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Trois couleurs : Rouge (Krzysztof Kieslowski, 1994) Publié le Mercredi 15 Avril 2009 à 16:20:53

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Trois couleurs : Rouge
de Krzysztof Kieslowski

 

 

Synopsis : Dans ce troisième volet qui conclut les trois couleurs, une jeune femme, Valentine, étudiante de l'université de Genève, modèle, écrase un chien. Le chien est juste blessé. Sur une plaque, attachée à son collier, Valentine trouve l'adresse du propriétaire. C'est un juge...

 

 

Dernier film de la trilogie et dernier film tout court de son réalisateur, malheureusement décédé peu de temps après, Trois couleurs : Rouge conclut en beauté un cycle (et une carrière donc) d’une grande richesse visuelle et thématique et dont le style si caractéristique inspira sans aucun doute de nombreux cinéastes.

Rouge renoue avec le concept visuel et esthétique du premier film qui faisait de son intitulé un acteur à part entière du récit. Les coloris rougeoyants et les teintes automnales dominent donc tout naturellement le film lui conférant une chaleur exaltante agréablement communicative.

Du côté du scénario, les deux Krzysztof ont fait preuve d’une relative originalité, délaissant le temps d’un film leur narration linéaire et ordinaire (mais bénéficiant d’un traitement « extraordinaire ») au profit d’un récit plus fragmenté et énigmatique qui révèle toute sa puissance – et accessoirement son sens – au fur et à mesure que le spectateur assemble les bouts du puzzle narratif. L’histoire d’amitié ou de fraternité qui compose le film se construit autour d’un crescendo sentimental ou affectif à la fin duquel la relation entre Valentine et le juge semble avoir atteint son apogée. La mise en scène, toujours d’une fluidité exemplaire, ne rend que plus parfaite et complète la progression de l’histoire. Irène Jacob et Jean-Louis Trintignant sont d’une justesse remarquables, parachevant la réussite du film.

J’avoue ne plus trop savoir où je situerai Trois couleurs : Rouge dans cette trilogie tant les trois films qui la composent me semble d’égale qualité et profondément complémentaires.

 

 

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Titre : Trois couleurs : Rouge
Titre original : Trois couleurs : Rouge
Réalisateur : Krzysztof Kieslowski
Scénario : Krzysztof Piesiewicz et Krzysztof Kieślowski
Photographie : Piotr Sobociński
Musique : Zbigniew Preisner
Format : Couleur
Genre : Drame
Durée : 100 min
Pays d'origine : France, Pologne, Suisse
Date de sortie : 1994
Distribution : Irène Jacob, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Lorit, Frédérique Feder

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Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964) Publié le Vendredi 17 Avril 2009 à 17:54:50

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Les parapluies de Cherbourg
de Jacques Demy

 

 

Synopsis : Madame Emery et sa fille Geneviève tiennent une boutique de parapluies. La jeune femme est amoureuse de Guy, un garagiste. Mais celui-ci part pour la guerre d'Algérie. Enceinte et poussée par sa mère, Geneviève épouse Roland, un riche bijoutier.

 

 

Les parapluies de Cherbourg est une œuvre à la fois rare et exceptionnelle d'un auteur unique dont le style et le caractère inonde chaque scène. Il n'y a effectivement pas beaucoup de réalisateurs qui auraient pu mener à bien et avec autant de réussite un projet d'une telle ambition. Si l'univers de Demy joue (parmi tant d'autres aspects) constamment avec les mélodies et les chansons, l'idée de réaliser un film entièrement chanté n'était pas une chose évidente et devait probablement, à l'époque, effrayer par son extravagance.

Il est indéniable que le premier sentiment du spectateur est celui d'une surprise extrêmement déroutante, voire pour certains tout simplement insupportable. Et il est vrai que le concept à de quoi désemparer un spectateur peu habitué à ce genre d'incartade auditive et visuelle. Les dialogues intégralement chantés ne s'harmonisent pas à la musique comme ils s'harmoniseraient à une « véritable » chanson et représentent la principale audace et originalité du film. Il en est de même pour l'univers particulièrement coloré que dépeint Demy au travers de décors très « studios » aux teintes excessivement vives et éclatantes ou au travers de « costumes » utilisant une palette de couleurs arc-en-ciel particulièrement chatoyante. Mais un univers qui n'est absolument pas daté ou grotesque ; au contraire, ces tonalités pétillantes lui confèrent un caractère unique, curieux, possédant un charme certain que la photographie me semble retranscrire magnifiquement. Une fois acclimaté à cette musicalité particulière et à son environnement distinctif, le bonheur et le plaisir n'en deviennent que plus intenses.

Le talent de Jacques Demy est manifeste, sa mise en scène inventive, constamment en mouvement, s'approprie les espaces, les cadres et les angles de prise de vue, et cela est d'autant plus marquant que Les Parapluies de Cherbourg est dépourvu de chorégraphie. Le dynamisme du film passe donc essentiellement par sa mise en scène et cela Demy le maîtrise à merveille. Certaines scènes se révèlent d'une beauté et d'une puissance émotionnelle extraordinaire malgré leur relative simplicité (banalité) scénaristique (c'est le cas des adieux déchirants ou des retrouvailles mélancoliques...).

Il est aussi évident que ce film ne serait rien sans la musique et le travail de Michel Legrand qui parvient à livrer une partition en trois temps à la fois intense, puissante, grandiose et émouvante. Ni probablement sans des acteurs aussi impliqués dans leur personnage comme le furent Nino Castelnuovo, Catherine Deneuve dont on ne peut que constater la sincérité et la beauté, et les autres.

Enfin, le scénario de Jacques Demy sous des airs de romance impossible vue, revue et rabâchée aux dialogues inintéressants et futiles, prend une dimension toute autre couplé à la musique et aux arrangements de Michel Legrand et possède lui-même une réflexion ou une vision intéressante de l'après-guerre d'Algérie (étant par ailleurs l'un des premiers films à traiter le sujet aussi ouvertement) sans oublier que la beauté et la simplicité de son histoire d'amour restent très efficaces et émouvantes.

Les parapluies de Cherbourg fait donc partie de ses chefs-d'œuvre du patrimoine cinématographique français dont on peut être fier et me donnant encore plus envie de découvrir plus en détail l'œuvre de Jacques Demy qui j'en suis sûr me ravira.

 

 

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Titre : Les parapluies de Cherbourg
Titre original : Les parapluies de Cherbourg
Réalisateur : Jacques Demy
Scénario : Jacques Demy
Photographie : Jean Rabier
Musique : Michel Legrand
Format : Couleur
Genre : Drame musical
Durée : 83 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1964
Distribution : Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo, Anne Vernon, Marc Michel, Ellen Farner

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Publié le Lundi 20 Avril 2009 à 12:06:13

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Ascenseur pour l'échafaud
de Louis Malle

 

 

Synopsis : Un homme assassine son patron avec l'aide de sa femme dont il est l'amant. Voulant supprimer un indice compromettant, il se retrouve bloqué dans l'ascenseur qui l'emporte sur les lieux du crime.

 

 

Autour d'une histoire toute simple mais parfaitement menée, Louis Malle impressionne pour son véritable premier film. Sa mise en scène à la fois classique et inventive annonce le style créatif et émancipé de la nouvelle vague qui émergera l'année suivante. L'introduction est à ce titre particulièrement évocatrice de la volonté du cinéaste de se différencier des canons cinématographiques traditionnels. Une posture qui ne s'arrête d'ailleurs pas seulement à ce prélude mais qui repose sur plusieurs aspects essentiels, à commencer par le traitement de l'intrigue, conférant au film un caractère personnel, presque unique pour un film français (un policier qui plus est) à l'époque.

En effet, Louis Malle semble s'être fortement inspiré des meilleurs films noirs américains pour dépeindre son ambiance nocturne ainsi que d'Alfred Hitchcock de qui il a probablement hérité son traitement exemplaire du suspense. Bref, un film français qui me semble avoir merveilleusement assimilé des inspirations toutes droit venues des Etats-Unis, comme le confirme l'inoubliable et magnifique bande originale du film signée Miles Davis, en les incorporant à un univers plus que jamais « français » (tournage à Paris, contexte historique particulier, personnages...).

À cela s'ajoute une histoire policière des plus captivantes et des plus réussies malgré sa « trivialité » (un amant et une femme mariée décident de tuer l'époux de cette dernière), bénéficiant d'un scénario solide (imprégné d'un fatalisme tragi-comique très appréciable) et d'excellents dialogues manifestement très travaillés, bénéficiant également d'un noir et blanc de toute beauté, de l'inspiration de Louis Malle derrière la caméra (offrant de magnifiques scènes, notamment l'errance nocturne de Jeanne Moreau dans les rues de Paris), sans oublier enfin la très bonne performance des acteurs (en particulier Jeanne Moreau, sublime ou de Lino Ventura en second rôle de luxe).

Ascenseur pour l'échafaud m'a entièrement convaincu malgré ses petits défauts et ses légères incohérences. Louis Malle confirme les éloges que lui ont valu Le monde du silence et remporte même le prix Louis Delluc 1957, lançant l'une des carrières de réalisateur les plus riches et passionnantes que nous ayons connu en France.

 

 

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Titre : Ascenseur pour l'échafaud
Titre original : Ascenseur pour l'échafaud
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle et Roger Nimier, d'après le roman de Noël Calef
Photographie : Henri Decae, assisté de Jean Rabier
Musique : Miles Davis
Format : Noir et Blanc
Genre : Policier
Durée : 91 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1958
Distribution : Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Georges Poujouly, Yori Bertin, Lino Ventura

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Lacombe Lucien (Louis Malle, 1974) Publié le Mardi 21 Avril 2009 à 15:49:14

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Lacombe Lucien
de Louis Malle

 

 

Synopsis : Lucien Lacombe, un jeune paysan du Sud-Ouest travaillant à la ville, retourne pour quelques jours chez ses parents en juin 1944. Son père a été arrêté par les Allemands et sa mère vit avec un autre homme. Il rencontre son instituteur, devenu résistant, à qui il confie son désir d'entrer dans le maquis. Il essuie un refus. De retour en ville, il est arrêté par la police et après un habile interrogatoire dénonce son instituteur. Il est engagé par la Gestapo.

 

 

Si Lacombe Lucien n'est pas le premier film polémique de Louis Malle (ce dernier s'étant déjà fait remarquer dès son second film avec Les amants), il s'agit probablement du plus célèbre et de celui qui a donné lieu, dans la carrière de son réalisateur, au plus grand nombre de discussions et de critiques après sa sortie (souvent à côté de la plaque d'ailleurs). Son sujet fondamentalement politique, revenant sur une période et des faits encore tabou à l'époque – ceux de l'occupation et de la collaboration – au travers de l'histoire d'un jeune paysan entrant dans la milice et s'éprenant d'une jeune fille juive, ne fut pas sans choquer une partie de la critique française. Son engagement fut relativement mal interprété et on reprocha à Louis Malle de lui trouver des justifications, alors qu'il semble évident qu'il ne juge jamais son personnage, ne justifiant jamais ses actes, les exposant le plus simplement du monde. Les raisons qui poussent Lucien du mauvais côté sont essentiellement à chercher dans le pur hasard et dans son incapacité intellectuelle à saisir des concepts idéologiques, même basiques tel que le bien ou le mal qui lui feraient prendre conscience de ses agissements. Son ignorance et sa simplicité d'esprit associés à la méchanceté de son comportement et de ses actes ont d'ailleurs dû provoquer un rejet radical chez de nombreux spectateurs tant le portrait que nous donne à voir Louis Malle est d'un réalisme effroyable tout en étant extrême et dérangeant.

La force du film réside justement dans cette recherche du réalisme à la manière du documentaire qui émane du film, et ce à tous les niveaux qu'ils soient historiques, sociaux ou psychologiques, ou encore dans l'ambiance oppressante et tendue qui entretient un sentiment énigmatique sur les motifs de chacun et enfin dans une mise en scène très sobre qui ne cesse d'intensifier ces deux aspects. Les acteurs, en particulier Pierre Blaise dont le naturel et l'authenticité (c'est un véritable paysan) conviennent à merveille au rôle et Aurore Clément, déjà remarquable, parviennent à cerner toutes les ambiguïtés de leur personnage avec une maîtrise assez époustouflante pour un premier film.

Au-delà de la polémique, Lacombe Lucien dépeint le portrait à la fois fascinant et déroutant d'un jeune paysan dont on n'arrive pas à savoir « si on le déteste tout à fait » mais dont l'engagement absurde et la personnalité insaisissable offre des pistes de réflexions véritablement passionnantes.

 

 

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Titre : Lacombe Lucien
Titre original : Lacombe Lucien
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle et Patrick Modiano
Photographie : Tonino Delli Colli
Musique : Django Reinhardt, André Claveau, Irène de Trébert
Format : Couleur
Genre : Drame
Durée : 140 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1974
Distribution : Pierre Blaise, Aurore Clément, Holger Löwenadler, Therese Giehse, Stéphane Bouy

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Publié le Jeudi 23 Avril 2009 à 14:38:51

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La féline
de Jacques Tourneur

 

 

Synopsis : Irena Dubrovna est une jeune dessinatrice de mode qui pense être la descendante d'une race de monstres slaves. Lors d'une visite au zoo, elle rencontre Oliver Reed ingénieur en construction navale. Les deux jeunes New-Yorkais tombent éperdument amoureux l'un de l'autre. Oliver demande Irena en mariage, celle-ci accepte mais est effrayée à l'idée de perdre sa virginité : selon les vieilles légendes de son pays (la Serbie), elle se transformera en féline et dévorera son amant lorsque celui-ci l'embrassera …

 

 

La féline est un film relativement méconnu du grand public. Pourtant, il s'agit d'un film éminemment novateur et important qui a changé la face du cinéma à partir des années 40, en particulier du cinéma d'épouvante. On peut dire que Jacques Tourneur avec La féline est l'inventeur d'un nouveau genre cinématographique ainsi que de nouveaux procédés de mise en scène qui permettront d'aborder le cinéma d'une nouvelle façon, avec un regard plus moderne et intimiste.

À la base, le film n'était pourtant qu'une petite production, une série B au budget ridicule que le talent et la créativité de Jacques Tourneur ont permit d'élever au rang de film culte, voire de chef d'œuvre aux yeux de certains. Ce fut d'ailleurs un succès public immense qui sauva pour le coup sa maison de production – RKO – de la faillite cette année là.

La féline est donc le paradigme du film fantastique, ce genre se basant sur la suggestion des menaces physiques ou psychiques plutôt que sur leur exposition frontale et manifeste (qui a souvent le défaut de souffrir de l'obsolescence de ses effets ou de ses trucages) relevant de l'épouvante et qui jusque là faisait figure de règle. Jacques Tourneur, par choix ou par contrainte (ou les deux), a choisi de privilégier un traitement plus subtil et plus intimiste de son histoire en jouant sur les attentes et les angoisses du spectateur. Ainsi, la menace n'est jamais clairement montrée à l'écran, elle est simplement suggérée hors-champ avec une habileté et une intelligence admirables. Si tout le film suit cette idée, deux scènes en particulier illustrent brillamment le travail réalisé autour de la mise en scène pour intensifier cette impression. La première, celle de la poursuite dans le parc, joue astucieusement avec les cadrages, les bruits et l'éclairage en établissant une montée progressive de l'angoisse terriblement efficace et s'achevant brutalement sur un effet de style qui sera utilisé un nombre incalculable de fois par la suite (connu sous le nom d'« effet-bus », il consiste à désamorcer la tension par l'apparition soudaine dans le champ de la caméra d'un objet/animal/personne sécurisant ou rassurant). La seconde est celle de la piscine, d'une grande intensité grâce au travail sur les sons, les ombres et les lumières. Finalement, la suggestion se révèle souvent plus efficace et terrible (de nombreux exemples de films sont là pour l'attester, des Dents de la mer à Rosemary's Baby) en touchant plus profondément et intimement le spectateur.

L'intérêt de La féline ne se limite d'ailleurs pas uniquement à l'efficacité de ce procédé avant-gardiste mais possède une véritable richesse thématique. Chaque personnage bénéficie d'un traitement particulier faisant écho à des représentations que l'on pourrait aisément associer à la psychanalyse, en particulier autour de réflexions sur le désir ou la féminité. Bref, outre le soin porté à la forme, le film bénéficie d'un contenu riche et passionnant des plus appréciables pour un film de ce genre.

Je ne finirai pas sans évoquer l'éclatante performance de Simone Simon qui participe très largement à la réussite du film par sa subtilité, sa présence et sa beauté renversante. Elle livrera malheureusement avec La féline son dernier film notable, les studios ne jugeant pas bon de la réemployer dans un grand premier rôle malgré le succès du film.

Film sans prétentions, La féline apporta un souffle de modernisme sur le cinéma tout en révélant au public américain le talent de son réalisateur.

 

 

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Titre : La féline
Titre original : Cat People
Réalisateur : Jacques Tourneur
Scénario : DeWitt Bodeen (en réalité il s'agit plus d'un travail collectif)
Photographie : Nicholas Musuraca
Musique : Roy Webb et Constantin Bakaleinikoff
Format : Noir et Blanc
Genre : Fantastique
Durée : 71 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1942
Distribution : Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph

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