Joal , il se rappelle
Senghor le poète, le génie
le sourire d'une femme belle,
le chant de l'oiseau dans son nid
dans le dédale des forets sombres.
Joal , il se rappelle
Senghor le poète qui puise dans les ombres
avec la grande pelle
le souvenir au bord du village,
les paroles éternelles d'un oncle
que ne vieillit l'inflexible age.
Et Joal comme une boucle
sur la parure sénégalaise,
et l'Afrique comme un puissant repère
sur l'acceuillante terre française;
comme un fils n'oubliant jamais son père
le poète nègre se rappellait sa merveilleuse enfance.
Joal , il ne t'avait pas oublié
l'Académie, les pairs,le prestige de la France,
les chants,les paroles;tout ce qu'il a publié
Joal ,invisible cordon
de cette terre ancestrale,
ô terre,voici donc ton pardon,
haleine de la nuit sépulcrale
comme les anciens versant les libations
pour apaiser les mânes des ancêtres,
les larmes sur ce sol de nos traditions
pluies qui font pousser les êtres,
tombent dans tes douces mains.
Joal, qui es-tu,
la lueur blanche sur les chemins,
souvenir, vertu
Dieu qui courbe nos coeurs
dans le temple de nos corps
L'Histoire est une page
Qu'on écrit une seule fois
Et quelque soit son âge
On n'en a qu'un seul choix.
La nation est un don
A nous fait par les dieux
Patriotes,patriotes,o pardon
Atlantide ne tombera pas des cieux.
Quand viendra le puissant
Dans son costume de démon
Qui marche dans notre sang
Tel une foudre sur un mont;
Quand viendra le méchant
Dans sa tunique d'hécatombe
Qui foule l'hymne et le chant
De nos morts dans la tombe;
Quand viendra le Judas
Sous son masque de faux-frère
Qui porte l'estocade,hélas
Dans le cœur de l'Eburnie fière
Nos mains nues toujours au ciel
Mains de justice,mains de prière
Abeilles sur la ruche de miel
Ne tomberont jamais en arrière.
Nos mains belles plongées dans l'encre,
L'encre écarlate sur l'Autel Ivoire
Où le peuple a vaincu ce chancre,
L'envahissement de la Cote d'Ivoire;
Nos mains au son du chant d'ombre
Fredonné par le choeur invisible
De nos martyrs debout dans la pénombre,
Se dresseront sur la colline invincible.
Nos pieds au rythme envoûtant des danses
Danses rituelles de nos charmants Gla,
Frénésie inéluctable dans nos transes
Porteront loin le son fiévreux du Glas
Que la corne honteuse du cheval mythique
Seul capable d'assommer le grand éléphant,
Dans sa course mystique et utopique
Tentait tonner sur la vieillard et l'enfant.
Nos corps mouillés de la sueur,cette pluie
Que Dieu fait jaillir de notre placenta
Où baigne l'amour éternel de la Patrie;
La Licorne tua, l'Éléphant résista.
Et nos corps vêtus dans ses ethnies,
Ce bel arc-en-ciel de peuple hospitalier
Où les gens sont heureuses et unies
Ne vont la chaîne ni rompre ni plier.
C'est corps,c'est esprit,c'est âme
Corps à corps,l'esprit de nos pieds et mains
Comme la communion de l'homme et la femme
Sillonneront à jamais de nouveaux chemins.