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Non peut-être ?

Oui sans doute ?

Petit manuel d'autodéfense à Bruxelles Publié le Mercredi 27 Septembre 2006 à 10:34:33

Si un jour vous visitez le quartier des Marolles à Bruxelles et qu’un hère vous apostrophes en ces termes : « Hé, Afkrabsel van de maule, Ca est tof in den hof de se promener dans les strotches des Marolles »…

 

Voici de quoi lui répondre…

 

Afgelekte vleerenbol : hé sale mec ! (en apostrophant)
Afkrabsel van de maule : dernier né d'une famille de quasi dégénérés et qui est encore plus mal foutu
Ajoen : litt. oignon, par extension gros con
Ake ! Eke ! : expression exprimant le dégoût, pouah !
Babbeler : bavarder
Bardaf ! : patatras !
Bazoef : gros maladroit, même très maladroit, qui mange, boit salement et bave
Brol : ramassis de choses diverses mises n'importe comment
Brusseleir : habitant de Bruxelles, mais le vrai Bruxellois !
Ca est tof : c'est chouette
Ca est tof in den hof : c'est vraiment chouette
Carabistouilles : futilités, sottises, bobards
Ca rime et ça rame, comme tartine et boterham : faire des vers sans en avoir l'air
Curieuzeneuze mosterdpot : très gros curieux, mêle-tout
Doef : lourd, étouffant, chaud et humide
Dikke buuk : gros lard, obèse
Dikke nek : gros cou
Djoumdjoum : timbré, fou
Drache : forte pluie
En ga geluuft da : mon oeil, raconte moi d'autres couillonnades
Espèce de kloeft : espèce de con, d'imbécile
Faire de son Jan : faire le malin, se faire remarquer
Fieu : mec, gars (en interpellant) eh, fieu !
Foert ! : merde ! va chier
Froecheler : tripoter, passer la main, peloter très fort
Frotbal : lécheur de cul, frotteur de manches de premier ordre
Gekloucht : un peu taré, à qui il manque une vis
Godverdoemme, Godvermil, Godverdek : nom de Dieu (prononcer Pod...)
Goulaf : gourmand, glouton
Half en half : état de compromis, souvent dû à beaucoup de palabres inutiles
Hanne van de koech ! : bas les pattes, malotru !
Kartachekop : grosse tête, qui veut toujours en mettre plein la vue à autrui
Keiskop : tête de hollandais, tête de fromage
Ket, Ketje : petit garçon (un peu péjoratif)
Klacher : jeter, lancer violemment et négligemment quelque chose
Klachkop : chauve
Koechevol : ventre plein, qui a bien bouffé
Lup schaaite : va à la merde, va chier
Manneke : petit gars, petit mec (péjoratif)
Manneke pis : petit gars qui pisse (par extension c'est devenu le symbole de Bruxelles !)
Meï : bonne femme, gonzesse
Moekere : bonne femme, gonze
Ne klop op a façade : un bon coup sur ta gueule
Niks : rien
Papzak : sac à boue, à pappe, obèse
Pap : boue, fange, élément visqueux et douteux
Pataat ! : ca y'est !, paf ! c'est fait !
Peï : mec
Plattekeis : sale hollandais (litt. fromage très fade)
Rammelink : bonne baffe, bon coup dans la gueule
Rattevanger : litt. chasseur de rats (grosse injure intraduisible)
Rottekop : tête pourrie
Salut en de kos : salut et au revoir (péjoratif)
Salut en de kost en de wind van achter : salut et au plaisir de ne plus vous revoir (très péjoratif)
Scherp : étroit et au sens figuré (difficile, limite pour réussir quelque chose)
Schieven architect : terrible crétin doublé d'un saligaud (grosse injure marolienne)
Schieve lavabo : débile mental profond
Schieve smikkel lavabo : (injure suprême) dernier des crétins
Slache : pantoufle, savate
Slap : détendu, flasque, faible
Smeirlap : saligaud, dégoûtant, cochon
Smoûl toe : ferme ta gueule
Snul : nullard, crétin
Stampvol : plein à craquer (pour un endroit)
Stoemelings (faire qqchose en...) : en cachette, à l'insu de tout le monde
Strondzat : complètement saoûl au point de chier dans son froc
Strond krimineilzat : ivre mort, au bord du comas éthylique et vomitif
Strotche : petite rue, ruelle
Tatche Lul : gros naïf
Tatouille : gifle, coup
Tich : pénis, par extension (et non érection) ami, camarade, copain
Toffe mokke : belle poule, belle gonzesse, chouette nana
Trutte : connasse
Verdaklouch : nom d'une pipe
Verdoeft : qui sent le moisi, le pourri
Vollegaz ou Vollepetrole : à toute vitesse
Zieverer : parler beaucoup pour ne pas dire grand'chose, radoter
Zievert ni ! : maintenant un peu de sérieux hein !
Zinneke : bâtard
Zot, Zoot : fou, cinglé, taré
Zwanzeur : gros blagueur


 

Afficher les 2 commentaires. Dernier par limousin le 03-11-2006 à 15h18 - Permalien - Partager
Bob l'ami des femmes Publié le Mercredi 27 Septembre 2006 à 10:27:21

S’il vivait au rez-de-chaussée et si je vivais au premier, S. et V., pour leur part, vivaient au deuxième…  C’était un jeune couple assez sympa, mais jeune tout de même : Bob trouvait qu’ils étaient bruyants, et puis ce n’était pas normal que S., à seulement vingt-trois ans, puisse payer  loyer, voiture, téléphone et en plus de permettre de sortir jusqu ‘à pas d’heure les vendredi et samedi soir…  Selon Bob, S. était un gamin de m… pourri par ses parents.

Et puis le scooter de V. qui avait été volé une nuit, quelques semaines plus tôt, c’était probablement une arnaque, à l’assurance, entendons bien,…Selon Bob, V. était une petite C… qui prenait les gens de haut.

Bref, Bob passait son temps à apostropher les habitants de l’immeuble quand il les croisait dans la cage d’escalier.  A moi, il disait du mal de S. et V. à qui il disait probablement du mal de moi.

 

Jusqu’au jour où j’ai rencontré D. 

Française exilée à Bruxelles pour la fin de ses études agrémentées d’un stage aux institutions européennes, D. gardait la maison de Y. et M. pendant que ceux-ci profitaient de leur récent statut de retraités pour accomplir un tour du monde bien mérité.  Tandis que les propriétaires arpentaient les couloirs en marbre du Taj Mahal ou contemplaient les couchers de soleil donnant tous leurs charmes aux paysages sud africains, D. et moi profitions alternativement du calme de leur maison et du charme relatif de mon petit appartement.

L’arrivée de D. dans ma vie avait contribué à réchauffer feu les relations que j’entretenais encore avec Bob, qui semblait sincèrement heureux de voir que j’avais enfin trouvé quelqu’un pour partager mon quotidien.

 

D. était partie rendre visite à ses parents et c’est un soir de célibat que je tombai sur lui, une nouvelle fois éméché mais bien éveillé, dans la cage d’escalier et j’en appris un peu plus sur sa vie.

Plus jeune, il avait rencontré une fille et leur couple avait l’air de fonctionner. Quelques mois plus tard, devant accomplir son devoir patriotique, il partit en Allemagne effectuer son service militaire et lorsqu’il rentra quelques douze mois plus tard, ce fut pour découvrir que sa petite amie ne l’avait pas attendu. Il ne s’en est jamais remis.

Commencé à boire, prendre du poids, perdre ses cheveux, entrer dans le cercle peu restreint et peu convoité des personnes résignées…  Ceci explique peut-être un cela…

 

Un jour, quelques semaines ou quelques mois plus tard, je ne sais plus, nous étions, D. et moi, dans mon appartement.  Bob frappe à la porte, bouteille de gros-rouge-qui-tache à la main, l’air d’humeur sociale.

Restitution d’un dialogue resté dans les annales…

« - (accent bruxellois prononcé !) D., samedi dernier, je faisais ma sieste et tu as claqué la porte…

- Bob, samedi dernier, on n’était pas là, on était en France chez mes parents…

- Arrête tes frais, tu veux ?  Je te dis que tu as claqué la porte, moi j’étais là et tu m’as bel et bien réveillé !!!

- Bob, je te répète que nous n’étions pas là samedi dernier…

-  Arrête un peu de zieverer (N.d.T. : parler beaucoup pour ne rien dire en langage bruxellois) et de rigoler, tu as claqué la porte… »

La discussion a continué à se dégrader.  Bob était de plus en plus mauvais, D. de plus en plus désarçonnée…  Quant à moi, moi, je commençais à sentir le temps de plus en plus long...

Je me rappelle m’être extirpé de mon canapé, avoir empoigné Bob par le col de sa chemise et lui avoir dit quelques phrases comme « maintenant, tu vas reprendre ton vin de merde, tu vas fermer ton gros bec et tu vas sortir de chez moi », emporté par l’énervement, je ne me souviens plus des termes exacts…Au même instant, S. et V. étaient chez eux avec des amis et chahutaient…Au même instant, il s’est passé ce qui se passe dans la jungle lorsque l'orage éclate : la nature s’est tue pendant ce même instant où  j’étais le seul à hurler sur lui, l’attention s’est focalisée sur ce qui se passait dans la pièce.

Je me souviens de sa couleur qui a brusquement changé…  Je me souviens qu’il a subitement repris sa bouteille de picrate et qu’il est sorti de chez nous, qu’il s’est dépêché de descendre l’escalier comme une otarie outrée, de geindre que de toutes façons, chaque fois qu’il y avait une femme ici, c’était la merde…

Par cruauté, je l'avoue, je me suis surpris à avancer vers lui et à frapper le sol avec le pied droit, ce qui a eu pour effet de le voir détaler encore plus vite pour s’enfermer chez lui…

 

Après cette journée, on décidait par un accord tacite de s’éviter quand c’était possible…

 

Pour définitivement clore le chapitre « Bob », c’était quelque temps après mon retour d’Asie…

Saturé par les tâches du laboratoire photo et frustré de ne plus faire de prises de vues, j’avais démissionné sur un coup de tête pour visiter le nord de l’Inde pendant quelques mois.  Les images que j’avais ramenées avaient donné lieu à une exposition au succès certain, mais j’étais désormais à la recherche d’un emploi.

S’il existe un organisme belge qui représente à lui tout seul une caricature obscène de ce que peut être une administration digne d’un film d’épouvante post-communiste, il s’agit bien de l’Office National de l’Emploi, ou Onem pour ses trop malheureuses victimes…

 

Mon dossier de demandeur d’emploi était géré par « eux » et pour prouver ma volonté de retravailler, j’étais sommé de répondre à leurs convocations en présentant divers documents censés attester une recherche active d’emploi.

Un matin, le facteur m’adressa un courrier recommandé et j’appris avec effroi que j’avais manqué trois convocations successives.  En conséquence, je devrais produire la semaine suivante devant une sorte de tribunal inquisiteur des documents justifiant ces absences …

Je n’avais malheureusement aucune raison valable de manquer ces rendez-vous, sauf de ne pas avoir reçu ces lettres.  Je me rendis à cette convocation de la dernière chance mais rien n’y fit, je fus puni, privé d’allocations durant deux mois, jugement habituel pour sanctionner ce genre de sortie de route.

 

En ressassant les évènements, je finis par trouver la raison la plus plausible à ce problème : l’immeuble dans lequel nous habitions ne possédait qu’une seule boîte aux lettres et Bob devait se servir dans le courrier des autres locataires.

C’est la raison pour laquelle nous avons déménagé quelques mois plus tard…

Afficher le commentaire. Dernier par Sandrine le 27-09-2006 à 10h38 - Permalien - Partager
Bob l'éponge Publié le Mercredi 20 Septembre 2006 à 10:36:10

Comment parler de la Belgique sans parler de Bob ?

J'avais vingt-quatre ou vingt-cinq ans et comme tout jeune homme célibataire normalement constitué, j'aspirais à une vie indépendante et remplie d'aventures, je voulais mon chez moi. 

Mon diplôme de photographe en poche, j'avais décroché quelques mois plus tôt un emploi dans « le meilleur labo photo noir et blanc du côté droit de l'avenue de la Couronne ».  Ou gauche, c'est selon qu'on va vers le centre ou pas.  Le patron et moi entretenions d'excellents rapports.  J.M. était d'excellente compagnie, me faisait confiance, et je me plaisais dans cet endroit à réaliser des agrandissements photo, le tout avait un côté très valorisant, maître de la technique qui rattrape les erreurs des mauvais photographes.  J'y reviendrai ultérieurement…

 

Je vivais toujours chez ma mère et quelques longs mois de train-train ferroviaire quotidien avaient commencé à me peser lourdement.  Et puis j'avais commencé à travailler et mis un peu d'argent de côté depuis quelques mois, j'avais donc décidé de m'assumer.

Pourtant, je n'aimais ni Bruxelles, ni son lot de circulation, ni ses bruits, ni sa pollution, ni sa population, ni son « urbanité ».

Je jetai mon dévolu sur Boitsfort, district vert, très « villageois » de l'agglomération bruxelloise pour planter ma tente.  Et puis ce n'était pas trop loin de mon emploi, sans en être trop près non plus, un quart d'heure en bus, tout près du cimetière d'Ixelles, haut lieu de la vie estudiantine de la capitale.

Après quelques visites infructueuses, je finis par trouver mon premier chez moi, petit appartement au premier étage d'une maison réaménagée en trois plateaux et ne tardai pas à signer le bail.  Ma famille m'offrit mon trousseau de jeune célibataire : quelques meubles et quelques casseroles de maman, une cuisinière de l'un de mes frères, un micro-ondes et l'autre, un frigo racheté à une connaissance, et une visite chez IKEA avec papa pour combler les trous.  Quelques coups de pinceau pour emménager petit à petit vers le début du mois d'avril.

 

Un samedi après-midi, S., un copain disposant d'une camionnette, me donnait un coup de main pour terminer mon installation et déménager les pièces lourdes : le frigo, la cuisinière, le futon, le coffre du salon...

Nous étions dans l'escalier, peinant et suant contre le poids de la cuisinière, frappant du pied contre les marches et les murs, jurant de temps à autre pour enfin parvenir à la déposer dans un coin de la cuisine.

Redescendant l'escalier, je tombe nez à nez avec mon nouveau voisin, la petite cinquantaine, gros et presque chauve, plus qu'une petite corolle noire au-dessus de la nuque, voisin qui me fixe d'un regard brun et inexpressif, affublé d'un léger strabisme.

Poliment, je me présente, je lui tends la main.

« - Bonjour, je suis votre nouveau voisin...! »

Pas de réaction, regard bovin et mystérieux à la fois. Bon, ça doit pas être son jour...

 

Quelques jours plus tard, ma mère passe me dire bonjour et me dépose les rideaux de la chambre,  cousus avec amour pour que je puisse faire des grasses matinées dignes de ce nom le dimanche.  C'est samedi, je ne travaille pas, et elle a justement pensé à embarquer sa foreuse, ou perceuse, modèle V12, 7 vitesses plus la percussion, deux sens de rotation, mèche de 8 au tungstène, à l'épreuve de tous les murs les plus solides...  Ca tombe bien car les murs sont résistants, ici…

Allons-y, je monte sur l'escabeau et j'attaque cette matière qui résiste, résiste, résiste,  je choisis le mode percussion et la maison commence à trembler, le bruit devient assourdissant. 

Tandis que la mèche pénètre tant bien que mal les différentes épaisseurs de béton, qu'elle se met à fumer, depuis le haut de l'échelle, j'ai une magnifique vue sur le jardin, un étage plus bas... 

« Tiens, n'est-ce pas mon voisin que je vois, torse nu, bidoche à l'air et qui me regarde l'air mécontent, barrique couleur de farine, visage rougeaud, poing levé, depuis son carré de verdure ? » 

Je lui fais un petit signe de la main, lui montre la perceuse d'un air contrit en lui signalant que je n'en ai plus pour très longtemps, après tout c'est samedi et rien n'interdit de travailler chez soi, tout de même.

 

Les semaines suivantes, la vie suit son cours, je m'habitue à ma nouvelle vie et un soir, rentrant d'un cinéma, je suis sur le point d'entrer dans la maison et j'entends des ronflements depuis l'allée extérieure...  J'ouvre la porte et je tombe à nouveau sur lui, couché par terre, endormi devant sa porte, je dirais plutôt cuvant, des vapeurs éthyliques se dégagent de son corps avachi.  J'enjambe le tout et monte me coucher.

 

Un soir, je reçois deux ou trois amis pour un repas improvisé, on discute, on écoute un peu de musique, rien de plus normal que de partager des moments simples avec ses semblables.  Nous passons une excellente soirée et le lendemain soir, j'entends des coups à ma porte.

Il s'agit de mon voisin, qui cordialement, se présente, une bouteille de vin à la main. Il s'appelle R., mais tout le monde l'appelle Bob, trente-huit ans, travaille à la TVA, et c'est le neveu du propriétaire de la maison. 

Un verre à la main, nous faisons plus ample connaissance et j'apprends qu'il aime la pêche, les armes, qu'il est un inconditionnel de Chuck Norris et de Jean-Claude Van Damme et que les films de guerre en tous genres, c'est son truc.  Il m'apprend aussi qu'il a très mal dormi la veille, qu'il aime mes goûts musicaux mais qu'il aimerait que je fasse désormais un peu moins de bruit, surtout le samedi après-midi consacré à sa sieste hebdomadaire.  Il serait dommage que nos bons rapports de voisinage se détériorent.  Bien qu'il me soit impossible de faire autrement que d'effectuer des travaux d'installation un autre jour que le samedi, et que concernant la soirée de la veille, il ne me semble pas avoir occasionné tant de bruit qu'il le prétend, je reste courtois.  De bonne foi, beau joueur, ma réponse semble le satisfaire, bien qu'il ne m'interdise pas de travailler les soirs des jours de la semaine et nous décidons d'en rester là.  J'ai le sentiment d'avoir parcouru un peu de chemin, tout le monde semble heureux.

 Je n'allais malheureusement pas tarder à déchanter.  

 

Mon emménagement terminé depuis quelques mois, j'avais commencé à me refaire financièrement et je décidai quelque temps plus tard de changer les revêtements qui en avaient grand besoin.  Je pris les mesures et commandai une nouvelle moquette qui devait être posée une semaine plus tard.

Je ne perdis pas trop de temps et décidai d'arracher l'ancienne, qui posée depuis de trop nombreuses années, avait laissé de nombreux dépôts de poussière dans les interstices du plancher.

Suivant les conseils de mon gentil voisin et pour préserver sa sieste du samedi, je passai les soirées suivantes à bouger les meubles, débarrasser le sol de ses vieux tapis, passer et repasser l'aspirateur où cela me semblait nécessaire...  Il ne fallut pas plus d'une demi-heure pour que Bob vienne frapper à la porte pour me demander de baisser le son... 

Les hostilités étaient lancées…

 

« Dis, tu as tiré la chasse, hier soir…

Dis, tu as reçu du monde l'autre jour…

Dis, le modem de ton ordinateur, il fait du bruit… »

De mon côté, j'avais décidé de ne plus ménager personne.  Si j'avais envie d'écouter de la musique, je branchais la chaîne, si je recevais des copains, je ne prenais plus spécialement de précautions, de toutes manières, Bob n'était jamais content…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Afficher le commentaire. Dernier par Thomas le 20-09-2006 à 10h50 - Permalien - Partager
F. et son boulot, partie 1 Publié le Lundi 18 Septembre 2006 à 15:16:49

Quelques mois après mon retour d'un rude voyage à la que-je-te-le-fais-à-la-dure-avec-mon-sac-à-dos en Inde et d'un encore plus rude retour à la réalité à la ah-si-j'avais-su-je-n'aurais-certainement-pas-repris-de-cet-excellent-poisson-vindaloo-car-ça-ne-m'aurait-pas-bousillé-les-intestins, je fus engagé un peu sous la contrainte et sous la crainte de devoir dormir sous les ponts.

Il faut préciser que D. avait commencé à travailler pour une institution internationale assez connue sur Bruxelles peu de temps auparavant, et que si la perspective de profiter d'un train de vie de prince saoudien nous avait donné une confiance aveugle dans l'avenir, nous n'avions pas trop tardé à déchanter.

 

Les débuts européens de D. se révélaient prometteurs mais il ne se déroula que très peu de temps avant qu'apparaissent les premières jalousies de bureau, syndrôme souvent inhérent à la gent féminine, et que l'ambiance se dégrade au plus haut point. Il y eut de l'intrigue à la cour, au point qu'une heure avant un entretien qui devait éventuellement déterminer mon avenir professionnel des trois années suivantes, je fus sommé de devenir l'élu, nos vivres risquant de se réduire sensiblement dans un délai qui pourrait être qualifié de court à très court.

 

Donc ce jour-là, j'accomplissais avec flegme ma énième mission d'intérim pour une entreprise qui faisait régulièrement appel à mes talents limités, un lobby de pièces détachées automobiles, dont S., la secrétaire générale, une germanico-sympathico mais très stressée  bonne femme avait les cheveux qui se dressaient sur la tête à la simple idée de devoir me confier son standard téléphonique pour la matinée, le temps d'une assemblée générale.

Cette journée s'annonçait bien car j'avais reçu la veille un coup de téléphone pour me prévenir que les premiers tests que j'avais passés à la --- quelques temps auparavant s'étaient révélés concluants et que j'avais décroché l'entretien espéré à quatorze heures trente précises. J'avais donc reçu l'autorisation bienveillante de S. de me rendre à cette entrevue, à l'unique condition d'être revenu pour seize heures trente, mais surtout pas plus tard car on aurait besoin de ma présence...

 

La journée était donc ficelée aux petits oignons : ne disposant pas de véhicule, j'avais prévu l'arrivée d'un taxi une heure avant mon rendez-vous. Un entretien qui se passe bien durant généralement une heure, je devrais être sorti de là pour quinze heures quarante-cinq dans le pire comme dans le meilleur des cas ; prévoir une grosse demi-heure pour le trajet de retour, on reste dans la moyenne et tout va bien.

Mais allez savoir pourquoi, il est parfois de ces journées durant lesquelles tout est parfait, tous les événement s'imbriquent idéalement, à un tel point que le soir, on se demande si une petite fée veille sur nous...

Mais ces jours-là n'arrivent malheureusement pas trop souvent.

  

13h25 : Je suis toujours dans le bureau de J., l'assistante de S. qui est à cinq minutes du début de l'assemblée générale. Tout le monde est à son poste et on n'attend plus que G.R., le directeur général teuton du lobby pour lancer la présentation. 

Ce jour-là, j'apprends le sens littéraire, voire concret de l'expression «tension palpable». Je commence à me préparer mentalement pour l'entretien

  

13h26 : D. me téléphone pour m'annoncer que son contrat, bientôt arrivé à terme, ne sera pas renouvelé... Pas à dire, ça commence très fort ! Pas vraiment intérêt à dire n'importe quoi durant ce rendez-vous. Pourvu que ça marche, pourvu que ça marche...

  

13h29 : Je suis sur le point de m'en aller alors qu'un dernier coup de téléphone de G.R. me retient sur place. Fidèle à son habitude, il a attendu le dernier moment pour tenter de m'expliquer dans un anglais approximatif teinté d'un improbable accent germanique qu'il est paumé quelque part, je n'ai pas compris l'endroit exact, peut-être à Munich, peut-être à Hawai ou encore au coin de la rue... J'ai un sentiment d'inachevé, mais d'accord, je vais faire mon possible pour prévenir S.

  

13h34 : Je descends à la salle de réunion, mon taxi est là, mais S. a déjà débuté sa présentation... Je demande au chauffeur de patienter, j'entre discrètement par le fond de la salle et essaie désespérément d'attirer l'attention de S. par des gesticulations voyantes, diverses et explicites...

S. me remarque et se demandant ce qui se trame, donne un coup de coude à J., qui l'air affolé, me désigne la porte du menton. On se retrouve dans le couloir et je lui rapporte mon semblant de conversation avec G.R.. Caca nerveux et là-dessus arrive G.R. qui ne devait pas être coincé bien loin et qui a l'air réjoui de se retrouver parmi nous. G.R salue tout le monde, prend place, et satisfait du devoir accompli, je monte enfin dans mon taxi. Il est 13h48. Notre destination est à une demi-heure de là, on a du jeu et je profite de cet instant de répit pour me perdre dans mes pensées.

  

14h18 : on est encore loin d'être arrivés, je n'avais plus pensé que la circulation à Bruxelles s'apparentait  à un purgatoire. J'ai une poussée d'admiration sincère pour mon père qui a longtemps roulé en taxi. Maintenant je comprends mieux son côté zen et débonnaire. Un peu masochiste aussi, c'est certain...

Je prévois d'arriver avec quinze minutes de retard, et comme il est de coutume de le faire, je retrouve le numéro de téléphone du secrétariat, je mets des gants de velours à ma voix pour prévenir de mon probable retard mais il n'y a personne à l'autre bout du fil.  Déçu et affolé, je passe des minutes très très longues ...

 

14h43 : Le navire est à quai ! Je me jette hors du taxi, et dans mon costume que je n'ai pas l'habitude de porter, je ne sais pas pourquoi mais je me sens soudain comme Julien Courbet, sûr de moi, rempli de panache et d'esbrouffe, prêt à les bouffer tout crus...

 

Je me confonds en excuses devant la secrétaire qui ne répondait pas au téléphone. Elle faisait les cent pas dans le corridor d'entrée en espérant mon arrivée. 

«On n'attendait plus que vous !», m'annonce-t-elle, me faisant signer un registre. Je découvre quelques signatures par-dessus la mienne, peut-être une dizaine, ou peut-être un peu moins, et je commence à me poser des questions.  Mais on a plus le temps, on verra bien le moment venu.

Nous emprutons religieusement un escalier et elle me guide vers le fond d'un couloir aux lumières glauques, blafardes.  Une grande porte, une poignée qui s'abaisse, je prends ma respiration une dernière fois avant d'affronter le jury et je me retrouve devant quelqu'un que, vu son costume mal coupé, je pense d'abord être un groom. Il se présente comme le directeur de l'établissement et me fait signe de m'asseoir en silence parmi d'autres candidats à la mine studieuse et aux prises avec je ne sais quel problème de fuite d'eau, d'arrivée en gare de train A, de train B, ou des deux...

 

Celui que nous appellerons D.G. me juge du regard, me tend ce qui doit ressembler à une directive ou un règlement administratif et m'annonce solennellement ma mission : en produire un résumé sous quinze minutes mais comme je suis arrivé en retard, j'ai tout de même intérêt à me magner le train...Les candidats ont reçu les mêmes directives et nous serons appelés chacun à notre tour, par ordre alphabétique.

Une fois installé, il me faut bien deux minutes pour parvenir à un semblant de concentration. Je me consacre d'abord à reprendre mon souffle perdu depuis le taxi et je me demande comment je vais faire pour tenir un délai raisonnable vis-à-vis de S.

 

Quelques minutes passent et je me décide enfin à passer à l'épreuve.  Le texte traite vaguement de conditions d'accès à l'enseignement mais je ne parviens décidément pas à y entrer. Il m'est plus facile de ressasser ma dernière conversation avec D. et ses hypothétiques implications, mon retard certain chez S. et je me maudis trois fois d'être tombé dans ce piège à cons. Je parviens pourtant  à produire péniblement un plan de ce jargon juridico-administratif tandis que D.G. passe ses yeux bleus de hyène mal rasée pour appeler le premier candidat qui n'est malheureusement pas moi.

Relativement stressé par la tournure globale que prend cette journée, je tente le coup et au diable la politesse:je me lève et j'annonce que, pressé par un autre rendez-vous , j'aimerais passer tout de suite si personne d'autre n'y voit un inconvénient. Personne ne semble avoir envie d'aller au feu et je retrouve le couloir à la suite de D.G. pour défendre mes chances. Je me surprends à penser que de dos, il ressemble encore plus à une hyène que de face, l'implantation de ses cheveux parsemés partant de la ligne médiane du crane vers les oreilles...

 

Je passerai les détails de l'entretien qui se déroulera comme tout entretien... Je pense que les premiers tests étaient excellents, je pense ne pas avoir dit trop de bêtises, je pense avoir fait bon impression sur le jury et je pense que D.G. qui dirigeait le jury m'a semblé favorablement impressionné.

J'ai eu raison car quelques semaines plus tard, j'ai reçu un courriel m'annonçant que j'étais sorti du lot et que je pouvais commencer quelques jours plus tard.

 

Pour une bonne nouvelle, c'était une bonne nouvelle...

...Enfin cela dépend...

Afficher les 2 commentaires. Dernier par admiratrice anonyme le 02-10-2006 à 15h30 - Permalien - Partager
Préambule Publié le Lundi 18 Septembre 2006 à 15:07:00

Cela faisait trois ou quatre ans que l'on s'était encroûtés dans nos habitudes... 

Bosser toute la semaine et souvent les weekends, pousser la charette au supermarché le  jeudi, notre académique Sushi du dimanche soir, la scie du voisin du dessus à onze heures du soir, les embouteillages à l'aller et au retour, les sommets européens, le jogging du samedi matin, parfois les soirs de semaine si on a le courage d'affronter la circulation une troisième fois pour aller jusqu'au bois, le plomb du ciel bruxellois et son crachin asthmatique, son micro-climat pourri, ... 

Cela jusqu'au jour où une offre d'emploi a retenu l'attention de D.

Contre toute attente, l'appel du chasseur de tête toulousain fut quasi immédiat et le premier entretien téléphonique  mené en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. 

Un déplacement à Limoges, nous avons discuté, pesé le pour et le contre, analysé les différentes solutions et avons décidé de nous lancer dans l'aventure. 

En quelques mois, les démarches fusèrent de partout et nous voilà passés des embouteillages de Bruxelles aux fromages de chèvre de Saint Jean Ligoure.

Quelques mois plus tard, avec 800 kilomètres de recul, j'ai le sentiment, la certitude qu'en fin de compte la Belgique est un pays de malentendus. 

      

Ce blog, ambitieux sans vouloir se prendre trop au sérieux, décrit des instants, des personnages, des choses insignifiantes dans leur contexte, pour comprendre pourquoi on utilise parfois l'expression "surréalisme à la belge"...

Afficher le commentaire. Dernier par peluches le 28-09-2013 à 10h19 - Permalien - Partager