas en avoir. »

Plus que d’un « choc », Michel Younès, directeur du Centre d’études des cultures et des religions à l’Université catholique de Lyon, parle donc plutôt d’une « prise de conscience progressive » depuis l’été. « Il a fallu quelques jours pour que nous réalisions quelles atrocités étaient commises. Après les légitimes condamnations voulant éviter tout amalgame, il était important de s’interroger sur les interprétations de l’islam rendant possibles ces actes, que les musulmans eux-mêmes doivent déminer. »

L’appel rédigé par les acteurs du dialogue interreligieux à Lyon, demandant à chacun de « s’engager » contre la violence et l’extrémisme a rencontré un écho inattendu : signé par plus de 1 500 personnalités de toutes les religions, il servira de base de travail au Forum islamo-chrétien qui se tiendra fin ­novembre.

« Nous devons former nos diocésains à la rencontre de l’autre »

« Rendre chacun acteur et responsable, c’est cela le but du dialogue et notre défi aujourd’hui », estime Michel Younès, en insistant sur le nécessaire travail « théologique » à mener.

« La priorité, c’est que les gens sortent de chez eux », avance de son côté le P. Henry Fautrad, à la fois curé de paroisse et responsable des relations avec l’islam dans le diocèse du Mans. « Nous devons former nos diocésains à la rencontre de l’autre. Même si elle peut être conflictuelle, voire blessante, elle reste, pour nous chrétiens, une expérience fondamentale. »

Tout l’enjeu est d’en convaincre ses diocésains : « Il me faudrait une petite équipe de gens qui connaissent l’islam et qui aient cette envie, mais c’est lent », reconnaît le jeune prêtre qui espère que certains des participants à la formation sur l’islam, qu’il propose aujourd’hui et la semaine prochaine, accepteront de tenter l’aventure.

Anne-Bénédicte Hoffner



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