COMMUNIQUE DE PAX CHRISTI France
Dimanche, devant la foule rassemblée place St Pierre pour l’Angélus, le pape François, dans un appel
vibrant et solennel a fermement condamné l’usage des armes chimiques en Syrie mais réitéré
sa vive opposition à toute intervention armée Il a appelé le monde entier à observer une journée de
jeûne pour la paix en Syrie. Le pape François a invité tous les chrétiens mais aussi les fidèles des
autres religions et les non-croyants, à se joindre à cette journée de prière qui se déroulera le samedi
7 septembre 2013.
Le pape a repris la fameuse phrase prononcée par Paul VI devant l’ONU en 1964, en pleine guerre
du Vietnam : « Un cri s’élève avec force... c’est le cri de la paix», «plus jamais la guerre! » et appuyé
son propos en rappelant : « il y a un jugement de Dieu et un jugement de l’Histoire sur nos actions
auquel on ne peut pas échapper ! ».
Il a par ailleurs exhorté la communauté internationale « à faire tous les efforts pour promouvoir sans
hésitation des initiatives pour la paix dans ce pays, basées sur le dialogue ». « Ce n’est pas l’usage
de la violence qui porte la paix. La guerre appelle la guerre. La violence appelle la violence », a-t-il
martelé.
Pax Christi France s’associe pleinement à cette initiative et invite tous les hommes et femmes de
bonne volonté à s’unir à cette démarche pour former une chaîne qui les rassemble. Chacun est invité
à relayer cet appel, à s’y associer et à initier un temps de jeune et des temps de prière en
communion avec notre pape et avec tous les hommes et les femmes de ce monde artisans de paix.
Le pape François a également annoncé une veillée de prière le même jour de 19H00 à 24H00
(17H00 GMT à 22H00 GMT) sur la place Saint-Pierre.
PAX CHRISTI France
Paris, le 2 septembre 2013
PAX CHRISTI FRANCE - N° 141 - Septembre 2013 - p 2
Communiqué de Pax Christi International - Bruxelles. 29 août 2013
LE DIALOGUE, SEUL MOYEN D’EN FINIR AVEC LA VIOLENCE EN SYRIE
Pax Christi International est vivement préoccupé par les plus récents événements en Syrie.
Tout en condamnant sans équivoque l’usage d’armes chimiques, utilisées par qui que ce soit, Pax
Christi demande à tous les gouvernements de reconnaître la responsabilité et l’autorité du Conseil de
sécurité des Nations Unies concernant cette violation flagrante du droit international et de la morale,
et de travailler avec l’ONU pour accorder au peuple syrien la protection nécessaire – mais sans
provoquer une escalade de la violence.
Cela exige de déployer tous les efforts diplomatiques requis pour arrêter immédiatement l’envoi
d’armes aux deux parties ainsi qu’à toutes les milices impliquées dans le conflit, et surtout pour
amener les parties en cause à une table de négociations. Plusieurs États ont alimenté le conflit armé
par l’envoi d’armes dans la région; il est urgent que la communauté internationale coopère à
l’établissement d’un embargo sur les armes et appuie sans équivoque un vrai dialogue qui est le seul
moyen d’arrêter cette horrible violence.
Une partie de la solution politique suppose qu’on envisage de déployer une force internationale
d’interposition, non armée ou minimalement armée, pour sécuriser des zones de non-violence en
Syrie et appuyer ainsi les Syriens engagés en faveur de la paix.
Pax Christi invite aussi le pape François à joindre les chefs religieux chrétiens, musulmans et ceux
des autres traditions pour réunir une délégation de croyants pour la paix qui se rendra en Syrie pour
accompagner le peuple syrien en ce temps d’extrême danger et de souffrance.
Pax Christi invite les leaders religieux - quelle que soit leur communauté d’appartenance - à employer
leur autorité morale en privé et en public pour mettre un terme à la violence ; plaider fortement pour
une solution politique à ce conflit armé ; supporter la création de zones de non-violence ; encourager
une campagne de prière et d’expression publique pour une cessation immédiate de toute violence en
Syrie.
Pax Christi International tient à exprimer sa profonde solidarité avec le peuple de Syrie.
Nous prions pour vous tous qui vivez en Syrie, pour vous qui avez dû fuir le pays, vous qui avez perdu
des êtres chers, vous qui êtes terriblement inquiets de l’avenir, et d’une manière spéciale pour vous,
courageux acteurs de paix qui avez su résister à la violence et avez recherché des changements positifs
de manière non-violente.
Bruxelles, 29 août 2013
Pax Christi International
21, Rue du Vieux Marché aux Grains
B - Bruxelles 1000
CHRONIQUES VATICANES XCV
Le Pape François décrète le 7 septembre,
jour de jeûne et de prière pour la paix en Syrie,
au Moyen-Orient et dans le monde
2013-09-01 Radio Vatican
"Que le cri de la paix s'élève avec force pour un monde de paix. Plus jamais la guerre", c'est l'appel lancé ce midi lors de l'Angélus Place Saint-Pierre par le Pape François qui a confié toute sa douleur face aux évènements en cours en Syrie. Le Pape a décidé que le 7 septembre prochain, veille de la Fête de la naissance de la Vierge Marie, serait pour l'Eglise une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Proche-Orient et dans le monde. Le Pape a aussi invité les autres confessions chrétiennes à se joindre à cette journée, et les autres religions à s'y unir par des initiatives de leur choix. Le 7 septembre, le Pape François a invité les fidèles à le rejoindre Place Saint-Pierre pour une veillée de prière de 19 heures jusqu'à minuit. Le président américain, Barack Obama, déterminé à agir contre le régime syrien, a finalement écarté une intervention à court terme, préférant consulter le Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre.
"Le dialogue est la seule voie pour la paix. Que tous déposent les armes et se laissent guider par la voix de leur propre conscience pour ne pas se replier sur leurs propres intérêts, mais pour entreprendre avec courage le chemin de la discussion et de la négociation", a déclaré le Pape dans ce très fort appel pour éviter que l'on ajoute la guerre à la guerre. "Mon coeur, a-t-il dit, est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développement dramatiques qui se profilent. " Le Pape a également condamné avec fermeté l'utilisation des armes chimiques, se disant atterré par les images qu'il a vu ces jours derniers. Il a mis en garde les hommes devant le “jugement de Dieu“.
Texte intégral du Pape en français
Chers frères et sœurs, bonjour !
Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.
Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements dramatiques qui s’annoncent.
J’adresse un appel fort pour la paix, un appel qui naît du plus profond de moi-même ! Que de souffrance, que de destruction, que de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce Pays affligé, particulièrement parmi les populations civiles et sans défense! Pensons : Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir ! Avec une fermeté particulière je condamne l’usage des armes chimiques ! Je vous dis que j’ai encore fixées dans mon esprit et dans mon cœur les terribles images de ces derniers jours ! Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence !
De toutes mes forces, je demande aux parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles. Avec la même fermeté, j’exhorte aussi la Communauté internationale à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien.
Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire.
Que pouvons-nous faire pour la paix dans le monde ? Comme le disait le Pape Jean XXIII : À tous incombe la tâche de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la justice et de l’amour (cf. Pacem in terris [11 avril 1963] : AAS (1963], pp. 301-302].
Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté ! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Église catholique, mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres Confessions, aux hommes et aux femmes de chaque Religion, ainsi qu’à ces frères et sœurs qui ne croient pas: la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité.
Je le répète à haute voix : ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie pour la paix.
Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix.
Voilà pourquoi, frères et sœurs, j’ai décidé d’organiser pour toute l’Église, le 7 septembre prochain, veille de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier, et j’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions, ainsi que les hommes de bonne volonté.
Le 7 septembre, sur la Place Saint-Pierre – ici – de 19h00 à 24h00, nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix ! Je demande à toutes les Églises particulières qui, outre le fait de vivre cette journée de jeûne, d’organiser des actions liturgiques à cette intention.
À Marie, nous demandons de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du dialogue, de la réconciliation et de l’amour. Elle est mère : qu’elle nous aide à retrouver la paix ; nous sommes tous ses enfants ! Aide-nous, Marie, à dépasser ce moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie pour nous !
Le pape demande une journée de prière
et de jeûne pour la Syrie
LA CROIX 01.09.13
Le pape François a annoncé dimanche 1er septembre que le samedi 7 septembre serait une journée de jeûne pour la paix en Syrie. Lors de l’Angélus place Saint-Pierre, il a condamné l’usage des armes chimiques et réitéré son opposition à une intervention armée.
« Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous. Plus ja mais la guerre ! » Après avoir lancé un vibrant appel en faveur de la fin du conflit syrien, lors de l’Angélus, dimanche 1er septembre, le pape François a annoncé une « journée de jeûne et de prière » pour la paix dans ce pays, au Moyen-Orient et dans le monde. Elle aura lieu samedi 7 septembre, veille de la célébration de la Nativité de Marie, « Reine de la Paix ».
De 19 heures à minuit, le pape se tiendra en prière pour la paix, place Saint-Pierre, a-t-il précisé, invitant l’ensemble des chrétiens, mais aussi les croyants d’autres religions ainsi que les non-croyants, à se joindre à cette journée, afin de former « une chaîne qui unisse toutes les femmes et les hommes de bonne volonté ».
Se disant « le cœur (…) profondément blessé par ce qui se passe en Syrie », et marqué par « les terribles images de ces derniers jours » montrant des Syriens victimes de gaz, le pape a condamné avec « une fermeté particulière » l’utilisation des armes chimiques. Il a notamment mis en garde les hommes devant le « jugement de Dieu et le jugement de l’histoire auquel on ne peut pas échapper ».
« La violence appelle la violence »
Alors que le président Hollande est déterminé à « punir » le régime de Bachar Al Assad, le pape a par ailleurs rappelé que « la guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence », et invité la communauté internationale à « promouvoir, sans plus d’hésitation, des initiatives claires (…) basées sur le dialogue et la négociation ».
Cet appel survient alors que, la veille, samedi 31 août, il avait réuni autour de lui, de manière assez inhabituelle, plusieurs proches collaborateurs dont son secrétaire d’État sortant le cardinal Tarcisio Bertone, pour parler du conflit et envisager certaines « initiatives » du Saint-Siège pour la paix en Syrie.
Jeudi déjà, après l’audience officielle avec le roi Abdallah II de Jordanie, un communiqué du Saint-Siège avait souligné que le dialogue et la négociation avec « l’appui de la communauté internationale » étaient « l’unique option » pour mettre fin au conflit.
Mardi 3 septembre, débutera d’ailleurs, à Amman, capitale jordanienne, un sommet des 70 responsables des Églises et communautés chrétiennes du Moyen-Orient sur la situation dans la région, en présence du président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal Jean-Louis Tauran.
Toujours aucune nouvelle des évêques syriens enlevés
Le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, sa Béatitude Jean X d’Antioche, a lui aussi envoyé vendredi 30 août un long appel à « tous les États concernés à se hisser, directement ou indirectement, au-dessus de leurs propres intérêts étroits et à aider à préparer en Syrie l’assise appropriée pour renforcer les fondements de la solution politique pacifique ».
Depuis le Liban, il a évoqué le sort des deux évêques syriens enlevés il y a quatre mois, Jean Ibrahim et Paul Yazigi, et appelé la communauté internationale à « une aide réelle ».
Malgré tous les efforts déployés, déplore-t-il, « nous n’avons pas réussi à avoir des informations attestées sur ce dossier “humain” ». « Nous sommes aussi très perplexes, ô combien perplexes, du caractère limité des informations recueillies à propos de cet enlèvement (…) Le silence et l’occultation vont nous rendre encore plus déterminés et insistants à demander la libération des deux évêques, et de tous les enlevés », a-t-il ajouté.
De son côté, l’Aide à l’Église en détresse a avancé sa semaine de prière annuelle, prévue initialement en octobre, pour la tenir cette semaine « pour le peuple syrien et pour la paix ».
C.H.
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1 sep. 2013
Prions pour la paix : la paix dans le monde et dans le cœur de chaque personne.
"Que le cri de la paix s'élève avec force pour un monde de paix. Plus jamais la guerre", c'est l'appel lancé ce midi lors de l'Angélus Place Saint-Pierre par le Pape François qui a confié toute sa douleur face aux évènements en cours en Syrie. Le Pape a décidé que le 7 septembre prochain, veille de la Fête de la naissance de la Vierge Marie, serait pour l'Eglise une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Proche-Orient et dans le monde. Le Pape a aussi invité les autres confessions chrétiennes à se joindre à cette journée, et les autres religions à s'y unir par des initiatives de leur choix. Le 7 septembre, le Pape François a invité les fidèles à le rejoindre Place Saint-Pierre pour une veillée de prière de 19 heures jusqu'à minuit. Le président américain, Barack Obama, déterminé à agir contre le régime syrien, a finalement écarté une intervention à court terme, préférant consulter le Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre.
"Le dialogue est la seule voie pour la paix. Que tous déposent les armes et se laissent guider par la voix de leur propre conscience pour ne pas se replier sur leurs propres intérêts, mais pour entreprendre avec courage le chemin de la discussion et de la négociation", a déclaré le Pape dans ce très fort appel pour éviter que l'on ajoute la guerre à la guerre. "Mon coeur, a-t-il dit, est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développement dramatiques qui se profilent. " Le Pape a également condamné avec fermeté l'utilisation des armes chimiques, se disant atterré par les images qu'il a vu ces jours derniers. Il a mis en garde les hommes devant le “jugement de Dieu“.
Texte intégral du Pape en français :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.
Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements dramatiques qui s’annoncent.
J’adresse un appel fort pour la paix, un appel qui naît du plus profond de moi-même ! Que de souffrance, que de destruction, que de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce Pays affligé, particulièrement parmi les populations civiles et sans défense ! Pensons : Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir ! Avec une fermeté particulière je condamne l’usage des armes chimiques ! Je vous dis que j’ai encore fixées dans mon esprit et dans mon cœur les terribles images de ces derniers jours ! Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence !
De toutes mes forces, je demande aux parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles. Avec la même fermeté, j’exhorte aussi la Communauté internationale à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien.
Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population, la possibilité de prêter l’aide nécessaire.
Que pouvons-nous faire pour la paix dans le monde ? Comme le disait le Pape Jean XXIII : À tous incombe la tâche de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la justice et de l’amour (cf. Pacem in terris [11 avril 1963] : AAS (1963], pp. 301-302].
Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté ! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Église catholique, mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres Confessions, aux hommes et aux femmes de chaque Religion, ainsi qu’à ces frères et sœurs qui ne croient pas : la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité.
Je le répète à haute voix : ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie pour la paix.
Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix.
Voilà pourquoi, frères et sœurs, j’ai décidé d’organiser pour toute l’Église, le 7 septembre prochain, veille de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier, et j’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions, ainsi que les hommes de bonne volonté.
Le 7 septembre, sur la Place Saint-Pierre – ici – de 19h00 à 24h00, nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix ! Je demande à toutes les Églises particulières qui, outre le fait de vivre cette journée de jeûne, d’organiser des actions liturgiques à cette intention.
À Marie, nous demandons de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du dialogue, de la réconciliation et de l’amour. Elle est mère : qu’elle nous aide à retrouver la paix ; nous sommes tous ses enfants ! Aide-nous, Marie, à dépasser ce moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie pour nous !
Espoirs et angoisse pour le Père Paolo Dall’Oglio
Béatrice Petit
la vie.fr le 20/08/2013
Trois semaines après sa disparition, qu’est-il advenu du jésuite engagé ?
Le 28 juillet, le Père Paolo Dall’Oglio était acclamé par la population de Raqqa, chef-lieu de la première province « libérée », située au nord est de la Syrie.
Dans son livre La rage et la lumière publié en mai, il écrivait dans un chapitre tenant lieu de testament : « La révolution pour la liberté a été traînée dans la boue d’une guerre civile entre musulmans sunnites et chiites alaouites ... La communauté musulmane n’est pas externe à ma conscience la plus intime, mais elle est bien ma chair, le corps humain à qui j’appartiens, ma communauté, mon identité. Cette guerre civile m’est insupportable. Je voudrais faire quelque chose pour l’arrêter. »
Bravant l’interdiction du régime qui l’avait expulsé en juin 2012 pour sa dénonciation des crimes massifs commis, le prêtre d’origine italienne était revenu d’Irak, pays d’implantation de sa nouvelle communauté, pour tenter des médiations et éviter l’embrasement sur de nouveaux fronts.
Les troupes de Bachar parties de la région de Raqqa, les Kurdes longtemps discriminés espéraient y mettre à profit la situation pour accomplir leur rêve d’autonomie. Mais c’était sans compter les extrémistes, liés à Al Qaeda, et leur volonté d’y imposer la loi islamique.
En avril dernier, des éléments du groupe Jabhat Al Nusra, renforcé par des milliers de nouvelles recrues, avaient fait sécession, quittant la lutte purement syrienne pour revendiquer la création d’un « Etat islamiste d’Irak et du Levant » (EIIL) dans la vallée de l’Euphrate, avec Raqqa pour capitale. A la différence du Front Al Nusra, observe le spécialiste de l’islam et politologue Thomas Pierret, EIIL combat peu le régime mais affronte les Kurdes et l’Armée Libre Syrienne. Cette dernière n’a guère eu le temps de savourer sa victoire de mars dernier puisqu’à la mi-août, dans la première grande ville passée sous son contrôle, elle a été chassée par ses alliés d’hier, tandis que ses autorités municipales étaient faites prisonnières. Une guerre fratricide !
« Je suis venu pour rencontrer la société civile et les chefs des groupes armés. Je voudrais qu’à Raqqa se fassent les premiers pas d’une réconciliation entre opposants. Je jeûne et fais le Ramadan pour demander à Dieu la grâce de l’unité pour le peuple syrien. Notre jihad (combat), c’est pour la démocratie…. Le berceau de la révolution ne doit pas devenir son tombeau », avait déclaré le prêtre à la journaliste de la chaîne de télévision arabe Al aan, présente à Raqqa.
Dans la même province, à Tal Abiad, cité frontalière à population kurde, voisine de la Turquie, de violents combats ont également opposé en juillet les anciens compagnons d’armes, l’armée libre et les islamistes de l’EIIL, faisant de nombreux prisonniers aux mains de ces derniers.
Parmi eux, Ahmad al Haj Saleh, un conseiller municipal « qui m’avait généreusement offert l’hospitalité au mois de février », expliquait le prêtre, en annonçant sa visite « dès le lendemain », soit le 29 juillet, en homme libre, chez les leaders islamistes qui avaient pris les commandes de la ville de Raqqa. « La libération de cet homme serait particulièrement symbolique, signifiant que nous travaillons main dans la main. », avait-il souligné. Depuis lors, c'est-à-dire le 29 juillet, le Père Paolo n’est plus réapparu et n’aurait donné aucun signe de vie. Par contre, Ahmad al Haj Saleh a recouvré la liberté le 11 août en vertu d’un jugement du tribunal islamique local (de Mansour).* Un signal important alors que très vite, les rumeurs de kidnapping du prêtre, suivies d’autres, plus macabres, envahissaient la toile.
A la population manifestant à plusieurs reprises devant le siège de l’EIIL à Raqqa pour réclamer sa libération, il aurait été répondu que Paolo Dall’Oglio était leur « hôte ».
Mais un hôte de plus en plus obligé, détenu, semble-t-il. Car juste avant la rencontre annoncée pour le 29 juillet avec les leaders islamistes, le prêtre avait dit à des proches de ne pas s’alarmer avant trois jours s’ils n’avaient pas de signe de sa part. Ce délai est largement dépassé. Déjà 3 semaines ! L’inquiétude monte… « Nous sommes à une heure de Gethsémani », confiait un ami du prêtre, face à l’incertitude et au risque du sacrifice assumé.
Le 14 août, l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé en Grande-Bretagne, a relayé l’annonce de sa mort dans la prison de l’EIIL. Ce qu’a démenti dès le lendemain, la Coalition Nationale Syrienne (CNS) dans un communiqué : « les nouvelles en provenance de Raqqa indiquent que Paolo Dall’Oglio est vivant. Sa localisation reste toutefois inconnue ».
Georges Sabra, responsable de la CNS, a ajouté que Lama al-Atasi, l’un des auteurs de l’annonce du décès, se prétendant leur représentante, n’était pas membre de son groupe.
A son tour, la ministre italienne des Affaires Etrangères, Emma Bonino a déclaré « La mort du prêtre n’est pas confirmée ».
De source fiable, il nous vient que deux canaux de communication au moins ont été ouverts avec le groupe qui retiendrait le prêtre, et que celui-ci était toujours vivant aux dernières nouvelles, datant du 19 août. Sans pouvoir en dévoiler davantage, il y a aussi, et de divers côtés, des indicateurs sérieux en ce sens.
Le Réseau Voltaire, dirigé par Thierry Meyssan, qui a reconnu être l’un des conseillers du Président Bachar El Assad, a publié le 16 août un article intitulé « le père Paolo Dall’Oglio (s.j.) a été exécuté par d’autres "révolutionnaires" » en Syrie, soulignant non sans un malin plaisir, qu’il s’agissait de ses « frères » de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Ils n’ont pas été les seuls à relayer le message de l’Observatoire Syrien, infondé, semble-t-il, du moins à la date de publication.
Pour Thomas Pierret, « ce n’est pas exclu. Sous l’occupation américaine en Irak, Al Qaeda a travaillé avec les services secrets syriens. C’est un milieu que le régime Assad connait bien, il serait bien bête de ne pas y avoir laissé quelques taupes. D’ailleurs, ses services l’ont déjà fait et ont tout intérêt à le faire. Officiellement, Damas est passée (d’une répression de la révolution) à une guerre contre "les terroristes". C’est mieux pour la communication ! ».
« Du reste, poursuit l’islamologue, le Père Paolo soutient ouvertement l’opposition. Ce serait tout bénéfice pour le régime s’il était exécuté "par les islamistes" ».
Pour les deux évêques – Yohanna Ibrahim et Paul Yazigi- disparus en avril, même scénario avec le bruit courant d’une exécution, par « les soldats du Califat », une organisation islamiste, affiliée à l’EIIL, « extrêmement douteuse, avec des Tchétchènes au comportement bizarre », selon Thomas Pierret. Mais voici peu, le métropolite grec orthodoxe de ce qu’on appelle « la vallée des chrétiens » en Syrie a déclaré qu’ils étaient toujours en vie. Michel Kilo, le célèbre opposant syrien, n’a pas hésité à affirmer que les prélats auraient été enlevés par les services du régime.
Quant aux journalistes français enlevés en juin, Didier François et Edouard Elias, Thomas Pierret évoque le « ciblage délibéré des étrangers afin de donner un signal dissuasif à ceux qui voudraient se rendre en Syrie. Le régime peut aussi utiliser des groupes crapuleux : l’argent n’a pas de couleur », commente l’analyste.
Quoi qu’il en soit, tout est possible dans ce pays où les mensonges pleuvent autant que les balles, sans être l’apanage d’un seul camp !
Paolo Dall’Oglio était conscient du danger de sa démarche – pour faire relâcher les otages et négocier une pacification – auprès de ceux qui administrent désormais la ville sous le régime de la charia.
D’une façon presque christique, le religieux disait depuis le début de la révolution vouloir prendre sur lui toute la souffrance des Syriens.
Sans nul doute y avait-il, y a-t-il aussi chez lui le désir d’« une rencontre de courtoisie, de reconnaissance réciproque »**, telle que vécue par le poverello d’Assise chez le sultan musulman, en pleine guerre des croisés.
Mission impossible ?