Vrais amis, faux amis,
J’ai passé mon existence à collectionner des compagnies,
Les génies d’un soir et ceux d’une nuit,
Les potes d’une saison, ceux qui partent quand vient la pluie
Les amis du samedi soir et ceux du dimanche matin
Les compagnies d’ Africana, de Malingo Street et de Mile 17
Les assos d’amphi 15, de Classic 2000 et de UB junction
Les chéris des mensonges, qui vous mettent les bâtons dans les roues
Vrais amis, faux amis, demi ennemis
Les copains des grandes soirées et des nytes endiablées
Les complices de Lady L et de Party Gigg
Vous étiez un antidote à l’absence et à l’ennui
Vous mes frères du poisson braisé et des kongomeat
J’ai connu des amours de coins obscurs,
des fausses promesses et des je t’aime qu’on ne pense plus
Ceux qui m’ont arraché un sourire
Ceux qui m’en ont donné un pour me trahir
Les camarades des jours où j’ai eu A+
Et ceux qui m’ont tenu la main les jours où j’attendais un F
Les adeptes de la proximité
Qui m’ont oubliée parce qu’ils sont maintenant de l’autre côté
Amis de table ; de classe, de sport et de divers
Amis d’hier, potes d’aujourd’hui, cotas d’hier, amours de toujours
Vous que j’ai choisis, vous qui m’avez choisie
J’ai effrité, avec la pointe de ma patience, le masque hermétique de votre indifférence
Vous qui m’avez épuisé mon encre, mon sommeil, mon souffle, mes provisions, mon énergie
Je me suis abreuvée à la source de votre tendresse
Des quatre coins du pays j’ai transporté l’amitié dans mon sac à main
Quand on aime on se dépouille, mais ce n’est jamais en vain
Avec vous j’ai écrit des proses roses, des rimes sublimes, des vers supers
Je suis contente de vous avoir rencontrés un jour.
Eva Mfegue
Je suis aux prises avec le froid de Dschang
Mes alliés sont mes chaussettes et mes gants
Le gel transforme en vanité mon col roulé
Mes doigts sont crispés et boursouflés
Et mes lièvres crevassées en sillons alignés
Comme les flancs des montagnes sarclées
Mes pieds se fendent et se craquellent
Le givre méprise les bas en laine
Il me rend sourde, muette et aveugle
Il me prend la gorge et m’étrangle
Mes yeux sont une bouillie de glaçons qui fondent
Mon nez saigne et se décompose
Le climat d’ici glace les âmes et déchire a chevelure
Puis il marque la peau comme une brûlure
Le froid prétend étourdir la sensibilité
Il tente même d’éconduire la chasteté
Le froid fait des victimes pendant ses nombreuses croisades
Il fait de nos demeures des chambres froides
J’ai vécu dans ce paradis de commerce et de nourriture
J’ai survécu dans cet enfer glacé.
Eva Mfegue