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Généalogie Rajbaut

L'arbre généalogique Rajbaut

Intermède Turinois Publié le Dimanche 3 Mai 2009 à 14:30:10

Parler de mes lointains ancêtres paternels m'a amené à aborder l'histoire de Nice pour les situer dans leur contexte historique et, par voie de conséquence, à parler des Etats de Savoie et de leur capitale : Turin.
Il se trouve qu'à l'occasion de nos dernières vacances en Italie, Michèle et moi avons fait une halte de quelques jours à Turin sur le chemin du retour. Je pensais trouver une ville qui me ferait penser à Nice, mais cela n'est pas le cas. Turin est une ville du XVIII° siècle qui rappelle à tout instant qu'elle a été, pendant plusieurs siècles, la capitale d'un état européen : rues droites, vastes places à arcades, palais royaux, etc.

En fait je pense que seule la place Victor-Emmanuel II, avec ses arcades, peut faire penser (en bien plus grand) à la place Garibaldi de Nice.

 

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La place Victor-Emmanuel II à Turin.

 

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Et la place Garibaldi à Nice.

 

En revanche la ville piémontaise de Cuneo fait davantage penser, en plus petit cette fois, à Nice :

 

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Les arcades de la grande place de Cuneo.

 

Ce petit détour piémontais nous a fait rentrer en France par le tunnel du col de Tende, ce qui m'a permis de réaliser un vieux souhait de mon père qui m'avait souvent dit vouloir découvrir les communes de Tende et de La Brigue qui étaient restées italiennes lors du rattachement du comté de Nice à la France (j'en reparlerai à cette occasion) et qui n'étaient devenues françaises qu'après la Seconde Guerre Mondiale en 1946. Si La Brigue est un village de montagne spécifique, en revanche il est certain que Tende a encore des aspects de village italien, d'ailleurs le monument aux morts de la Première Guerre Mondiale est italien.

 

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Une vue de Tende.

 

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Et voici La Brigue.

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Lazare RAIBAUDO et Honorée TORDO, le mariage introuvable ! Publié le Jeudi 16 Avril 2009 à 18:21:40

Avant de parler de nos ancêtres suivants, Lazare RAIBAUDO et Honorée TORDO, je voudrais revenir sur le siège de 1705 car j'ai découvert sur Internet une page de site qui décrit en détails cet épisode (voici le lien : http://www.nice.fr/Culture/Centre-du-patrimoine/Publications-Les-Fiches-Patrimoine/1705-le-dernier-siege-de-Nice) et en le lisant j'ai découvert que le commandant des troupes françaises envoyées par Louis XIV pour faire le siège du château de Nice était d'origine anglaise et se nommait le duc de BERWICK ! Oui bien sûr, Berwick n'est pas Bewick, il y a une lettre en trop, mais j'ai quand même trouvé cette quasi-coïncidence plutôt amusante.

 

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Le duc de Berwick, aucun signe de ressemblance !

 

La destruction du château de Nice à cette époque a alors sans doute été vécue comme une drame par les Niçois mais ce sera finalement la chance de la ville qui, perdant sa forteresse, ne présentera plus d'intérêt stratégique et pourra s'étendre au-delà de ses remparts dans la plaine du Paillon pour se livrer à son destin de cité touristique et ce dès le XVIII° siècle.

 

Lazare RAIBAUDO naît donc le 5 mars 1713 à Nice et est baptisé le même jour à la cathédrale Sainte-Réparate (j'ai mis son acte de baptème dans le précédent billet), il est vraisemblablement le dernier né de la famille et ses parents lui donneront le même prénom qu'un frère aîné qui ne vécut que six mois, neuf années auparavant. Son parrain sera certainement le même, un certain Lazare RAIBAUDO lui aussi, que je suppose être un oncle paternel.

 

Les parents de Lazare n'en ont sûrement pas eu conscience, mais l'année 1713 est importante pour les Etats de Savoie et le comté de Nice : le 2 juillet 1713 est en effet signée la paix d'Utrecht qui met fin à toutes ces années de guerres avec la France. Lazare connaîtra ainsi une enfance et une jeunesse plus calmes que ses parents.
Le traité d'Utrecht est important car les Etats de Savoie deviennent une puissance régionale en accroissant leurs territoires, notamment par l'annexion de la Sicile. C'est d'ailleurs de Nice que Victor-Amédée II s'embarque le 22 septembre 1713 pour découvrir sa nouvelle île. On peut penser que Gian Francesco et Gioannetta, cette dernière avec dans ses bras son petit Lazare alors âgé de six mois, sont allés assister au passage de leur duc dans leur ville.

En 1720 la Savoie doit rendre la Sicile à l'Espagne mais, en retour, elle reçoit la Sardaigne. Or si cette île est, à l'époque, très arriérée, elle va juridiquement permettre aux Etats de Savoie d'accéder au statut de Royaume. En effet désormais Nice, la Savoie, le Piémont et la Sardaigne deviennent le Royaume de Sardaigne. Notez qu'à aucun moment on ne demande l'avis des populations concernées.

L'année 1720 sera malheureusement le début d'un drame terrible pour la Provence : la dernière épidémie de peste, partie de Marseille où, pour des raisons purement financières, on a laissé débarquer un navire qui avait pourtant à son bord des malades suspects. L'épidémie sera foudroyante et durera deux années, décimant la ville de Marseille qui aura 50.000 morts alors que sa population ne dépasse pas les 100.000 habitants. On a du mal à s'imaginer la terreur que cette maladie devait inspirer puisque, de nos jours, la peste n'existe guère plus qu'au fin fond de l'Inde et peut se soigner avec des antibiotiques.
Heureusement le comté de Nice ne semble pas avoir été atteint par l'épidémie, mais elle a marqué les esprits car en consultant les actes d'état civil de cette période j'ai vu que le curé, à plusieurs reprises, a écrit des commentaires sur cette épidémie et sa propagation : chacun à Nice devait craindre qu'elle atteigne la ville.

Victor-Amédée II, désormais roi, va moderniser son pays en forgeant un état absolutiste, centralisé et fort ... mais le premier résultat pour les Niçois est leur imposition au "tasso", un impôt foncier dont ils avaient été jusque-là dispensés ! Il est vrai que cela n'a pas dû beaucoup concerner nos ancêtres.

La capitale, Turin, s'embellit grâce à la construction de bâtiments baroques tels que le palais Madame :

 

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la basilique de Superga construite en 1717 pour remercier la Madone d'une victoire :

 

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ou encore le château de Stupinigi qui date de 1729 :

 

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C'est aussi de cette époque que date l'invention du gressin ! Elle est due au roi Victor-Amédée II qui souffrait de brûlures d'estomac et s'était vu conseiller par son médecin de manger du pain sans mie. Son boulanger, un certain Antonio Brunero, eut alors l'idée d'étirer la pâte à pain pour que la croûte comme la mie soient cuites et croustillantes. Cette sorte de baguette est fort appréciée en Italie et à Nice, je me souviens que mon grand père Charles en mangeait tous les jours avec du fromage Petit-Gervais;

 

ImageQuelques gressins pour vous donner l'eau à la bouche !

 

Ce souverain, lassé de la vie politique, abdiquera le 12 août 1730 pour laisser le trône à son fils, Charles-Emmanuel III, et se retirer à Chambéry, mais un an plus tard il tentera de remonter sur le trône sans succès : son fils le placera alors en résidence surveillée à Moncalieri, près de Turin, où il décèdera le 31 octobre 1732. Il sera enterré à la basilique de Superga.

 

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La forteresse de Moncalieri où Victor-Amédée II a fini ses jours.

 

Le nouveau souverain continuera à donner à ses Etats la forme d'une monarchie absolue en s'entourant, notamment, de ministres Niçois dont le désormais célèbre, pour nous, Jules-César Lascaris. Son objectif essentiel sera l'acquisition de la Lombardie, alors aux mains des Autrichiens. Pour celà Charles-Emmanuel III commencera par s'allier à la France, Louis XV lui ayant promis la Lombardie en échange de la Savoie mais, malgré des combats victorieux, il ne peut obtenir, au traité de Worms, signé en 1739, cette Lombardie tant convoitée.

 

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Charles-Emmanuel III, deuxième roi de Sardaigne.

 

Déçu par l'attitude des Français il va faire volte-face (ce qui est, vous pouvez le constater, une constante chez les souverains de Savoie !) et s'allier à l'Autriche, ce qui va provoquer une nouvelle guerre avec la France (alliée pour l'occasion à l'Espagne).

En 1742 la Savoie et le comté de Nice sont envahis par les Français mais la ville de Nice, désormais sans intérêt stratégique, échappera à un siège et à la destruction. S'ensuivront des batailles, tantôt gagnées, tantôt perdues, jusqu'au'au traité de paix d'Aix-la-Chapelle le 28 octobre 1748. Charles-Emmanuel III récupère alors la Savoie et Nice, mais il aurait préféré les échanger contre le duché de Parme et Plaisance, dans le Milanais.

Ainsi il ne s'en est fallu de peu que nos ancêtres devinssent Français avec plus d'un siècle d'avance ! Il est vrai que si on examine une carte géographique, on constate que Nice était davantage tournée vers la France, via la plaine du Var. En effet à l'époque il n'y avait pas de route côtière vers la Ligurie et Gênes (les Basse, Moyenne et Grande Corniches n'existaient pas encore) et le seul moyen d'aller jusqu'à la capitale Turin était de passer par le col de Tende. Mais ce n'était que partie remise.

En attendant c'est à cette époque que la frontière entre le Royaume de Sardaigne et la France sera établie de façon stable et le restera jusqu'en 1860. Des bornes frontières sont placées tout au long de la limite des deux Etats et nombre d'entre elles sont encore visibles. J'ai vu l'année dernière une exposition à Nice sur le sujet et je vous mets un lien vers un site qui est entièrement consacré à cette question : http://bornes.frontieres.free.fr/

 

Et notre ancêtre Lazare dans tout cela ? Ces événements, à supposer qu'il en ait eu connaissance, ont dû bien peu influencer son mode de vie à la campagne sur la colline de Cimiez. Il épouse Honorée TORDO à une date que je ne suis malheureusement pas parvenu à découvrir malgré toutes mes recherches (d'où le titre de mon billet), mon explication est qu'Honorée TORDO (dont je ne sais rien sur elle) ne dépendait pas de la même paroisse que Lazare (il y avait à l'époque 4/5 paroisses à Nice), peut-être même n'habitait-elle pas Nice, et comme l'usage veut que le mariage religieux ait lieu dans la paroisse de la mariée, cela explique qu'on ne trouve pas trace de l'acte de mariage à la cathédrale Sainte-Réparate. Il me faudra donc effectuer une recherche exhaustive d'abord dans les autres paroisses de Nice puis dans les environs ! Une lourde tâche en perspective.

Une autre explication pourrait être qu'ils ne se sont jamais mariés mais j'en doute car les actes de baptême de leurs enfants les mentionnent comme époux et puis à l'époque le concubinage (surtout chez les gens du peuple) devait être assez rare.

J'ai l'impression que Lazare s'est marié sur le tard car je n'ai découvert la trace de leur premier enfant qu'en 1754 alors qu'il est déjà quadragénaire (ce qui me fait supposer qu'Honorée TORDO devait avoir bien dix ans de moins que lui). Je n'ai identifié que trois enfants (j'en parlerai dans mon prochain billet).
Il mourra jeune, le 6 janvier 1764, à l'âge de 50 ans. Que lui est-il arrivé ? Une maladie ? Un accident ? Impossible à savoir, l'acte de décès tenant laconiquement en une ligne.

 

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L'acte de décès de Lazare RAIBAUDO, vous noterez qu'il est mentionné l'âge de 52 ans alors qu'il n'en avait que 50.

 

Son épouse a dû lui survivre mais, comme je l'ai déjà écrit plus haut, je n'ai strictement aucun renseignement sur elle.

 

 

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Les enfants de Gian Francesco et de Gioannetta Publié le Jeudi 2 Avril 2009 à 21:11:41

Gian Francesco et Gioannetta RAIBAUDO, nous l'avons vu, se sont mariés le 28 octobre 1700 et ils auront leur premier enfant exactement deux ans après, jour pour jour, puisque c'est le 28 octobre 1702 que naît Giulio Cesare RAIBAUDO, dont je vous ai déjà parlé puisqu'il a eu comme parrain le sénateur Giulio Cesare LASCARIS qui avait déjà été témoin au mariage de ses parents. C'est donc tout naturellement que les parents ont donné à leur premier-né le prénom de cet illustre personnage !

 

En l'état de mes recherches j'ignore ce qu'est devenu Giulio Cesare RAIBAUDO, ce prestigieux parrainage lui a-t-il permis de surmonter les épreuves de la petite enfance où la mortalité était importante ? Si oui, a-t-il profité de son parrainage ? Est-il sorti de sa condition de cultivateur ? En tout cas j'aime à me dire que s'il a effectivement atteint l'âge adulte, il a certainement dû être aidé ou soutenu par son parrain. Peut-être mes prochaines recherches me permettront-elles d'en savoir davantage sur ce très, très lointain arrière-arrière-etc-grand'oncle.


Les naissances suivantes vont se succéder avec une régularité de métronome pratiquement tous les deux ans. Comme je le disais dans mon précédent billet la seule contraception admise par la religion à l'époque (et toujours aujourd'hui si j'en crois notre Pape actuel !) est l'abstinence, d'où ces mariages à un âge plus avancé qu'aujourd'hui car à partir du moment où un couple se marie les enfants arrivent !

Le 25 septembre 1704 donc naît un second enfant qui reçoit le prénom de Lazare. Un tel prénom peut sembler étrange mais j'ai pu constater en consultant les actes de baptême de cette époque-là que ce prénom était effectivement usité. D'ailleurs si cet enfant a reçu ce prénom c'est parce que son parrain s'appelait également Lazare ... et était un RAIBAUDO (la marraine étant l'épouse de ce dernier, prénommée Catherine), je suppose qu'il devait s'agir d'un oncle, donc très certainement d'un frère de Gian Francesco, mais je n'ai pas encore effectué de recherches sur ce point.

 

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L'acte de baptême de Lazare RAIBAUDO en 1704.

 

Malheureusement cet enfant ne vivra guère longtemps puisqu'il est décédé le 22 avril 1705 à l'âge de six mois, ce qui n'était pas rare à l'époque, n'oublions pas qu'en France au XVIIIème siècle (et ce ne devait guère être différent à Nice), près d'un nouveau-né sur trois mourait avant d'avoir atteint son premier anniversaire, victime le plus souvent d'une maladie infectieuse. La situation ne changera qu'à partir de la fin de ce siècle pour atteindre, de nos jours, un taux de 0,36 %.

 

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L'acte de décès de Lazare RAIBAUDO en 1705.

 

Comment ai-je pu trouver cet acte de décès en l'absence de tout index ? En fait j'ai procédé par déduction compte tenu du fait que neuf ans après la naissance de ce Lazare RAIBAUDO, les parents donneront à nouveau ce prénom à leur dernier enfant (qui est d'ailleurs notre ancêtre suivant). Bien sûr je me suis dit qu'ils n'auraient pas donné une deuxième fois le prénom de Lazare à un de leurs enfants si le premier enfant prénommé Lazare n'était pas, à cette date, décédé. Par conséquent j'ai entrepris une recherche systématique dans les actes de décès pour la période entre 1704 et 1713 et je n'ai pas eu à chercher bien longtemps puisque ce pauvre enfant n'avait pas vécu plus de six mois.

 

Ensuite vient la première fille, Barbara Maria RAIBAUDA, née le 20 juillet 1706, elle porte les prénoms de sa marraine.

 

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L'acte de baptême de Barbara Maria RAIBAUDA.

 

Puis le 26 novembre 1708 naît une deuxième fille, Ludovica Maria RAIBAUDA, qui porte, elle aussi, les prénoms de sa marraine.

 

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L'acte de baptême de Ludovica Maria RAIBAUDA. 

 

L'enfant suivant est encore une fille, Maria Catarina RAIBAUDA, née le 20 février 1710. Est-il  encore besoin de préciser que, comme les autres, elle porte les prénoms de sa marraine ?

 

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L'acte de baptême de Maria Catarina RAIBAUDA.

 

A propos, vous avez remarqué que lorsque c'est une fille, la terminaison du nom de famille change. Ainsi si les garçons s'appellent RAIBAUDO, les filles s'appellent RAIBAUDA, suivant en cela les terminaisons du masculin et du féminin en Italien.

 

Je n'ai pas grand chose à dire au sujet de ces trois filles car, là non plus, je n'ai pas encore eu l'occasion de rechercher si elles ont atteint l'âge adulte. Si c'est le cas elles se sont très certainement mariées et ont eu des enfants.

 

Le sixième et dernier enfant de la famille est notre ancêtre direct qui est né le 5 mars 1713 (donc avec un intervalle un peu plus long que pour les autres enfants de la famille puisqu'il est de trois ans au lieu de deux ans, voire moins). Il recevra le même prénom de Lazare comme son aîné né en 1704 et, comme lui, aura le même parrain Lazare RAIBAUDO (car je ne pense pas qu'il s'agisse d'un autre, ça ferait beaucoup de Lazare dans la famille !). En revanche il n'aura pas la même marraine puisqu'elle s'appelle Bartolomea ROSSA, il ne s'agit donc pas de l'épouse du parrain, peut-être celle-ci était-elle décédée à cette époque ?

 

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L'acte de baptême de notre ancêtre direct Lazare RAIBAUDO en 1713.

 

A ce jour je n'ai pas trouvé d'autres enfants du couple Gian Francesco - Gioannetta, je pense donc que Lazare RAIBAUDO est le dernier-né de cette famille. Je parlerai de lui plus longuement dans le prochain billet puisqu'il est notre ancêtre suivant.

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Gian Francesco et Gioannetta RAIBAUDO, l'énigme. Publié le Jeudi 26 Mars 2009 à 18:35:48

Francesco RAYBAUDO et son épouse Francesca ont certainement eu plusieurs enfants comme c'était la règle à l'époque, mais à ce jour je n'en ai identifié qu'un, notre ancêtre suivant, Gian Francesco RAIBAUDO (autrement dit Jean-François). J'en sais un peu plus sur lui et son épouse, Gioannetta (Jeannette) SAUVAIGA et ce couple m'intéresse plus particulièrement en raison d'une énigme les concernant, dont j'ai d'ailleurs déjà eu l'occasion de vous parler.

 

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La fiche généalogique de Gian Francesco et Gioanneta RAIBAUDO et de leurs enfants.

 

Gian Francesco est né à NICE le 6 octobre 1669 et a été baptisé le même jour à la cathédrale Sainte-Réparate, en général à cette époque on baptisait sans tarder les nouveaux-nés compte tenu de l'importante mortalité infantile.

 

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L'acte de baptême de Gian Francesco, vous pouvez vous rendre compte de la difficulté de déchiffrer des documents aussi anciens !

 

La cathédrale était déjà celle que nous pouvons voir aujourd'hui dans le vieux Nice mais elle devait encore être en travaux puisque sa construction a pris 35 ans entre 1650 et 1685.

 

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La cathédrale Sainte-Réparate a été érigée au moment de la naissance de Jean-François.

 

Gian Francesco a épousé à Nice (toujours à la cathédrale) Gioannetta SAUVAIGA le 28 octobre 1700. Sa femme était née le 5 janvier 1675 à Nice de Gioanni et Onorata SAUVAIGO (je ne sais rien d'autre de ses parents) : à noter le changement de terminaison du nom de famille qui s'écrit au féminin (avec un A) pour les femmes et au masuculin (avec un O) pour les hommes.

 

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L'acte de baptême de Gioannetta SAUVAIGA

 

A leur mariage Gian Francesco a donc 31 ans et Gioannetta 25 ans, ce qui peut paraître assez élevé mais se marier tard était aussi un moyen naturel de contraception et, contrairement à ce qu'on pourrait penser, on ne se mariait pas souvent jeune aux XVII° et XVIII° siècles (ça changera à partir du XIX°).

C'est à leur mariage que se situe le premier élément de l'énigme  de ce couple. En effet en lisant l'acte de mariage je me suis aperçu qu'un des deux témoins était mentionné comme étant "l'illustrissime sénateur Giulio Lascaris". Or ce personnage n'était pas n'importe qui. En effet Giulio Cesare (Jules César) LASCARIS était un des membres de l'aristrocratie niçoise, sénateur de la ville, dont la famille a fait bâtir à cette époque le célèbre palais Lascaris qu'on peut visiter (gratuitement) dans la vieille ville, rue Droite. Son père François fut le premier consul de Nice (et également sénateur) et lui-même fut ministre d'Etat de Savoie en 1730. Je me suis donc posé la question : pourquoi un personnage aussi éminent avait-il été le témoin du mariage de notre ancêtre qui, pour sa part, n'était qu'un petit cultivateur demeurant sur la colline de Cimiez ?

 

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L'acte de mariage de Gian Francesco et de Gioannetta.

 

Mais ce n'est pas tout : le couple a eu six enfants entre 1702 et 1713, l'aîné, né le 28 octobre 1702 et baptisé le lendemain a été prénommé Giulio Cesare et a pour parrain ... le même sénateur Giulio Cesare LASCARIS ! Sa marraine est également une LASCARIS (Gianna Maragarita).

 

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L'acte de baptême de Giulio Cesare RAIBAUDO.


Ainsi ce personnage, non content d'avoir été le témoin du mariage de Gian Francesco et de Gioannetta a également, deux ans plus tard, été le parrain du premier-né, auquel on a d'ailleurs donné son prénom. Avouez qu'il y a de quoi s'interroger.

Bien sûr je sais que sous l'Ancien Régime en France il n'était pas rare que le seigneur local soit le parrain de nombreux enfants des paysans placés sous son autorité, mais nous ne sommes pas en France et puis lors de mes recherches je n'ai constaté aucun autre cas semblable et enfin il ne s'agit pas seulement d'être le parrain mais aussi le témoin du mariage. Ce cas isolé me fait donc penser qu'il doit correspondre à une raison particulière, mais laquelle ?

Il y a l'hypothèse romantique : Giulio Cesare LASCARIS serait le père naturel d'un des deux époux, d'où sa présence au mariage et à la naissance du premier-né, et dans ce cas cela voudrait dire que nous descendrions des LASCARIS et, par voie de conséquence, des Empereurs de Byzance !
Eh oui car il faut savoir que les LASCARIS sont à l'origine une dynastie qui a occupé le trône de Byzance jusqu'au XIII° siècle (sous l'orthographe LASKARIS) lorsque le dernier empereur Jean IV LASKARIS, âgé seulement de 11 ans, a été déposé par Michel VIII Paléologue qui s'est installé à leur place. Heureusement cela ne s'est pas terminé par un massacre, en fait le nouvel empereur s'est empressé de faire marier les trois soeurs de Jean IV à diverses familles européennes afin que leurs descendants ne puissent plus réclamer le trône de Byzance.

C'est ainsi qu'une des filles, Eudoxie (née en 1254) fut mariée en juillet 1261 (à l'âge de 7 ans !) au comte Guillaume Pierre de VINTIMILLE qui dirigeait le comté de Vintimille et la commune de Tende (qui, lui, avait tout de même 31 ans !). Ce fut sans doute par la suite un mariage d'amour car le comte alla jusqu'à ajouter le nom de son épouse au sien pour fonder la famille des LASCARIS-VINTIMILLE dont une branche s'installa à Nice (mais on trouve aussi un palais Lascaris à Turin) et c'est de là que descend notre Giulio Cesare LASCARIS qui a vécu à cheval entre le XVII° et le XVIII° siècle. Donc je me suis dit que si on descendait de lui, on descendait également nécessairement des Empereurs de Byzance !

Hélàs cette version aurait pu être plausible si Gian Francesco ou Gioannetta étaient nés de père inconnu or ce n'est pas le cas puisque leurs deux actes de baptême mentionnent bien l'identité de leurs deux parents. Bien sûr on pourrait aussi penser à une naissance adultérine, mais franchement je ne vois pas Giulio Cesare LASCARIS, père illégitime de l'un ou de l'autre, pousser le cynisme jusqu'à être le témoin du mariage et le parrain du premier-né.
Une autre possibilité serait que Gian Francesco (ou pourquoi pas son père) travaillait pour le sénateur et était particulièrement apprécié de lui, mais ne s'agissant que d'un simple cultivateur, cela m'étonnerait. Il aurait aussi pu, à une occasion, lui rendre un service éminent, voire lui sauver la vie, pourquoi pas ?

Une dernière hypothèse, qui me paraît plus plausible, serait que Gian Francesco (ou encore son père, voire son épouse) aurait été le frère de lait de Giulio Cesare LASCARIS, cela est tout à fait possible et expliquerait l'existence d'une relation particulière pouvant aller jusqu'à assister au mariage et à la naissance du premier-né.

Pour pouvoir répondre à cette énigme il faudrait consulter une biographie de Giulio Cesare LASCARIS pour en savoir un peu plus sur lui et sa vie, je n'en ai pas encore trouvé (même sur Internet) mais je pense, dès que j'en aurai l'occasion, aller faire des recherches à Nice, notamment à la bibliothèque du Musée Masséna (qui, à propos, a été entièrement rénové après une longue fermeture).

Saurons-nous un jour la vérité sur cette énigme ? Peut-être pas mais avouez que cela fait un peu rêver et que la généalogie mène vraiment à tout à condition d'aimer jouer les détectives.

 

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La rue Droite avec, au fond, le Palais Lascaris.

 

Je n'en sais pas plus sur ce couple qui a donc vécu à la charnière du XVII° et du XVIII° siècle à NICE, en un temps malheureusement plus trouble que celui de leurs parents. En effet en 1690 le  14ème duc de Savoie Victor-Amédée II s'allie avec l'Espagne pour se dégager du protectorat français de Louis XIV qui était devenu beaucoup trop pesant et humiliant (la France avait pris l'habitude de diriger elle-même les affaires du dûché et se comportait en Piémont comme en pays conquis). Le résultat c'est que la France occupe alors la Savoie et descend en Piémont en ravageant tout sur son passage. Le 12 mars 1690 les Français atteignent Nice (Jean-François a alors 21 ans) dont ils font le siège et la ville tombera entre leurs mains le 5 avril 1691. La paix ne sera conclue avec la France que le 29 août 1696, Louis XIV à cete occasion rend Nice au duc de Savoie et marie son petit-fils à la fille de Victor-Amédée en échange de son alliance.
Malheureusement la paix sera de courte durée car à la suite de l'affaire de la succession en Espagne, Victor-Amédée rompt avec la France le 8 novembre 1703 et signe une alliance avec l'Autriche, entraînant une nouvelle guerre avec la France qui envahit à nouveau la Savoie et le Piémont.
Nice est à nouveau assiégée en avril 1705, la ville basse est occupée et le siège du château (sur la colline du même nom) commence en décembre pour se terminer par sa prise le 4 janvier 1706. Louis XIV ordonne alors la destruction de l'ensemble fortifié (qui avait déjà été bien délabré lors de la première occupation en 1691), tout le château sera détruit en moins de six mois : la fonction militaire de Nice a vécu. C'est pourquoi aujourd'hui lorsque vous vous rendez sur la colline du château ... vous ne voyez aucun château ! Il n'en reste strictement rien.

Pour terminer cette triste époque les Français seront finalement battus en septembre 1706 et c'est au tour de la Provence d'être envahie jusqu'à Toulon, puis il y a un reflux : Nice est à nouveau occupée par les Français jusqu'à la paix d'Utrecht signée le 2 juillet 1713.

 

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Victor-Amédée II, 14ème duc de Savoie.

 

Comme vous le voyez nos ancêtres Gian Francesco et Gioannetta ont vécu une période particulièrement trouble et noire de l'histoire de la ville de Nice et ils ne devaient certainement pas porter les Français dans leur coeur !

J'ignore à quelle date sont décédés nos lointains ancêtres, après 1713 évidemment, date de la naissance de leur dernier-né Lazare (qui est notre ancêtre suivant), à cette époque Gian Francesco a 43 ans et sa femme en a 38, mais il faut se souvenir que l'espérance de vie était bien courte alors, ils ont certainement dû disparaître aux alentours des années 1730. Les recherches d'état civil pour cette période sont encore difficiles car on n'a pas encore de tables décennales et vous avez pu vous rendre compte de la difficulté de déchiffrer ces documents.
En tout cas même avec les quelques éléments que j'ai recueillis sur eux, l'énigme de leurs relations avec ce sénateur et les soubresauts historiques de cette période nous ont déjà pas mal permis d'imaginer ce qu'a pu être leur vie ! 

 

Afficher les 2 commentaires. Dernier par Benjamin le 30-03-2009 à 19h11 - Permalien - Partager
Les grands anciens Publié le Vendredi 20 Mars 2009 à 22:14:26

Nos plus anciens ancêtres paternels directs sont Francesco et Francesca RAYBAUDO, ils ont vêcu à Nice dans la deuxième moitié du XVII° siècle (à l'époque de Louis XIV, ça vous situe mieux l'ancienneté !) et ont eu au moins un enfant, Gian Francesco RAIBAUDO.

Voilà malheureusement tout ce que je sais d'eux à ce jour : la mention de leurs noms et prénoms (et encore, je n'ai pas le nom de jeune fille de Francesca) sur l'acte de baptême de leur fils. Qui étaient-ils ? Ce n'est pas beaucoup forcer l'imagination que de penser qu'ils étaient des cultivateurs et vivaient à la campagne, sur la colline de Cimiez. En effet j'ai pu constater que jusqu'à la fin du XIX° siècle nos ancêtres n'habitaient pas la ville de Nice mais demeuraient à Cimiez qui était alors très campagnarde. Ils devaient mener la vie rude des paysans de l'époque, mais je me dis quand même que vivre à Nice, même à cette époque, devait être moins pénible que dans d'autres régions.

A propos, à quoi ressemblait Nice au XVII° siècle, en voici deux illustrations :

 

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Une vue générale de Nice.

 

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Un plan de Nice à l'authenticité un peu discutable (ces fossés !)

 

Mais surtout n'oublions pas qu'à cette époque Nice n'était pas Française, ni même Provençale (mon grand père a toujours insisté sur la particularité du comté de Nice par rapport à la Provence). C'est en 1388 que Nice se sépare de la Provence et échappe ainsi à la France (qui annexera la Provence en 1481) pour lier son destin à la Maison de Savoie jusqu'à la Révolution Française. Au XVII° siècle la Savoie est encore un dûché gouverné par Charles-Emmanuel II, 12° duc de Savoie, qui a fort à faire face à l'influence de son puissant voisin Français.

 

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Charles-Emmanuel II

 

C'est une époque où la ville de Nice s'embellit avec l'âge du baroque : palais Lascaris  cathédrale Sainte-Réparate, église du Gésu, agrandissement du monastère de Cimiez, monastère de Laghet.

 

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L'église du Gesù

 

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Le sanctuaire de Laghet.

 

 C'est un siècle de paix relative (selon les standards de l'époque), voire de prospérité : développement de l'économie grâce à la fondation du port franc et l'ouverture de nouvelles routes vers le Piémont. Le comté de Nice produit, outre l'agriculture, du vin (déjà le vin de Bellet ?), de l'huile et du bois. La ville compte alors 12.000 habitants et les grandes familles niçoises sont les Ribotti, les De Orestis, les De Gubernatis, etc... (désolé il n'y a pas de Raybaut parmi eux !).

Voilà un bref aperçu de l'environnement dans lequel ont vécu Francesco et Francesca, nos si lointains ancêtres. Et même si plus de 350 années nous séparent d'eux, je ne peux pas m'empêcher de me dire que nous portons tous en nous une part de leurs gènes, peut-être l'un de nous leur ressemble-t-il ?

 

 

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