La vie
La vie est comme le jour
La mort est comme la nuit
La nuit c’est le repos
Mais la terre tourne
Les jours et les nuits
Se suivent
Le soleil à chaque instant
S’allume
Et s’éteint
Quand il sombre dans un horizon
Il surgit dans un autre
L’arbre qui a semé les grains
Au gré du vent
Dans la nature vivante
Est déjà immortel
Il continuera de vivre
Quand le bûcheron viendra l’abattre
A coup de hache
Et à coup de scie
Il continuera de vivre
Quand la flamme
Réduira en cendre
Son cadavre de bois
Il y a dix mille ans
Vivaient des hommes
Qui ressemblaient à nous
Que sont-ils devenus ?
Ils ne sont que poussière
Même embaumés
Dans des cercueils d’or
Mais ils vivent encore
En nous dans le cycle éternel de la vie
La vie est comme un arbre
Sur lequel à tout moment
De jeunes feuilles se déroulent
De leurs bourgeons verts
Et d’autres se détachent
De leur tige vieillie
Et vont mourir sur le sol
Et pourrir dans la boue
Et nourrir de nouveau
Les racines frêles
Qui viennent y puiser
Une vie nouvelle
La vie est comme le soleil
Immense
Toujours vivant
Jamais le même
Jetant dans l’univers
Des cristaux de feu
Qui naissent
Et s’épanouissent
Et s’éteignent
Et qui retournent à leur source
Pour lui donner
Des lumières nouvelles
Ahmed AROUA
La maison au bout du champ (extrait)
Alors je n’hésitai plus : Selma… Qui est le Destin ?
- Le Destin… mon petit… tu ne dois pas y penser… pas encore C’est difficile à expliquer
- Il est méchant ?
- Pas forcément. Il a deux visages : le bon, que les pauvres ne voient pas souvent, et le mauvais, qu’ils connaissent bien
- Dis-moi quand même qui il est, Selma
- Je ne sais pas bien… le Destin, c’est tout ce qui arrive aux hommes, mais surtout, c’est ce qui leur arrive malgré eux, quand il ne veulent pas… il apporte beaucoup de choses qu’on n’aime pas
- On ne peut rien contre lui ?
- Si, on peut quand on veut
- Alors pourquoi l’accepter s’il fait du mal ?
- C’est qu’on ne peut point l’empêcher. On peut seulement se moquer de lui en montrant du courage. Quand on est courageux le Destin ne fait pas trop mal. On dit c’est le Destin ! et on reste tranquille, on ne regrette pas trop fort… On ne peut pas lutter contre lui… surtout que derrière lui, il y a souvent des hommes méchants qui l’aident et le poussent à faire du mal.
Chabane OUAHIOUNE
La guerre des boutons (extrait)
Alors Camus songea lui aussi à
Je mets mon cœur à vos genoux, acceptez-le, il est à vous !
Louis Pergaud
La grande maison (extrait)
- En attendant, Omar prenait le jeu au sérieux. Sa joie d’exister était si forte et il s’y donnait si entièrement qu’il était de la sorte suffisamment occupé. Il vivait pour ainsi dire impunément, et tout à son plaisir.
- Il s’abandonnait à l’insouciance, protégé qu’il était par son enfance.
- Il avait terriblement faim, toujours, et il n’y avait presque jamais à manger à la maison ; il avait faim au point que certaines fois l’écume de sa salive se durcissait dans sa bouche. Subsister, par conséquent, était pour lui l’unique préoccupation.
- Il était cependant habitué à n’être jamais rassasié ; il avait apprivoisé sa faim. A la longue, il put la traiter avec l’amitié due à un être cher ; et il se permit tout avec elle. Leurs rapports s’établirent sur la base d’une courtoisie réciproque, attentive et pleine de délicatesse, comme seule une ample compréhension saurait en faire naître entre gens qui se jugent d’abord sans la moindre complaisance et se reconnaissent dignes l’un e l’autre. Grâce à cette entente, Omar reversa toutes les indifférences, filles de la peur et de la paresse. Et s’il avait songé à donner voix à ce qui était profondément enfoui en lui, il se serait à n’en pas douter exprimé en ces termes : « Mère bien-aimée, Mère faim, je t’ai renversé les mots les plus tendres… »
- Que de soirs il s’agenouilla à ses pieds, l’âme et les yeux absorbés dans le plus vaste amour, tandis qu’elle souriait, souriait… et s’approchait de lui, l’environnait de sa douce et indulgente présence. Et lui s’assoupissait d’un sommeil vigilant sous le mouvement de ses mains légères, trop légères.
Mohammed Dib
· C’est vrai qu’on a des problèmes, qu’on souffre, et qu’on sent que tous s’écroule au tour de nous mais il ne faut jamais oublier qu’il y quelque part dans cette terre des êtres qui souffrent bien plus que nous il y a même ceux qui n’ont rien à manger, ceux qui n’ont ou passer la nuit,…
L’HOCINE M. Anis
La fin d’hier (extrait)
Entre le dénommé Mansour, du village de Bachir, et l’administrateur, s’engagea le dialogue suivant :
- A. Peut-on s’attendre à voir des Allemands descendre en parachute dans ton douar ?
- M. Oui
- A. Dans ce cas, nous fournirais-tu des indications ?
- M. Oui
- A. Et si les parachutistes se réfugiaient chez toi, leur donnerais-tu à manger ?
- M. Oui
- A. Aimes-tu les Allemands ?
- M. Oui
- A. Es-tu contre les Français ?
- M. Oui
- A. As-tu peur de moi ?
- M. Oui
- A. Oui ! Oui ! Dis donc, as-tu peur de moi, oui ou non ?
- M. Oui
- A. Es-tu fous ?
- M. Oui
- A. Tu te moques de moi ?
- M. Oui
- A. Tu ne manques pas de toupet ?
- M. Oui
Furieux, l’administrateur fit appel à ses gardes :
- Prenez cet imbécile et passez-le à tabac !
Ils le rouèrent de coups jusqu’au sang et le laissèrent couvert de bleus… On devait découvrir par la suite que le pauvre homme ne connaissait de la langue française que le mot « Oui ».
Abdelhamid BENHADOUGA