Juin 2014
Convention Citoyenne
des Musulmans de France
pour le vivre-ensemble
[ الميثاق ]
PREAMBULE
LES MUSULMANS AU SEIN DE LA SOCIETE FRANCAISE
ARTICLE 1 : LA LAÏCITÉ, PRINCIPE DU VIVRE ENSEMBLE ET DE LA NON-DISCRIMINATION DES CITOYENS DE TOUTES CONFESSIONS
ARTICLE 2 : CITOYENNETE
ARTICLE 3 : LA FEMME MUSULMANE
ARTICLE 4 : LA JEUNESSE MUSULMANE
ARTICLE 5 : LES TENUES VESTIMENTAIRES
ARTICLE 6 : LE RESPECT D’AUTRUI
ARTICLE 7 : BIOETHIQUE MUSULMANE
ARTICLE 8 : REFORME ET REVIVIFICATION
ARTICLE 9 : LES MUSULMANS DE FRANCE FACE AU RADICALISME, A L’EXTRÉMISME ET A LA VIOLENCE
LE CFCM ET LES ATTENTES DES MUSULMANS DE FRANCE
ARTICLE 10 : L’ISLAMOPHOBIE
ARTICLE 11 : L’ORGANISATION DU CULTE MUSULMAN EN FRANCE
ARTICLE 12 : LA FORMATION DES IMAMS ET DES CADRES RELIGIEUX
ARTICLE 13 : LE CALENDRIER MUSULMAN ET LES FÊTES RELIGIEUSES
ARTICLE 14 : L’ORGANISATION DU PÈLERINAGE (HAJJ)
ARTICLE 15 : LES RITES ALIMENTAIRES
ARTICLE 16 : LE DIALOGUE INTER-RELIGIEUX
ARTICLE 17 : LES AUMÔNERIES
ARTICLE 18 : CIMETIERES ET CARRES MUSULMANS
ARTICLE 19 : LA RECONNAISSANCE ET LE RESPECT DE LA MÉMOIRE DES MUSULMANS TOMBES AU CHAMP D’HONNEUR
1/14
Convention Citoyenne des Musulmans de France pour le vivre-ensemble
[ الميثاق ]
En mesure d’assumer sa responsabilité dans tous les domaines de la vie de la société, la communauté musulmane de France affirme son identité, sa culture et sa religion. Elle aspire à mieux préciser sa place, son rôle et sa contribution dans la société.
Rejetant le repli communautariste, les musulmans de France projettent tous leurs efforts dans une communauté de destin portée par une intégration juste, loyale et solidaire.
L’Islam s’il est unique en sa doctrine, il est multiple dans son histoire et ses expériences. En France, il adopte comme principe fondateur le respect des règles et des lois républicaines. Elles fondent le vivre ensemble et assurent l’épanouissement harmonieux des hommes et des femmes de ce pays.
Les musulmans de France aspirent à l’union de tous, sans distinction d’origine ethnique, nationale, linguistique ou d’obédience d’écoles ou schismatiques. Ils considèrent la laïcité comme un acquis majeur du vivre ensemble et de la non-discrimination des citoyens.
Les musulmans de France désirent se joindre au mouvement de renouveau et de reviviscence de la pensée religieuse de l’Islam1. Ils s’inspirent des grands réformistes musulmans. Le Renouveau s’entend comme une action de "contextualisation", dans le temps et dans l'espace, de la compréhension de la religion et l'ajustement de son application dans une société en perpétuel développement et transformation.
Prônant la tolérance religieuse et un dialogue avec l’État et les cultes, les musulmans de France affirment leur aspiration à une identité culturelle et religieuse authentique dans la liberté et dans le cadre des institutions.
Les musulmans de France désirent réaliser leur unité et manifester leur expression pour et par eux-mêmes dans les débats et questions qui les concernent :
Ø L’Islam est parfaitement compatible avec les lois de la République. Nul besoin de texte nouveau, d’adaptation législative ou d’évolution jurisprudentielle : l’islam trouve tous ses repères dans le droit commun.
1 Coran XIII-11 : « … Allah ne change rien d’une communauté sans que chacun des individus qui la compose n’ait changé en lui-même. »
S’adressant à son peuple, Shu’aib dit : « O mon peuple ! … Je ne veux que la réforme (Islâh), autant que je le puis. Et ma réussite ne dépend que d’Allah» Coran XI-88
2/14
Ø Vivant dans le temps et l’espace de leur société, les musulmans de France affirment leur volonté d’ouverture et de paix dans le rejet de la violence et la condamnation de toute menée subversive, terroriste ou criminelle. Tout musulman doit avoir à coeur de se démarquer nettement de l’extrémisme. Les lieux de culte et les mosquées ne sont dédiés qu’à l’adoration de Dieu, et à rien d’autre. Les musulmans de France appellent les pouvoirs publics à conjuguer leurs efforts avec les familles musulmanes et les responsables religieux pour juguler les actions, subversives et radicales, qui ternissent l’image de la religion musulmane.
Ø Les musulmans de France aspirent à vivre leur foi dans un cadre digne et reconnu, respectueux de la loi. La visibilité du culte ne devrait susciter ni aversion ni provocation.
Ø Les musulmans de France appellent à la reconnaissance des aspirations de sa jeunesse, qui souffre d’inégalité dans son accès à l’éducation et au travail.
Ø Les musulmans de France reconnaissent pleinement l’égalité entre l’homme et la femme. Ils appellent à l’épanouissement personnel et professionnel des femmes musulmanes, dans le cadre de la loi.
Ø Les musulmans de France considèrent que le voile est une prescription religieuse. Si nombre d’entre eux ont pu vivre la loi sur l’interdiction du port du voile à l’école publique comme une injustice, ils respectent les choix de la communauté nationale. Les musulmans de France, suivant la position adoptée par la majorité des théologiens musulmans, considèrent que le port du « voile intégral » n’est pas une obligation religieuse.
Ø Les musulmans de France voient avec inquiétude la multiplication des actes anti-musulmans et la récurrence d’un discours islamophobe chez les acteurs sociaux et politiques. Ils demandent aux pouvoirs publics de rester vigilants face à cette dérive préoccupante. Ils reconnaissent devoir s’impliquer pour modifier l’image de l’Islam dans la société.
Ø Les musulmans de France rejettent le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Ils dénoncent toute forme de stigmatisation ou de discrimination liées à la religion.
Ø L’Islam recommande la science et honore les savants. La bioéthique musulmane a pour principe le respect de la vie. Le médecin, homme ou femme, est pleinement responsable de ses malades. On ne peut récuser ni l’un ni l’autre. La bioéthique musulmane pose pour principe que l’embryon a le même statut que la personne vivante, dès la fécondation. En outre, la procréation médicalement assistée n’est licite que dans la mesure où la filiation légitime est respectée. Le suicide, l’euthanasie sont interdits.
Ø Les Musulmans de France tiennent à préserver et à entretenir la mémoire des leurs qui se sont sacrifiés pour la France, qui par le sang versé durant les guerres nationales, qui par leur travail pour l’édification de son économie, sont les véritables fondateurs de l’Islam de France.
3/14
LES MUSULMANS AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
ARTICLE 1 : LA LAÏCITÉ, PRINCIPE DU VIVRE ENSEMBLE ET DE LA NON-DISCRIMINATION DES CITOYENS DE TOUTES CONFESSIONS
Le principe de la laïcité fait de la France une République, neutre envers les religions et respectueux de la liberté de conscience.
En conséquence, la France assure à tous les citoyens la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion.
Dans ce cadre, l’apport des concitoyens de confession musulmane se confirme de jour en jour. Cette contribution positive s’illustre dans les domaines économique, politique, scientifique, culturel, sportif, artistique et bien d’autres encore….
Malgré les confusions, la devise de la République demeure : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Les musulmans de France sont attachés à :
· La liberté de croyance pour tous les citoyens,
· L’égalité entre tous les citoyens au-delà de leur origine ou de leur religion,
· La fraternité entre les différentes composantes de la communauté nationale.
Les musulmans de France n’aspirent qu’à vivre sereinement et paisiblement leur spiritualité, en évitant toute provocation et en refusant toute stigmatisation.
Les musulmans ont également besoin d’ouverture. Ils ont besoin de s'ouvrir à la société dans laquelle ils vivent, ainsi qu'à toutes ses composantes religieuses, culturelles, syndicales, politiques, etc. Une telle ouverture à l’autre, rejetant toute forme d’archaïsme, ne peut avoir que des retombées positives sur la société.
ARTICLE 2 : CITOYENNETÉ
Les musulmans de France se reconnaissent pleinement dans le concept de citoyenneté, entendu comme le fait pour une personne, d'être reconnue comme membre d'un Etat, nourrissant un projet commun auquel il souhaite prendre une part active. La citoyenneté comporte des droits civils et politiques et des devoirs civiques définissant le rôle du citoyen de toute confession, au sein d’une société et face aux institutions.
La citoyenneté symbolise le respect des droits et devoirs du citoyen français musulman au sein de la société française. Chaque citoyen musulman se doit de respecter la citoyenneté telle qu'elle est établie par les lois françaises de la République. Celle-ci reconnait la diversité et la pluralité de la société, ne faisant aucune distinction entre les croyants ou non. Elle prône la solidarité, l’égalité et la tolérance.
Le Droit de Vote est un outil fondamental et indispensable à l’intégration des musulmans de France. Il véhicule un fort sentiment d’appartenance à une société, à une communauté nationale. Au-delà de ce qu’il représente, ce droit de Vote confère une position sociale reconnue au sein de la société. Il favorise également une participation constructive aux différents sujets de société concernant les musulmans français. Les musulmans aspirent à participer aux débats nationaux du pays.
4/14
Les musulmans sont en droit de revendiquer que leur citoyenneté ne puisse être assimilée à une citoyenneté de seconde zone ou de faire l’objet d’une quelconque remise en cause. Le musulman est d’abord un citoyen. Il affirme ou non, ensuite, son appartenance religieuse.
ARTICLE 3 : LA FEMME MUSULMANE
Au début de l’Islam, les femmes ont acquis et mérité une personnalité juridique entière. En effet, le Coran confère une égalité totale aux femmes et aux hommes2. À rebours des récurrentes accusations non fondées qui pèsent sur l’Islam, la femme musulmane jouit d’un rôle primordial dans la société.
En France, l’égalité homme femme ne heurte en rien la conception musulmane. Bien au contraire, depuis l’avènement de l’islam et dans les temps modernes, les principaux défenseurs de la place de la femme musulmane dans la société contemporaine ont toujours favorisé son épanouissement.
ARTICLE 4 : LA JEUNESSE MUSULMANE
L’avenir et la réussite des jeunes musulmans font partie intégrante des aspirations des musulmans de France.
La communauté musulmane lutte contre de nombreux handicaps liés aux difficultés rencontrées par sa jeunesse (difficultés, situation précaire des jeunes, travail, discrimination, islamophobie, racisme, fléaux sociaux).
Au-delà de cette difficulté, une composante importante de la communauté réussit de plus en plus à intégrer de Grandes Écoles et obtient à la fin de ses études des diplômes et des postes importants, en tant que cadres au sein de grandes entreprises, dans de grands groupes ou encore même au sein de divers partis politiques.
Quotidiennement, les jeunes musulmans apportent la preuve que l’islam n’est pas le problème de la démocratie. Nourris de leurs références religieuses et culturelles authentiques, ils s’affirment pleinement comme citoyens du troisième millénaire.
Néanmoins, deux obstacles majeurs s’opposent à leur épanouissement. L’école publique peine à faire réussir les enfants issus des milieux les moins privilégiés, particulièrement ceux issus de l’immigration. Par ailleurs, la situation de crise économique dans les banlieues et cités des grandes villes françaises, aggravée par un taux de chômage chronique, constitue un handicap pour l’insertion sociale des jeunes musulmans de France.
ARTICLE 5 : LES TENUES VESTIMENTAIRES
Pour la plupart des musulmanes, une tenue vestimentaire adéquate traduit, comme pour les autres religions, la dignité et la conformité à la tradition religieuse.
2 « Et les femmes ont des droits sur les hommes semblables à ceux que les hommes ont sur elles » (Coran,2:228)
5/14
Le voile est une prescription qui recommande au Prophète de « dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants » (Coran 33-59), de l’arborer pour la réserve qu’il leur impose.
Si nombre de musulmans de France ont pu vivre la loi sur l’interdiction du port du voile à l’école publique comme une injustice, ils respectent les choix de la communauté nationale.
Concernant le port du voile intégral, il convient de rappeler que la France a adopté une loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. À cette occasion, le CFCM a rappelé à plusieurs reprises la position adoptée par la majorité des théologiens musulmans qui stipule que le port du voile intégral n’est pas une obligation religieuse.
Tout au long des débats sur le port du voile intégral, le CFCM a clairement affiché son opposition à cette pratique et sa détermination à continuer d’oeuvrer par le dialogue et l’éducation pour qu’elle ne s’installe pas sur le territoire national.
Le CFCM réaffirme que les musulmans de France aspirent comme tous leurs concitoyens, à pratiquer leur culte et vivre leur spiritualité dans le respect des lois et des valeurs de la République auxquelles ils sont profondément attachés.
ARTICLE 6 : LE RESPECT D’AUTRUI
L’Islam recommande le respect des institutions et des personnes civiles ou morales.
Les dégradations, les incivilités, les impolitesses ou l’agressivité sont condamnables par la morale islamique élémentaire.
Tous les cultes, toutes les croyances et toutes les personnes quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse vivent libres et respectés en France.
La loi musulmane est conforme à l’acceptation de la diversité du genre humain.3
ARTICLE 7 : BIOETHIQUE MUSULMANE
L’Islam recommande la science et honore les savants.
Le musulman veille à l’instruction de ses enfants garçons et filles selon la loi. L’enseignement religieux est réservé à des horaires qui n’interfèrent pas sur l’obligation de scolarité.
Combattre l’ignorance, porteur de fanatisme et d’intolérance, est du devoir de tout croyant. La science rapproche de Dieu.
3 « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous vous connaissiez les uns, les autres. »
Coran 49-13 Al-Hujarat
6/14
La science médicale se propose comme objectif de guérir, de soulager et surtout de ne pas nuire à l’être humain. Le musulman a le devoir de se soigner et d’espérer consolation et apaisement de Dieu seul.
La bioéthique musulmane a pour principe le respect de la vie (Coran V, 32), la légitimité de donner de soi (sang, organes, tissus) en tant qu’actes méritoires (Hassanates) et d’en recevoir pour se soigner.
La procréation médicalement assistée n’est licite que dans la mesure où la filiation légitime est respectée. Le suicide, l’euthanasie sont interdits.
L’embryon a le même statut que la personne vivante dès la fécondation.
Le médecin, homme ou femme, est pleinement responsable de ses malades et on ne peut récuser ni l’un ni l’autre.
Le clonage est une manipulation contraire à la nature et aux règles de l’Islam (perpétuation naturelle de l’espèce humaine).
Dans tous ces domaines, le principe juridique de l’intentionnalité « Al Maqasid » ou fins ultimes d’une action thérapeutique est requis.
De même, la protection de la vie, le principe de la parenté légitime sont retenus comme bases des règles de la bioéthique musulmane.
En matière génétique le principe du génome humain est qu’il appartient à toute l’humanité et qu’il n’est pas brevetable; c’est ce qui est retenu dans l’Islam.
ARTICLE 8 : RÉFORME ET REVIVIFICATION
Dans notre époque contemporaine, il incombe aux musulmans de fournir l’effort intellectuel nécessaire en vue de revivifier la pensée islamique selon le terme utilisé par Abû Hâmid al-Ghazâlî (m 1111) ou encore en vue d’un renouveau et d’une reconstitution de la pensée religieuse selon les termes utilisés par Mohamed Iqbâl (1877-1938).
Le Renouveau correspond à une action de "contextualisation" dans le temps et dans l'espace, pour la compréhension de la religion et l'ajustement de son application dans une société et une réalité en perpétuel développement et transformation.
Les musulmans de France doivent s’inspirer des expériences de leurs prédécesseurs et oeuvrer dans le sens d’une Réforme qui tient compte des spécificités de leur époque et de la société dans laquelle ils vivent.
Les musulmans de France se rattachent à la tradition des mouvements réformistes unanimement reconnus : Al-Afghânî (1839-1897), Mohamed Abdou (1840-1905), Rachîd Rédhâ (1864-1935), Malek Bennabi qui a traité des conditions de la renaissance en examinant aussi les causes du déclin de la civilisation islamique en s’inspirant de quelques versets coraniques comme : « En vérité, Dieu ne change rien d’une communauté tant que chaque membre qui la compose ait changé en lui-même » Coran, XIII, 11.
7/14
Dans cette perspective, Mohamed Abdou affirmait : « L’Islâm a condamné l’imitation servile et aveugle (taqlîd) en matière de croyance et a sauvé la raison de son engourdissement car l’homme par nature est conduit par la science et la raison sur la voie de la connaissance ».
Cet effort de reflexion en vue d’opérer le changement est lui aussi une sorte d’ijtihâd où effort de réflexion personnel fourni par l’autorité compétente en vue de l’extraction des normes juridiques à partir des textes. Il ne concerne pas la doctrine de l’islam mais est d’ordre politique et social à travers une relecture des textes fondamentaux afin de reconstituer la pensée religieuse de l’islam comme l’affirmait Mohamed Iqbâl.
Au cours de son dernier discours4 à la communauté musulmane, le Prophète (PSL) lui a vivement recommandé le perpétuel souci de se renouveler en permanence et de veiller sur ses propres composantes.
ARTICLE 9 : LES MUSULMANS DE FRANCE FACE AU RADICALISME, A L’EXTREMISME ET A LA VIOLENCE
L’Islam prône « une communauté du juste milieu » (al wasatiyya Coran II-143).
Les lieux de culte et les mosquées ne sont dédiés qu’à l’adoration de Dieu et à rien d’autre. (Coran 72-18).
Contrairement à une idée répandue, le mot « Jihâd » signifie notamment la lutte et l’effort sur soi-même, en accomplissant le bien. Cette action a surtout une dimension spirituelle, consistant à oeuvrer de son mieux pour accomplir le bien. Dans le Coran, ce mot est employé sous ses différentes formes à 33 reprises.
Les menées politiques, idéologiques ou activistes, instrumentalisant ainsi le religieux, ne peuvent que dénaturer le message et la vie des musulmans de France, soucieux avant tout de s’intégrer à la société française dont ils font pleinement partie.
Les musulmans de France sont inquiets par l’attractivité des thèses radicales auprès d’une fraction de la jeunesse en quête de sens, confrontée à des injustices et inégalités. Cette voie radicale, qui s’apparente à une déviance, profite des fragilités personnelles et recourt souvent à la manipulation et au dévoiement des textes sacrés. Il est impératif que les musulmans dans leur ensemble se mobilisent afin que la jeunesse puisse retrouver le chemin d’un islam apaisé.
Les institutions, les élites et les pouvoirs publics doivent conjuguer leurs efforts avec les familles musulmanes pour juguler ces actions subversives qui ternissent l’image de la religion musulmane.
Les musulmans dans leur totalité récusent la violence et font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter que leurs jeunes succombent aux messages délétères qui incitent notamment à la violence ou au fanatisme.
4 Discours de l’adieu
8/14
Les Musulmans de France souhaitent mener une vie paisible et sereine, loin de toutes violences, dans l’intérêt même des générations à venir.
Il est impérieux que cette problématique soit appréhendée dans toutes ses dimensions économiques et sociales.
9/14
LE CFCM ET LES ATTENTES DES MUSULMANS DE FRANCE
ARTICLE 10 : L’ISLAMOPHOBIE
Régulièrement l’Islam est stigmatisé, présenté comme une religion incompatible avec la laïcité ou la démocratie. Certains écrits l’accusent même d’être une menace pour l’identité française.
Si les musulmans de France approuvent la libre critique, ils récusent en revanche l’injure, la diffamation ou l’incitation à la haine religieuse.
L’Islamophobie ou les actes antimusulmans sont l’affaire de tous.
Les musulmans de France souffrent aujourd’hui de :
- L’image très négative de l’Islam et des musulmans véhiculée dans l’actualité médiatique, basée sur une information nationale et internationale exposant des situations graves, réelles ou présumées.
- La montée d’un certain radicalisme islamique qui nuit d’abord aux citoyens français de confession musulmane qui se sentent « otages » par des tentatives certes marginales mais fortement médiatisées d’imposer la vision d’un islam présenté comme intolérant, belliqueux, voire sanguinaire, encourageant un repli sur soi, communautariste et exclusiviste, non représentative des dynamiques sociales dans les communautés musulmanes.
- La méfiance mutuelle, à l’échelle de la communauté nationale, directement liée à une méconnaissance de l’Islam par les non-musulmans et de l’attente de la population d’une plus grande conformité culturelle de la part de leurs concitoyens musulmans. Ce climat s’est installé progressivement et le 11 septembre 2001 a été un de ses catalyseurs.
- La promotion de discours populistes de certains leaders d’opinion en recherche pour certains de victoire électorale, de visibilité politique et médiatique ou de construction d’un plan de carrière personnel. Cette rhétorique, surfant très souvent sur les peurs, a engendré des clivages et des préjugés fortement ancrés dans la conscience collective rendant indéniablement plus difficile le dialogue.
- Les discriminations structurantes dans notre société dans les secteurs de l’enseignement, de l’emploi, du logement, des loisirs… qui deviennent des obstacles à la participation réelle de toutes et tous à la société.
Au-delà des clichés et des préjugés que certains médias malintentionnés peuvent colporter, au-delà des attaques et des campagnes que certains milieux islamophobes peuvent développer, les musulmans ne peuvent rester insensibles aux peurs et aux inquiétudes exprimées dans les débats actuels par certains de leurs concitoyens.
10/14
Les musulmans doivent s’interroger sur l’image qu’ils projettent dans la société. En définitive, les musulmans ne peuvent se dédouaner de leur propre part de responsabilité dans l'existence et le développement de ces sentiments, même si ceux-ci sont souvent irrationnels.
Le 17 juin 2010, le Conseil Français du Culte Musulman a signé avec le Ministre de l’Intérieur une Convention-cadre pour la mise en oeuvre d’un suivi statistique et opérationnel des actes hostiles aux musulmans de France.
Le 23 juin 2011, le CFCM a mis en place l’Observatoire de l’Islamophobie, qui depuis, recense et suit toutes les formes d’actes délictueux visant les musulmans de France sur l’ensemble du territoire national. Le CFCM appelle les Institutions musulmanes à apporter leur concours à l’Observatoire de l’Islamophobie du CFCM.
ARTICLE 11 : L’ORGANISATION DU CULTE MUSULMAN EN FRANCE
L’absence de hiérarchie ecclésiastique dans l’Islam a conduit le culte musulman à s’organiser autour d’une instance représentant le Culte musulman de France : le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM).
Inaugurée en 2003, cette institution représente un progrès sans précédent et regroupe en son sein des Fédérations de mosquées, des mosquées régionales, des associations cultuelles et des personnalités notables qui constituent l’Assemblée Générale du CFCM. Ses représentants sont élus, pour un mandat de 6 ans.
Le principe de l’alternance et d’une direction collégiale a permis aux responsables du CFCM de se rassembler autour des mêmes valeurs, dans l’intérêt de la communauté musulmane de France.
ARTICLE 12 : LA FORMATION DES IMAMS ET DES CADRES RELIGIEUX
Depuis sa création, la formation des Imams et des Cadres religieux fait partie des principales priorités du CFCM.
Cette Formation devient une nécessité impérieuse, au vu des besoins grandissants d’encadrement et d’orientation de la communauté musulmane.
En effet, l’Imam est en contact direct et permanent avec les fidèles dans les mosquées et dans les lieux de culte. À ce titre, l’Imam joue un rôle important dans l’accompagnement de la communauté et dans la transmission aux jeunes et aux moins jeunes des valeurs d’ouverture, de tolérance et de modération, dans le respect des lois et des valeurs de la République.
La Formation des Imams et des Cadres religieux doit se faire suivant deux axes :
- Formation religieuse et théologique : cette formation doit être assurée par les musulmans eux-mêmes, à travers les Fédérations qui composent le CFCM.
11/14
- Formation profane et généraliste : cette formation peut s’organiser en partenariat avec des Instituts de Formation spécialisés dans ce domaine.
Le CFCM mène une réflexion pour subvenir à l’ensemble de ces besoins de Formation des Imams et des Cadres religieux en France.
ARTICLE 13 : LE CALENDRIER MUSULMAN ET LES FÊTES RELIGIEUSES
Calendrier musulman :
Le 9 mai 2013, le CFCM a finalisé la mise en place d’un calendrier lunaire basé sur le calcul et conforme aux principes et aux finalités du droit musulman. Cette initiative a été prise sur la recommandation insistante de ses Fédérations qui oeuvrent activement pour l’unité des Musulmans de France.
Constatant que les différentes méthodes proposées et utilisées à travers le monde, convergeaient sur la quasi-totalité des dates, il a été convenu de retenir la règle qui a été soutenue par l’ensemble des pays musulmans et qui tient compte des conditions de l’observation de la lune et du principe consistant à entamer le mois lunaire si la nouvelle lune est observable.
Toutefois, la mise en place d’une telle démarche nécessite une grande pédagogie et un très fort accompagnement de la communauté musulmane de la part du CFCM et des mosquées qui lui sont affiliées.
Dans ce cadre, et afin de préserver l’unité des Musulmans de France, le CFCM a décidé de maintenir les rencontres traditionnelles de la veille du début de Ramadan et de l’Aïd El Fitr qui continuent d’être organisées, comme à l’accoutumée, dans l’ensemble des mosquées de France.
À l’issue de sa réunion traditionnelle à la veille du début et de la fin du Ramadan, le CFCM confirmera d’une manière consensuelle et solennelle le début ou la fin du mois sacré du Ramadan.
Pour permettre aux musulmans de France de mieux organiser leur vie cultuelle et leur faciliter sur le plan pratique le déroulement de ses différents moments, il a été convenu qu’au début de chaque année hégirienne (1er Muharram), le CFCM éditera le calendrier annuel comportant les dates prévisionnelles du début et de la fin du Ramadan et toutes les fêtes et manifestations religieuses.
Toujours dans le souci de mieux consolider l’unité des musulmans de France, les Fédérations composantes du CFCM expriment leur volonté de procéder dans les mois à venir à l’harmonisation des Heures de Prières rituelles.
Fête de Aïd-al-Adha :
L’Aïd El Kébir (grande fête) ou l’Aïd al Adha (fête du sacrifice) est dans l’islam une grande fête qui a lieu suivant le calendrier lunaire le 10 du mois Dhou-Lhijja, c’est-à-dire le 12ème mois lunaire qui est également le mois du pèlerinage à la Mecque.
12/14
Le CFCM incite les Musulmans de France à partager ce grand moment de bénédiction, de fraternité et de solidarité avec l’ensemble de la communauté nationale.
Les capacités des abattoirs étant limitées, le CFCM recommande d’étaler l’abattage sur les trois jours de L’Aïd al-Adha.
Le sacrifice par délégation est autorisé de façon unanime. Il est largement pratiqué, notamment, par les pèlerins le jour de l’Aïd al-Adha.
Par ailleurs, le sacrifice doit s’effectuer dans les abattoirs agréés par les Pouvoirs Publics, dans le strict respect de la réglementation en vigueur et des principes religieux qui régissent l’abattage rituel.
ARTICLE 14 : L’ORGANISATION DU PÈLERINAGE (HAJJ)
Le Pèlerinage est le cinquième pilier de l’Islam et le Coran le rend obligatoire pour toute personne responsable qui en a la capacité financière et physique.
Tout musulman doit s’efforcer, s’il en est capable, d’accomplir au moins une fois dans sa vie le Pèlerinage à la Mecque (al Hajj). Il vise à purifier l’âme des souillures des péchés pour devenir digne de la grâce divine sur terre et dans l’au-delà.
Le Pèlerinage se déroule pendant le dernier mois de l’année lunaire, celui de Dhu al-Hijja. Il n'est cependant pas nécessaire d'accomplir ce devoir plusieurs fois dans sa vie.
Le CFCM recommande aux acteurs concernés de veiller à rationaliser l’organisation du Pèlerinage pour les Musulmans de France et à ce que le pèlerinage s’effectue en conformité avec les lois sanitaires, dans le respect du rituel religieux éminemment.
ARTICLE 15 : LES RITES ALIMENTAIRES
Les préceptes relatifs à l’alimentation constituent des devoirs bien identifiés par le Coran. On relève 24 versets qui contiennent des prescriptions alimentaires.
Pour que la viande soit « Halal », c’est-à-dire licite et consommable par le musulman, le sacrifice doit être rapide pour être le moins douloureux possible. Le sang doit être évacué et le sacrificateur musulman doit prononcer la formule religieuse en égorgeant l’animal, la tête tournée vers la Mecque.
C’est la spécificité de cet abattage qui permet de certifier la qualité de « viande Halal ».
Le CFCM recommande aux acteurs concernés de rationaliser l’organisation de l’Abattage rituel et fiabiliser les engagements pris par les différents Opérateurs qui interviennent sur toute la chaine de production, afin de garantir aux Musulmans de France la conformité des produits certifiés « Halal » qui sont proposés aux consommateurs musulmans.
13/14
ARTICLE 16 : LE DIALOGUE INTER-RELIGIEUX
Le CFCM inscrit parmi ses objectifs et ses priorités « d’encourager le dialogue entre les Religions » en France.
Le CFCM veille à ce que les conflits des pays étrangers ne soient pas importés sur le territoire pour ne pas attiser la haine entre les différentes communautés présentes sur le territoire français.
L’Islam dans sa vocation n’entend pas imposer sa vérité, ni forcer quiconque à adopter sa croyance et ses rites. L’Islam respecte la foi d’autrui dans la tolérance et le dialogue. L’islam nourrit le respect « des Gens du Livre ». La liberté de conscience est chose tellement recommandable que les monastères, les églises, les synagogues tout comme les oratoires des Musulmans sont dignes de protection à l’encontre des impies. 5
La Sourate (21-40) du Coran affirme :
« … Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, des ermitages seraient démolis, ainsi que des églises, des synagogues, des mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué … »
ARTICLE 17 : LES AUMÔNERIES
Les trois Aumôneries, Armée, Hôpitaux et Prisons doivent travailler en parfaite coordination avec les instances du CFCM afin de former et de répartir les cadres religieux sur ces différentes Aumôneries.
Aumônerie des Prisons :
L’aumônerie nationale des centres pénitentiaires de France exerce diverses missions relatives au cultuel. Elle a également pour mission de prévenir et de contrôler toute forme de radicalisme par le biais de l’enseignement religieux.
Le budget de l’aumônerie nationale des prisons est abondé par les fidèles eux-mêmes, qui par leurs dons financiers ou matériels contribuent au bon fonctionnement de cette structure.
Le 17 septembre 2006, le CFCM a créé l’Aumônerie nationale des Prisons. L’Aumônerie dispose à ce jour de 164 aumôniers régionaux qui agissent sur l’ensemble du territoire. Face à une demande croissante, le CFCM encourage les vocations d’aumônier musulman des prisons.
Aumônerie des Armées:
Les Aumôniers Militaires assurent le soutien religieux des personnels de la Défense qui le souhaitent dans les lieux où les Armées exercent leurs missions.
5 Sourate XXII, 40-41.
14/14
L’Aumônerie Musulmane des Armées a été créée par le CFCM en 2005. Une Direction de l’Aumônerie Militaire Musulmane a été mise en place au sein du Ministère de la Défense.
Aumônerie des Hôpitaux :
L’Aumônier musulman dans l’Hôpital apporte un réconfort moral et un soutien spirituel aux patients et aux malades de confession musulmane.
Il doit faire face à une demande croissante d’accompagnement des personnes, notamment en fin de vie ou en phase terminale de maladies incurables.
Il veille à l’application et au respect du code français de la santé publique.
ARTICLE 18 : CIMETIERES ET CARRES MUSULMANS
Les musulmans veillent, avec les autorités municipales, et en conformité avec la circulaire de 1991 préconisant la création des carrés musulmans, à solliciter dans les cimetières de la localité, des carrés musulmans pour subvenir aux besoins sans cesse croissants d’inhumation.
La génération actuelle inhume de plus en plus ses proches sur le territoire. Les traditions musulmanes qui prévoyait que le défunt musulman soit enterré dans son pays d’origine ont évolué et les besoins se font ressentir au sein de la communauté musulmane qui souhaite de plus en plus obtenir des carrés musulmans au sein des cimetières sur le territoire national.
Cette volonté est une preuve d’intégration croissante.
L’orientation des futures tombes vers la Mecque est une pratique obligatoire de l'inhumation musulmane, reconnue par la circulaire de 1991.
ARTICLE 19 : LA RECONNAISSANCE ET LE RESPECT DE LA MÉMOIRE DES MUSULMANS TOMBES AU CHAMP D’HONNEUR
Les musulmans demandent la reconnaissance et le respect de la mémoire de leurs coreligionnaires tombés sur le champ d’honneur pour que la France soit libre et le demeure.
Inaugurée le 15 juillet 1926, la construction de la Grande Mosquée de Paris est un signe de reconnaissance de la France envers les musulmans de son empire colonial après la mort de nombre d’entre-eux lors de la première guerre mondiale.
Plus tard, ce symbole a été étendu par les autorités françaises aux sacrifice des dizaines de milliers de musulmans morts pour la France durant la première guerre mondiale, à Cassino en 1944, au Mexique en 1861, en Crimée en 1853 ou à Sedan en 1870.
Un mémorial rendant hommage aux musulmans morts pour la France a été dévoilé à la Grande Mosquée de Paris. Cette dynamique s’est poursuivie avec l’inauguration de ce mémorial le 18 février 2014 en présence du Président de la République.
PÈLERINAGE EN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE
DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS
(24-26 MAI 2014)
VISITE AU GRAND MUFTI DE JÉRUSALEM
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Bâtiment du Grand Conseil sur l'esplanade des Mosquées (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
Excellence,
Fidèles musulmans,
Chers amis musulmans,
Je suis reconnaissant de pouvoir vous rencontrer dans ce lieu sacré. Je vous remercie de tout cœur pour l’aimable invitation que vous avez voulu m’adresser, et en particulier, je vous remercie, Excellence, ainsi que le Président du Conseil suprême musulman.
Mettant mes pas dans ceux de mes Prédécesseurs, et en particulier dans le sillage lumineux du voyage de Paul VI, il y a cinquante ans, le premier d’un Pape en Terre Sainte, j’ai vivement désiré venir en pèlerin pour visiter les lieux qui ont vu la présence terrestre de Jésus Christ. Mais mon pèlerinage ne serait pas complet s’il ne prévoyait pas aussi la rencontre avec les personnes et les communautés qui vivent en cette Terre, et donc je suis particulièrement heureux de me retrouver avec vous, fidèles Musulmans, chers frères.
En ce moment, ma pensée va vers la figure d’Abraham, qui vécut comme pèlerin sur ces terres. Musulmans, Chrétiens et Juifs reconnaissent en Abraham, bien que chacun de façon différente, un père dans la foi et un grand exemple à imiter.. Il se fit pèlerin, laissant son propre peuple, sa propre maison, pour entreprendre cette aventure spirituelle à laquelle Dieu l’appelait.
Un pèlerin est une personne qui se fait pauvre, qui se met en route, est tendu vers un but grand et désiré, vit de l’espérance d’une promesse reçue (cf. He11, 8-19). Telle fut la condition d’Abraham, ce devrait être aussi notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons jamais nous estimer autosuffisants, maîtres de notre vie ; nous ne pouvons pas nous limiter à rester fermés, sûrs de nos convictions. Devant le mystère de Dieu, nous sommes tous pauvres, nous sentons que nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous adresse, ouverts à l’avenir que Lui veut construire pour nous.
Dans notre pèlerinage terrestre, nous ne sommes pas seuls : nous croisons le chemin d’autres fidèles, parfois nous partageons avec eux un bout de chemin, parfois nous vivons ensemble une étape qui nous donne du courage. Telle est la rencontre d’aujourd’hui, et je la vis avec une particulière gratitude : c’est une halte commune heureuse, rendue possible par votre hospitalité, dans ce pèlerinage qu’est notre vie et celle de nos communautés. Nous vivons une communication et un échange fraternels qui peuvent nous donner du réconfort et nous offrir de nouvelles forces pour affronter les défis communs qui se présentent à nous.
Nous ne pouvons pas oublier, en effet, que le pèlerinage d’Abraham a été aussi un appel pour la justice : Dieu l’a voulu témoin de son agir et son imitateur. Nous aussi nous voudrions être témoins de l’agir de Dieu dans le monde et pour cela, justement dans notre rencontre, nous entendons résonner en profondeur l’appel à être artisans de paix et de justice, à demander ces dons dans la prière et à apprendre d’en-haut la miséricorde, la grandeur d’âme, la compassion.
Chers frères, chers amis, de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham :
Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des sœurs !
Apprenons à comprendre la douleur de l’autre !
Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu !
Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix !
Salam !
Communiqué du CRCM ALSACE du 13 mai 2014
Ayant appris l'intervention, ce matin de la Police nationale à
Strasbourg et ses environs, le CRCM - Alsace :
- se félicite de l'action de l'Etat dans le démantèlement de réseaux
ayant depuis plusieurs mois envoyé des dizaines de nos enfants à la mort,
- rappelle qu'un Musulman emprunte toujours la voie du juste milieu et
ne saurait atteindre la plénitude religieuse autrement que par l'étude,
l'introspection et la recherche constante du Bien et non point par
l'adhésion à des groupes fanatiques et sectaires dont les aspirations
messianiques sont une insulte à la Foi et les crimes une négation de
celle-ci,
- incite chacun à tout mettre en oeuvre pour détourner les égarés des
chemins pernicieux, cela si nécessaire en prévenant dès connaissance les
institutions civiles et religieuses,
- estime que ceux qui prônent le suicide, décident d'actions militaires
contre des jeunes gens, des femmes et/ou des enfants voire mènent
sciemment des croyants à tuer d'autres croyants s'opposent à la volonté
divine
Seul D., en effet, est à même de reprendre la vie ; aller combattre sur
des théâtres extérieurs d'autres jeunes, souvent tout aussi manipulés -
parfois partis avec les mêmes convictions mais recrutés par d'autres -
ou n'ayant pas le choix, ne saurait relever de l'islam.
Partant, outre l'aide qu'il lui est toujours loisible d'apporter à des
associations caritatives reconnues, le Musulman sincère se doit de prier
pour que D. éclaire nos dirigeants afin que les diplomaties française et
européenne puissent donner leur pleine mesure et qu'une solution pérenne
de Justice et de Paix soit enfin trouvée en Syrie.
Abdelhaq Nabaoui
Vice président du CRCM
Oui, nous avons envoyé Noé à son peuple : « Avertis ton peuple avant qu’un douloureux châtiment ne l’atteigne ! »
Il dit : « O mon peuple ! Je suis pour vous un avertisseur explicite.
« Adorez Dieu ! Craignez-le ! Obéissez-moi !
« Il vous pardonnera vos péchés ; il vous accordera un délai jusqu’à un terme fixé ; mais quand vient le terme fixé par Dieu, il ne peut être différé. - Si vous saviez ! »
Il dit : « Mon Seigneur ! J’ai appelé mon peuple nuit et jour et mon appel n’a fait qu’augmenter son éloignement. »
(Sourate 71, versets 1-6.)
L’appel à l’adoration
Le prophète Noé (Saydina Nûh) est l’avertisseur du déluge. Il apporte à son peuple la promesse du pardon de Dieu mais l’avertit de l’imminence d’une catastrophe, avec un terme fixé, s’il ne remplit pas ses devoirs. De même, l’homme qui s’obstine dans une conduite irresponsable le mettant en danger et qui ne revient pas à la direction juste et universelle s’expose à un avenir très douloureux.
Noé et son message sont restés vivants pendant neuf cent cinquante ans, c’est-à-dire une trentaine de générations. Cela signifie que les dernières générations ont été averties directement de l’imminence du châtiment. Hélas ! le peuple s’en est détourné, sourd à l’appel et réfractaire à l’adoration.
Cet appel commence en vérité par un respect mutuel entre les êtres. Quant à la crainte de Dieu, elle n’est pas celle de Son courroux, ni des flammes de l’enfer. Elle est avant tout dans l’appréhension de nuire à l’autre et à la création. Le message de Noé est donc aussi actuel qu’à son époque.
La sourde oreille
Chaque fois que je les ai appelés pour que tu leur pardonnes, ils ont mis leurs doigts dans leurs oreilles ; ils se sont enveloppés dans leurs vêtements ; ils se sont obstinés ; ils se sont montrés orgueilleux.
je les ai ensuite appelés à haute voix ; j’ai fait des proclamations et je leur ai parlé en secret.
(Sourate 71, versets 7-9.)
Si Noé s’adressait à nous aujourd’hui, il ferait l’inventaire de tous les dangers qui touchent la terre et avec elle l’humanité : la surpopulation, la prolifération chimique et nucléaire, les génocides, le mépris des enfants, la dévastation des forêts, les manipulations génétiques. Il nous appellerait à la raison avant le point de non-retour.
Comme au temps de Noé, les hommes ne veulent pas entendre le message. Les pollueurs savent qu’ils ont tort mais font la sourde oreille pour sauvegarder leurs pouvoirs et leurs intérêts. Ils opposent toute sorte d’arguments pour ne pas entendre le cri d’alarme alors qu’ils connaissent parfaitement la gravité du problème. Si un discours n’est pas vrai, je peux le contester. S’il l’est, le lâche et l’incrédule préfèrent ne pas l’entendre et se boucher les oreilles. Mais notre époque, contrairement à celle de Noé, est tellement médiatisée qu’il est impossible de feindre l’ignorance.
« Ils se sont enveloppés dans leurs vêtements » signifie se réfugier derrière les systèmes économiques, idéologiques ou philosophiques et, pour se déculpabiliser, accuser l’autre ou une autorité supérieure.
« Je leur ai parlé en secret. » S’il était parmi nous, Noé tenterait de sensibiliser les décideurs à la gravité de la situation et à l’urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Un monde meilleur
J’ai dit : « Implorez le pardon de votre Seigneur ; il est celui qui ne cesse de pardonner ; il vous enverra, du ciel une pluie abondante ; il accroîtra vos richesses et le nombre de vos enfants ; il mettra à votre disposition des jardins et des ruisseaux.
(Sourate 71, versets 10-12.)
Le Coran révèle ensuite comment Noé essaie de convaincre les dirigeants de changer d’attitude. Il les invite à revenir à l’adoration de Dieu, au respect de la nature et à l’amour du prochain en leur promettant un monde meilleur. Les versets 13 et 14 confirment cette idée : « Pourquoi n’attendez-vous pas de Dieu un comportement digne de Lui alors qu’il vous a créés par phases successives ? »
L’homme s’entête à croire en sa puissance et en sa capacité d’améliorer le monde par ses nouvelles découvertes scientifiques et technologiques, alors que Dieu lui rappelle qu’il n’est qu’une infime partie d’un univers créé par étapes successives. C’est un avertissement à son orgueil pour le ramener à plus de sagesse et à un comportement plus digne de la confiance et de l’immense générosité de Dieu qui peut donner toujours plus, car Il est le plus Grand et le plus Savant.
Les deux versets suivants introduisent une nouvelle acception de cette guidance :
« N’avez-vous pas vu comment Dieu a créé sept cieux superposés ? Il y a placé la lune comme une lumière ; il y a placé le soleil comme une lampe »
(sourate 71, versets 15-16).
Les jours divins correspondent chacun à un ciel et chaque ciel correspond à une étape. Le soleil est la vie et la vérité. Il symbolise le prophète. La lune, signe de sagesse, représente le sage en éveil. Dans l’obscurité, c’est par elle que l’on se guide pour retrouver son chemin. Ainsi, le ciel est toujours éclairé et l’homme n’est jamais laissé sans guidance.
Un maillon de la chaîne
Dieu vous a fait croître de la terre comme les plantes puis il vous y renverra et vous en fera ensuite surgir soudainement.
Dieu a établi pour vous la terre comme un tapis afin que vous suiviez des voies spacieuses.
(Sourate 71 , versets 17-20.)
Ce passage évoque l’origine commune de l’homme et de la création. Nous avons obéi au même processus car nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne et sans doute le plus faible, étant le dernier après les minéraux, les végétaux et les animaux. Mais ce maillon est, en même temps, le plus fort car il porte en lui le principe actif de l’esprit qui le distingue du reste de la création. Même s’il est un animal pensant, il n’en demeure pas moins rattaché, par certains aspects, au minéral, au végétal et à l’animal auquel il n’est supérieur que par cette présence divine (les attributs divins dont Dieu a paré Adam) qui le vivifie en alimentant sa conscience.
Dieu a confié à l’homme la pleine jouissance de la terre qu’Il a déroulée sous ses pieds comme un tapis rouge sous les pas du roi. Il lui a tracé une voie royale et spacieuse faite de tolérance, de fraternité et de partage. Mais l’homme, pensant mieux faire, se perd dans les voies étroites et tortueuses. Se détournant de la voie universelle du partage, il s’enlise dans des systèmes politiques, économiques et idéologiques artificiels, souvent inopérants, voire catastrophiques.
Les nouvelles idoles
Noé dit : « Mon Seigneur ! Ils mont désobéi ; ils ont suivi celui dont les richesses et les enfants n’ont fait qu’accroître la perte. »
Ils ont tramé une immense ruse et ils ont dit : « N’abandonnez jamais vos divinités : n’abandonnez ni Wadd, ni Souwa ; ni Yaghout, ni Ya ôuq, ni Nasr ! »
(Sourate 71, versets 21-23.)
L’homme attiré par les biens matériels immédiats et éphémères est sourd et récalcitrant à ce message. Il dédaigne les richesses nobles et spirituelles qui sont son capital le plus précieux et qui font de lui l’être d’exception, et s’en éloigne. Là réside toute sa faiblesse ! Comme hier, il s’obstine à adorer les mêmes idoles : pouvoir, honneur, argent, prestige, sexe. Depuis Noé, l’homme a peu changé. Il est capable de prouesses technologiques mais, en esprit, il n’a guère évolué. Il est aveugle et dupe d’un système où l’argent facile et la frénésie de consommation règnent en maîtres. Conditionné par ce miroir aux alouettes, il veut toujours davantage, et tout de suite. Il est prêt à léser l’autre pour arriver à ses fins et assouvir ses passions. S’il ne prend pas conscience de ce mirage, de ces fausses valeurs, tôt ou tard, il en paiera le prix. A moins que, dans un sursaut de sagesse, il ne décide de se mettre à l’écoute du message de tolérance, de patience et des vraies valeurs que ne cesse de lui adresser Noé à travers la Révélation.
Si rien ne semble avoir changé dans la société humaine, et qu’à chaque naissance le scénario adamique se répète et se perpétue, la création et l’homme sont cependant en constante évolution. Toutefois le sort du monde se joue dans ce duel permanent entre ceux qui, porteurs d’espérance, vivent le message de Noé à travers l’épanouissement et l’apaisement de leur intériorité, et ceux qui sont portés par leurs désirs et leur soif inextinguible de jouissance matérielle.
Face à cette profonde contradiction, le discours de Noé continue de s’adresser à tous et à chacun. L’homme social est libre de mener ou non son combat intérieur (son grand jihad) pour refuser un système qu’il juge néfaste et choisir la voie de la sérénité, de la paix, de la tolérance et de la fraternité, dans l’harmonie entre la nature et la satisfaction de ses besoins. Il peut y parvenir par un développement maîtrisé, une technologie mise au service du bien-être de tous et une science non conditionnée par le profit mais fondée sur l’éthique.
Plus que jamais, le Veau d’or est objet d’adoration à travers ses divers symboles et représentations : Palme d’or pour le cinéma, Disque d’or pour la musique. Quant à l’art, il a rompu avec le sacré en devenant objet de spéculation. Le stade aussi a ses idoles qui valent des millions. Cela dit, je ne nie pas la valeur du sport ni son utilité dans l’épanouissement de l’homme. Mais hélas, je crains qu’il ne soit perverti pour devenir l’alibi du pouvoir et de l’argent. Il suffit de voir les milliards consacrés aux jeux olympiques qui symbolisent soit-disant la fraternité entre les peuples alors que les deux tiers de la population mondiale vivent dans la famine. Ces milliards dépensés pour quelques instants de festivité et de spectacle ne seraient-ils pas mieux utilisés s’ils permettaient d’irriguer, de soigner, de planter, d’instruire ? Il ne s’agit pas de révolutionner le monde mais de tenter de revenir à une vision plus juste, à une attitude plus humaine et plus solidaire.
La véritable révolution est d’abord intérieure et silencieuse. C’est à ce prix qu’elle produira ses fruits pour l’ensemble de l’humanité. L’homme a des besoins et tant mieux si le progrès lui apporte une vie meilleure. Mais il lui faut agir pour éradiquer le danger de l’asservissement à la seule consommation qui génère, malheureusement, un malaise profond lié à l’oubli des véritables valeurs comme l’intégrité, la morale, la fraternité, l’entraide et le partage. Seules ces valeurs d’essence divine peuvent nous amener à nous interroger lucidement sur nos actes : « Suis-je en harmonie avec la création ? » Elle est le témoignage vivant de Sa présence et nous interpelle à chaque instant. Si, dans chaque acte ou projet que nous élaborons, nous prenions en considération le Divin, nous nous placerions dans une perspective universelle où personne ne serait lésé. Car Dieu est omniprésent, Il anime aussi bien l’homme que l’animal, la lune, le soleil et toutes les galaxies dans ce merveilleux et harmonieux mouvement qu’est la vie.
Le cri d’alarme
La sourate de Noé se termine ainsi :
Ceux-ci ont pourtant égaré un grand nombre d’hommes. Tu ne fais qu’accroître l’égarement des injustes.
Ils furent engloutis et introduits dans un Feu, à cause de leurs fautes. Ils ne trouvèrent aucun protecteur en dehors de Dieu.
Noé dit : « Mon Seigneur ! Ne laisse sur la terre aucun habitant qui soit au nombre des incrédules. Si tu les épargnais, ils égareraient tes serviteurs et ils n’engendreraient que des pervers absolument incrédules. Mon Seigneur ! Pardonne moi ainsi qu’à mes parents ; à celui qui entre dans ma maison en tant que croyant ; aux croyants et aux croyantes. Augmente seulement la perdition des injustes ! »
(Sourate 71, versets 24-28.)
Les propos de Noé sont hélas accablants ! Mais la corruption se développa à un degré tel qu’il fallut le sacrifice d’une grande partie de l’humanité pour sauver celle qui pourrait repeupler la terre et vivre une nouvelle aventure humaine plus juste, plus universelle, plus conviviale. Ce fut le déluge.
Aujourd’hui, il suffit qu’un irresponsable appuie sur un bouton pour déclencher le cataclysme nucléaire. Soyons à l’écoute de ce verset, méditons-le car cette prière finale de Noé est d’une actualité brûlante et un cri d’alarme pour l’humanité et la planète.
Cheikh Bentounès, « L’homme intérieur à la lumière du Coran » (Cliquez sur le lien pour acheter ce livre sur Amazon), éditions Albin Michel
"Désarrme-moi, désarme-nous, désarme-les », tels étaient les mots de la prière que Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine en Algérie, adressait à Dieu au lendemain de la première « visite » d’un commando terroriste, au monastère, la nuit de Noël 1993. N’est-ce pas cette même demande qu’il convient d’adresser à Dieu, si nous sommes croyants en Lui, devant les événements dramatiques qui divisent et font souffrir tant de personnes en ces premiers mois de l’année 2014 ?
Que faire face au drame que vit le peuple syrien, pris dans l’étau de conflits qui le dépassent, entre grandes puissances, entre chiites et sunnites, entre puissances sunnites rivales ?
Début octobre, à l’initiative de Mgr Stenger, président de Pax Christi, nous sommes allés ensemble à la rencontre de réfugiés syriens en Jordanie et au Liban, responsables français, chrétiens et musulmans, religieux et humanitaires (Mgr Stenger, Tareq Oubrou, des responsables du Secours islamique, du Secours catholique, de l’Œuvre d’Orient, du CCFD, de l’ACO (protestants) et du SRI). Nous étions seulement porteurs de fraternité au nom de notre foi, ne pouvant oublier ces frères humains dans la détresse. Geste symbolique, peu relayé par les médias mais geste réel.
À la session des délégués diocésains aux relations avec les musulmans, fin janvier, nous recevions le P. Ziad Hilal, jésuite syrien : à Homs, il travaille non seulement à venir en aide à plus de 8 000 familles chrétiennes et musulmanes mais essaye déjà d’éduquer les enfants aux chemins de la réconciliation qui devra bien se vivre un jour…
Que faire face à la folie meurtrière qui s’empare de populations en Centrafrique ? Début février, nous avons écouté Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, qui, avec l’imam Oumar Kobine Layama, président de la communauté islamique et le pasteur Nicolas Guerékoyame parcourent ensemble le pays pour « éteindre la maison en feu », prêcher la non-violence au nom de leur foi en Dieu. Ils dénoncent l’instrumentalisation de la religion dans un pays dévasté par la corruption, la famine, pour tuer ou chasser l’autre.
Après les exactions des Selekas contre les missions chrétiennes, est venue la vengeance des anti-balakas avec la destruction de mosquées et la chasse aux musulmans. On ne peut que condamner ces meurtres, ces destructions, cette haine de l’autre et dénoncer, avec les trois responsables religieux, le jeu mortel de politiciens et la présentation par les médias du conflit comme un conflit interreligieux. Entendons l’appel de Mgr Dieudonné Nzapalainga à ses compatriotes pour « désarmer nos têtes, désarmer nos cœurs ». Notre choix est de le soutenir et d’appeler ceux qui ont une responsabilité politique à faire de même.
Ces drames « lointains » interrogent notre comportement de citoyens et de croyants, en France ou en Europe aujourd’hui. La crise sociale et économique est là, des clivages sur des questions de société se font plus durs. À la veille d’échéances électorales, municipales puis européennes, sommes-nous définitivement à l’abri de la haine de l’autre qui peut vite succéder à la peur ? Des Français se permettent des propos racistes sans complexe, des gestes d’agression vis-à-vis de femmes musulmanes, des propos ou des attitudes d’exclusion vis-à-vis de ceux ou celles qui ne croient pas ou ne pensent pas comme eux.
Temps d’échéances électorales mais aussi temps du carême pour les chrétiens qui entendent Dieu dire par la parole du prophète Esaïe (Es. 58) : « Quel est donc le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes… briser tous les jougs, partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri ? »
N’est-ce pas le temps pour tous les croyants de supplier Dieu avec ces mots : « Désarme-les, désarme-nous, désarme nos cœurs et nos têtes » ? Supplier Dieu et agir pour que le dialogue et le respect de l’autre soient plus forts que les peurs et les haines, à commencer par les nôtres !
Ce texte est l'éditorial de la Lettre du SRI de mars 2014, que l'on peut se procurer auprès du Service national pour les relations avec l'islam (SRI) de la Conférence des évêques de France.
http://www.saphirnews.com/Desarme-nous-desarme-les_a18635.html