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Malcolm X (Spike Lee, 1992) Publié le Mardi 17 Mars 2009 à 16:15:45

MalcolmX

Malcolm X
de Spike Lee

 

Synopsis : Une évocation de la vie de Malcolm X, leader du mouvement noir américain Nation of Islam : son enfance difficile à Omaha, son séjour en prison où il apprend à cultiver la fierté de sa race, son entrée dans l'organisation d'inspiration islamiste, son mariage avec l'infirmière Betty Shabazz, son pèlerinage à la Mecque et son assassinat le 21 février 1965 au cours d'un meeting.


 

Malcolm X est un biopic intéressant et très bien mené à défaut d’être véritablement innovant, qui parvient tout de même à captiver le spectateur pendant plus de trois heures, ce qui est déjà pas mal. Spike Lee parvient à dépeindre avec intelligence et adresse la vie très riche et mouvementée de cette personnalité afro-américaine particulièrement importante et reconnue. Fidèle à son autobiographie, Spike Lee traite sérieusement et sans concession tous les moments de la vie et tous les aspects du personnage, des plus estimables au moins appréciables. Il est indéniable que cette description détaillée, soigneuse – et plutôt sage – du personnage revêt un intérêt non négligeable pour le spectateur à de nombreux niveaux. C’est un film extrêmement enrichissant, qui d’ailleurs se rapproche assez souvent du documentaire dans le fond comme dans la forme, que ce soit dans l’utilisation parcimonieuse d’images d’archives, dans les très nombreux discours illustrant et explicitant les positions de Malcolm X ou encore dans la mise en scène – qui à l’exception de quelques moments, s’efface sobrement au profit de son contenu. C’est ici que j’émettrai le principal défaut du film, ce dernier n’est guère original et surtout guère attrayant d’un point de vue cinématographique. Spike Lee n’a pas pris beaucoup de risques à ce niveau là, ni même véritablement dans le traitement du personnage (encore que le simple fait de s’attaquer à la vie de Malcolm X sans tomber dans la complaisance ou au contraire dans la calomnie est une belle réussite). Si on ne peut clairement pas reprocher à Spike Lee d’avoir tout autant montré l’extrémisme et le racisme de Malcolm X que son revirement idéologique et spirituel, il n’en demeure pas moins très mesuré et prudent. Excepté le générique introductif mettant en parallèle le passage à tabac d’un noir par la police et un discours haineux et extrême édifiant de Malcolm, le reste du film n’égale jamais un tel niveau de violence. Par contre, pendant une très grande partie du film – correspondant à la plus grande partie de la vie de Malcolm X – l’atmosphère est extrêmement pesante et malsaine, les discours haineux et racistes, tintés de religiosité, des prophètes de Nation of Islam (dont Malcolm fut longtemps le porte-parole) atteignent une violence verbale puissante et profondément dérangeante. Son détournement idéologique et spirituel aurait d’ailleurs probablement gagné à être plus approfondi (celui-ci repose essentiellement sur son pèlerinage à La Mecque) au dépend de son tragique assassinat (qui occupe une place relativement importante). On n’a pas vraiment l’occasion de l’entendre discourir sur ses nouvelles positions. Cela dit, je pinaille sur des détails, parce qu’en l’état, le film retranscrit très clairement et avec minutie chaque étape de sa vie.

Denzel Washington incarne avec éloquence et avec une facilité déconcertante un rôle particulièrement exigeant, interprétant successivement un jeune gangster, un prisonnier, un disciple puis un prophète, un orateur invétéré ou encore un père de famille. Sa ressemblance physique avec le personnage est en plus très troublante, j’avoue ne pas avoir fait la différence entre les vraies images d’archives et les fausses. Une performance à la hauteur du personnage.

Biopic réussi et passionnant, Malcolm X ne se hisse pourtant pas au niveau des plus grandes œuvres du genre, la faute probablement à un traitement qui se veut avant tout instructif et explicatif – objectif qu’il remplit parfaitement – délaissant la plupart du temps les aspects plus purement cinématographiques.

 

Image


Titre : Malcolm X
Titre original : Malcolm X
Réalisateur : Spike Lee
Scénario : Arnold Perl, d’après l’autobiographie de Malcolm X
Photographie : Ernest Dickerson
Musique : Terence Blanchard
Format : Couleur
Genre : Biopic
Durée : 202 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1992
Distribution : Denzel Washington, Angela Bassett, Albert Hall, Al Freeman Jr., Delroy Lindo, Spike Lee...

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La dame de Shanghai (Orson Welles, 1948) Publié le Jeudi 19 Mars 2009 à 16:17:53

LadamedeShanghai

La dame de Shanghai
de Orson Welles

 

Synopsis : Michael O'Hara fait la connaissance de la ravissante Elsa Bannister, qu'il sauve peu après d'une agression. Celle-ci, mariée à un riche avocat âgé, le fait embaucher sur le yacht de ce dernier. O'Hara se retrouvera alors pris entre son attirance pour Elsa et les combines frauduleuses d'Arthur Bannister, l'avocat, et de ses associés.


 

La dame de Shanghai est le film qui devait relancer Orson Welles auprès des studios après trois premiers films très décevants au box office, alors qu’ils ont tous connus un succès critique considérable et unanime. C’était sans compter sur son réalisateur, véritable trublion des studios auxquels il ne se conformera jamais, et dont les coupes effectuées sur son film par les producteurs ne changeront rien au résultat final : La dame de Shanghai est un nouvel échec commercial. Ce n’est pas par provocation qu’Orson Welles ne répondait pas aux exigences artistiques des studios et par extension au désir du public (car dans ce cas précis les studios et le public se retrouvaient plutôt bien), mais plutôt à cause de son style novateur et audacieux que l’on pourrait même qualifier de révolutionnaire. Les critiques ne s’y sont pas trompées, Welles déconstruit les canons hollywoodiens avec une mise en scène virtuose et un traitement particulier de ses histoires. Seulement, si il ne connût pas un succès public, c’est qu’il était clairement en avance sur son temps, incompris d’un public encore cher à ses idoles et à ses habitudes narratives et thématiques. La dame de Shanghai est un exemple très révélateur de cette observation. Plus encore qu’une intrigue complexe (et encore très probablement simplifiée au montage par les studios), c’est l’utilisation choquante de Rita Hayworth dans un rôle inconcevable et dévalorisant, tout autant, si ce n’est plus encore, que le traitement baroque, particulièrement original pour l’époque, mêlant film noir, d’aventure ou encore de procès, qui a dû désemparer les spectateurs. Cela dit, il ne faut peut-être pas occulter le fait que Welles lui-même devait aussi alimenter cette situation en étant toujours plus créatif et ambitieux dans ses projets et rarement près à faire des concessions, au point de finalement faire des films – ou tout au moins de travailler sur des films (tant le nombre de films inachevés par le réalisateur est important) – pour son propre et unique plaisir (voire équilibre).

Dans tous les cas, La dame de Shanghai est un film personnel duquel émane un style singulier et puissant. L’intrigue, qui ne semble jamais avoir intéressé Welles, est donc le prétexte à la mise à mort de son mariage. Orson Welles joue dans le film au côté de sa femme – Rita Hayworth – avec laquelle il est en même temps en pleine procédure de divorce. Cet aspect est évidement très présent et visible dans le film, notamment dans les rapports entre Welles et Hayworth, intensifiant d’autant plus les relations entre leur personnage. La dernière scène est en ce sens particulièrement symbolique. Mais l’intérêt du film ne réside pas principalement autour de cet aspect qui participe surtout à lui donner une piste de lecture supplémentaire intéressante. On retrouve avant tout dans La dame de Shanghai le talent admirable de Welles pour la mise en scène. Le film est rempli de scènes remarquables et inventives (qui s’intègrent parfaitement à l’histoire et ne sont pas là pour simplement épater le public) dont certaines sont désormais extrêmement célèbres, mais sa mise en scène exulte aussi dans les moments plus anodins par sa volonté à dépasser les cadres préétablis. Bref, il s’agit d’une mise en scène d’une richesse extraordinaire que l’on prend un immense plaisir à contempler et qui bénéficie par ailleurs d’une photographie de très bonne qualité. Les acteurs, Orson Welles en tête, sont extrêmement convaincants et profitent d’un traitement audacieux et travaillé ainsi que de dialogues particulièrement bien écrits.

La dame de Shanghai est un nouveau très grand film de Orson Welles, dont les seules réserves que je pourrais émettre résident dans un scénario manquant peut-être un peu d’intérêt et de liant, mais cela est peut-être aussi dû aux retouches non souhaitées par le réalisateur.    

 

Image


Titre : La dame de Shanghai
Titre original : The Lady from Shanghai
Réalisateur : Orson Welles
Scénario : Orson Welles, d’après le roman de Sherwood King
Photographie : Charles Lawton Jr., Rudolph Maté
Musique : Heinz Roemheld, Morris Stoloff
Format : Noir et blanc
Genre : Policier, Drame
Durée : 87 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1948
Distribution : Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane, Glenn Anders, Ted de Corsia

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The African Queen (John Huston, 1951) Publié le Dimanche 22 Mars 2009 à 15:24:23

AfricanQueen

The African Queen
de John Huston

 

 

Synopsis : 1914, en Afrique. Les troupes allemandes débarquent. Après la mort de son frère, un pasteur anglais, Rose Mayer, vieille fille prude et collet monté, est obligée de fuir à bord du rafiot d'un aventurier alcoolique.

 

 

John Huston a probablement tout fait, des chefs d’œuvres unanimes aux films franchement médiocres. The African Queen n’est clairement pas dans la seconde catégorie mais ne me semble pas non plus faire partie de la première.

The African Queen est un film d’aventure tirant fortement vers la comédie très plaisant et devant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde grâce à une histoire relativement captivante et des acteurs plutôt convaincants. Ce huit-clos, qui change cependant constamment de décors extérieur, réunit à l’écran et sur un rafiot Humphrey Bogart et Katherine Hepburn dans des rôles bien sûr tout à fait opposés ; l’occasion pour ces deux acteurs de prestige de nous faire partager avec humour et sincérité leur talent de comédien. Etant les deux seuls acteurs à l’écran pendant la très grande majorité du film, leurs rapports se devaient d’être réussis et efficaces. On peut dire que si leur passion réciproque presque immédiate n’est guère crédible, on retient avant tout la beauté et l’euphorie de leur relation, véritablement communicative. L’autre point fort du film repose sur ses décors naturels splendides que le Technicolor et la mise en scène de Huston subliment magistralement. Il est évident que le film a gagné à être tourné en Afrique et non en studio, malgré les déboires qu’un tel tournage a dû impliquer, nous offrant ainsi de très belles scènes le long du fleuve. Le scénario dont la fin est attendue – ce qui n’est pas forcément un défaut – enchaîne les péripéties avec fluidité et entrain et satisfait largement le spectateur.

Malgré tout, The African Queen n’atteint pas des sommets et reste juste plaisant à défaut de subjuguer. On n’y décèle pas véritablement le génie de Huston, la mise en scène reste relativement neutre, l’histoire est finalement plutôt banale et l’humour trouve aussi ses limites. Bref, un bon film qui n’avait comme seule ambition que de distraire agréablement son public, objectif qu’il remplit brillamment mais qui laisse un peu sur sa faim tant on en espérait un peu plus.

 

 

Image

 

 

Titre : L’odyssée de l’African Queen
Titre original : The African Queen
Réalisateur : John Huston
Scénario : John Huston d’après le roman de C.S. Forester
Photographie : Jack Cardiff
Musique : Allan Gray
Format : Couleur
Genre : Aventure, Comédie
Durée : 102 min
Pays d'origine : Etats-Unis, Royaume-Uni
Date de sortie : 1951
Distribution : Humphrey Bogart, Katharine Hepburn, Robert Morley

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Publié le Lundi 23 Mars 2009 à 14:24:54

LeMépris

Le mépris
de Jean-Luc Godard

 

 

Synopsis : Paul Javal, scénariste, et sa jeune femme semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.

 

 

Décidemment j’ai bien du mal avec Godard. Pierrot le fou m’avait passablement ennuyé et maintenant Le mépris m’a légèrement fait somnoler. Je choisis aussi peut-être mal mes moments pour regarder ses films. Toujours est-il que, de ce que j’ai vu, Le mépris m’a bien plus convaincu que Pierrot le fou et c’est plus la fatigue que l’ennui qui m’a empêché de l’apprécier à sa juste valeur.

Et c’est bien dommage de ne pas être rentré dans ce film car il possède indéniablement de très grandes qualités. J’ai tout de même beaucoup apprécié la photographie extraordinaire de Raoul Coutard, notamment lors des séquences à Capri, d’une beauté à couper le souffle et sublimée par la mise en scène de Godard. Cette mise en scène justement, fait preuve de beaucoup d’inventivité et d’intelligence. Elle explicite subtilement les rapports amoureux conflictuels entretenus entre Paul – excellent Michel Piccoli – et Camille – Brigitte Bardot, dont le physique convaincra probablement ceux qui ne sont guère convaincus par son jeu – notamment lors de cette longue mais non moins essentielle séquence dans l’appartement (à la fin de laquelle j’avoue avoir perdu le fil du film...). La musique de Georges Delerue est elle aussi magnifique, prenant même à plusieurs reprises le pas sur les dialogues. Le scénario, de son côté, s’appuie sur deux idées centrales extrêmement riches ; d’une part, autour d’une relation amoureuse troublée par un comportement ou une incompréhension menant au mépris et d’autre part, autour des rapports de la création cinématographique avec ses multiples contraintes. Chacune d’entre elles bénéficie d’un traitement véritablement profond et, j’aurais aimé le ressentir ainsi, captivant et passionnant. Beaucoup de choses, si ce n’est tout ce qu’on pouvait en dire, ont déjà été dîtes à ce propos et je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais celles-ci sont suffisamment intéressantes et enrichissantes pour permettre d’aborder Le mépris sous de nouveaux rapports et avec de nouvelles grilles de lecture.

Une nouvelle vision de ce film, considéré comme un immense chef d’œuvre du cinéma français, s’impose clairement pour moi, même si cela n’impliquera pas forcément une réévaluation mais elle se fera au moins, je l’espère, dans de bonnes conditions.

 

 

[pas de note]

 

 

Titre : Le mépris
Titre original : Le mépris
Réalisateur : Jean-Luc Godard
Scénario : Jean-Luc Godard, d'après le roman éponyme d'Alberto Moravia
Photographie : Raoul Coutard, Alain Legrand
Musique : Georges Delerue
Format : Couleur
Genre : Drame
Durée : 103 min
Pays d'origine : France, Italie
Date de sortie : 1963
Distribution : Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance, Fritz Lang, Giorgia Moll

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Blindness (Fernando Meirelles, 2008) Publié le Mardi 24 Mars 2009 à 16:13:57

Blindness

Blindness
de Fernando Meirelles

 

 

Synopsis : Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.

Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n'importe quel prix.

Seule une femme n'a pas été touchée par la « blancheur lumineuse ». Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.

 

 

Après deux premiers films excellents (La Cité de Dieu, 2002 et The Constant Gardener, 2005), j’attendais beaucoup du troisième film de Fernando Meirelles. En décidant d’adapter le roman L’aveuglement de José Saramago, prix Nobel de littérature, le réalisateur brésilien s’est attaqué à un projet ambitieux et prometteur mais aussi particulièrement difficile à traiter et à mettre en scène du fait des nombreuses contraintes que peut engendrer une telle adaptation. Le résultat est plus qu’honorable même si il n’est pas aussi réussi que ses deux précédents. Le genre – le film catastrophe (ici lié à une pandémie) – est généralement l’apanage des téléfilms ou des blockbusters misant un maximum sur les effets spéciaux pour attirer et captiver le spectateur. Ici évidemment, Meirelles ne poursuit pas les mêmes buts, il cherche avant tout à dépeindre les conséquences d’un tel phénomène (la perte de la vision) sur un microcosme d’hommes et de femmes, relativement représentatif de la société actuelle et surtout de décrire les réactions et les comportements que celui-ci peut engendrer. Danny Boyle s’y était déjà attaqué sous un aspect et dans un genre légèrement différents avec beaucoup de talent dans 28 jours plus tard et on ne peut s’empêcher de trouver des similitudes entre les deux films, notamment dans les scènes impressionnantes et réussies de désolation urbaine ou encore dans la description des comportements « humains » extrêmes et abominables. Mais Mereilles va vraiment plus loin dans cette description de l’état de nature où la loi du plus fort et les instincts les plus primaires prennent le dessus sur tout le reste, en particulier sur la morale. Une première et grande partie du film dépeint justement cet état dans un centre hospitalier reconverti pour l’occasion en zone de quarantaine, aux allures de prison, dans laquelle la tension, la cruauté et la violence vont aller crescendo avec l’arrivée de nouveaux arrivants toujours plus nombreux. Une situation qui va devenir de plus en plus insoutenable – en particulier pour le spectateur – jusqu’à atteindre une seuil d’inhumanité et de dépravation tel que l’on se sent extrêmement mal à l’aise face à ce que l’on voit. Meirelles porte un regard dur et sans concession qui interpelle voire choque tant ce qu’il dévoile demeure crédible et plausible, bien qu’extrême, au vu de la situation. Peut-être plus encore que le comportement barbare de certains personnages, c’est surtout la passivité des « soumis » qui est effrayante. Cependant, j’émettrai tout de même une sérieuse critique ; l’inaction et la soumission de Julianne Moore, voyante parmi les aveugles – et donc clairement avantagée –, est tellement invraisemblable et improbable (elle se laisse tout de même violer), que cela m’a extrêmement gêné. Sa passivité va tellement loin, que son comportement n’est, dès lors, plus dérangeant (ce qui, jusqu’à un certain point, était très intéressant) mais impensable et rend l’atrocité des actes commis gratuite (ce qui est particulièrement gênant). Hormis cela et peut-être une voix-off inutile et pénible, Meirelles est efficace et convaincant dans ce qu’il raconte et dans les idées qu’il veut évoquer.

Du côté de la mise en scène, la difficulté était de reproduire à l’écran ce phénomène généralisé de cécité tout en évitant les fautes esthétiques ou le manque de clarté. Le réalisateur détourne plutôt habilement l’idée que l’on se fait de la cécité, à savoir le noir total, en privilégiant l’idée de l’aveuglement dans le sens d’un éblouissement extrême, à savoir un blanc total. Cette idée permet ainsi à Meirelles de faire preuve d’inventivité au niveau de sa mise en scène – et au  niveau de la photographie – et de baigner son film dans des tons relativement clairs et lumineux contrastant fortement, tout d’abord, avec l’hôpital glauque et lugubre, puis ensuite avec le monde extérieur  abandonné et dévasté. Ce parti pris assez original peut dérouter et ne pas plaire mais il me semble tout à fait convenable et supportable, même si la mise en scène de Meirelles était plus virtuose dans La Cité de Dieu, film dans lequel son style trouvait un support unique et parfait pour s’exprimer.

Blindness a aussi la chance de s’appuyer sur un casting de premier ordre dans lequel Julianne Moore tient l’affiche avec talent (même si son personnage m’a beaucoup irrité), accompagnée entres autres de Mark Ruffalo, Gael Garcia Bernal et Danny Glover pour les plus connus. Peu de choses à dire à leur sujet, ils tiennent relativement bien leur rôle et sont crédibles dans leur jeu particulier d’aveugles, ce qui est déjà essentiel.

Blindness est finalement plutôt réussi mais ne m’a pas convaincu autant que les deux précédents du réalisateur, souffrant de quelques défauts qui m’ont vraiment gêné pendant un moment et souffrant de la comparaison plus ou moins justifiée que je ne peux m’empêcher de faire avec 28 jours plus tard.  

 

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Titre : Blindness
Titre original : Blindness
Réalisateur : Fernando Meirelles
Scénario : Don McKellar d'après le roman de José Saramago
Photographie : Cesar Charlone
Musique : Marco Antonio Guimarães en compagnie de son groupe brésilien : Uakti
Format : Couleur
Genre : Thriller, Drame
Durée : 120 min
Pays d'origine : Brésil, Japon, Canada
Date de sortie : 2008
Distribution : Julianne Moore, Mark Ruffalo, Danny Glover, Alice Braga, Gael Garcia Bernal, Don McKellar, Maury Chaykin

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