C'était
il y a peu de temps encore, les cantonniers entretenaient le bords des
routes départementales à la main , tchilin tchilin (doucement,
tranquillement).
Revenons-en à Louis notre bon cantonnier des années 50 qui lentement mais sûrement nettoyait lei cantouns (les bords) avec sa trinque
(sorte de houe à lame courbe) et soun daï (faux à main)
Le printemps était la pleine saison, la nature se refaisait une beauté
et donnait du fil à retordre à Louis , comme aux autres cantonniers
d'ailleurs.
En ce jour de mai il fauchait un gros vala (fossé) avec son daï bien
affûté, à cette époque point de vrombissement de débroussailleuses, ni
d'épareuses, seuls les oiseaux et les rares voitures venaient rompre le
chuintement de la faux sur l'herbe tendre, il était tranquille comme on
dit. Sa bête noire était moussu l'ingenior (monsieur l'ingénieur) qui
passait de temps en temps au volant de sa juvaquatre Renault. Ce
couillon parachuté de Paris avait toujours de bonnes idées.
- bonjour Monsieur Louis, vous avez une faux bien aiguisée il me semble
- bé voui, comme ça je force moins
- mais je vois que cette faux ne coupe que d'un côté, le retour de la lame est improductif, j'ai vu dernièrement sur un livre qu'il existait des faux à deux lames (con, ne riez pas , ce n'est pas le coup du poil de Gilette) , avec un outil pareil vous feriez deux fois plus de travail. Tenez, je vous délivre un bon et faites faire la modification au forgeron de votre village. Signalez-le moi lorsque la modification sera effective.
Louis avait l'habitude des conneries que débitait l'ingénieur, mais celle-ci était copieuse, tchancrassin (bordel de merde), et puis il pouvait pas pas parler comme tout le monde , effective , je te jure !
Putain il va falloir que je me pointe chez le forgeron et lui demander cette horreur , bon Dieu la honte.
Mais la hiérarchie était la hiérarchie à l'époque.
Et voici mon Louis qui se pointe une semaine après (oh ! il faut le temps dans le midi) au lever du jour avec sa nouvelle faux , dans un autre vala, car il ne voulait pas qu'on le voit trop.
Et allez un coup à gauche et un coup à droite, putain ça faisait forcer. Sur cet entrefait passe un brave paysan, Baptiste.
- oh Louis t'as un daï bizarre , c'est ton ingenior qui ... ? bè oui tout se sait vite dans un village.
- putain ne m'en parle pas , je m'escagasse ( fatigue) les bras.
- en effet faut être un peu frappé pour faire un truc pareil, et dire que ça fait des études ces couillons.
Onze heures sonnaient , lorque passa l'ingénieur.
- je vois monsieur Louis que cet outil fonctionne à merveille, j'ai pensé que si les racines étaient arrachées derrière vous , l'année d'après l'herbe repousserait moins drue . Je pense que si vous aviez un petit harnais avec une petite griffe que vous tireriez chaque fois que vous faites un pas cela ferait un bon travail; Passez chez le bourrelier et le forgeron qui vous fabriqueront ce petit harnais et la petite houe selon le plan que j'ai dessiné cette nuit.
.....Pas con, non, en plus il dessine la nuit, un de ces jours je lui file un coup de testu (marteau assez lourd qui un coté pointu et un autre carré qui sert à la taille des pierres) sur le pied, sans faire essprè (exprès). comme ça il pensera à autre choses la nuit.
Et voici mon Louis harnaché comme un petit aï (âne) fauchant et donnant un coup de rein à chaque pas.
- et bé mon pauvre Louis, il t'a arrangé cette fois l'ingénieur, c'est fatiguant ? demanda Baptiste
- casses-toi counas, tu vois bien que j'escoulante (je transpire à couler l'eau)
- je rigolais , c'était juste pour savoir.
Le pauvre Louis rentrait le soir complètement rincé, heureusement qu'il ne buvait que de l'eau.
Pendant une semaine il tirassa ce putain d'outil en maudissant l'ingénieur.
Et bien sûr quand on parle du "Loup", il passa de nouveau.
- Je vois que vous travaillez bien, cela doit être un peu plus dur , mais l'année prochaine vous forcerez beaucoup moins.
- ah vouais , et pourquoi ?
- et bien tout d'abord il y aura moins d'herbe grâce au griffage de la houe , mais en plus je viens de découvrir une herbacée vivace qui pousse très ras, cela s'appelle le chiendent.
- ah, lou gramé (chiendent)
- oui , c'est sans doute cela, donc si en même temps que vous passez la houe vous semiez du chiendent derrière vous, l'année d'après vous n'auriez quasiment plus besoin de faucher, faites-vous faire une petite sacoche en cuir sur le devant du harnais , je vous porterai les graines qui viennent directementde Paris.
Vous
pouvez imaginez toutes les injures provençales que le Louis grommelait.
Du gramé de Paris !!! putain il y en vait partout ici qui envahissait
les vignes et champs , une vrai plaie, avec ses longues racines
traçantes
- pas con le mec, semer du gramé, il est fada, je vais passer pour quoi moi?
En effet les langues allaient bon train dans le village, les enfants allaient en cachette les jours de vacances , voir le Louis faucher, faire un pas avec un gros Han d'effort et jeter une poignée de ce foutu chiendent derrière lui.
Pas assez d'essuyer les risées de tout le monde , il rentrait complètement vidé et restait escafagné (avachi) sur la chaise. Même pas il allait au bistrot faire une partie de cartes, il redoutait les railleries en tout genre .
Il tombait de sommeil tous les soirs, même le dimanche il n'arrivait pas à récupérer. En cachette il était allé voir la Vieille du Bessillon pour qu'elle jette un sort à l'ingénieur, juste les deux jambes cassées , pas plus. On n'est pas méchant dans le midi.
Ce
qui devait arriver arriva , le Louis "négligea" sa Maryse à cause de sa
fatigue persistante , et il se retrouva cocu ( on dit bana en
provençal)
Un matin qu'il était appuyé sur son instrument de torture pour souffler un peu, Baptiste passa.
- mon pôvre , je te plains, en plus tu es cocu..il paraît ?
-
fermes-la, pauvre con, si l'ingénieur t'entend il est capable de me
faire ramasser l'herbe avec les banes *(cornes) que je porte
maintenant.
Des
cocus il y en a toujours , et des ingénieurs aussi, mais le monde a
bien changé. Il ne nous fallait pas grand chose pour nous distraire,
cette galéjade comme tant d'autres disparaitront avec ma génération,
voilà !
C'est tout !
Voir notice - les outils d'autrefois , Editions les schtroumphs réunis, page 82-
Avec ce terrible engin piquez une par une les olives et pas les doigts.
Mettre les olives piquées dans une passoire en inox ou émaillée, salez au sel fin de temps en temps.
Ne pas rajouter du sel, cette opération peut, selon les olives, durer plus de 20 jours
Goûtez
de temps en temps et lorsque le goût vous convient, assaisonnez avec un
mélange d'herbe concassées , thym,marjolaine et un poil de romarin.
rectifiez le goût en sel si nécessaire et arrosez d'huile d'olive verte de votre récolte qui est une denrée rare , qui
se déguste aussi en roustide savoureuse
Dernièrement,
je suis passé devant un chou vert et cela m'a donné l'envie de faire
une bonne grosse potée , car le froid arrive. En plus il y avait plein
de cochonaille en promo ce jour là. Ce plat n'est pas "ruinatif" mais
tout dépend de ce que vous comptez mettre dans la marmite.
Pour
réaliser cette "petite potée " il vous faudra un beau chou vert
évidemment, plus quelques bricoles. Ces "bricoles" font monter
l'addition.
Attention cette recette n'a rien de diététiquement correct
- 1 chou vert bien joli et bien serré , vérifiez que les feuilles extérieures ne fassent pas les badaou*
- 300 grammes de couenne avec son gras
- 4 kg environ de belles pommes terre fermes
- 5/6 belles carottes
- 3 gros oignons piqués d'un clou de girofle + 1 oignon à émincer
- 1 belle branche de céleri
- 1 beau navet
- 1/2 litre de vin blanc
- 2 gousses d'ail
- 400 grammes de petit salé fumé
- 4 côtes de porcs fumées (pour les gros gourmands)
- 2 pieds de porc
- 3 saucisses de Morteau
- 2 saucisses de Montbéliard
- un jarret de porc demi-sel
- 1 poireau
et puis toute les conneries qui vont avec , sel, poivre , gros bouquet garni, grains de poivre noir...
1 ère étape
Choisissez un endroit dans votre garage où personne ne viendra vous embêter (odeur)
Comme je n'avais qu'une marmite
et un feu il a fallu que je procède de la sorte :
Dans une grosse marmite faites blanchir fortement les pieds, et le jarret
Jetez l'eau et rincez viande et marmite, réservez la viande au frais.
Faites
blanchir le chou vert coupé en quatre avec une poignée de sel
(n'oubliez pas de lever la partie centrale, trognon et côtes)
Videz et rafraîchissez le chou puis réservez
2 ème étape
Mettez votre couenne coté lard à fondre
Coupez l'oignon en rondelles
Ajoutez quelques chutes de petit salé
Emincez le céleri, et faite un peu revenir le tout
Puis mouillez avec votre vin blanc
Mettez les pieds de porc et le jarret , plus les deux oignons piqués
Le poireau tronçonné en trois
Le morceau de petit salé
Le bouquet garni
Couvrez d'eau et faites partir à bon feu pour deux heures, bon poids (les pieds et le jarret sont longs à cuire)
Ecumez de rage de de temps en temps
3 ème étape
Assaisonnez, poivre moulu, sel , poivre en grains
Jetez dans la marmite, les carottes , les saucisses piquées de coups de
fourchette, les pommes de terre, le navet coupé en deux et le chou par
dessus, éventuellement les côtes de porc
Couvrez avec le chou et faites partir à feu d'enfer à couvert
Comptez une heure , en principe les carottes et pommes de terre tiennent, la présence du peu de vin blanc qui
reste ralentit leur cuisson
Découvrez et sentez le bon fumet
Invitez des amis et servir très chaud