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Léo fait son cinéma

Le feu follet (Louis Malle, 1963) Publié le Samedi 25 Avril 2009 à 14:36:06

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Le feu follet
de Louis Malle

 

 

Synopsis : Un homme en cure de désintoxication décide de mettre fin à ses jours. Il regagne alors Paris afin de dire adieu ses amis.

 

 

Adaptation saisissante d’un roman du très controversé Drieu La Rochelle, Le feu follet est un grand film sur l’ennui, le mal-être et la solitude. Louis Malle livre une nouvelle fois un film très personnel, qui sans être autobiographique s’inspire beaucoup de ses propres expériences, notamment le suicide similaire de l’un de ses amis ou encore au travers du regard acerbe qu’il porte à une certaine bourgeoisie et intelligentsia parisienne (on peut aussi noter que les habits que porte Maurice Ronet dans le film sont les siens et qu’il a lui-même décoré la chambre de ce dernier avec de nombreux objets lui appartenant).

Louis Malle suit donc les ultimes moments d’un homme qui a perdu le goût de la vie mais que l’on devine pourtant encore relativement jeune, et qui ayant planifié la date de son suicide, décide de rendre visite à ses anciens amis à Paris, desquels il ne semble rien attendre, ni aide, ni justification de son acte. Le traitement de son alcoolisme et la prise de conscience de l’inconsistance et de la futilité de son existence (dont il se persuade de la véracité par tous les moyens) l’amèneront à repousser l’attachement à toute vie et envie.

La lassitude, le vide, le mépris pour les autres comme pour soi et une multitude d’autres sentiments qui peuvent amener un individu à déconsidérer l’importance de son existence n’ont jamais été aussi justement et intensément retranscrit à l’écran. Les états d’âmes de cet homme bénéficient d’une caractérisation et d’un traitement profonds, passionnants et véritablement fascinants que la mise en scène de Louis Malle et le jeu de Maurice Ronet transcendent magistralement.

La mise en scène talentueuse de Louis Malle fait preuve de beaucoup d’inventivité pour dynamiser le récit et ne pas le laisser s’enliser dans la torpeur et la passivité qu’incarne le personnage joué par Maurice Ronet. Malgré le caractère sombre et quelque peu dépressif de l’histoire, force est de constater que Malle parvient à captiver le spectateur. Il filme merveilleusement son acteur, usant de gros plans particulièrement marquants, ainsi que ses moments de solitude (souvent silencieux) dans sa chambre ou de perdition auprès des autres. Il utilise aussi parfaitement les immenses qualités de son scénario – la progression de l’histoire permet une compréhension très claire des pensées du personnage principal malgré leur complexité – et exploite brillamment  les très riches dialogues du roman.

Que dire enfin de la performance impressionnante de Maurice Ronet. Il est Alain Leroy, physiquement et moralement ; son expressivité et son naturel, dans un rôle loin d’être évident, démontrent un immense talent et si une telle puissance émane du film c’est en grande partie grâce à lui.

Le feu follet est un film remarquable qui malgré son sujet difficile se révèle d’une intensité et d’une richesse rarement égalées.

 

 

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Titre : Le feu follet
Titre original : Le feu follet
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle d'après le roman de Pierre Drieu
La Rochelle
Photographie
: Ghislain Cloquet
Musique : Erik Satie
Format : Noir et Blanc
Genre : Drame
Durée : 108 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1963
Distribution : Maurice Ronet, Léna Skerla, Yvonne Clech, Hubert Deschamps, Jean-Paul Moulinot, René Dupuy, Bernard Noël, Jeanne Moreau, Alexandra Stewart, François Gragnon...

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Les amants (Louis Malle, 1958) Publié le Lundi 27 Avril 2009 à 14:01:49

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Les amants
de Louis Malle

 

 

Synopsis : Une femme riche et spirituelle, mariée à un magnat de la presse, rencontre par hasard un jeune homme dont elle tombe amoureuse. Elle devient sa maitresse et quitte sa vie bourgeoise peut-être pour toujours.

 

 

Après un premier film relevant plus de l’exercice de style, non moins réussi, que de l’œuvre personnelle, Louis Malle se lance dans l’adaptation d’un conte « libertin » du XVIIIème siècle qu’il transposera très librement aux années 50. Les amants respire effectivement une liberté de ton et de mise en scène toute particulière dont la Nouvelle vague se fera le chantre. D’abord en esquissant avec souplesse et authenticité les traits d’une bourgeoisie renfermée sur ses conventions, gentiment sotte et menant une vie ennuyeuse faîtes de futilités que l’arrivée impromptue d’un jeune homme au regard et aux considérations étrangères (malgré son appartenance à cette même bourgeoisie) fera exploser. Cet homme, on le devine, c’est Louis Malle, désirant s’affranchir d’un monde qu’il abhorre en exposant de front ce que ce dernier n’ose voir ni même entendre parler. C’est ainsi qu’après une première partie tout autant agréable que descriptive, Louis Malle émancipe assez radicalement son histoire en dépeignant l’intensité et la simplicité du « coup de foudre à l’état brut » qui frappera Jeanne et Bernard. C’est au travers de cet affranchissement que la mise en scène de Louis Malle va se libérer et offrir ses plus belles scènes, captant avec beaucoup de sensibilité et de beauté l’amour éclatant de ces amants jusque dans ce que Truffaut qualifiera de « première nuit d’amour du cinéma ». La photographie vaporeuse reflète un très beau noir et blanc qui participe à sublimer cette inoubliable nuit d’amour. Elle apparaît aujourd’hui bien légère mais fut considérée comme extrêmement licencieuse à l’époque et souleva de vives critiques en particulier pour cet adultère assumé et consommé avec autant de plaisir. Il semble indéniable que Les amants ait participé en son temps à la libéralisation des mœurs au cinéma comme au sein de la société.

De la même manière, les dialogues vont s’affranchir du carcan bourgeois traditionaliste qui régissait et filtrait toute émotion pour éclater avec finesse dans toute la simplicité, la justesse et la naïveté d’un amour intense et brutal.

Enfin, Louis Malle a la chance de profiter d’un casting de premier ordre. Jeanne Moreau est éblouissante de beauté et de talent et Alain Cuny joue son rôle de mari trompé à merveille.  

Si découvrir aujourd’hui un tel film n’a probablement pas la même intensité qu’en 1958 et si je lui trouve personnellement quelques légères longueurs, on retiendra avant tout que Les amants est un beau film sur lequel souffle un sentiment enivrant de liberté et de fraicheur.

 

 

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Titre : Les amants
Titre original : Les amants
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle et Louise de Vilmorin
Photographie : Henri Decae
Musique : Johannes Brahms
Format : Noir et Blanc
Genre : Romance
Durée : 90 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1958
Distribution : Jeanne Moreau, Jean-Marc Bory, Alain Cuny, Judith Magre, José Luis de Vilallonga

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Le Quai des brumes (Marcel Carné, 1938) Publié le Jeudi 30 Avril 2009 à 17:47:58

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Le Quai des brumes
de Marcel Carné

 

 

Synopsis : Un déserteur rencontre une jeune fille, dans un port où il tente de se cacher. Tout de suite, ils tombent amoureux l'un de l'autre. Malheureusement, de mauvais garçons vont croiser leur route et le destin va se montrer inexorable.

 

 

Cette deuxième association Marcel Carné/Jacques Prévert – après Drôle de Drame en 1937 – est celle qui a véritablement établit la renommée de cet admirable duo du cinéma français tout en consacrant un nouveau style qui donna lieu à une série de chefs d’œuvre comme l’on n’en fait malheureusement plus. Le Quai des brumes, illustration remarquable du réalisme poétique que Carné et Prévert ont incarné, selon moi, avec le plus d’ardeur et de talent (à moins que les définitions de ce terme ne se soient justement développées à partir de leurs films), est la représentation désenchantée et pessimiste d’une société française d’avant-guerre pleine de craintes et d’incertitudes. Amour et bonheur ne sont que chimères pour ceux qui se hasardent à y donner vie, inévitablement rattrapés par la triste et glaciale réalité d’un monde auquel on ne peut pas échapper. Profondément déprimant, Le Quai des brumes est malgré tout d’une beauté fascinante que l’on ne peut s’empêcher d’admirer et d’apprécier ; beauté terrible des dialogues de Prévert – qui personnellement me touche comme aucun autre – (même si ils n’atteignent pas à mon goût la quintessence des Enfants du Paradis, il est vrai plus exaltant) ; beauté ténébreuse des images de Carné reflétant la noirceur et l’opacité d’une ville qui symbolise à elle toute seule toute la mélancolie et le mal-être d’une population ; beauté tragique, enfin, des personnages que l’on sent désespérés et abandonnés à la fatalité de leur sort. Jean Gabin, Michèle Morgan, Michel Simon, Pierre Brasseur et tous les autres sont d’ailleurs d’une sincérité et d’une justesse admirables chacun dans leur rôle.

Osmose presque parfaite entre une ambiance que la mise en scène et la photographie traduisent de la plus belle des manières et des dialogues que les acteurs et la musique célèbrent à chaque instant, Le Quai des brumes est le film magnifique d’une époque (il n’est pas le seul) dont on ne retient malheureusement aujourd’hui qu’une seule, mais non moins sublime, réplique.  

Voilà un cinéma que j’aime profondément, qu’il est pourtant de bon ton de ne plus célébrer, mais dont la qualité et la beauté me fascine à une époque où le cinéma français ne m’a rarement paru aussi peu attrayant.

 

 

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Titre : Quai des brumes
Titre original : Quai des brumes
Réalisateur : Marcel Carné
Adaptation et dialogues : Jacques Prévert d’après le roman de Pierre Mac Orlan
Photographie : Eugen Schüfftan
Musique : Maurice Jaubert
Format : Noir et Blanc
Genre : Drame
Durée : 91 min
Pays d'origine : France
Date de sortie : 1938
Distribution : Jean Gabin, Michèle Morgan, Michel Simon, Pierre Brasseur, Edouard Delmont

Afficher le commentaire. Dernier par Je sais cuisiner le 24-07-2013 à 11h47 - Permalien - Partager
Les vestiges du jour (James Ivory, 1993) Publié le Vendredi 1 Mai 2009 à 20:01:32

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Les vestiges du jour
de James Ivory

 

 

Synopsis : Les doutes et les tourments du majordome d'une grande famille anglaise qui, en 1956, après trente années de parfait service, se demande s'il n'a pas gaspillé sa vie.

 

 

Comment ne pas répéter à chaque fois les mêmes propos élogieux au sujet des films de James Ivory ? Car Les vestiges du jour n'échappe pas à la règle, bien au contraire.

Le style bien caractéristique de son réalisateur est toujours présent : précision de la mise en scène révélant un savoir-faire et un talent indéniable, élégance et raffinement des décors et des costumes, justesse et authenticité de la représentation d'un microcosme social à une époque donnée, direction d'acteur irréprochable, photographie soignée et j'en passe. Un style auquel il joint une nouvelle fois la richesse d'un roman (de toute évidence de qualité vu le scénario de Ruth Prawer Jhabvala) mêlant assez judicieusement divers niveaux de lecture qui agrémentent avantageusement l'histoire à la base du film.

Après avoir évoqué avec beaucoup de subtilité et d'intelligence de nombreuses thématiques inscrites dans chacun de ses films dans un environnement semblable – celui de l'aristocratie britannique – James Ivory choisit d'évoquer le milieu des domestiques et en particulier les relations dominées par la dureté, la sévérité et l'insensibilité qu'entretiennent au sein de la maison Darlington, le majordome – Anthony Hopkins dans l'un de ses plus grands rôles – et la gouvernante – Emma Thompson qui fait très bonne figure face à son mentor. Elles prennent une dimension d'autant plus intéressante qu'elles se mêlent habilement au contexte politique et international de l'époque (les années qui précèdent la Seconde guerre mondiale) amenant un questionnement philosophique profond et passionnant, notamment sur la responsabilité ou le sens que l'on donne à sa vie. Le traitement de cette histoire d'amour qui n'a jamais réellement commencé est remarquable de sobriété et d'inventivité. C'est avec beaucoup de maîtrise que James Ivory parvient à captiver et à émouvoir le spectateur alors qu'il filme un monde régenté par les conventions, le silence, la discipline et la soumission et bannissant toute émotivité et façon de penser par soi même. Anthony Hopkins traduit à merveille toute la complexité du personnage du majordome, incapable de se libérer de cette emprise et préférant gâcher sa vie plutôt que de devoir remettre en cause ses choix passés et James Ivory nous gratifie de magnifiques et troublantes scènes autour de cette idée.

Nouvelle réussite, proche du chef d'œuvre s'il ne manquait pas la scène où les quelques minutes de plus me renversant émotionnellement, Les vestiges du jour est probablement l'un des meilleurs films de James Ivory.

 

 

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Titre : Les vestiges du jour
Titre original : The Remains of the Day
Réalisateur : James Ivory
Scénario : Ruth Prawer Jhabvala, d'après le roman de Kazuo Ishiguro
Photographie : Tony Pierce-Roberts
Musique : Richard Robbins
Format : Couleur
Genre : Drame
Durée : 134 min
Pays d'origine : Royaume-Uni, Etats-Unis
Date de sortie : 1993
Distribution : Anthony Hopkins, Emma Thompson, James Fox, Christopher Reeve, Michael Lonsdale, Hugh Grant

Afficher le commentaire. Dernier par Consultation des livres en ligne le 17-07-2013 à 10h02 - Permalien - Partager
West Side Story (Robert Wise & Jerome Robbins, 1961) Publié le Samedi 2 Mai 2009 à 13:56:39

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West Side Story
de Robert Wise et Jerome Robbins

 

 

Synopsis : Dans le West Side, bas quartier de New York, deux bandes de jeunes s'affrontent, les Sharks de Bernardo et les Jets de Riff. Un ex des Jets, Tony, s'éprend de Maria, la sœur de Bernardo.

 

 

Célèbre comédie musicale hollywoodienne aux 10 oscars, unanimement acclamée à travers le monde, West Side Story est une adaptation contemporaine du Roméo et Juliette de Shakespeare dans le New-York pauvre et disparate des années 50/60. Bénéficiant du succès préalable de la pièce qui fut jouée à Broadway quelques années auparavant, West Side Story fut l'occasion de représenter une réalité économique et sociale peu reluisante tout en ciblant le grand public par un medium et un genre populaires et une histoire d'amour universelle. Encore fallait-il le réussir... À en croire les critiques et les récompenses qu'obtint le film ce fut largement le cas. De mon côté, une fois n'est pas coutume, je suis loin d'avoir été convaincu tout en reconnaissant de nombreuses qualités. 

Robert Wise, associé à Jerome Robbins (avant que celui-ci ne soit remercié par les producteurs du fait de sa trop coûteuse exigence sur le plateau), livre une adaptation d'une beauté formelle absolument remarquable. Il serait hypocrite de ne pas louer la qualité du travail qui fut apportée au niveau des décors ; l'équipe du film créant presque entièrement en studio (seule l'introduction fut tournée en extérieur) un quartier populaire très réaliste et admirablement stylisé. Elle crée aussi parallèlement une ambiance particulière, en parfaite harmonie avec les décors, que les éclairages, les lumières et les différentes perspectives rendent avec beaucoup de caractère et une certaine réussite. La mise en scène, très inventive et talentueuse, suit avec une limpidité et un naturel étonnant les nombreux passages chorégraphiés comme ceux qui ne le sont pas et instaure un rythme entrainant nécessaire pour suivre sans ennui les 2h30 de film. Les chorégraphies justement, sont dans l'ensemble très plaisantes à suivre, démontrant, même si je ne suis pas spécialiste, la créativité et le talent de leur auteur et des danseurs. Enfin pour en finir avec les points positifs, la musique de Leonard Bernstein est vraiment très bonne, ce qui n'est pas le cas de toutes les chansons...

Plusieurs choses m'ont déplu assez fortement. Si l'histoire collective des gangs et la critique sous-jacente qui s'y dissimule m'a paru très intéressante et réjouissante, l'histoire d'amour d'une mièvrerie sans nom (et pourtant je ne suis pas difficile à ce niveau, loin de là) est absolument ridicule, la faute à un Tony – Richard Beymer – tout simplement nullissime, extrêmement fade et insipide (alors que le reste du casting est inversement bon) et à quelques chansons véritablement peu inspirées et recherchées qui ne m'ont pas emballé. Autant dire que je n'ai pas été ému une seule fois par le destin tragique des deux amoureux qui se voulait quand même être l'apothéose du film. Question de sensibilité et de goût donc, qui ne gêne que moi et c'est tant pis. 

 

 

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Titre : West Side Story
Titre original : West Side Story
Réalisateur : Robert Wise et Jerome Robbins
Scénario : Jerome Robbins et Ernest Lehman d'après la comédie musicale écrite par Arthur Laurents
Photographie : Daniel L. Fapp
Musique : Leonard Bernstein
Format : Couleur
Genre : Comédie musicale
Durée : 152 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1961
Distribution : Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris

Afficher le commentaire. Dernier par Dan le 04-04-2010 à 19h49 - Permalien - Partager