Les enfants du paradis de Marcel Carné
Synopsis : 1840, boulevard du crime. Les amours contrariées de Garance et du célèbre mime Debureau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance ; la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste.
Je ne vais pas m'étendre sur Marcel Carné puisqu'il s'agit du premier film que je vois de ce réalisateur. Simplement quelques mots pour replacer le film dans son contexte. L'histoire est inspirée de la vie du célèbre mime du 19ème siècle, Jean Baptiste Gaspard Debureau, autour de laquelle gravitent de nombreux personnages atypiques, propices à une distribution de tout premier ordre (d'autant plus que le film est loin d'être centré sur la vie de Debureau). On retrouve ainsi Jean-Louis Barrault dans le rôle de Debureau, Pierre Brasseur dans celui de Lemaître, Marcel Herrand en Lacenaire et enfin Arletty en Garance. Autant dire une distribution exceptionnelle qui jouera son rôle à la perfection.
Le tournage eu lieu en 1943, en plein occupation, le résultat n'en est que plus impressionnant quand on imagine les difficultés que cela a du engendrer.
Le film se divise en deux parties, la première « Boulevard du crime » retrace le ballet amoureux d'hommes facinés autour de Garance parallèlement à la réussite de Lemaître au théâtre et Debureau à la pantomime ; la seconde « L'homme blanc » se déroule 7 ans plus tard et raconte les retrouvailles de Debureau et Garance.
Pour terminer, ce film a été classé « meilleur film français de tous les temps » en 1993 par plus de 600 professionnels du cinéma et est considéré par certains comme le meilleur film jamais réalisé.
Je ne me hasarderai pas encore à me prononcer aussi définitivement, cependant il est indéniable après avoir vu ce film qu'il s'agit là d'une œuvre qui s'approche de la perfection si elle ne l'atteint pas. Les enfants du paradis est un monument de poésie, de romantisme, d'une profonde beauté qui nous envahit et nous habite bien longtemps après sa vision. Les histoires de chaque personnages, tout en s'entremêlant avec une fluidité et une justesse sans égale, s'inscrivent dans une description de la société et plus précisément d'un microcosme social et surtout culturel (celui du Boulevard du crime) et d'une époque (1840) d'une richesse inouïe et passionnante. Ce Boulevard du crime, en plus d'être magnifiquement reproduit, véhicule une fraîcheur de vivre, une envie et une curiosité rare qui font agréablement plaisir. On est ainsi, à la manière des badauds allant au théâtre, contemplatif du talent des acteurs, des acteurs qui ne se contentent pas simplement de jouer un personnage mais l'habitent réellement. Comment ne pas être troublé par la mélancolie et la tristesse de Debureau, l'audace et l'impétuosité de Lemaître, l'ironie et le sérieux d'un Lacenaire, et la franchise, l'intelligence et la simplicité de Garance ? Mais c'est aussi oublier, à tort, tous les seconds rôles dont les personnages sont loin d'être superficiels (Nathalie, Avril…). Les échanges que se livrent tour à tour les personnages entre eux font partie des plus beaux jamais écrit. Prévert profite de la singularité des caractères de chaque personnage pour nous offrir des dialogues brillants, successivement ironiques, sérieux, romantiques (jamais les déclarations d'amour n'ont été plus belles que dans Les enfants du paradis), drôles, toujours mélodieux et profondément imprégnés de poésie. Je me force à ne pas vous écrire quelques passages pour ne pas briser leur unité et leur fluidité (et pour éviter de faire 3 pages de plus…) mais je vous invite sérieusement à regarder ce film pour vous faire une idée de l'intensité et de la beauté qui émerge de chaque dialogue. Je ne résiste absolument pas à des dialogues bien écrits et je dois dire que Prévert est particulièrement talentueux dans ce domaine (ce n'était pas forcément évident, le cinéma possède tout de même certaines contraintes). Bien sur, cela ne fait pas tout, mais cela devient exceptionnel lorsque les dialogues sont prononcés avec une passion et une sincérité débordante, reflet du talent et de l'implication des acteurs dans leur personnage. De même, la mise en scène de Carné évite d'en faire trop, évite de noyer son film sous les effets de styles et s'évertue, de manière très classique mais non moins empreinte de poésie, de romantisme et d'émotion, à raconter une histoire et décrire des personnages. Il n'en faut pas plus pour réaliser un véritable chef d'œuvre qui aujourd'hui encore ne laisse pas indifférent ceux qui ont la chance de le découvrir.
Titre : Les enfants du paradis
Titre original : Les enfants du paradis
Réalisateur : Marcel Carné
Scénario : Jacques Prévert
Photographie : Roger Hubert, Marc Fossard
Musique : Maurice Thiriet, Joseph Kosma
Format : Noir & blanc
Genre : Drame
Durée : 182 min
Pays d'origine : France
Date de sortie :1945
Distribution : Arletty, Jean-Louis Barrault, Maria Casarès, Pierre Brasseur, Marcel Herrand, Louis Salou, Pierre Renoir
Larry Flynt de Milos Forman (1996)
Synopsis : Evocation de la vie de Larry Flynt, pornographe, et plus particulièrement de son combat, qu'il a gagné, pour faire appliquer le premier amendement de
Milos Forman est bien connu pour ses biopics (Amadeus, Man on the moon…) de personnages haut en couleurs comme nous le confirme ce film retraçant la vie du tout autant célèbre que controversé Larry Flynt, propriétaire et créateur des magazines pornographiques Hustler aux Etats-Unis.
Milos Forman semble se compliquer la tâche en choisissant d'évoquer la vie de personnalités excentriques, insolites, loufoques qui se heurtent à la mise en scène classique et très sobre du réalisateur. Dans Larry Flynt, cela est particulièrement visible et assez gênant. Sensé relater la vie d'un pornographe (et semble t'il le plus subversif, le plus cru d'entre tous) c'est à peine si nous voyons un sein à l'écran (j'exagère un peu mais le film est largement « tout public » ce qui est un peu un comble). Cela dit, Forman n'a pas voulu faire un film sur la pornographie en elle-même, mais plutôt sur la liberté d'expression. Et plus précisément sur la défense de cette liberté à une époque où la morale religieuse bien-pensante et puritaine occupait une place considérable dans les mœurs de la société américaine et exerçait un lobbying très efficace sur le politique. Le magazine en lui-même et sa réputation n'étant que le prétexte à la défense de cette liberté. On ne sait pas après tout (même si le film nous montre Larry Flynt comme le chantre de cette liberté d'expression) si Flynt avait un attachement profond à celle-ci ou si c'était plutôt son caractère « rebelle » ou tout au moins son rejet total des institutions et son plaisir à tout envoyer balader. En cela c'est toujours l'avocat qui est porteur de ce message et non Flynt. Dès lors, pourquoi le personnage de Larry Flynt pour évoquer ce sujet, il est fort à parier qu'à la même époque de nombreuses personnalités se sont profondément impliquées à défendre cette cause. Sans aucun doute parce que Larry Flynt est un personnage atypique dont la vie et surtout le caractère sont les prétextes à de nombreuses péripéties. À commencer par une histoire d'amour sincère, intense et dramatique avec sa femme Althea. Ainsi Forman, au travers de cette biographie, nous raconte essentiellement deux choses (sur deux plans distincts, l'un général, l'autre individuel) qu'il s'efforce d'entremêler et de confondre : une histoire d'amour et un combat pour la défense de la liberté d'expression. L'activité de Larry Flynt n'y a donc pas un rôle important (cette partie est rapidement évacuée au départ par d'importantes ellipses), c'est un choix qui est tout à fait défendable dans lequel Larry Flynt a le beau rôle. Selon moi c'est très dommageable, non pas parce que Flynt serait le plus gros des salauds et qu'il ne mériterait pas une telle célébration mais plutôt parce qu'il aurait été probablement plus intéressant de le montrer avec ses défauts, avec un visage plus vrai et moins enchanteur ce qui aurait considérablement enrichi le personnage. Il est bien plus dévoyé et cynique qu'il ne l'est dans le film. Ainsi dénoncer un discours puritain en étant aussi chaste et pudibond que ce que l'on critique me semble bien fâcheux. Ce n'est pas une très grande marque de courage, et même si l'on cherche à toucher un public bien plus important (pour quelles raisons d'ailleurs, économiques ou morales ?), un tel sujet aurait mérité un traitement plus audacieux et osé. C'est du moins ce que je pense. Le film souffre donc de ce « politiquement correct », de ce manque d'audace et de cette sobriété et de cette retenue qui sont la marque de Forman. On ne peut pas le blâmer pour cela car c'est ainsi qu'il réalise ses films et qu'il les réalise bien. On peut peut-être s'interroger sur la pertinence d'adapter la vie de ce personnage.
Du côté des satisfactions, car malgré tout ce film est à voir (je suis plutôt déçu par le traitement qui a été fait que par le reste), les acteurs sont très bons. Woody Harrelson et Courtney Love forment un très beau couple dans lequel et paradoxalement le personnage d'Althea est plus excessif et offre du coup une performance plus remarquée (Flynt aurait ainsi gagné à être plus excessif). De même, leur contraire, Alan Isaacman, joué par Edward Norton est convaincant en avocat sérieux et dévoué.
Un bon film malgré tout ce que j'ai pu en dire.
Titre : Larry Flynt
Titre original : The People vs. Larry Flynt
Réalisateur : Milos Forman
Scénario : Scott Alexander, Larry Karaszewski
Photographie : Philippe Rousselot
Musique : Thomas Newman
Format : Couleur
Genre : Biopic
Durée : 129 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 1996
Distribution : Woody Harrelson, Courtney Love, Edward Norton
Man on the moon de Milos Forman (1999)
Synopsis : La carrière du comique américain Andy Kaufman, mort en 1984 d'un cancer du poumon. Né à New York en 1949, il débute dans de nombreux cabarets avant de se faire remarquer à la télévision dans la célèbre émission "Saturday Night Live". Il est une des vedettes de la série "Taxi" puis provoque les réactions les plus diverses en montant des spectacles originaux, notamment au Carnegie Hall de New York.
Milos Forman nous invite à découvrir la carrière et la vie du célèbre comique Andy Kaufman, extrêmement connu outre-Atlantique, qui furent aussi intenses et déjantées que courtes. Kaufman était un artiste atypique qui connu un succès phénoménal grâce à des prestations très originales, excentriques et avant-gardiste. Son talent était de ne pas se conformer aux règles et aux normes instaurées par les médias, à savoir celles d'un humour calibré et de franchir allègrement ces limites en allant généralement contre son public qui attendait de lui qu'il fasse ses meilleurs sketches, ce qu'il refusait bien évidemment de faire. Du coup, ses performances dans les shows télévisés ou dans ses spectacles vont vraiment loin, toujours à la recherche d'une innovation, d'une supercherie ou d'une tromperie qui vont perdre les spectateurs. Le succès est étonnant mais repose en fait sur un malentendu dans la mesure où Kaufman cherche constamment à berner son spectateur et à se moquer de lui, il avoue lui-même ne rien faire de comique. Malentendu d'ailleurs qui au fil du temps se dissipera et lui fera perdre son public qui commençait, peut-être à comprendre que l'on se moquait de lui, mais surtout à se lasser des pitreries récurrentes de Kaufman.
Le scénario du film relate plutôt justement les grands moments de la carrière de Kaufman de ses débuts en passant par son succès jusqu'à sa disparition. Une disparition tragique due à un cancer des poumons extrêmement rare particulièrement pour un non fumeur. Un véritable comble pour cet imposteur qui aura fait croire à tout le monde tout et n'importe quoi et qui ne sera pas cru à la fin de sa vie. Beaucoup de monde persiste à croire, encore aujourd'hui, qu'il a fomenté sa mort et qu'il s'agit de sa dernière grande supercherie. Le mythe est né et que cela soit vrai ou pas, c'est une fin qui correspond au personnage.
Jim Carrey interprète Andy Kaufman (comment aurait il pu en être autrement ? D'autant plus qu'il semblerait que Jim Carrey se soit grandement inspiré de ce dernier) et évidement le campe extraordinairement bien, il y a du Kaufman en Carrey cela semble indéniable et le film vaut d'être vu pour cette performance plus dramatique encore qu'elle n'est comique. D'ailleurs je trouve Jim Carrey tellement meilleur lorsqu'il y a ce côté sérieux et dramatique dans ses personnages (The Truman Show, Eternal Sunshine of the spotless mind) que lorsqu'il joue purement la comédie (nombreuses, et si quelque fois sympathiques, rarement réussies). N'est-ce pas un point commun avec Andy Kaufman ? Jim Carrey s'est fait découvrir en jouant la comédie (notamment grâce à son physique) et l'on attend sans cesse qu'il la joue, mais est-ce ce à quoi il aspirait réellement ?
Malgré tout, j'ai du mal avec la mise en scène de Forman qui me laisse complètement insensible. Je n'attends pas qu'elle me surprenne par des effets de styles mais qu'au moins elle provoque une certaine empathie pour les personnages ou une émotion quelconque. Ce n'est pas le cas et c'est bien dommage pour moi car il me semble que Forman a du talent. J'avoue aussi que je ne suis pas vraiment client de l'humour de Kaufman, même si je lui reconnait aussi un talent certain, voire même du génie.
J'ai donc regardé le film poliment, sans m'ennuyer, mais il ne m'a pas marqué, mais peut-être êtes vous plus admirateur du personnage que moi et plus sensible à la mise en scène de Forman.
Titre : Man on the moon
Titre original : Man on the moon
Réalisateur : Milos Forman
Scénario : Scott Alexander, Larry Karaszewski
Photographie : Anastas N. Michos
Musique : R.E.M.
Format : Couleur
Genre : Biopic
Durée : 118 min
Pays d'origine : Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Etats-Unis
Date de sortie : 1999
Distribution : Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love
Les lois de l'attraction de Roger Avary
Synopsis : Au Camden College, l'essentiel de la vie des étudiants ne se déroule pas pendant les cours. Dans cet univers de fêtes et de débauche, Sean Bateman n'a pas usurpé sa réputation de tombeur. Une bonne partie des jeunes filles du campus peuvent en témoigner personnellement.
Paul Denton, lui, affiche au grand jour son homosexualité, mais il a du mal à se trouver des partenaires.
Lauren Hynde, pour sa part, est sublime. Elle n'en abuse pas encore. Elle est trop occupée à chercher sa place dans ce monde libertaire qui obéit tout entier aux lois de l'attraction...
Ce film a semble t'il gagné le titre de film culte en transcendant le genre du teen movie en lui apportant une profondeur et un côté dramatique qui fait tout de suite plus sérieux. Tout en usant et abusant d'effets de styles sensés conforter et illustrer son propos. Je suis dubitatif.
Les lois de l'attraction racontent le vide sentimental des étudiants américains, l'absurdité de leurs comportements et leur profond mal-être qui se traduit essentiellement en défonce et en sexe. Le film est à leur image… Superficiel et creux.
Au contraire de beaucoup je trouve qu'Avary cherche simplement à réaliser un teen movie qui se distinguerait des autres plus par sa forme que par son fond. Avec comme objectif principal de trouver son public, à savoir les consommateurs de teen movie, en choisissant un casting reconnus par ce public, et en utilisant des effets de styles qui font « cool » mais qui ne servent franchement pas à grand-chose. Ca a du bon d'être associé à Quentin Tarantino, ca permet de faire croire que l'on va forcément pondre un scénario en béton et que l'on s'approche quand même forcément un peu du talent de celui-ci. Seulement Roger Avary dans ce film n'atteint jamais le talent de son collègue. En témoigne les scènes chez le dealer, simplement l'occasion de faire des scènes tarantinesques, qui malheureusement en plus d'être inutiles sont horriblement mal joués et mal écrites qui aboutissent sur une parodie involontaire assez désolante. Si les effets de styles de Avary ne sont pas inintéressants, ils s'emboitent très mal dans le film, il n'y a pas vraiment de liens entre les scènes. En cela, le résumé du voyage de Victor en Europe est encore une fois uniquement là pour faire quelque chose d'original (pas raté d'ailleurs) mais qui n'a pas d'intérêt, d'ailleurs son personnage ne sert à rien. Un peu comme celui de Paul, l'homosexuel de service, qui en fait brasse du vent et n'apporte rien d'intéressant. De manière générale, les acteurs sont plutôt mauvais, à l'image des séries qu'ils incarnent, mais on ne peut pas les en blâmer parce qu'ils n'ont pas non plus grand-chose à se mettre sous la dent tant leur rôle sont plats.
Selon moi, le film est très superficiel dans la mesure où si l'on veut montrer le côté tragique ou dramatique de la situation de tous ces étudiants que l'on voit comme des vampires ou des zombies, ce n'est pas en restant sympa, cool et soft. Les jeunes qui voient ce film verront avant tout le côté super fun des beuveries et des orgies. Ce n'est pas non plus en montrant pendant deux minutes une fille se couper les veines ou un livre de maladies sexuelles, ou un gars qui se masturbe ou fait caca devant la caméra que l'on va être choqué et voir toute la vacuité et le profond déséquilibre de ces étudiants… C'est plutôt selon moi en rentrant franchement dans le vif, en montrant les choses dans leur réalité et dans toute leur crudité (le « viol » au début fait plus rire qu'autre chose et pour ne pas trop nous choquer on comprend qu'il n'a pas eu lieu… Le rapport à la drogue laisse songeur, etc.) au risque de déplaire voire d'en laisser sur le bord de la route mais si c'est pour toujours être romantique et fleur bleue lorsque l'on aborde ce sujet ce n'est pas la peine. Vous voyez dans ces personnages une profonde détresse et une véritable souffrance ? Si c'est le cas on ne les voit pas à l'écran et on ne les devinent pas (les tentatives de suicide de Bateman sont tellement grotesques qu'il ne doit même pas savoir ce qu'il fait). Au mieux sont ils déconnectés de la réalité, au milieu d'autres illuminés. Finalement, les personnages ne savent pas ce qu'ils font ni même ce qu'ils ressentent, et n'ont pas conscience de ce qu'impliquent leurs comportements et cela retire tout effet dramatique au film et toute empathie aux personnages qui ne nous touchent, ne nous émeuvent pas une seule seconde.
Si le film se laisse regarder pour les effets de styles et les jolies filles on en sort en se disant que c'était du vide emballé dans un papier cadeau bien aguicheur.
Titre : Les lois de l'attraction
Titre original :The Rules of Attraction
Réalisateur : Roger Avary
Scénario : Roger Avary d'après le roman de Bret Easton Ellis
Photographie : Robert Brinkmann
Musique : Tomandandy
Format : Couleur
Genre : Drame, Thriller
Durée : 110 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 2002
Distribution : James Van Der Beek, Shannyn Sossamon, Ian Somerhalder, Jessica Biel, Faye Dunaway
Speed Racer des frères Wachowski
Synopsis : Speed Racer est un jeune prodige de la course automobile, né pour la course au sein d'une famille de pilotes. Or, lorsqu'il défie M. Royalton, PDG corrompu des Industries Royalton, le jeune homme découvre que tout n'est pas rose dans le sport qu'il adore.
Peu de temps après, la famille Racer est contactée par l'Inspecteur Détecteur et l'énigmatique pilote masqué Racer X, qui demandent à ce que Speed collabore avec les autorités afin de piéger Royalton et mettre au jour la corruption du monde automobile. Leur proposition : participer au Crucible, dangereux rallye automobile qui a par ailleurs coûté la vie au frère aîné de Speed, Rex.
Speed Racer est le blockbuster ($100 millions) le plus audacieux, courageux et suicidaire de l'année 2008 tant ses partis pris visuels et esthétiques ont du en rebouter plus d'un. Pourtant il s'agit d'une véritable réussite, 2h10 d'euphorie et d'émerveillement de tous les instants. Car Speed Racer est un film rare et unique (que l'on ne risque pas de revoir de sitôt sur grand écran), un petit bijou sans prétention, si ce n'est celle de divertir, qui va jusqu'au bout de ses idées, de son concept quitte à perdre ses spectateurs en route. Ceux qui accepteront de rentrer dans cet univers ne le regretteront pas.
Speed Racer nous entraine donc dans un univers imaginé, irréel, coloré et étincelant, où la course automobile est l'opportunité à un maelstrom de couleur, à un feu d'artifices des sens, à une explosion des codes visuels. Le côté très kitsch, bariolé et cartoonesque des personnages côtoie l'ultra modernisme quasi révolutionnaire des effets spéciaux. Les courses automobiles sont des moments d'une intensité et d'une richesse sans mesure, tout simplement jubilatoires desquelles émanent une énergie et un dynamisme qui nous submergent pour notre plus grand plaisir. On est ébahi devant la réussite du rendu de la vitesse (on pense évidemment beaucoup à certains jeux vidéos), de la frénésie des courses, des décors surréalistes et fantastiques.
L'histoire qui sert de trame de fond, plutôt banale, n'est que le prétexte à des extravagances visuelles, à des créations esthétiques et il serait incongru de lui reprocher une certaine légèreté. Car si elle est n'est guère originale, elle participe pleinement au dynamisme et à la vitalité du film (il n'y a pas vraiment de temps mort même si l'on peut reprocher malgré tout certains dialogues un peu trop explicatifs et longuets). Les personnages ne sont d'ailleurs pas sacrifiés au profit de l'excitation et de l'exaltation ambiante et le scénario prend le temps de les faire exister en laissant retomber pour quelques instants la pression (ce qui intensifie d'autant plus les moments forts). Ces scènes sont l'occasion de flashbacks ou d'effets de styles particulièrement créatifs et innovants. C'est un plaisir de voir autant d'idées visuelles, inventives et stimulantes pour le spectateur, les frères Wachowski sont véritablement aller très loin dans leur réalisation et le rendu est extraordinaire.
Il ne faut pas non plus oublier la musique qui participe amplement à la réussite de l'ensemble grâce à son harmonie avec le style du film et sa capacité à tonifier et dynamiser chaque scène.
C'est un film à voir dans les meilleures conditions possibles pour profiter au maximum de ses qualités (on perd forcément sur petit écran, malheureusement c'est le genre de film que l'on risque de ne pas revoir sur grand écran) et qui n'a clairement pas eu les critiques qu'il méritait lors de sa sortie.
Speed Racer est une expérience cinématographique enrichissante et exaltante de laquelle on ressort revigoré et en pleine forme.
Titre : Speed Racer
Titre original : Speed Racer
Réalisateur : frères Wachowski
Scénario : frères Wachowski adapté de la série d'animés de Tatsuo Yoshida
Photographie : David Tattersoll
Musique : Michael Giacchino
Format : Couleur
Genre : Action, CGI
Durée : 135 min
Pays d'origine : Etats-Unis
Date de sortie : 2008
Distribution : Emile Hirsch, Christina Ricci, John Goodman, Susan Sarandon, Matthew Fox