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Trappes : radiographie d'une émeute Publié le Samedi 17 Août 2013 à 14:06:01

Trappes : radiographie d'une émeute

LE MONDE | 16.08.2013 à 10h44 • | Par Elise Vincent

 

 Il y a un mois, dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet, une brutale poussée de violence a tenu éveillé le quartier défavorisé des Merisiers, à Trappes (Yvelines). A l'origine, un contrôle d'identité qui tourne mal, la veille. Celui de Cassandra, une jeune femme de 21 ans portant le voile intégral. "On n'est pas à Kaboul !", lui aurait lâché un policier. Son mari, Mickael, 20 ans, s'est interposé. Il est soupçonné d'avoir tenté d'étrangler un des fonctionnaires et a été placé en garde à vue.

Comme dans d'autres cités, aux Merisiers, les relations entre jeunes et forces de l'ordre sont loin d'être au beau fixe. Mais, de l'avis des habitants, de la police et des élus, un élément inédit a cette fois participé à l'engrenage qui a conduit aux deux nuits de heurts: une solidarité religieuse, ingrédient absent des violences urbaines qui ont marqué ces dernières années.

Lors de la vague d'émeutes en banlieue de 2005, partie de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les violences avaient été déclenchées par la mort de deux adolescents alors qu'ils tentaient d'échapper à un contrôle par les forces de l'ordre.

Huit ans plus tard, à Trappes, la situation est différente. Le quartier des Merisiers n'est pas le plus difficile des Yvelines. Grâce à une zone d'activité à proximité, le taux de chômage y est de 17 % quand il atteint 25 % dans la commune voisine de Chanteloup-les-Vignes. La rénovation urbaine – qui a coûté 350 millions d'euros – est globalement réussie. De jolis immeubles résidentiels et des rues arborées ont remplacé la plupart des barres.

 

"IL SE DISAIT QU'IL Y AVAIT EU UNE BAVURE"

C'est donc bien suite au contrôle de Cassandra que les événements s'emballent, ce 19 juillet. Notamment parce que beaucoup de jeunes issus de familles maghrébines et subsahariennes s'estiment victimes d'un phénomène qui, à leurs yeux, grandit : l'islamophobie.

Le mot circule d'autant plus vite que Cassandra est une forte tête. Convertie à l'islam depuis ses 15 ans, elle a été relâchée la veille par la police, car elle allaite son bébé. Furieuse de la façon dont le contrôle d'identité a dérapé et des accusations portées contre son mari, elle a alerté les responsables de la mosquée.

Dès le jeudi soir, "il se disait qu'il y avait eu une bavure de la police contre une femme voilée", raconte Samba Doucouré, un habitant. "Or, quand j'entends qu'un semblable a eu des ennuis à cause de son appartenance religieuse, ça ne me laisse pas indifférent", justifie ce grand gaillard d'une trentaine d'années, connu dans tout Trappes pour être chargé de l'accueil au service logement de la mairie.

Déjà le 14 juillet, dans la même ville, une femme voilée du même âge que Cassandra a été prise à partie par deux hommes, qui l'ont menacée d'un couteau. Quelques semaines plus tôt, à Argenteuil (Val-d'Oise), une affaire a aussi beaucoup agité la blogosphère musulmane : un contrôle d'une femme portant le niqab a opposé une dizaine de personnes à des policiers.

 

LA PRATIQUE RIGORISTE DE L'ISLAM "CRÉE UNE COHÉSION"

A Trappes, le contexte est aussi particulier. L'association qui tient la mosquée et regroupe le plus de fidèles est l'Union des musulmans (UMT). Selon un rapport de police rédigé deux semaines après les faits, son président, Bechir Lassoued, "se rattache à une pratique de l'islam salafiste" – une interprétation littérale et ultraorthodoxe, qui en France reste très majoritairement opposée au djihad armé. Cette pratique rigoriste a particulièrement progressé chez les jeunes de Trappes, depuis dix ans, et "elle crée une cohésion", selon un responsable de l'association Médianes, impliquée dans la prévention de la délinquance.

Samba Doucouré est un de ces jeunes pratiquants. Après la prière à la mosquée, ce vendredi 19 juillet, où l'histoire de Cassandra a circulé à toute vitesse, il fait partie du premier groupe d'une vingtaine de personnes qui se rend au commissariat pour en savoir plus sur le sort de Mickael, le mari de Cassandra. Selon lui, il est accompagné de "mamans", dont celle de Cassandra qui veut déposer plainte. "Sortez. Si vous refusez, ça va très mal se passer", est la seule réponse qu'ils obtiennent au commissariat.

Une source du ministère de l'intérieur fait un récit différent. On dit s'être plutôt retrouvé face à un groupe de personnes toutes fichées pour leur "salafisme déclaré" et dont "la moitié" était connue des services de police pour des délits divers. Ce qui, selon cette source, "a refroidi les agents". Le groupe aurait alors menacé en sortant : "La communauté va réagir..."

La tension ne se relâchera plus. Des renforts de police sont appelés. Vers 17 heures, le président de l'UMT et un autre responsable de la mosquée se rendent au commissariat pour calmer le jeu. Mais eux aussi sont éconduits. Des SMS appelant à un nouveau rassemblement à 20 h 30 commencent à circuler.

Comme d'autres habitants, M. Doucouré en a reçu plusieurs. Selon le ministère de l'intérieur, l'un des initiateurs de ces SMS est un "agitateur connu comme le loup blanc et salafiste déclaré". D'autres témoins assurent que certains responsables de la mosquée ont relayé ces SMS.

 

UN DÉRAPAGE PRESQUE INÉVITABLE

Il n'y a toutefois aucun appel direct à la violence. "Mais le ton est virulent", estime-t-on au ministère. Quelque 150 personnes se retrouvent le soir, devant le commissariat. Parmi elles, des habitants de Trappes mais aussi des personnes venues d'autres communes d'Ile-de-France, très impliquées dans la "cause identitaire" musulmane selon l'intérieur.

Alors que la tension est à son comble et que la foule fait face à une rangée de policiers en tenue antiémeute, un officier demande à parler avec les manifestants, selon des témoins. Trois hommes s'approchent. Mais à cet instant, un policier à cran insulte des jeunes vêtus du kamis, la tenue traditionnelle. Un mortier de feu d'artifice fuse alors, atterrissant aux pieds des forces de l'ordre.

Pour beaucoup d'habitants des Merisiers, les heurts de cette nuit-là sont le fruit d'un dérapage presque inévitable. De nombreux jeunes cherchent "toujours un prétexte" pour s'en prendre à la police. A contrario, selon le rapport de la police, juste avant les hostilités, "des armes de poing ont été exhibées" et ces émeutes "n'avaient rien de spontané".

Depuis le 13 août, une nouvelle affaire émeut la communauté musulmane de Trappes : une adolescente voilée a déposé plainte pour une agression dont elle aurait été victime en raison de son appartenance religieuse. Cette fois-ci, M. Lassoued a pu s'entretenir dès le lendemain avec le commissaire. Quinze enquêteurs ont été chargés de faire la lumière sur ce dossier avant la prière de ce vendredi 16 août. Une "marche de femmes" devait avoir lieu ce vendredi à 15 heures au départ de la mosquée. L'une de ses revendications : l'abrogation de la loi qui interdit le port du voile intégral dans l'espace public.

 

Contre l'islamophobie,

des collectifs en " concurrence "

Questions à... Haoues Seniguer, enseignant à l'IEP de Lyon et chercheur spécialiste de l'islam

Comment comprendre ce qui est arrivé à Trappes ?

Il ne faudrait pas surinterpréter la grille de lecture communautaire. Ce qui s'est passé est à l'intersection de plein de choses. Il y a beaucoup de jeunes qui n'attendaient qu'une étincelle pour se défouler. Mais il est vrai qu'à l'échelon local de Trappes, on a aussi assisté à une convergence de personnes autour d'une cause religieuse. Il ne faut pas faire d'angélisme : il existe, en France, des personnes sectaires au point de se lancer dans un bras de fer sur certains sujets.

A Trappes, cela a concerné le voile intégral. Toutefois, même si cela peut apparaître contradictoire, ces personnes réclamaient en même temps des choses très modernes et profanes, si l'on prend en compte la perception qu'elles pouvaient alors avoir du contrôle d'identité de Cassandra : la justice sociale et l'égalité dans l'attitude des fonctionnaires.

On a vu aussi des leaders musulmans se poser en médiateurs visibles, ce qui est assez rare. A quoi est-ce dû ?

Depuis toujours, les responsables religieux sont des interlocuteurs importants dans les quartiers. Un certain nombre d'entre eux estiment qu'en faisant du prosélytisme auprès des jeunes en déshérence, on peut les arracher à la rue. Cela fonctionne relativement bien dans un contexte de déficit d'emprise des pouvoirs publics. Mais, en même temps, vous avez toujours des sensibilités différentes dans les mosquées. Souvent, ce sont les adeptes du mouvement traditionaliste du Tabligh qui, par leur habitude de la prédication hors des lieux de culte, ramènent les jeunes.

Ensuite, ce sont régulièrement les salafistes, qui font les prêches en semaine, qui les prennent en main. Or, les salafistes ont pris de l'importance dans de nombreuses mosquées en France, ces dernières années, car ils proposent une radicalité qui redynamise les jeunes dans leur estime de soi.

Y a-t-il eu des groupes, selon vous, qui ont tenté de récupérer les événements de Trappes ?

Oui. On l'a vu, par exemple, avec le récit fait des violences par le site Islam et info. On l'a vu aussi avec le Collectif contre l'islamophobie en France - CCIF - , dont certains membres sont proches de l'idéologie très conservatrice des Frères musulmans. Le CCIF, qui a été appelé par la mosquée de Trappes, s'est fait une spécialité d'apporter un soutien juridique aux victimes d'insultes ou d'agressions en raison de l'appartenance religieuse. En tentant de centraliser la comptabilité des agressions ou des contrôles de femmes voilées intégralement qui dérapent, le CCIF oblige les autorités à se positionner.

Que faut-il en déduire ?

Il y a une concurrence larvée entre différentes organisations pour le monopole de la parole légitime sur " l'islamophobie ". C'était flagrant à Argenteuil, mi-juin, où des femmes voilées ont dénoncé des violences à leur égard, dont une dans le cadre d'un contrôle d'identité. Sur ces faits-là, c'est la Coordination contre le racisme et l'islamophobie - CRI - qui est arrivée la première. A la différence du CCIF, le CRI est issu des luttes sociales et de l'extrême gauche. La rivalité à laquelle se livrent ces mouvements accentue malgré eux l'illisibilité de la lutte contre les actes antimusulmans.

Propos recueillis par E. V.

Grâce à la Toile,

des médias musulmans en plein essor

EN PLUS DE L'EXISTENCE d'une solidarité religieuse, les événements de Trappes ont acté l'essor des médias communautaires musulmans, qui se sont avérés les mieux informés et les plus suivis. A l'image d'Al-Kanz, un site qui s'est retrouvé propulsé au 12e rang des applications d'information les plus téléchargées chez Apple.

Un autre site, plus engagé et dirigé par des militants - dont certains sont proches de l'essayiste antisioniste Alain Soral - a vu son audience exploser : Islam et info. L'un de ses animateurs, Elias d'Imzalène, a " fait le buzz " grâce à une vidéo consultée près de 700 000 fois sur YouTube et intitulée " Trappes, la contre-enquête, les médias vous mentent ". Tournée la première nuit des émeutes, sur fond de bruit d'hélicoptère, elle livre le témoignage de Samba Doucouré, un des acteurs clé des événements.

Ce film de quinze minutes a été tourné avec des moyens professionnels et coproduit avec un autre site créé il y a environ un an, Islamotion, dont l'un des membres a sa propre société audiovisuelle. " On se définit comme des journalistes reporters d'images, explique Saber, 34 ans, son cofondateur, ingénieur de métier. On s'est rendu compte que les gens étaient mal informés, alors soit on restait les bras croisés en disant qu'en parlait mal de nous - les musulmans>, soit on agissait. "

C'est un partenariat plus improbable avec Islam et info qui a permis à La Locale, une toute petite chaîne de télévision, de faire parler d'elle. Depuis sa création en 1999, cette chaîne diffusée sur l'ADSL se veut l'antenne des " minorités visibles ". Son président, Jacques-Elie Chabert, affirme travailler par " niche " : " la niche juive, la niche black, etc. " Peu avant les violences, il s'était laissé convaincre de développer un programme pour la " niche musulmans " dans l'espoir d'attirer des annonceurs, notamment de produits halal.

Interview très préparée

C'est dans ce programme, intitulé " Ramadan ", lors d'une interview minutieusement préparée, que Mickael, le mari de Cassandra, a témoigné, le 23 juillet, aux côtés de Samba Doucouré. L'émission a été lancée à l'occasion du mois de ramadan et a été diffusée chaque soir à l'heure de la rupture du jeûne.

Celui qui a permis d'obtenir l'exclusivité de l'interview est M'Hammed Henniche, président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), influente dans les affaires de culte en France. A La Locale, M. Henniche est estampillé " conseiller pour la communauté musulmane ". Or, comme d'autres, il a senti que quelque chose d'important se jouait à Trappes et s'est dit qu'offrir de la visibilité médiatique à Islam et info ne pourrait que servir son propre militantisme.

E. V.

 

© Le Monde 17/08/13

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L'islam est-il réformable ? Publié le Samedi 17 Août 2013 à 14:03:51

 

 

Selon l'Histoire et la nature humaine, c'est possible.

par Daniel Pipes

CommentaryJuillet/août 2013

http://fr.danielpipes.org/13266/islam-reformable

Version originale anglaise: Can Islam Be Reformed?

Adaptation française: Johan Bourlard


Soyez le premier de vos amis à indiquer que vous aimez ça.

Actuellement, l'islam représente une force rétrograde, agressive et violente. Doit-il demeurer comme tel ou peut-il être réformé pour devenir modéré, moderne et accommodant ? Les autorités islamiques peuvent-elles formuler une conception de leur religion qui accorde des droits à part entière aux femmes et aux non-musulmans ainsi que la liberté de conscience aux musulmans, une conception qui accepte les principes de base de la finance et de la jurisprudence modernes et qui ne cherche ni à imposer la charia ni à établir un califat ?

Non, selon un nombre croissant d'analystes qui pensent que la foi musulmane ne peut pas s'adapter, que ces traits sont inhérents à l'islam et en forment le visage immuable. À la question de savoir si elle est d'accord quand je dis que « l'islam radical est le problème mais l'islam modéré est la solution », l'écrivain Ayaan Hirsi Ali répond : « Je suis désolée mais il se trompe. » Elle et moi, qui combattons dans la même tranchée pour les mêmes objectifs et contre les mêmes opposants, sommes en désaccord sur ce point essentiel.

Mon argumentation s'articule en deux parties. Je pense d'une part, que la position essentialiste partagée par beaucoup d'analystes est fausse et, d'autre part, qu'un islam réformé peut voir le jour.

Argumenter contre l'essentialisme

Déclarer que l'islam ne peut jamais changer revient à affirmer que le Coran et le Hadith, qui constituent le cour de la religion islamique, doivent toujours être compris de la même manière. Or défendre cette position revient à reconnaître son caractère erroné car rien de ce qui est humain ne demeure pour toujours. Tout, même la lecture des textes sacrés, change avec le temps. Toute chose a une histoire et toute chose connaît un avenir différent de son passé.

Faire abstraction de la nature humaine et ignorer plus d'un millénaire de changements concrets dans l'interprétation du Coran : ce n'est qu'à ce prix qu'on peut proclamer que le Coran a toujours été compris de la même façon à travers les âges. Des changements se sont produits dans des domaines comme le djihad, l'esclavage, l'usure, le principe du « pas de contrainte en religion », ainsi que le rôle de la femme. De plus, les nombreux interprètes importants de l'islam depuis 1400 ans -- pensons à al-Chafi'i, al-Ghazali, Ibn Taymiya, Roumi, Shah Waliullah et Rouhollah Khomeini -- étaient en profond désaccord les uns avec les autres sur la teneur du message de l'islam.

Le Coran et le Hadith ont beau occuper une place centrale dans l'islam et le monde musulman, ils n'en expriment pas pour autant la totalité. L'expérience accumulée par les peuples musulmans, du Maroc à l'Indonésie et au-delà, n'est pas sans importance. Se focaliser sur les seuls textes sacrés de l'islam revient à appréhender les États-Unis à la lumière de la seule Constitution. Ignorer l'histoire du pays conduirait à une perception tronquée de celui-ci.

En d'autres termes, alors que la civilisation islamique médiévale excellait, les musulmans d'aujourd'hui sont à la traîne dans pratiquement tous les classements. Toutefois, si les choses peuvent empirer, elles peuvent aussi s'améliorer. De la même manière, dans ma carrière, j'ai été témoin de l'essor de l'islamisme depuis ses débuts très modestes, au moment où je commençais à étudier dans ce domaine en 1969, jusqu'au pouvoir énorme dont il jouit actuellement. Par conséquent, si l'islamisme peut croître, il peut aussi décliner.

Comment cela pourrait-il arriver ?

La synthèse médiévale

La clé de compréhension du rôle joué par l'islam dans la vie publique réside dans la charia et les nombreuses exigences intenables que celle-ci impose aux musulmans. Gouverner au moyen des taxes minimales permises par la charia s'est révélé insoutenable. Comment gérer un système financier sans demander des intérêts ? Un système pénal qui exige quatre hommes comme témoins oculaires d'un flagrant délit d'adultère est impossible dans la pratique. L'interdiction imposée par la charia de faire la guerre à d'autres musulmans est tout aussi impossible à respecter. Environ trois quarts des conflits entrepris par des musulmans ont en effet été dirigés contre d'autres musulmans. De la même façon, l'accent mis sur le djihad perpétuel contre les non-musulmans est un impératif bien trop sévère.

Pour contourner ces exigences et d'autres tout aussi irréalistes, des musulmans au Moyen Âge ont mis au point certains artifices juridiques permettant l'assouplissement de certaines dispositions sans violer directement ces obligations. Les juristes ont ainsi élaboré le concept du hiyal (stratagèmes) et d'autres moyens permettant l'accomplissement de la lettre de la loi tout en en rejetant l'esprit. À titre d'exemple, divers mécanismes ont été mis en place afin de vivre en harmonie avec des États non-musulmans alors que des guerres menées contre des coreligionnaires musulmans ont été renommées djihad. Par ailleurs, il existe aussi le système de la double vente (bay al-înah) d'un bien qui permet à l'acheteur de payer un intérêt déguisé.

Le compromis ainsi atteint entre la charia et la réalité est ce que j'ai appelé dans mon livre In the Path of God (1983) la « synthèse médiévale » de l'islam. Cette synthèse a traduit en un système viable ce corps abstrait de l'islam fait d'exigences irréalisables. En termes pratiques, elle a atténué la charia pour en faire un code de loi opérationnel. La charia pourra désormais être suffisamment bien appliquée sans que les musulmans soient soumis à ses exigences les plus strictes. Dans son livre Marriage and Slavery in Early Islam [Mariage et esclavage dans l'Islam primitif], dans lequel sont cités d'autres spécialistes, Kecia Ali, de l'Université de Boston, note le contraste flagrant qui existe entre la formulation de la loi et son application :

L'une des façons dont les études juridiques ont procédé a été de « comparer la doctrine avec la pratique réelle des tribunaux. » Comme l'observe un spécialiste à propos des textes sacrés et légaux, « les modèles sociaux contrastaient grandement avec l'image 'officielle' présentée par ces sources 'formelles'. » Les études mettent souvent en parallèles des décisions de justice conciliantes et relativement équitables avec une tradition textuelle ou une jurisprudence indistinctement et parfois rigoureusement patriarcales. Cela nous prouve « la flexibilité d'une loi islamique souvent dépeinte comme stagnante et draconienne. »

Alors que la synthèse médiévale a fonctionné pendant des siècles, elle n'a jamais surmonté une faiblesse fondamentale à savoir qu'elle ne s'enracine pas dans les textes fondateurs et constitutifs de l'islam et qu'elle n'en dérive pas non plus. Basée sur des compromis et des demi-mesures, elle a toujours prêté le flanc à la critique des puristes. L'histoire de l'islam présente en effet nombre de ces contestations, dont le mouvement almohade dans l'Afrique du Nord du XIIe siècle et le mouvement wahhabite dans l'Arabie du XVIIIe siècle. À chaque fois, les efforts des puristes ont fini par échouer face à une synthèse médiévale qui ne s'est jamais réaffirmée que pour être à nouveau contestée par d'autres puristes. Cette alternance entre pragmatisme et purisme qui caractérise l'histoire de l'islam contribue à son instabilité.

Le défi de la modernité

La solution pratique qu'offrait la synthèse médiévale s'est effondrée face à la modernité imposée par les Européens, qu'on fait remonter traditionnellement à l'expédition de Bonaparte en Égypte en 1798. Depuis deux siècles ce défi a poussé la plupart des musulmans dans des directions opposées, allant de l'occidentalisation à l'islamisation.

Les musulmans, impressionnés par les réalisations des Occidentaux, ont cherché à réduire le rôle de la charia et à la rendre conforme, à la manière occidentale, à des principes tels que l'absence de religion d'État et l'égalité des droits pour les femmes et les non-musulmans. Le fondateur de la Turquie moderne, Kemal Atatürk (1881-1938), symbolise cet effort qui jusqu'à environ 1970, apparaissait comme la destinée du monde musulman, la résistance à l'occidentalisation étant alors perçue comme un combat d'arrière-garde futile.

Mais cette résistance s'est révélée profonde et a finalement triomphé. Les quelques successeurs d'Atatürk ont vécu et sa République de Turquie est en train de retourner à la charia. Comme on a pu le voir, l'occidentalisation s'est révélée moins forte qu'elle ne l'était vraiment car elle tendait à attirer des élites bien visibles et sachant se faire entendre alors que les masses restaient à la traîne. À partir de 1930 environ, les éléments réactionnaires ont commencé à s'organiser et à élaborer un vrai programme, particulièrement en Algérie, en Égypte, en Iran et en Inde. Rejetant l'occidentalisation et toutes ses ouvres, ils militaient en faveur d'une application de la charia qu'ils imaginaient aussi intégrale et rigoureuse qu'aux premiers jours de l'islam.

Même s'ils rejetaient l'Occident, ces mouvements -- qu'on a appelés islamistes -- se sont modelés sur les idéologies totalitaires naissantes de l'époque, le fascisme et le communisme. Les islamistes ont emprunté à ces idéologies de nombreuses thèses telles que la supériorité de l'État sur l'individu, le recours à la force brutale et le besoin d'une confrontation démesurée avec la civilisation occidentale. Ils ont aussi emprunté allègrement la technologie occidentale, spécialement dans le domaine militaire et médical.

Par un travail créatif de longue haleine, les forces islamistes ont peu à peu gagné en force durant le demi-siècle suivant pour finalement être propulsées à l'avant-scène du pouvoir avec la Révolution iranienne (1978-1979) dirigée par l'anti-Atatürk, l'ayatollah Khomeini (1902-1989). Cet événement dramatique et son essai transformé de création d'un ordre islamique ont largement inspiré les islamistes qui, dans les 35 années qui ont suivi, ont fait des progrès importants, transformant les sociétés et appliquant la charia dans des proportions nouvelles et extrêmes. En Iran, par exemple, le régime chiite a fait pendre des homosexuels à des grues et forcé des Iraniens vêtus à l'occidentale à boire l'eau des latrines. En Afghanistan, le régime des Talibans a mis le feu à des écoles de filles et à des magasins de disques. L'influence des islamistes a atteint même l'Occident où l'on trouve un nombre croissant de femmes portant le hijab, le niqab et la burqa.

Même s'il a été créé comme modèle totalitaire, l'islamisme a montré une faculté d'adaptation tactique beaucoup plus grande que le fascisme et le communisme. Alors que ces deux derniers sont rarement parvenus à dépasser le stade de la violence et de la coercition, l'islamisme, emmené par des personnalités comme le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan (1954-) et son Parti de la Justice et du Développement (AKP), ont expérimenté des formes non-révolutionnaires de l'islamisme. Depuis son accession légitime au pouvoir lors d'élections en 2002, l'AKP a peu à peu sapé la laïcité turque avec une habileté remarquable en agissant au sein même des structures démocratiques établies dans le pays, en pratiquant la bonne gouvernance et en s'abstenant de provoquer la colère de l'armée, gardienne historique de la laïcité turque.

À l'heure actuelle les islamistes sont en marche mais leur ascension est récente et n'offre aucune garantie de longévité. Comme d'autres idéologies utopistes, l'islamisme perdra effectivement son attrait et son pouvoir déclinera. Les révoltes de 2009 en Iran et 2013 en Égypte contre les régimes islamistes en place sont un indicateur de cette tendance.

Vers une synthèse moderne

Pour vaincre l'islamisme, les musulmans anti-islamistes doivent développer une autre vision de l'islam et une autre explication de ce que signifie être un musulman. C'est à ce titre qu'ils peuvent s'inspirer du passé, particulièrement de la période 1850-1950, riche en tentatives de réforme, pour élaborer une « synthèse moderne » comparable au modèle médiéval. Cette synthèse opérerait un choix parmi les préceptes de la charia en vue de rendre l'islam compatible avec les valeurs modernes. Elle accepterait, entre autres progrès, l'égalité des sexes, la coexistence pacifique avec les incroyants, et rejetterait l'idée du califat universel.

Dans ce cas-ci, il est utile de comparer l'islam aux deux autres grandes religions monothéistes. Il y a cinq cents ans, les juifs, les chrétiens et les musulmans étaient tous largement d'accord sur le caractère acceptable du travail forcé et sur le côté inacceptable du paiement d'un intérêt sur de l'argent. Finalement, après des débats longs et acharnés, les juifs et les chrétiens ont changé leur position sur ces deux sujets. Aujourd'hui, aucune voix parmi les juifs et les chrétiens ne s'élève pour approuver l'esclavage ou pour condamner le paiement d'un intérêt raisonnable sur un prêt.

Par contre, ces débats entre musulmans ne font que commencer. Même s'il a été interdit au Qatar en 1952, en Arabie Saoudite en 1962 et en Mauritanie en 1980, l'esclavage existe toujours dans ces pays et dans d'autres à majorité musulmane (particulièrement au Soudan et au Pakistan). Certaines autorités islamiques vont jusqu'à déclarer qu'un musulman pieux doit approuver l'esclavage. Des institutions financières très importantes qui pèseraient pas moins de mille milliards de dollars ont mis au point ces quarante dernières années un système permettant à des musulmans pratiquants d'éviter en apparence le versement ou la perception d'un intérêt sur de l'argent (« en apparence » puisque les banques islamiques cachent à peine l'intérêt par des subterfuges tels que des frais de service).

Les musulmans réformateurs doivent faire mieux que leurs prédécesseurs du Moyen Âge et fonder leur interprétation aussi bien dans les textes sacrés que dans les sensibilités de l'époque. Pour que les musulmans modernisent leur religion, ils doivent imiter leurs homologues monothéistes et adapter leur religion par rapport à l'esclavage, au prêt à intérêt, à la condition de la femme, au droit de quitter l'islam, à la procédure légale et à bien d'autres choses. L'émergence d'un islam réformé et moderne ne permettra plus les droits inégaux de la femme, le statut du dhimmi, le djihad, les actes terroristes suicidaires, et n'exigera plus la peine de mort pour l'adultère, les atteintes à l'honneur familial, le blasphème et l'apostasie.

Dans ce siècle commençant, on peut déjà distinguer quelques signes positifs allant dans cette direction. Observons quelques faits nouveaux concernant les femmes :

·         En Arabie Saoudite, le Conseil de la Choura a répondu à l'indignation croissante de l'opinion publique à propos de mariages d'enfants en relevant l'âge de la majorité à 18 ans. Même si cette mesure ne signifie pas la fin des mariages d'enfants, elle va dans le sens d'une abolition de cette pratique.

·         Des clercs turcs ont accepté de laisser des femmes réglées aller à la mosquée et prier à côté des hommes.

·         Le gouvernement iranien a pratiquement interdit la lapidation des personnes convaincues d'adultère.

·         En Iran, les femmes ont acquis de nouveaux droits dans la poursuite de leur mari en justice pour cause de divorce.

·         En Égypte, une assemblée de savants musulmans a condamné la clitoridectomie comme une pratique contraire à l'islam et comme un fait punissable.

·         En Inde, une institution islamique de premier plan, Darul Uloom Deoband, a émis une fatwa contre la polygamie.

On peut également observer d'autres faits nouveaux qui ne concernent pas spécialement les femmes :

·         Le gouvernement saoudien a aboli la djizya (impôt de capitation imposé aux non-musulmans).

·         Un tribunal iranien a ordonné que la famille d'un chrétien assassiné reçoive la même compensation qu'une victime musulmane.

·         Un colloque de spécialistes réunis à l'Académie islamique internationale du fiqh de Sharjah, s'est mis à débattre, pour le contester, de l'appel au meurtre des apostats.

Pendant tout ce temps, des réformateurs émettent à titre individuel toute une série d'idées qui, si elles ne sont pas encore adoptées, ont au moins le mérite de stimuler la pensée. À titre d'exemple, Nadin al-Badir, journaliste saoudienne, suggère de façon provocante que les femmes musulmanes aient le droit, comme les hommes, de prendre jusqu'à quatre époux. Elle a provoqué un tollé et reçu des menaces de procès et de dénonciations enflammées. Toutefois elle a suscité un débat nécessaire qui, il fut un temps, était inimaginable.

À l'instar de son précurseur médiéval, la synthèse moderne demeure vulnérable face aux attaques lancées par les puristes qui peuvent renvoyer à l'exemple de Mahomet et insister sur le fait de ne pas en dévier. Mais après avoir vu les ouvres de l'islamisme, violent ou non, on peut espérer que les musulmans rejetteront l'idée du rétablissement d'un ordre moyenâgeux et seront ouverts au compromis avec la modernité. L'islam ne correspond pas nécessairement à une mentalité rétrograde et figée car il est ce qu'en font les musulmans d'aujourd'hui.

Implications politiques

Que peuvent faire pour se rapprocher de leur objectif, ceux, musulmans aussi bien que non-musulmans, qui s'opposent à la charia, au califat et aux horreurs du djihad ?

Pour les musulmans anti-islamistes, le grand défi est de développer non seulement une vision différente de celle des islamistes mais aussi une alternative sociale et politique à l'islamisme. Si les islamistes ont atteint un tel degré de pouvoir et d'influence c'est grâce au dévouement, au travail acharné, à la générosité et au désintéressement. Les anti-islamistes devront également travailler dur, probablement pendant des décennies, pour élaborer et ensuite diffuser une idéologie aussi cohérente et contraignante que celle des islamistes. Dans ce processus, les spécialistes dans l'interprétation des textes sacrés et les meneurs capables de mobiliser les foules occuperont un rôle essentiel.

Quant aux non-musulmans, ils peuvent contribuer à faire progresser un islam moderne de deux façons. En premier lieu, en résistant à toute forme d'islamisme -- non seulement l'extrémisme brutal façon Oussama Ben Laden mais aussi les mouvements politiques qui agissent à pas feutrés et en toute légalité comme l'AKP turc. Erdogan est moins terrible que Ben Laden, mais il est plus efficace et non moins dangereux. Quiconque estime la liberté d'expression, l'égalité devant la loi et d'autres droits humains contestés en tout ou en partie par la charia, doit contrecarrer sans faiblir le moindre soubresaut islamiste.

En second lieu, les non-musulmans devraient soutenir les anti-islamistes modérés tournés vers l'Occident. Actuellement, ces personnes sont faibles, éparpillées et font face à une tâche impressionnante. Cependant elles existent bel et bien et représentent le seul espoir de vaincre le péril que sont le djihad planétaire et la suprématie islamiste, et de lui substituer un islam qui ne constitue pas une menace pour la civilisation.

Thèmes connexes: Histoire, Islam

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Article WIKIPEDIA

Daniel Pipes, né le 9 septembre 1949 à Boston dans le Massachusetts, aux États-Unis est un journaliste américain.

Spécialisé dans l'analyse de la politique internationale et de l'antiterrorisme, Daniel Pipes est un journaliste et ancien universitaire, aujourd'hui figure médiatique du courant néoconservateur américain.

Daniel Pipes est le fils aîné de Richard Pipes. Celui-ci, Juif polonais réfugié d’Europe avec son épouse au début de la Seconde Guerre mondiale et devenu professeur d'histoire de la Russie à l'université d'Harvard, se fit connaître comme un soviétologue affilié au Parti républicain et soutenant des positions radicales vis-à-vis du communisme durant la guerre froide.

Daniel Pipes souhaitait devenir mathématicien mais, après sa deuxième année à Harvard, il décida d’étudier l’histoire islamique, pour laquelle il avait développé un intérêt à la suite de voyages au Sahara et au Sinaï.

Après ses études, il passa deux ans à apprendre l’arabe au Caire puis il retourna à l'université de Harvard située à Cambridge pour décrocher son doctorat en histoire islamique médiévale juste au moment où l’ayatollah Khomeini lançait la révolution iranienne, ce qui l'incita à se concentrer non plus sur l’islam médiéval, mais sur sa présence moderne.

Au début des années 1980, Pipes enseigna à l’université de Chicago, à Harvard et au Naval War College, mais il ne parvint pas[réf. nécessaire] à obtenir un poste de titulaire et en 1986, il déménagea à Philadelphie pour diriger le Foreign Policy Research Institute, un Think tank fondé en 1955 par Robert Strausz-Hupé, un Autrichien résolument antitotalitariste avant de créer le Forum du Moyen-Orient en 1994.

Daniel Pipes, spécialisé dans l'étude du Proche-Orient, a eu accès à des postes de responsabilité sous la première administration (2000-2004) du président George W. Bush. Il obtient une rapide notoriété après les attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center. Entre le 11 septembre 2001 et le 11 septembre 2002, il est intervenu dans 110 émissions de télévision et 450 émissions de radio[1].

En 2003, Bush le nomme au conseil de l’Institut des États-Unis pour la paix, une organisation déclarée comme non partisane, soutenue par des fonds fédéraux et dédiée à la résolution pacifique de conflits, qu'il quittera en 2005.

Daniel Pipes est chroniqueur au New York Post, un journal considéré comme proche des néoconservateurs américains. Ses éditoriaux sont parfois repris par The Wall Street Journal, le Los Angeles Times et The New York Sun[réf. nécessaire].

Ces dernières années toutefois, ses positions — parfois jugées extrêmes[évasif] — ainsi que les déboires de l'intervention en Irak lui ont valu des critiques[2]. Par un militantisme important à travers son site Internet, il cherche à maintenir son influence médiatique.

Depuis 2007, il enseigne à la Pepperdine University en Californie comme Distinguished Visiting Professor[3].

Pour la campagne des primaires présidentielles du parti républicain de 2008, il rejoint l'équipe de Rudolph Giuliani[4].

Positions politiques

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/65/Daniel_pipes_bw.jpg/220px-Daniel_pipes_bw.jpg

Étudiant au début des années 1970, il s'est distingué à plusieurs reprises par son opposition aux manifestations pacifistes, organisées contre la guerre du Vietnam.

De 1986 à 1993, il est rédacteur en chef du journal Orbis où il publie des articles prônant le soutien à l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran voisin (guerre Iran-Irak). C'est ce qu'il nomme « l’alternative de Bagdad », d'après le titre de l'ouvrage de Laurie Mylroie.

Daniel Pipes a cependant soutenu l'engagement américain contre l'Irak en 2003, arguant de la menace que représentaient le régime irakien et son supposé arsenal d'armes de destruction massive.

Aujourd'hui figure médiatique du courant néoconservateur américain, bien qu'il démente participer à ce mouvement idéologique[5], Daniel Pipes soutient résolument l'État d'Israël et exprime régulièrement ses regrets sur le manque de fermeté de Tel-Aviv vis-à-vis des Palestiniens. Daniel Pipes s'est opposé au retrait des implantations israéliennes de la bande de Gaza en 2004 et s'est régulièrement prononcé contre la création d'un État palestinien.

Récents postes officiels

Depuis 1980, il est membre du Conseil des relations étrangères[6].

Il est le fondateur du Forum du Moyen-Orient.

 

Il a été nommé par Bush à la tête de l’Institut des États-Unis pour la paix, poste qu'il a occupé d'août 2003 à janvier 2005[7].

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A propos de la situation en Tunisie : optimisme et discernement Publié le Jeudi 29 Septembre 2011 à 14:54:30

Editorial de Mgr Maroun Lahham, archevêque de Tunis,

 

dans Flash, revue diocésaine, septembre-octobre 2011

 

Cher tous,

 

Les élections prévues pour le 24 juillet sont reportées au 23 octobre. C’est un grand tournant dans l’histoire de la Tunisie après le 14 janvier. J’ai toujours recommandé de suivre tout cela avec optimisme et discernement. Optimisme : déjà par vocation, mais aussi parce que le pays – et l’Église – a vécu un véritable Tsunami politique, et il se prépare à vivre une transition démocratique qui sera la première dans le monde arabo musulman. Et comme il a été suivi par d’autres pays dans sa révolution, j’espère qu’il le sera dans sa marche décidée vers la démocratie. Le peuple tunisien sait que son pays est un «laboratoire», et je suis sûr qu’il a tout intérêt à réussir cette transition.

 

Ceci dit, il faut ajouter le discernement à notre optimisme. Car, dans cette démarche historique, il y a trois moments de durée inégale : la révolution, les élections démocratiques et la mentalité démocratique.

 

- La révolution : c’est le premier moment et le plus rapide. Cela a été fait sans beaucoup de dégâts.

Nous sommes à quelques mois du fameux janvier, et la situation générale du pays est assez calme.

 

- Les élections. Entre la Constituante (23 octobre) et les élections présidentielles et législatives, il faut compter un minimum de deux ans. L’important dans ce deuxième moment est de jeter les fondements d’une Constitution et d’un Gouvernement démocratiques. C’est important parce que c’est irréversible. On ne change pas de Constitution tous les deux ans. Et c’est à partir de cette Constitution et du Gouvernement qui présidera au destin du pays que commence le troisième moment qui consiste à acquérir une mentalité démocratique.

 

- La véritable démocratie. On ne change pas de régime comme on change de chemise. Les pays de l’Europe de l’Est ont mis des décennies pour se former à la vie démocratique. La Tunisie aura besoin encore de plus de temps: deux générations peut-être. Nous connaissons tous comment on vit en Tunisie. Une mentalité démocratique signifie le travail bien fait, la précision dans le dire et le faire, le respect du temps et des engagements pris, l’humilité de dire qu’on ne sait pas tout, le respect de l’autre différent, la responsabilité dans l’exercice du droit à parler, à faire la grève et à manifester, les valeurs civiques telles la propreté générale et le respect du code de la route. La mentalité démocratique signifie aussi savoir conjuguer le fait d’être un pays arabe et musulman avec ce que requiert la modernité…

 

Je ne dis pas cela pour décourager, mais par souci de réalisme. À s’attendre à avoir tout, tout de suite, on risque d’être vite déçu. La Tunisie n’a de leçons à recevoir de personne. Quelques modèles de démocratie peuvent servir de référence mais pas d’exemple à imiter (la Turquie en l’occurrence). La Tunisie aura son propre modèle de démocratie qu’elle devra «s’inventer». Et comme la Tunisie ne prend pas de leçons des autres en termes de démocratie, elle n’en donne pas non plus. Chaque pays arabe devra penser à son modèle propre.

 

Dans le prochain Flash, on sera déjà engagé dans la merveilleuse marche démocratique. Mettons-nous y avec

joie, optimisme, réalisme, mais aussi avec un esprit de prière pour que tout se passe au mieux.

 

+ Maroun Lahham

Archevêque de Tunis

27 août 2011

Afficher le commentaire. Dernier par Dialogue-Abraham le 17-10-2011 à 14h20 - Permalien - Partager
un beau voyage à travers les mosquées Publié le Vendredi 9 Septembre 2011 à 09:10:54

cliquez sur ce lien

 

http://oumma.com/Les-sept-merveilles-de-l-Islam

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Un important convoi en provenance de Libye est passé au Niger Publié le Vendredi 9 Septembre 2011 à 09:06:32

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 06.09.11 | 08h29

Un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye a traversé, lundi 5 septembre au soir, Agadez, une ville situé dans le nord du Niger. "J'ai vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez en provenance d'Arlit, une cité minière proche de la frontière algérienne, et se diriger vers Niamey par la route, affirme une source militaire nigérienne. Des rumeurs insistantes évoquent la présence de Kadhafi ou de l'un de ses fils au sein de ce convoi." De son côté, un journaliste d'une radio privée à Agadez a affirmé avoir "aperçu un convoi de plusieurs dizaines de véhicules traverser la ville et se diriger vers Niamey", la capitale du pays. "Plusieurs témoins ont dit avoir vu au sein de ce convoi Rhissa Ag Boula, une des figures de proue des deux rébellions touareg au Niger et très proche de Kadhafi", a ajouté la même source.

Il pourrait s'agir d'une tentative d'exil secrètement négociée par Mouammar Kadhafi vers le Burkina Faso, qui a offert d'accueillir le colonel libyen et sa famille, ont déclaré des sources. Le convoi, escorté par l'armée nigérienne, compte entre 200 et 250 véhicules militaires et comprend des officiers des bataillons sud de l'armée. Il est probablement passé par l'Algérie avant d'entrer au Niger, ajoutent ces sources s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.

Une dizaine de personnes proches de Mouammar Kadhafi, dont Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires, sont arrivées dimanche à Agadez venant de Libye. Les autres personnes, dont l'identité n'a pas été révélée, sont arrivées sur le territoire nigérien en compagnie d'Agaly Alambo, figure de la révolte touareg, et ont rejoint lundi Niamey, la capitale du pays, selon la même source.

La source militaire française dit avoir été informée que Mouammar Kadhafi et son fils Saïf Al-Islam pourraient envisager de rejoindre le convoi lorsque ce dernier fera route vers le Burkina Faso, qui partage une frontière avec le Niger. Des responsables du Conseil national de transition (CNT), désormais au pouvoir à Tripoli, ont déclaré que, selon certaines informations, Saïf Al-Islam aurait fui la ville de Bani Walid, à 150 kilomètres au sud de Tripoli, dès samedi pour se diriger vers le désert et les frontières algérienne et nigérienne, situées plus au sud.

Les mêmes sources ont déclaré que la France pourrait avoir facilité un arrangement entre le nouveau pouvoir et Mouammar Kadhafi. Mais un porte-parole du ministère des affaires étrangères à Paris n'a été en mesure de confirmer ni l'arrivée du convoi dans la ville du désert nigérien ni aucune offre à Kadhafi, qui est poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.

La France a joué un rôle-clé dans l'intervention militaire contre le régime de Mouammar Kadhafi et a été l'un des premiers pays à reconnaître, dès le mois de mars, le CNT. Aucun responsable d'autres gouvernements occidentaux ni du CNT n'a pu être joint dans l'immédiat à ce sujet. Un convoi aussi imposant n'aurait pas pu traverser une telle distance sans que l'OTAN s'en aperçoive, estime-t-on.
Les nouveaux dirigeants de la Libye ont dit vouloir juger Mouammar Kadhafi avant de le remettre éventuellement aux mains de la CPI.

Le porte-parole du colonel Kadhafi, Moussa Ibrahim, a déclaré à une chaîne à capitaux syriens, Arraï TV, que le Guide de la révolution se trouvait quelque part en Libye, "en excellente santé", "en un lieu que ne pourront pas atteindre les groupes factieux".

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