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Le verdict (Sidney Lumet, 1982) Publié le Dimanche 8 Février 2009 à 11:40:36

Le

 

Le verdict de Sidney Lumet

 

 

Synopsis : Avocat déchu et alcoolique, Frank Galvin racole ses clients dans les salons funéraires jusqu'au jour où il accepte de travailler sur l'affaire d'une jeune femme victime d'une erreur médicale et plongée dans le coma. Ce dossier qui risque de provoquer un scandale et de nuire à la réputation de l'hôpital, va être pour l'avocat l'occasion de retrouver sa dignité... ou de la perdre définitivement.

 

 

Sidney Lumet se lance une nouvelle fois, après son premier film pour le cinéma, remarqué et réussi, Douze hommes en colère, dans le film de procès. L'occasion pour lui d'aborder des thèmes qui lui sont chers et un genre qu'il maîtrise probablement comme aucun autre. Sidney Lumet n'a jamais réellement déchaîné les foules, encore moins aujourd'hui, et pourtant il est à l'origine de plusieurs films tout à fait remarquables de part leur totale maîtrise du sujet, de l'histoire, de la mise en scène et des acteurs. Efficace et critique, tels sont les maitres mots de la très étoffée filmographie de Lumet, dont Le Verdict ne déroge pas. La force du film est d'arriver à rendre une banale affaire juridique tout à fait intéressante, autour de laquelle Lumet va pouvoir raconter un peu tout ce qu'il veut. On y retrouve l'image du anti-héro, fréquente chez Lumet, à la recherche de la rédemption, de la vérité et de la justice, thèmes eux aussi fréquents si ce n'est invariables dans son œuvre. Ici, c'est Paul Newman, au travers de son personnage d'avocat antipathique, alcoolique, plutôt égoïste et au bout du rouleau, qui a la tâche à la fois facile et difficile de faire valoir des indemnisations à sa cliente suite à une négligence médicale. Ayant voulu plaider son cas au tribunal, par pur égoïsme dans un dernier sursaut de rédemption personnelle, il va se heurter, dans ce cas particulier, à un système judiciaire américain, déficient, implicitement corrompu (à l'image du juge, totalement partial envers la défense), inégalitaire et injuste. Lumet s'est montré chef dans l'art de mener ses histoires, avec un talent certain pour adapter sa mise à scène à son propos, à ses personnages aussi. Aucune scène ne semble de trop et Lumet n'y va pas par quatre chemins pour critiquer les injustices du système. Le Verdict est pourtant profondément optimiste, tout comme pouvait l'être Douze hommes en colère, mais comme ne le sont pas de nombreux autres de ses films. Alors que tout semble perdu, alors que le système semble avoir gagné et par celui là même, l'injustice, Lumet croit au jugement des hommes, croit qu'ils sont capables de rectifier les défaillances du système et les invite, si ce n'est les exhorte, à aller contre, lorsque celui-ci prouve avec tant d'évidence sa caducité.  

Le Verdict est une réussite, porté par un Paul Newman excellent et un scénario solide mené avec efficacité et sans fioriture.

 

 

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Titre : Le verdict

Titre original : The Verdict

Réalisateur : Sidney Lumet

Scénario : Barry Reed, David Mamet

Photographie : Andrzej Bartkowiak

Musique : Johnny Mandel

Format : Couleur

Genre : Drame

Durée : 129 min

Pays d'origine : Etats-Unis

Date de sortie : 1987

Distribution : Paul Newman, Charlotte Rampling, Jack Warden, James Mason

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Ressources humaines (Laurent Cantet, 1999) Publié le Lundi 9 Février 2009 à 11:03:07

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Ressources humaines de Laurent Cantet

 

 

Synopsis : Frank, jeune étudiant dans une grande école de commerce, revient chez ses parents le temps d'un stage qu'il doit faire dans l'usine ou son père est ouvrier depuis trente ans. Affecté au service des ressources humaines, il se croit de taille à bousculer le conservatisme de la direction qui a du mal à mener les négociations sur la réduction du temps de travail. Jusqu'au jour où il découvre que son travail sert de paravent à un plan de restructuration prévoyant le licenciement de douze personnes, dont son père.

 

 

Le deuxième film de Laurent Cantet (premier pour le cinéma) résume déjà tout le cinéma de son réalisateur, sa vision de celui-ci, ses enjeux et son but. Cela n'est absolument pas réducteur, au contraire, il y a déjà dans Ressources humaines toutes les qualités d'un grand film, évitant intelligemment les écueils d'un premier film. Cantet est un réalisateur du social, engagé, qui utilise le support cinématographique pour mettre en exergue la réalité de notre monde social, ici du milieu de l'entreprise et du secteur industriel. Cantet ne nous donne pas à voir son point de vue de l'entreprise, mais bel et bien une réalité, crue et sans concession de cette dernière, et par celle-ci un regard dérangeant de nos rapports sociaux et de nos comportements individuels ou collectifs. Il choisit par ailleurs la fiction plutôt que le documentaire pour parler de tout, pour aller plus loin que ce que la vision de la réalité nous laisse à voir et pour ouvrir des pistes de dialogues, de réflexions, sans pour autant dénoncer tels comportements ou telles personnes. Bien sûr, Cantet a sa propre opinion, la laisse transparaître, mais n'exalte pas son parti pris, reste lucide et en pointe tout aussi bien les limites et les défauts. Dans Ressources humaines, Cantet s'attache tout autant à donner une vision globale de l'entreprise, qu'un regard général sur les relations qui unissent la société et les individus entre eux, ou encore de dépeindre les relations personnelles entre un père et son fils. Ce rapport de l'individualité dans sa globalité, en plus de s'inscrire extrêmement habilement dans l'histoire, se trouve être extrêmement intéressant et révélateur du pourquoi de nos conduites, de nos préjugés, des défaillances du lien social et professionnel, des incompréhensions entre les dirigeants et les travailleurs et ce bien au-delà de la sphère de l'entreprise.

Outre cet aspect profondément passionnant car il concerne tout le monde et que l'on ne peut être que concerné par les enjeux et les questions qu'il soulève, Ressources humaines est, d'un point de vue cinématographique, une véritable réussite. Il y a un talent de mise en scène indéniable, une façon de montrer les choses à la fois simple et subtile et puis une fluidité dans la narration, un agencement des séquences limpide. Cantet nous offre aussi certaines scènes particulièrement fortes, notamment la confrontation qui clôture presque le film entre le père et son fils, ce dernier déclarant ses quatre vérités à son père avec une violence, un acharnement et une haine effrayante. Un climax presque choquant, qui fait bien plus que simplement nous interpeller, nous bouscule véritablement dans notre vision des choses, nos certitudes et nos espérances.

Ressources humaines inaugurait le meilleur pour son réalisateur, mais aussi d'autres vérités (nécessaires) difficiles à entendre et à voir pour le spectateur.

 

 

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Titre : Ressources humaines

Titre original : Ressources humaines

Réalisateur : Laurent Cantet

Scénario : Laurent Cantet et Gilles Marchand

Photographie : Matthieu Poirot-Delpech et Claire Caroff
Musique : Quatuor n° 13 en la mineur de Franz Schubert

Format : Couleur

Genre : Drame

Durée : 100 min

Pays d'origine : France et Royaume-Unis

Date de sortie : 1999

Distribution : Jalil Lespert, Jean-Claude Vallod, Chantal Barré, Lucien Longueville

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Le festin nu (David Cronenberg, 1991) Publié le Mardi 10 Février 2009 à 12:19:03

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Le festin nu de David Cronenberg

 

 

Synopsis : Bill Lee est un exterminateur d’insectes. Un jour, il reçoit l’ordre de tuer sa femme devenue accro à la poudre anti-cafard, et de s’enfuir à Tanger écrire un rapport sur le meurtre.

 

 

En voilà une œuvre tout à fait singulière, tirée d’un roman lui aussi très particulier. Il n’y avait probablement que Cronenberg pour adapter, très librement et allégoriquement, la vie ainsi que l’œuvre irrationnelle et torturée de William Burroughs. Peut-être vaut-il mieux être au fait de certaines choses avant de le voir (ce qui n’était pas mon cas) pour mieux intégrer cet univers vraiment loufoque, bizarre et quelque fois même grotesque. Sans trop en dire, pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte et de l’immersion, Cronenberg s’inspire de faits véritablement survenus dans la vie de l’écrivain, à savoir l’assassinat de sa femme, sa fuite à Tanger, et un rapport proche de la folie avec l’écriture et la drogue. Cela lui permet de mêler réalité et fiction, d’expérimenter, de laisser libre court à son imaginaire et pour nous de retrouver une certaine touche cronenbergienne au travers d’un bestiaire fantastique, dérangeant, monstrueux et parfois gore.

Si l’on ne comprend pas forcément grand-chose, l’univers dépeint par Cronenberg est véritablement fascinant de part sa richesse presque infinie, ses innombrables métaphores et imageries, sa photographie magnifique et sa reconstitution réussie d’un univers à moitié réel et à moitié imaginé. Ce qui marque avant tout, c’est bien la réussite visuelle du film, l’ambiance des années 50, mystérieuse et hallucinée, les décors et la reconstitution en studio de l’interzone, la photographie impeccable et le rendu des couleurs dans un ton ocre particulièrement  séduisant, et puis les créatures irréelles et difformes réussies. Bien sûr, les représentations métaphoriques se révèlent être tout aussi passionnantes à déchiffrer ou tout au moins à contempler lorsqu’elles nous échappent (la plupart du temps). On s’amusera à noter les références sexuelles particulièrement truculentes et cocasses, mais relativement déconcertantes lorsque elles sont poussées à leur extrême. Le festin nu est dans tous les cas rempli de références, de métaphores, de symboles qui participent tout autant à son incompréhension  qu’à sa richesse et à son intérêt. Les acteurs sont très bons, en particulier Peter Weller, qui de part son jeu et son élocution véhicule d’autant plus de mystère et un sentiment d’absence, d’abstraction vis-à-vis de ce qu’il vit, qui s’accorde parfaitement à l’univers dérangé et délirant de Cronenberg.

Le festin nu est une expérience cinématographique, un peu à l’image de ce que peuvent être certains films de Lynch, mais typiquement ancrée dans ce qui caractérise profondément Cronenberg. Y adhérer est, en particulier avec les réalisateurs de talent, synonyme d’expérience unique. J’avoue avoir été fasciné par de nombreuses choses et dans l’ensemble je l’ai apprécié, mais je n’ai jamais été réellement subjugué, peut-être du fait de certaines longueurs, ce qui m’a laissé un peu distant vis-à-vis du film.   

 

 

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Titre : Le festin nu

Titre original : Naked Lunch

Réalisateur : David Cronenberg

Scénario : David Cronenberg d’après le livre de William S. Burroughs

Photographie : Peter Suschitzky

Musique : Howard Shore et Ornette Coleman

Format : Couleur

Genre : Fantastique, Drame

Durée : 115 min

Pays d'origine : Etats-Unis

Date de sortie : 1991

Distribution : Petter Weller, Judy Davis, Ian Holm, Julian Sands, Roy Scheider

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After Hours (Martin Scorsese, 1985) Publié le Mercredi 11 Février 2009 à 10:08:33

After

 

After hours de Martin Scorsese

 

 

Synopsis : La nuit infernale d'un jeune informaticien, employé de banque, dans le quartier bohème de Soho, a New York.

 

 

After hours est probablement l'une des meilleures représentations modernes et urbaines de ce que pourrait être l'enfer. Un enfer non seulement pour son personnage principal, Paul Hackett, un informaticien sans problèmes, qui va vivre, au travers de ses diverses rencontres, une nuit abominable, mais aussi pour nous, spectateur. Non pas parce que le film serait ennuyeux ou médiocre, au contraire, mais simplement parce que Scorsese par sa mise en scène, par l'ambiance et le rythme du film, par le portrait effrayant des personnages qu'il évoque, nous fait ressentir cette peur profonde et intime qui envahit son personnage central de telle manière que nous la subissons nous-mêmes avec lui. Dès les premières images, l'atmosphère est pesante, tendue et inquiétante. Un sentiment de danger nous assaille rapidement et se confirme au fur et à mesure que la nuit avance. Une nuit qui ne veut pas se finir et qui n'est pas seulement interminable pour lui mais aussi pour nous, le film n'a beau faire que 1h35, on a véritablement l'impression qu'il ne finit jamais. En quelque sorte l'un des éléments qui caractérise le cauchemar, mais cette fois, un cauchemar éveillé, physique, réel et rationnel d'autant plus effrayant qu'il est inévitable, que Paul Hackett n'a aucune prise sur son déroulement et le subit cruellement. Le rythme est effréné et les rencontres toutes plus hallucinantes les unes que les autres, s'enchaînent avec brio et fluidité. Le scénario est excellent et la mise en scène est virtuose, à la fois inventive, dynamique et maîtrisée. Le prix de la mise en scène remporté à Cannes n'est clairement pas immérité. La reconstitution  nocturne du quartier de Soho est particulièrement hypnotisante et envoutante, aidée en cela par une photographie de très bonne qualité, en totale harmonie avec cette représentation. Tout cela participe grandement au sentiment d'emprisonnement, à l'absence d'échappatoire et à la tension ambiante dans lequel est plongé le film. La performance de Griffin Dunne est parfaite (c'est étonnant de ne plus le revoir dans un film ambitieux – ou même simplement bon – par la suite) et les seconds rôles ne sont pas en reste dans leurs personnages étranges, ravagés, singuliers ou inquiétants. D'ailleurs si je ne parle pas du côté comique des personnages, de certaines situations ou de certaines scènes, c'est bien parce que l'on n'a pas trop envie de rire des déboires de cet homme qui n'avait rien demandé, d'autant plus que l'on pense constamment que la fin ne peut-être que funeste car rien ne semble l'épargner.

After hours est un très bon film, qui a tendance à passer inaperçu dans la filmographie de Scorsese, mais qui n'en est pas moins l'un de ses meilleurs.    

 

 

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Titre : After hours

Titre original : After Hours

Réalisateur : Martin Scorsese

Scénario : Joseph Minion

Photographie : Michael Ballhaus

Musique : Howard Shore

Format : Couleur

Genre : Comédie

Durée : 97 min

Pays d'origine : Etats-Unis

Date de sortie : 1985

Distribution : Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Linda Fiorentino, Teri Garr

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Publié le Jeudi 12 Février 2009 à 10:46:03

A

 

À tombeau ouvert de Martin Scorsese

 

 

Synopsis : Frank sillonne tous les soirs au volant de son ambulance l'un des quartiers les plus chauds de New York. Il opère dans l'urgence, hanté par toutes les vies qu'il n'a pas pu sauver.

 

 

Avec A tombeau ouvert, Scorsese dépeint de nouveau le monde de la nuit à New-York, 15 ans après After Hours, et plus précisément celui des urgences et des ambulanciers travaillant de nuit. Leurs sorties nocturnes sont l'occasion, une nouvelle fois, de représenter l'intensité, le bouillonnement et l'effervescence tout autant que la frénésie, la fièvre et l'aliénation qui s'emparent de la ville une fois la nuit tombée. À la fois un regard critique sur les difficultés et la pénibilité du travail des urgences c'est aussi un regard désenchanté sur la pauvreté et la misère qui, une fois la nuit tombée, accaparent les rues de la ville tels des morts vivants errants sans âmes dans un enfer urbain, froid et déshumanisé. L'atmosphère y est mortifère, glaciale, la nuit à New-York représente ce monde d'outre-tombe entre le monde des vivants et celui des morts, dans lequel les ambulanciers sont littéralement les "passeurs", ceux qui transportent les morts (d'où le titre original) d'un monde vers l'autre. Ces humains parmi les morts vivent un cauchemar éveillé, se consument petit à petit, se déshumanisent devant cette inertie funèbre, et sombrent dans la folie ou se transforment en zombies face à leur impuissance et à la reproduction monotone et inéluctable de leur tâche.

Dans cet abîme, tout n'est qu'affaire de symboles et de représentations, notamment christiques, dont je ne m'amuserai pas à décrypter le sens. Pour un profane, ceux-ci sont ardus à déceler, excepté dans quelques scènes particulièrement explicites. Scorsese a de toute façon toujours mis ses films en relation avec des thématiques religieuses philosophiques plutôt que dogmatiques. Pour autant, ce ne sont que des symboles et ne veulent pas signifier les choses, tout au plus leur donner une grille de lecture plus approfondie mais il est intéressant de se rendre compte de leur omniprésence. Pourtant, cette fois ci, Scorsese semble peu inspiré, tant au niveau de la mise en scène qui s'avère très répétitive, sans réelle maestria (une espèce de copie bien fade de ce qu'il avait pu faire dans After Hours justement), que de ses thématiques, assez vaines et franchement peu passionnantes. Le scénario, de son côté, n'est guère intéressant et devient presque ennuyeux. Nicolas Cage prend son air de dépressif et de toxico et ne le lâche plus, c'est forcément voulu mais on a connu plus attrayant et nuancé.

Malgré tout, même sans être virtuose, Scorsese ne fait pas un mauvais film, simplement un film décevant. On apprécie tout de même sa mise en scène et la photographie très réussie.

 

 

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Titre : A tombeau ouvert

Titre original : Bringing out the dead

Réalisateur : Martin Scorsese

Scénario : Paul Schrader d'après le roman de Joe Connelly

Photographie : Robert Richardson

Musique : Elmer Bernstein

Format : Couleur

Genre : Drame

Durée : 121 min

Pays d'origine : Etats-Unis

Date de sortie : 1999

Distribution : Nicolas Cage, Patricia Arquette, John Goodman

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