Le moment arrive sans se presser
Je sens mon cœur battre le tamtam
Je peux pas mater un ouragan de pensées
Mes poumons sont complètement compressés
Vais-je survivre jusqu’à ce soir pour le rencontrer ?
Attendre une heure, c’est vraiment trop me demander
Que faire de mes cheveux et de mon visage, comment me fringuer pour le voir
Un jean bigarré, un costard super classe, ou une jolie robe du soir ?
Comment être enthousiaste quand j’ai les mains qui tremblent
La voix qui chevrote et dans le ventre une boule de crampes ?
Vais-je passer pour une conne à force de détourner les yeux
Ou bien faire le guignol dans l’espoir de cacher mon jeu ?
Au travail chanel, gucci, colgate airball
Comme je me suis donné du mal pour paraître sublime
Beyonce a dit dans la pub de l’oréal que je le valais bien
Peut-être que finalement j’ai pris toute cette peine pour rien
Je me demande s’il existe un amour qui soit suffisamment habile
Pour atteindre son objectif sans nous faire passer pour des imbéciles
Eva Mfegue
Oh voleur! C’est lui, je vous assure, je l’ai reconnu ! Le voleur tente de se sauver, on le rattrape. Une gifle, est partie, une autre l’a rejointe. Dans son sac, la marchandise volée et l’arsenal du cambrioleur parfait. Les gens accourent, le spectacle peut commencer. Injures, crachats. Des bâtons s’abattent sur le voleur, des pierres volcaniques pleuvent : « kill i, na rapist ». On le bat, on le fouette sur tous les profils. Il ne veut pas causer, i refuse de coopérer de dénoncer ses complices et e dévoiler leurs projets. Il n’y a rien à tirer du martyr saint patron des gangsters. Il renonce à ses droits d’habeas corpus. La population et survoltée. Elle prépare un bûcher pour le festin de la justice populaire. Tous les ingrédients sont réunis : allumettes, roues, pétrole. Temps de cuisson : 20 minutes. On laisse chauffer jusqu’à ce que le cerveau fonde, le ventre explose et les entrailles saluent les derniers rayons de soleil. Mais ce n’est pas encore la fin. Le peuple sourit enfin. La fête était belle. Ils expriment leur satisfaction d’avoir rendu justice au nom du peuple camerounais, en ton nom, en mon nom. Merci.
Eva Mfegue