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Aristote - Métaphysique - EC1 n°5 Publié le Vendredi 11 Septembre 2009 à 09:07:22
Aristote, Métaphysique, III, 2

Chapitre 1

Il est une science qui considère l'Être en tant qu'Être, et qui considère en même temps toutes les conditions essentielles que l'Être peut présenter. Cette science-là ne peut se confondre d'aucune manière avec les autres sciences, qui ont un sujet particulier, puisque pas une de ces sciences n'étudie d'une manière universelle l'Être en tant qu'Être ; mais, le découpant dans une de ses parties, elles limitent leurs recherches aux phénomènes qu'on peut observer dans cette partie spéciale. C'est ce que font, par exemple, les sciences mathématiques.

Mais, quand on ne s'attache, comme nous, qu'aux principes et aux causes les plus élevées, on voit clairement que ces principes doivent être ceux d'une certaine nature prise en soi.

Si donc les philosophes qui ont étudié les éléments des choses étudiaient, eux aussi, ces mêmes principes, il en résulte nécessairement que les éléments vrais de l'Être doivent être non pas accidentels, mais essentiels ; et voilà pourquoi nous, aussi bien que nos devanciers, nous essayons de découvrir les éléments de l'Être en tant qu'Être.

Chapitre 2

Le mot d'Être peut avoir bien des acceptions ; mais toutes ces acceptions diverses se rapportent à une certaine unité, et à une réalité naturelle, unique pour toutes ces acceptions. Ce n'est pas un mot simplement homonyme ; mais il en est du mot Être comme du mot Sain, qui peut s'appliquer à tout ce qui concerne la santé, tantôt à ce qui la conserve, tantôt à ce qui la produit, tantôt à ce qui l'indique, et tantôt à l'être qui peut en jouir. [1003b] C'est encore le même rapport que soutient le mot Médical avec tout ce qui concerne la médecine. Médical peut se dire tout aussi bien, et de ce qui possède la science de la médecine, et de ce qui est doué de qualités naturelles pour l'acquérir, et du résultat que la médecine obtient. Nous pourrions citer bien d'autres mots qui présentent des diversités analogues à celles-là.

C'est absolument de cette façon que le mot d'Être peut recevoir des acceptions multiples, qui toutes cependant se rapportent à un seul et unique principe. Ainsi, Être se dit tantôt de ce qui est une substance réelle, tantôt de ce qui n'est qu'un attribut de la substance, tantôt de ce qui tend à devenir une réalité substantielle, tantôt des destructions, des négations, des propriétés de la substance, tantôt de ce qui la fait ou la produit, tantôt de ce qui est en rapport purement verbal avec elle, ou enfin de ce qui constitue des négations de toutes ces nuances de l'Être, ou des négations de l'Être lui-même. C'est même en ce dernier sens que l'on peut dire du Non-être qu'il Est le Non-être.

De même donc qu'il appartient à une seule science de s'occuper de tout ce qui regarde la santé, comme nous venons de le dire, de même aussi pour toute autre chose ; car ce ne sont pas seulement les attributs essentiels d'un seul être que doit considérer une seule et unique science ; ce sont, de plus, toutes les relations de cette unique nature ; car, à certains égards, ces derniers attributs s'appliquent bien aussi à ce seul être. Il faut donc en conclure que considérer les êtres en tant qu'êtres est l'objet d'une seule et même science.

En toutes choses, la science s'occupe principalement du primitif, c'est-à-dire, de ce dont tout le reste dépend et tire son appellation. Or, si ce primitif est la substance, le philosophe a le devoir d'étudier les principes et les causes des substances.

Pour un genre d'êtres tout entier, quel qu'il soit, il n'y a jamais qu'une seule manière de les percevoir et une seule science ; et par exemple, la grammaire, tout en restant une seule et même science, étudie tous les mots du langage. Si donc c'est à une science génériquement une, d'étudier toutes les espèces de l'Être, chacune de ces espèces seront étudiées par des espèces particulières de cette science.

L'Être et l'Un sont identiques et sont une seule et même réalité naturelle, parce qu'ils se suivent toujours l'un l'autre, comme principe et comme cause, et non pas seulement comme étant exprimés par un seul et même mot. Par conséquent, il n'y a aucun inconvénient à les prendre pour semblables ; et en cela, il y a plutôt avantage. En effet, c'est bien toujours au fond la même chose de dire : C'est Un homme, ou bien C'est un être qui Est homme, ou simplement, Il est homme. On a beau accumuler les mots en les redoublant, on ne dit rien de plus : Il est un homme, ou Il est homme, ou bien C'est un être qui est homme.

Il est clair que, dans aucun cas, on ne sépare jamais l'idée de l'Être de l'idée de l'Unité, ni dans la production, ni dans la destruction. Il en est tout à fait de même de la notion de l'Un, qu'on ne sépare jamais non plus de la notion d'Être. Il faut en conclure que l'addition d'un de ces termes a tout-à-fait le même sens, et que l'Un ne diffère en rien de l'Être. La substance de chacun d'eux est une, et ne l'est pas accidentellement ; c'est de part et d'autre également la réalité d'un objet individuel.

 

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Aristote - l'intellect - EC1 n°4 Publié le Vendredi 11 Septembre 2009 à 09:05:26
Aristote, De l’âme, III, 5

 

Chapitre 5: L’intellect agent.

 

Mais, puisque, dans la nature tout entière, on distingue d’abord quelque chose qui sert de matière à chaque genre (et c’est ce qui est en puissance tous les êtres du genre) et ensuite une autre chose qui est la cause et l’agent parce qu’elle les produit tous, situation dont celle de l’art par rapport à sa matière est un exemple, il est nécessaire que, dans l’âme aussi, on retrouve ces différences. Et, en fait, on distingue, d’une part, l’intellect qui est analogue à la matière, par le fait qu’il devient tous les intelligibles, et, d’autre part, l’intellect qui est analogue à la cause efficiente, parce qu’il les produit tous, attendu qu’il est une sorte d’état analogue à la lumière car, en un certain sens, la lumière, elle aussi, convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte. Et c’est cet intellect qui est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un acte ; car toujours l’agent est d’une dignité supérieure au patient, et le principe, à la matière. La science en acte est identique à son objet ; par contre, la science en puissance est antérieure selon le temps, dans l’individu, mais, absolument, elle n’est pas antérieure même selon le temps, et on ne peut dire que cet intellect tantôt pense et tantôt ne pense pas. C’est une fois séparé qu’il n’est plus que ce qu’il est essentiellement, et cela seul est immortel et éternel. (Nous ne nous souvenons pas cependant, parce qu’il est impassible, tandis que l’intellect patient est corruptible) ; et, sans l’intellect agent, rien ne pense.

 

 

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Anaximandre - EC1 n°3 Publié le Lundi 7 Septembre 2009 à 18:21:39

Anaximandre:Fragments

A.9

Anaximandre de Milet, fils de Praxiadès, concitoyen et associé de Thales disait que la cause matérielle et l'élément premier des choses était l'infini, et il fut le premier à appeler de ce nom la cause matérielle. Il déclare que ce n'est ni l'eau ni aucun autre des prétendus éléments, mais une substance dif­férente de ceux-ci, qui est infinie, et de laquelle procèdent tous les cieux et les mondes qu'ils renferment. Et les choses retournent à ce dont elles sont sorties  «comme il est prescrit ; car elles se donnent réparation et satisfaction les unes aux autres de leur injustice, suivant le temps marqué », comme il le dit en ces termes quelque peu poétiques. Phys. Op. fr. 2 (R. P. 16; DV2, 9).

Anaximander : Fragments

Anaximander of Miletos, son of Praxiades, a fellow-citizen and associate of Thales, said that the material cause and first element of things was the Infinite, he being the first to intro­duce this name for the material cause. He says it is neither water nor any other of the so-called elements, but a substance different from them, which is infinite, from which arise all the heavens and the worlds within them. And into that from which things take their rise they pass away once more, "as is ordained; for they make reparation and satisfaction to one another for their injustice according to the appointed time," as he says in these somewhat poetical terms. —Phys. Op. fr. 2 (R. P. 16).

A.10

Il dit que la Terre est de forme cylindrique, et que sa pro­fondeur est égale au tiers de sa largeur. Il dit qu'à l'origine de ce monde une chose capable de pro­duire le chaud et le froid fut séparée de l'éternel. Il s'en forma une sphère de flamme qui se développa autour de l'air qui encercle la Terre, comme l'écorce croît autour d'un arbre. Quand elle eut été déchirée et enfermée en de certains anneaux, le soleil, la lune et les étoiles vinrent à l'existence. — ps. Plut. Strom.fr. 2. (R. P. 19 ; DV, 2, 10.)

He says that the earth is cylindrical in form, and that its depth is as a third part of its breadth. He says that something capable of begetting hot and cold was separated off from the eternal at the origin of this world. From this arose a sphere of flame which grew round the air encircling the earth, as the bark grows round a tree. When this was torn off and enclosed in certain rings, the sun, moon, and stars came into existence.—Ps.-Plut. Strom. fr. 2 (R. P. 19).

A.11

Il dit qu'elle est éternelle et toujours jeune, et qu'elle envi­ronne tous les mondes (Hipp. Réf. I, 6 (R. P. 17 a ; DV 2, 11,1).

Et à part cela, il y avait un mouvement éternel au cours duquel s'accomplit la naissance des mondes. La terre plane librement, sans être soutenue par rien. Elle demeure en place parce qu'elle est à égale distance de tout. La forme en est convexe et ronde, pareille à une colonne de pierre. Nous sommes sur l'une des surfaces, et l'autre est du côté opposé. Les corps célestes sont des roues de feu séparées du feu qui encercle le monde, et encloses dans l'air. Et elles ont des évents pour respirer, sortes de trous pareils à des tuyaux, par lesquels sont vus les corps célestes. Pour celte raison, aussi, lorsque les évents sont obstrues, les éclipses se produisent. Et la lune semble tantôt croître et tantôt décroître, selon que ces trous s'ouvrent ou se ferment. Le cercle du soleil est vingt-sept fois plus grand que celui (de la terre, tandis que celui) de la lune est dix-huit fois aussi grand. Le soleil est le plus haut de tous, et les roues des étoiles fixes sont les plus basses. Les créatures vivantes naquirent de l'élément humide, quand il eut été évaporé par le soleil. L'homme était, au début, sem­blable à un autre animal, à savoir à un poisson. — Hipp., Réf. l, 6 (R. P. 22 a; DV 2, 11, 6).

La pluie est produite par l'humidité pompée de la terre par le soleil. — Hipp. Réf. l, 6, 7 (Dox. p. 560; DV, 2, 11).

He says that this is eternal and ageless, and that it encom­passes all the worlds.—Hipp. Ref. i. 6 (R. P. 17 a).

And besides this, there was an eternal motion, in the course of which was brought about the origin of the worlds. The earth swings free, held in its place by nothing. It stays where it is because of its equal distance from everything. Its shape is convex and round, and like a stone pillar. We are on one of the surfaces, and the other is on the opposite side. The heavenly bodies are wheels of fire separated off from the fire which encircles the world, and enclosed in air. And they have breathing-holes, certain pipe-like passages at which the heavenly bodies are seen. For this reason, too, when the breathing-holes are stopped, eclipses occur. And the moon appears now to wax and now to wane because of the stopping and opening of the passages. The circle of the sun is twenty-seven times the size (of the earth, while that) of the moon is eighteen times as large. The sun is highest of all, and lowest are the wheels of the fixed stars. Living creatures arose from the moist element as it was evaporated by the sun. Man was like another animal, namely, a fish, in the beginning.—Hipp. Ref. 1. 6 (R. P. 22 a).

Rain was produced by the moisture drawn up from the earth by the sun.—Hipp. Ref, i. 6, 7 (Dox. p. 560).

A.16

D'ailleurs, il ne peut pas y avoir un corps un et simple qui soit infini, ni, comme le prétendent quelques-uns, un corps dis­tinct des éléments — lesquels en dérivent ensuite — ni un corps sans cette qualification. Car il est des philosophes qui font de ce corps (distinct des éléments) l'infini, au lieu de le placer dans l'air ou dans l'eau, pour éviter que les autres choses ne soient détruites par leur infinité. Ils (les éléments) sont en opposition l'un à l'autre — l'air est froid, l'eau humide, et le feu chaud — et c'est pourquoi, si l'un d'eux était infini, les autres cesseraient d'exister à l'instant. Aussi ces philosophes disent-ils que l'infini est autre chose que les éléments, et que c'est de lui que ceux-ci procèdent. Arist. Phys. Γ, 5, 204 b 22 (R. P. 16 b; DV, 2, 16).

Further, there cannot be a single, simple body which is infinite, either, as some hold, one distinct from the elements, which they then derive from it, nor without this qualification. For there are some who make this (i.e. a body distinct from the elements) the infinite, and not air or water, in order that the other things may not be destroyed by their infinity. They are in opposition one to another—air is cold, water moist, and fire hot—and therefore, if any one of them were infinite, the rest would have ceased to be by this time. Accordingly they say that is infinite is something other than the elements, and from it the element arise. Arist. Phys. Γ, 5, 204 b 22 (R. P. 16 b).

A.17

Ceux qui admettaient des mondes innombrables, par exemple Anaximandre, Leucippe, Démocrite et, à une date postérieure, Epicure, soutenaient qu'ils naissaient et périssaient à l'infini, quelques-uns venant sans cesse à l'existence et d'autres péris­sant.

Those who assumed innumerable worlds, e.g. Anaximander, Leukippos, Demokritos, and, a later date, Epicurus, held that they came into being and others passing away.

A.18

Anaximandre disait que les étoiles sont des condensations d'air pareilles à des cerceaux, pleines de feu, soufflant des flammes à un certain point par des orifices. Le soleil est le plus haut de toutes ; après lui vient la lune, et au-dessous de celle-ci les étoiles fixes et les planètes. — Aétius, II, 13, 7; 15, 6 (R. P. 19 a ; DV 2, 18).

Anaximander said the stars were hoop-like compressions of air, full of fire, breathing out flames at a certain point from orifices. The sun was highest of all, after it came the moon, and below these the fixed stars and the planets.—Aetios, ii. 13, 7; 15, 6 (R P. 19 a).

A.21

Anaximandre disait que le soleil est un anneau vingt-huit fois aussi grand que la terre, semblable à une roue de char, avec une jante creuse et pleine de feu, montrant le feu à un certain point, comme à travers la bouche d'un soufflet. —Aét. II, 20, 1 (R. P. 19a; DV 2, 21.)

Anaximandre disait que le soleil est égal à la terre, mais que l'anneau par lequel il respire et par lequel il est mû en cercle est vingt-sept fois aussi grand que la terre. — Aét.II, 21,1. (Dox. p. 351 ; DV 2, 2l.)

Anaximander said the sun was a ring twenty-eight times the size of the earth, like a cart-wheel with the felloe hollow and full of fire, showing the fire at a certain point, as if through the nozzle of a pair of bellows.—Act. ii. 20, i (R. P. 19 a).

Anaximander said the sun was equal to the earth, but the ring from which it breathes out and by which it is carried round was twenty-seven times as large as the earth.—Aet. ii. 21, i (Dox. p. 351).

A.22

Anaximandre disait que la lune est un anneau dix-huit fois aussi grand que la terre... —Aét. II, 25, 1. (Dox. p. 355; DV 2, 22.)

Anaximander said the moon was a ring eighteen times the size of the earth. . . .—Aet. ii. 25, i (Dox, p. 355).

A.23

Anaximandre soutenait que le tonnerre et l'éclair sont causés par le vent. Quand il est enfermé dans un nuage épais et qu'il s'échappe avec violence, la rupture du nuage produit le bruit, et la déchirure offre l'aspect lumineux par contraste avec l'obs­curité du nuage.—Aét. III, 3, 1 (Dox. p. 367 ; DV, 2, 23).

Anaximander held that thunder and lightning were caused by the blast. When it is shut up in a thick cloud and bursts forth with violence, then the breakage of the cloud makes the noise, and the rift gives the appearance of a flash by contrast with the darkness of the cloud.—Aet. iii. 3, i (Dox. p. 367).

A.24

Anaximandre soutenait que le vent est un courant d'air (c'est-à-dire de vapeur) qui s'élève quand ses particules les plus fines ci les plus humides sont mises en mouvement ou dissoutes par le soleil. — Aét. III, 6,1 (Dox. p. 374 ; DV, 2, 24).

Anaximander held that wind was a current of air (i.e. vapour) which arose when its finest and moistest particles were set in motion or dissolved by the sun.—Aet. iii. 6, i (Dox. P- 374).

A.27

La mer est ce qui reste de l'humidité primordiale. Le feu en a desséché la plus grande partie, et transformé le reste en sel en le brûlant. — Aét. III, 16, 1. (R. P. 20 a; DV 2, 27.)

The sea is what is left of the original moisture. The fire has dried up most of it and turned the rest salt by scorching it—Aet. iii. 16, i (R. P. 20 a).

A.30

Les premiers animaux furent produits dans l'humide, enfer­més chacun dans une écorce épineuse. Avec le temps ils firent leur apparition sur la partie la plus sèche. Quand l'écorce éclata, ils modifièrent leur genre de vie en peu de temps. —Aét.V, 19, 1 (R. P., 22; DV, 2,30).

The first animals were produced in the moisture, each en­closed in a prickly bark. As they advanced in age, they came out upon the drier part   When the bark broke off, they survived for a short time.—Aet v. 19, i (R. P. 22).

A.30

Il prétend qu'au début les êtres humains naquirent dans l'in­térieur de poissons, et qu'après avoir été nourris comme les requins, et être devenus capables de se protéger eux-mêmes, ils furent finalement jetés sur le rivage, et prirent terre. — Plut. Symp. Quaest., 730 f (R. P., 22; DV 2, 30).

He declares that at first human beings arose in the inside of fishes, and after having been reared like sharks, and become capable of protecting themselves, they were finally cast ashore and took to land.—Plut Symp. Quaest, 730 f (R. P. 22.).

 

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Empédocle - EC1 n°2 Publié le Samedi 5 Septembre 2009 à 11:34:53

De la Nature (Empédocle)


De la Nature
traduction française par A.Reymond, 1919

1. Et toi, prête l'oreille, Pausanias, fils d'Anchitos, le Sage !

2. Car étroitement limitées sont les forces qui sont répandues sur les parties de leurs corps, et nombreux sont les maux qui fondent sur eux et émoussent le tranchant de leurs soucieuses pensées ! Ils ne voient qu'âne faible mesure d'une vie qui n'est pas une vie, et, condamnés à une prompte mort, ils sont enlevés et se dissipent comme une fumée. Chacun d'eux est instruit de cela seulement qu'il a rencontré par hasard au gré de ses errements, et il ne se vante pas moins dans sa frivolité de connaître le tout. Tant il est difficile que ces choses soient vues par les yeux ou entendues par les oreilles des hommes, ou saisies par leur esprit. Toi donc, puisque tu as trouvé ton chemin jusqu'ici, tu apprendras, mais non plus que l'esprit mortel ne possède de force. — R. P. 163.

3. ...à garder dans ton cœur muet.

4. Mais, ô dieux, détournez de ma langue la folie de ces hommes. Sanctifiez mes lèvres et faites couler d'elles un fleuve pur ! Et toi, très courtisée Muse, vierge aux bras blancs, je te supplie de me faire entendre ce qui convient aux enfants d'un jour ! Fais-moi avancer dans ma voie dès la demeure de la Sainteté et pousse mon char docile ! Des couronnes de gloire et d'honneur de la main des mortels ne te forceront pas à les soulever du sol, afin que, dans ta fierté, tu parles au-delà de ce qui est équitable et droit et que tu gagnes ainsi un siège sur les hauteurs de la sagesse. Commence maintenant, considère de toutes tes forces de quelle manière chaque chose est claire. N'accorde pas à ta vue un trop grand crédit en comparaison de ton oreille, et n'estime pas ton oreille qui résonne au-dessus des claires instructions de ta langue ; et ne refuse ta confiance à aucune des autres parties de ton corps par lesquelles il y a un accès à l'intelligence ; mais considère toute chose de la manière qu'elle est claire. — R. P. 163.

5. Mais c'est toujours le fait des esprits bas de ne pas croire ceux qui valent mieux qu'eux. Apprends, toi, comme te l'ordonnent les sûrs témoignages de ma Muse, en divisant l'argument dans ton cœur.

6. Apprends d'abord les quatre racines de toutes choses : Zeus qui brille, liera qui donne la vie, Aidoneus et Nestis, dont les larmes sont une fontaine de vie pour les mortels. — R. P. 164.

7. ...incréé.

8. Et je te dirai autre chose. Il n'est pas d'entrée à l'existence ni de fin dans la mort funeste, pour ce qui est périssable ; mais seulement un mélange et un changement de ce qui a été mélangé. Naissance n'est qu'un nom donné à ce fait par les hommes. — R. P. 165.

9. Mais quand les éléments ont été mélangés sous la figure d'un homme, et viennent à la lumière du jour, ou sous la figure d'une espèce de bêtes sauvages ou de plantes ou d'oiseaux, alors les hommes disent que ceux-ci naissent ; et quand ils sont séparés, ils donnent à cela le nom de mort douloureuse. Ils ne le nomment pas d'un nom juste ; mais, moi aussi, je suis la coutume et je l'appelle ainsi moi-même.

10. Mort vengeresse.

11. 12. Fous - car ils n'ont pas de pensées étendues - qui s'imaginent que ce qui n'était pas auparavant vient à l'existence, ou que quelque chose peut périr et être entièrement détruit. Car il ne se peut pas que rien puisse naître de ce qui n'existe en aucune manière, et il est impossible et inouï que ce qui est doive périr ; car il sera toujours, en quelque lieu qu'on le place. R. P. 165 a.

13. Et dans le Tout, il n'y a rien de vide et rien de trop plein.

14. Dans le Tout, il n'y a rien de vide. D'où, par conséquent, pourrait venir quelque chose qui l'augmentât ?

15. Un homme sage en ces matières ne supposerait jamais dans son cœur que les mortels ne sont et ne souffrent bien et mal qu'aussi longtemps qu'ils vivent ce qu'ils appellent leur vie, tandis qu'ils ne sont absolument rien avant d'avoir été formés et une fois dissous.— R. P. 165 a.

16. Car vraiment ils (l'Amour et la Haine) étaient avant les temps, et ils seront ; et jamais, à ce que je crois, le temps infini ne sera vide de ce couple. — R. P. 166 c.

17. Je vais t'annoncer un double discours. A un moment donné, l'Un se forma du Multiple ; en un autre moment, il se divisa et de l'Un sortit le Multiple. Il y a une double naissance des choses périssables et une double destruction. La réunion de toutes choses amène une génération à l'existence et la détruit ; l'autre croît et se dissipe quand les choses se séparent. Et ces choses ne cessent de changer continuellement de place, se réunissant toutes en une à un moment donné par l'effet de l'Amour, et portées à un autre moment en des directions diverses par la répulsion de la Haine. Ainsi, pour autant qu'il est dans leur nature de passer du Plusieurs à l'Un, et de devenir une fois encore Plusieurs quand l'Un est morcelé, elles entrent à l'existence, et leur vie ne dure pas. Mais, pour autant qu'elles ne cessent jamais d'échanger leurs places, dans cette mesure, elles sont toujours immobiles quand elles parcourent le cercle de l'existence. Mais allons, écoute mes paroles, car c'est l'étude qui augmente la sagesse. Comme je le disais déjà auparavant, quand j'exposais le but de mon enseignement, je vais t'exposer un double discours. A un moment donné, l'Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l'Un sortit le Multiple — Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l'Air ; la Plaine redoutée aussi, à part de ceux-ci, de poids égal à chacun, et l'Amour parmi eux, égal en longueur et en largeur; Contemple-le avec ton esprit, et ne reste pas assis, les yeux éblouis. C'est lui que nous savons implanté dans les membres des mortels ; c'est lui qui leur inspire des idées d'amour, et qui leur fait accomplir les travaux de la paix. Ils s'appellent des noms de Joie et d'Aphrodite. Aucun mortel ne l'a encore vu se mouvoir en cercle parmi eux, mais toi prête l'oreille à l'ordre de mon discours, qui ne trompe point. Car tous ceux-ci sont égaux et de même âge ; cependant chacun a une prérogative différente et sa nature particulière. Et rien ne vient à l'existence à part eux, et ils ne périssent point ; car s'ils avaient péri continuellement, ils n'existeraient pas maintenant, et ce qui accroîtrait ce Tout, que serait-ce et d'où pourrait-il venir ? Comment, d'ailleurs, pourrait-il périr, puisqu'il n'y a aucun lieu vide de ces choses ? Ils sont ce qu'ils sont ; mais, courant les uns à travers les autres, ils deviennent tantôt ceci, tantôt cela, et toujours des choses analogues. — R. P. 166.

18. Amour,

19. Amour enlaçant.

20. Celui-ci (le conflit de l'Amour et de la Haine) est manifeste dans la masse des membres mortels. A un moment donné, tous les membres qui font partie du corps sont réunis par l'Amour au point culminant de la vie florissante ; à un autre moment, séparés pur la Haine cruelle, ils errent chacun pour soi sur les écueils de la mer de la vie. Il en est de même des plantes et des poissons qui ont leur demeure dans les eaux, des bêtes qui ont leurs repaires sur les collines, et des oiseaux de ruer, qui cinglent avec leurs ailes. — R. P. 173 d.

21. Allons maintenant, contemple les choses qui portent témoignage pour mes discours précédents, s'il était vrai qu'il y eût quelque insuffisance quant à la forme dans ma première énumération. Considère le soleil, partout clair et chaud, et toutes les choses immortelles qui sont baignées dans la chaleur et dans l'éclat rayonnant. Considère la pluie, partout sombre et froide, et de la terre sortent des choses compactes et solides. Quand elles sont en lutte, elles sont toutes diverses de formes et séparées ; mais elles se réunissent dans l'amour, et se désirent mutuellement. Car de celles-ci sont sorties toutes les choses qui furent, qui sont et qui seront — arbres, hommes et femmes, bêtes et oiseaux, et les poissons qui habitent dans l'eau, oui vraiment, et les dieux qui vivent de longues vies et sont grandement honorés. — R. P. 166 i. Car ces choses sont ce qu'elles sont ; mais passant les unes à travers les autres, elles prennent des formes différentes — tellement le mélange les modifie. — R. P. 166 g.

22. Car tous ceux-ci — soleil, terre, ciel et mer — sont un avec toutes leurs parties, qui sont dispersées loin d'eux dans les choses mortelles. Et pareillement toutes les choses qui sont plus portées au mélange sont semblables les unes aux autres et unies dans l'amour par Aphrodite. Mais les choses qui diffèrent le plus quant à l'origine, au mélange, et aux formes qui leur sont imprimées, sont hostiles au plus haut point les unes aux autres, étant entièrement inaccoutumées à s'unir, et très tristes de l'ordre de la Haine, qui a donné lieu à leur naissance.

23. Quand les peintres peignent des tableaux pour être offerts dans les temples, les peintres que la sagesse a bien instruits de leur art — et qu'ils ont pris dans leurs mains des matières de couleurs variées, ils les mélangent dans la proportion due, plus de quelques-unes et moins des autres, et produisent par leur moyen des formes semblables à toutes choses, faisant des arbres et des hommes et des femmes, des bêtes et des oiseaux et des poissons qui demeurent dans les eaux, oui vraiment, et des dieux qui vivent de longues vies et sont grandement honorés — de même, ne laisse pas cette erreur prévaloir sur ton esprit : qu'il y ait quelque autre origine pour toutes les créatures périssables qui apparaissent en nombre infini. Sache cela, de source certaine, car tu en as entendu le récit d'une déesse.

24. Marchant de sommet en sommet, ne pas parcourir un sentier seulement jusqu'à la fin...

25. Ce qui est juste peut bien être dit même deux fois.

26. Car ils prévalent alternativement dans la révolution du cercle, et passent les uns dans les autres, et deviennent grands selon le tour qui leur a été assigné. — R. P. 166 c. Ils sont ce qu'ils sont, mais, passant les Uns à travers les autres, ils deviennent des hommes et des races d'animaux. A un moment, ils sont tous réunis en un seul ordre par l'Amour ; à un autre, ils sont poussés dans des directions différentes par la répulsion de la Haine, jusqu'à ce qu'ils se réunissent de nouveau en un, et soient complètement soumis. Mais, en tant qu'ils ont l'habitude de passer du Plusieurs en l'Un, et, de nouveau divisés, de devenir plus d'Un, ils viennent au jour, et leur vie n'est pas durable ; mais en tant qu'ils ne cessent jamais de se transformer continuellement, ils existent toujours, immuables dans le cercle.

27. On ne distingue ni les membres rapides du Soleil, ni la force velue de la Terre, ni la Mer, si fort le Dieu était lié dans l'étroite enveloppe de l'Harmonie, sphérique et rond, joyeux dans sa solitude circulaire. — R. P. 167.

27 a. Il n'y a ni discorde ni lutte inconvenante dans ses membres.

28. Mais il était égal en tous sens, et tout à fait infini, sphérique et rond, joyeux dans sa solitude circulaire.

29. Deux branches ne naissent pas de son dos ; il n'a pas de pieds, pas de genoux rapides, pas de parties génitales ; mais il était sphérique et égal en tous sens.

30. 31. Mais quand la Haine fut devenue grande dans les membres du dieu et se déchaîna pour réclamer ses prérogatives dans l'accomplissement du temps alterné, qui leur était assigné par le puissant serment... car tous les membres du dieu furent ébranlés les uns après les autres. — R. P. 167.

32. La jointure lie deux choses.

33. De même que lorsque la sève du figuier fait cailler et lie le blanc lait...

34. Agglutinant = la farine avec de l'eau.

35, 36. Mais je vais maintenant reporter mes pas sur les sentiers du chant, que j'ai parcourus auparavant, tirant de mon discours un nouveau discours. Quand la Haine fut tombée au plus profond abîme du tourbillon, et que l'Amour en eut atteint le centre, toutes les choses se réunirent en lui, pour n'être qu'Une seulement ; non pas toutes à la fois, mais en se réunissant selon leur volonté, l'une venant d'une direction, l'autre de l'autre ; et quand elles se furent mélangées, d'innombrables tribus de créatures mortelles furent ça et là répandues. Bien des choses, cependant, restèrent non mélangées, alternant avec celles qui se mélangeaient, à savoir toutes les choses que la Haine tenait en suspens ; car elle ne s'était pas encore entièrement retirée d'elles jusqu'aux limites extrême du cercle. Pour une part, elle restait encore à l'intérieur ; pour une autre, elle était sortie des membres du Tout. Mais, dans la mesure où elle continuait à se répandre au dehors, un doux et immortel courant d'irréprochable Amour continuait à affluer au dedans, et aussitôt devenaient mortelles ces choses qui auparavant avaient été immortelles ; et ces choses étaient mélangées, qui avaient été non mélangées, chacune changeant de sentier. Et à mesure; qu'elles se mélangeaient, des tribus innombrables de créatures mortelles étaient ça et là répandues, douées de toutes espèces de formes, merveilleux spectacle à contempler. — R. P. 169.

37. La Terre accroît sa propre masse, et l'Air enfle le volume de l'Air.

38. Allons, je vais maintenant te dire en tout premier lieu le commencement du Soleil, et les sources d'où ont jailli toutes les choses que nous voyons maintenant, la Terre et la Mer aux flots nombreux, la Vapeur humide, et l'Air, ce Titan qui lié fortement son cercle autour de toutes choses. — R. P. 170 a.

39. Si les profondeurs de la Terre et le vaste Air étaient infinis, parole vaine qui s'est échappée des lèvres de beaucoup de mortels, quoiqu'ils n'aient vu qu'une faible partie du Tout… R. P. 103 b.

40. Le Soleil, aux traits acérés, et la douce Lune.

41. Mais (la lumière du soleil) est rassemblée et circule autour du vaste ciel.

42. Et elle lui coupe ses rayons quand il passe au-dessus d'elle, et elle projette son ombre sur une aussi grande partie de la Terre que le comporte la largeur de la Lune au pâle visage.

43. Le rayon de soleil, lui aussi, ayant frappé le large et puissant cercle de la Lune, se retourne aussitôt et repart pour atteindre le firmament.

44. Il repart en arrière vers l'Olympe, d'un visage exempt de crainte. — R. P. 170 c.

45. 46. Une lumière ronde et empruntée circule autour de la Terre, comme le moyeu de la roue autour du (but) le plus éloigné.

47. Car elle regarde à l'opposé le cercle sacré du Soleil-roi.

48. C'est la Terre qui fait la nuit en passant devant la lumière.

49. De la nuit solitaire, aux yeux aveugles.

50. Et Iris apporte de la mer le vent ou une pluie abondante.

51. (Le feu) qui se précipite en haut...

52. Et beaucoup de feux brûlent au-dessous de la Terre. — R. P. 171 a.

53. Car, comme elle courait, elle les rencontra à cette époque, quoique souvent autrement. — R. P. 171 a.

54. Mais l'air s'affaissa sur la terre avec ses longues racines. - R. P. 171.

55. La Mer, sueur de la Terre. — R. P. 170 b.

56. Le sel fut solidifié par le choc des rayons du soleil.

57. Sur elle (la Terre) naquirent beaucoup de têtes sans cous, et des bras erraient nus et privés d'épaules. Des yeux vaguaient dépourvus de fronts. — R. P. 173.

58. Des membres solitaires erraient, cherchant à s'unir.

59. Mais quand, au Dieu, le Dieu se fut mélangé dans une plus forte proportion, ces choses se réunirent au hasard de leurs rencontres, et beaucoup d'autres choses naquirent continuellement à part elles.

60. Des créatures à la démarche traînante, avec des mains innombrables.

61. Beaucoup de créatures naquirent avec des faces et des poitrines regardant en différentes directions ; quelques-unes, progéniture de bœufs à face d'hommes, tandis que d'autres, au contraire, venaient au monde, progéniture d'hommes à têtes de bœufs, et des créatures en qui la nature des hommes et des femmes était mélangée, et pourvues de parties stériles. — R. P. 173 b.

62. Allons, écoute maintenant comment le Feu quand il fut séparé, fit surgir les rejetons des hommes nés de la nuit et les femmes aux larmes abondantes ; car mon discours ne s'écarte pas du but et n'est point dépourvu de sagesse. Des types entièrement formés naquirent d'abord de la terre, ayant une portion à la fois d'eau et de feu. Ces types, ce fut le Feu qui les fit surgir, désireux d'atteindre son semblable ; mais ils ne montraient encore ni la forme charmante des membres féminins ni la voix et les parties qui sont propres aux hommes, - R. P. 173 c.

63. ...Mais la substance des membres (de l'enfant) est entre eux, en partie dans (le corps) de l'homme, en partie celui de la femme.

64. Et sur lui vint le désir, qui l'excitait par la vue.

65. ...Et il fut répandu dans les parties pures, et quand il se rencontra avec le froid, des femmes en naquirent.

66. ...Dans les pelouses fendues d'Aphrodite.

67. Car dans sa partie la plus chaude, le sein de la femme produit des mâles, et c'est pourquoi les hommes ont le teint foncé sont plus virils et plus velus.

68. Au dixième jour du huitième mois, se produit la putréfaction blanche.

69. Qui porte doublement.

70. Peau de brebis.

71. Mais si ta certitude touchant ces choses était encore en quelque mesure imparfaite sur la question de savoir comment, de l'eau et de la terre, de l'air et du feu mélangés ensemble, sortirent les formes et les couleurs de toutes ces choses mortelles qui ont été agencées par Aphrodite, et viennent ainsi au jour...

72. Comment les grands arbres et les poissons dans la mer.

73. Et de même qu'en ce temps Cypris, préparant la chaleur, après avoir humecté la terre dans l'eau, la donna au feu rapide pour la durcir... — R. P. 171.

74. Conduisant le peuple sans voix des poissons féconds.

75. Tous, parmi ceux qui sont denses à l'intérieur et rares à l'extérieur, ayant reçu des mains de Cypris une humidité de cette espèce...

76. Cela, tu peux le constater dans les coquillages au dos pesant, qui vivent dans la mer, dans les buccins et dans les tortues à la carapace de pierre. En eux, tu peux voir que la matière terreuse se tient à l'extrême surface.

77-78. C'est l'air qui fait que les arbres toujours verts fleurissent avec abondance de fruits durant toute l'année.

79. Et ainsi, premiers de tous les grands arbres, les oliviers portent des œufs...

80. A cause de quoi les grenades sont lentes à mûrir, et les pommes sont succulentes.

81. Le vin est l'eau de l'écorce, putréfiée dans le bois.

82. Les poils et les feuilles, les plumes épaisses des oiseaux, et les écailles qui croissent sur les membres puissants, sont la même chose.

83. Mais les poils des hérissons sont acérés et se raidissent sur leur dos.

84. Et de même qu'un homme qui se propose de sortir par une nuit orageuse se munit d'une lanterne, flamme de feu brillant, autour de laquelle il dispose des plaques de corne pour écarter d'elle toute espèce de vent, et que ces plaques brisent le souffle des vents qui règnent, mais que la lumière qui pénètre à travers elles brille sur le seuil de ses rayons infatigables, dans la mesure où elle est plus fine ; de même il (l'Amour) a capté le feu primitif, la pupille ronde, enveloppée de membranes et de tissus délicats, qui sont percés partout de passages merveilleux. Ils écartent l'eau profonde qui entoure la pupille, mais ils laissent passer le feu, dans la mesure où il est plus fin. — R. P. 177 b.

85. Mais la douce flamme (de l'œil) n'a qu'une faible portion de terre.

86. De ceux-ci, la divine Aphrodite façonna les yeux infatigables.

87. Aphrodite, unissant ceux-ci avec les rivets de l'amour.

88. Une seule vision est produite par les deux yeux.

89. Sache que des effluences s'écoulent de toutes les choses qui sont nées. — R. P. 166 h.

90. Ainsi le doux s'empare du doux, et l'amer se précipite sur l'amer ; l'acide va à la rencontre de l'acide, et le chaud s'accouple avec le chaud.

91. L'eau s'associe mieux avec le vin, mais elle ne veut pas (se mélanger) avec l'huile. — R. P. 166 h,

92. Le cuivre mélangé à l'étain.

93. La baie du glauque sureau est mélangée de pourpre.

94. Et la couleur noire, au fond d'une rivière, provient de l'ombre. La même chose se voit dans les cavernes creuses.

95. Depuis qu'ils (les yeux) furent unis pour la première fois dans les mains de Cypris.

96. La Terre bienveillante reçut dans ses vastes cavités deux parts sur huit de la brillante Nestis, et quatre d'Héphaistos. Ainsi naquirent les os blancs, divinement ajustés ensemble par le ciment de l'harmonie. — R. P. 175.

97. L'épine dorsale (fut brisée).

98. Et la Terre, jetant l'ancre dans les ports parfaits d'Aphrodite, se rencontre avec ceux-ci dans des proportions à peu près égales ; avec Héphaistos, l'eau et l'air brillant — soit en prédominance légère, soit en quantité moins grande. De ces choses naquirent le sang et les multiples formes de chair. — R. P. 175 c.

99. La cloche... rameau charnu (de l'oreille).

100. Ainsi toutes choses inspirent le souffle et l'expirent. Toutes ont des tuyaux de chair, dépourvus de sang, étendus sur la surface de leurs corps ; et à leurs embouchures, la surface extrême de la peau est percée partout de pores étroitement serrés, de sorte qu'ils retiennent le sang, mais laissent libre passage à l'air. Quand donc le sang clair s'en retire, l'air bouillonnant s'y précipite en flots impétueux, pour être expiré de nouveau quand le sang revient. De même, quand une jeune fille, jouant avec une clepsydre d'airain brillant, place l'orifice du tuyau sur sa gracieuse main, et plonge la clepsydre dans le flot argentin de l'eau qui cède, — le flot ne pénètre pas alors dans le vase, mais la masse d'air qui y est renfermé, pressant contre les trous étroits, le retient jusqu'à ce que la jeune fille découvre (délivre) le courant comprimé ; alors l'air s'échappe et un volume égal d'eau fait son entrée, — exactement de la même manière, quand l'eau occupe les profondeurs du vase d'airain, et que l'ouverture et le passage sont tenus fermés par la main humaine, l'air extérieur, cherchant à entrer, retient en pressant sur sa surface l'eau aux portes du col qui fait entendre un bruit sourd ; jusqu'à ce qu'elle (la jeune fille) retire sa main. Alors, juste dans le sens opposé à ce qui se passait auparavant, l'air se précipite à l'intérieur, et un volume d'eau égal s'échappe pour lui faire place. Pareillement, quand le sang clair, qui s'agite à travers les veines, reflue à l'intérieur, le flux d'air entre avec un bruit violent, mais quand le sang fait retour, l'air est expiré en quantité égale.

101. (Le chien) flairant avec son nez les particules des membres d'animaux, et l'exhalaison de leurs pieds, qu'ils laissent dans l'herbe tendre.

102. Ainsi toutes choses ont leur part de souffle et d'odeur.

103. 104. Ainsi toutes choses pensent de par la volonté de la Fortune… Et pour autant que les choses les moins denses se sont unies dans leur chute.

105. (Le cœur), demeurant dans la mer de sang qui coule dans des directions opposées, où réside principalement ce que les hommes appellent pensée ; car le sang qui entoure le cœur est la pensée des hommes. — R. P. 178 a.

106. Car la sagesse des hommes s'accroît en proportion de ce qu'ils ont devant eux. — R. P. 177.

107. Car de celle-ci, toutes choses sont formées et ajustées ensemble, et c'est par elles que les hommes pensent et sentent plaisir et peine. — R. P. 178.

108. Dans la mesure où ils (les hommes) deviennent différents, des pensées différentes se présentent toujours à leurs esprits (en songe). — R. P. 177 a.

109. Car c'est avec la terre que nous voyons la terre, et avec l'eau que nous voyons l'eau ; par l'air, nous voyons l'air brillant, par le feu le feu dévorant. C'est par l'amour que nous voyons l'Amour, et par la funeste haine que nous voyons la Haine. — R. P. 176.

110. Car si, appuyé sur ton ferme esprit, tu contemples ces choses dans une bonne intention et avec un soin irréprochable, alors tu auras toutes ces choses en abondance ta vie durant, et tu en gagneras encore beaucoup d'autres par elles. Car ces choses croissent d'elles-mêmes dans ton cœur, où est le vrai caractère de chaque homme. Mais si tu aspires à des choses d'autre nature, comme c'est l'habitude des hommes, alors une foule innombrable de maux t'attendent, pour émousser tes pensées. Bientôt ces choses t'abandonneront, quand le temps aura fait sa révolution ; car elles aspirent à retourner une fois de plus à leur propre nature ; car sache que toutes choses ont de la sagesse et une part à la pensée.

111. Et tu apprendras à connaître tous les médicaments qui son une défense contre les maux de la vieillesse, car c'est pour toi seul que je veux accomplir tout cela. Tu arrêteras la violence des vents infatigables qui s'élèvent et de leurs souffles détruisent les campagnes, et de nouveau, si tu le désires, tu ramèneras leurs souffles en arrière. Tu procureras aux hommes une sécheresse opportune après les sombres pluies, et de nouveau tu changeras la sécheresse de l'été en pluies qui nourrissent les arbres quand elles tombent du ciel. Tu ramèneras de l'Hadès la vie d'un homme mort.


Purifications.

112. Amis qui habitez la grande ville dont les regards plongent sur les jaunes rochers d'Akragas, en haut près de la citadelle, empressés aux bonnes œuvres, ports d'honneur pour l'étranger, hommes qui ne connaissez pas la bassesse, salut à vous ! Je marche parmi vous en dieu immortel, n'étant plus mortel maintenant, honoré parmi tous comme il convient, couronné de bandelettes et de guirlandes de fleurs. Dès que, avec ces (adorateurs), hommes et femmes, je fais mon entrée dans les villes florissantes, des hommages me sont témoignés ; ils me suivent en foule innombrable, me demandant quelle est la voie du gain ; quelques-uns désirent des oracles, tandis que d'autres, qui ont été blessés par les douloureux aiguillons de toutes sortes de maladies, désirent entendre de moi le mot qui sauve. — R. P. 162 f.

113. Mais pourquoi m'arrêter là-dessus, comme si c'était quelque chose de grand que de surpasser les hommes mortels et périssables ?

114. Amis, je sais que la vérité réside dans les paroles que je vais prononcer, mais elle est difficile pour les hommes, et ils sont jaloux de l'assaut de la croyance sur leurs âmes.

115. Il y a un oracle de la Nécessité, une antique ordonnance des dieux, éternelle et fortement scellée par de larges serments : si jamais l'un des démons, qui ont obtenu du sort de longs jours, a souillé criminellement ses mains de sang, ou a suivi la Haine et s'est parjuré, il doit errer trois fois dix mille ans loin des demeures des bienheureux, naissant dans le cours du temps sous toutes sortes de formes mortelles, et changeant un pénible sentier de vie contre un autre. Car l'Air puissant le pousse dans la Mer, et la Mer le vomit sur la Terre aride ; la Terre le projette dans les rayons du brillant Soleil, et celui-ci le renvoie dans les tourbillons de l'Air. L'un le reçoit de l'autre, et tous le rejettent. Je suis maintenant l'un de ceux-ci, un banni et un homme errant loin des dieux, car je mettais ma confiance dans la Haine insensée. — R. P. 181.

116. Charis a horreur de l'intolérable Nécessité.

117. Car j'ai été autrefois un jeune garçon et une jeune fille, un buisson et un oiseau, et un poisson muet dans la mer. — R. P. 182.

118. Je pleurai et je me lamentai quand je vis le pays, qui ne m'était pas familier. — R. P. 182.

119. De quels honneurs, de quelle hauteur de félicité suis-je tombé pour errer ici sur terre parmi les mortels !

120. Nous sommes venus sous cette caverne…

121. ...le pays sans joie, où sont la Mort et la Colère, et des bandes de Kères et les Fléaux qui dessèchent, et la Pourriture et les Flots rôdent dans l'obscurité sur la prairie d'Atè.

122. 123. Là étaient Chtoniè et Heliope dont la vue s'étend au loin, la sanglante Discorde et l'Harmonie au doux regard, Kallisto et Aischrè, la Hâte et la Lenteur, l'aimable Vérité et l'Incertitude aux noirs cheveux ; la Naissance et le Dépérissement ; le Sommeil et la Veille, le Mouvement et l'Immobilité ; la Grandeur couronnée et la Bassesse, le Silence et la Parole. — R. P. 182 a.

124. Malheur à toi, misérable race des Mortels, deux fois maudite : de quelles luttes et de quels gémissements vous êtes nés !

125. De créatures vivantes, il les fit mortes, en changeant leurs formes.

126. (La Divinité) les revêtant d'une étrange enveloppe de chair.

127. Parmi les animaux, ils deviennent des lions, qui font leur repaire sur les collines, et leur gîte sur le sol ; et des lauriers parmi les arbres au beau feuillage. — R. P. 181 b.

128. Ils n'avaient pas encore Ares pour dieu, ni Kydoimos, ni non plus le roi Zeus, ni Kronos ni Poséidon, mais Cypris, la reine... Ils se la rendaient propice par de pieux présents, par des figures peintes et des encens au subtil parfum, par des offrandes de myrrhe pure et des baumes à la douce senteur, répandant sur le sol des libations de miel brun. Et l'autel ne ruisselait pas du sang pur des taureaux, mais c'était parmi les hommes le plus grand crime que de dévorer leurs nobles membres après leur avoir arraché la vie. — R. P. 184.

129. Et il y avait parmi eux un homme d'un rare savoir, versé au plus haut point en toute espèce d'œuvres sages, un homme qui avait acquis la plus grande richesse en connaissances ; car lorsqu'il tendait les forces de son esprit, il voyait facilement chacune des choses qui sont en dix, en vingt vies d'hommes.

130. Car toutes (les créatures) étaient apprivoisées et douces aux hommes, tant les bêles que les oiseaux, et la flamme de la bienveillance brillait partout - R, P. 184 a.

131. Si jamais, quoiqu'il s'agit de choses d'un jour, Muse immortelle, tu as daigné prendre connaissance de mes efforts, assiste-moi encore une ibis, je t'en supplie, ô Calliope, car je profère une pure doctrine sur les dieux bienheureux. — R. P, 179.

132. Béni est l'homme qui a acquis le trésor de la divine sagesse ; malheureux celui qui n'a dans le cœur qu'une opinion confuse sur les dieux. — R. P. 179.

133. Il ne nous est pas possible de placer Dieu devant nos yeux, ou de le saisir de nos mains, ce qui est la voie de persuasion la plus large qui conduise dans le cœur de l'homme.

134. Car son corps n'est pas pourvu d'une tête humaine ; deux rameaux ne s'élancent pas de ses épaules ; il n'a pas de pieds, pas de genoux agiles, pas de parties velues ; il est seulement un esprit sacré et ineffable, dont les pensées rapides traversent le monde entier comme des éclairs. — R. P. 180.

135. Cela n'est pas légitime pour quelques-uns et illégitime pour d'autres ; mais la loi s'étend partout pour tous, à travers l'air qui règne au loin et l'infinie lumière du ciel. — R. P. 183.

136. Ne cesserez-vous pas ce meurtre au bruit funeste ? Ne voyez-vous pas que vous vous dévorez les uns les autres dans l'étourderie de vos cœurs ? — R. P. 184 b.

137. Et le père soulève son propre fils, qui a changé de forme, et le tue en prononçant une prière. L'insensé ! Et ils se précipitent vers les meurtriers, demandant grâce, tandis que lui, sourd à leurs cris, les égorge dans son palais et prépare l'abominable festin. Pareillement, le fils saisit son père, et les enfants leur mère, leur arrachent la vie et dévorent la chair qui leur est parente. — R. P. 184 b.

138. Epuisant leur vie avec l'airain.

139. Malheur à moi, que le jour impitoyable de la mort ne m'ait pas anéanti avant que j'accomplisse avec mes lèvres les œuvres mauvaises de la voracité ! — R. P. 184 b.

140. S'abstenir tout à fait des feuilles de laurier.

141. Misérables, derniers des misérables, gardez vos mains des fèves !

142. Le palais, recouvert d'un toit, de Zeus qui tient l'égide ne le réjouira jamais, non plus que la maison de...

143. Lavez-vous les mains, prenant l'eau des cinq sources dans le bronze inflexible. — R. P. 184 c.

144. Jeûnez de la méchanceté ! — R. P. 184 c.

145. C'est pourquoi vous êtes saisis par la dure perversité, et ne voulez pas délivrer vos âmes des misérables soucis.

146. 147. Mais, enfin, ils apparaissent parmi les hommes mortels comme prophètes, poètes, médecins et princes ; et ensuite ils s'élèvent au rang de dieux comblés d'honneurs, participant au foyer des autres dieux et à la même table, libres des misères humaines, assurés contre la destinée et à l'abri des offenses. — R. P. 181 c.

148. ...La terre qui enveloppe l'homme.

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Héraclite Parménide EC1n°1 Publié le Jeudi 3 Septembre 2009 à 12:13:36
Aller sur le site http://www.ac-nice.fr/philo/textes/biblio.htm, puis consulter les fragments d'Héraclite n°1,2,7,10,12,29,50,51,53,58,61,67.
Idem pour Parménide, n°II,III,IV,VI,VIII.

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