Par Ian Geoffrey TIMBERLAKE - RYAD, 25 sept 2014 (AFP) –
Des confins de l'Irak en guerre au Nigeria touché par l'épidémie Ebola, en passant par des dizaines d'autres nations, les pèlerins affluent en Arabie saoudite pour le Hajj, le plus grand rassemblement musulman au monde.
A partir des premiers jours d'octobre, près de deux millions de fidèles seront rassemblés à La Mecque, dans l'ouest de l'Arabie, pour revivre dans le recueillement une tradition de 14 siècles.
"C'est comme un rêve, un moment que je ne vais jamais oublier", confie Kazim Ibrahim, 69 ans, à son arrivée dans la ville sainte.
Cet Irakien effectue le Hajj alors que des jihadistes du groupe ultra-radical Etat islamique (EI) ont pris le contrôle d'une partie de son pays, comme de régions de la Syrie voisine.
Leurs exactions - décapitations, crucifixions, etc. - ont provoqué la répulsion du monde entier, et dix pays arabes ont décidé de se joindre à la coalition initiée par les Etats-Unis pour "détruire" l'EI, accusé par le roi Abdallah d'Arabie de pervertir l'islam, "une religion d'unité, de fraternité et d'entraide".
Ryad a confirmé mardi avoir pris part, avec d'autres pays du Golfe, aux premiers raids aériens contre ces jihadistes en Syrie.
- Menace d'épidémies -
L'Arabie saoudite, qui abrite les lieux saints de La Mecque et Médine, devra gérer le flot des pèlerins alors que plane la menace de deux épidémies: Ebola et le coronavirus MERS, dont le royaume est le premier foyer dans le monde.
Ebola a fait plus de 2.800 morts dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest.
Le coronavirus MERS a lui tué 317 personnes dans le royaume depuis son apparition en 2012, selon le ministère de la Santé. Le dernier décès, survenu la semaine passée, concerne un Saoudien de 27 ans originaire de Taëf, à quelque 80 km à l'est de La Mecque.
En juin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recommandé la vigilance face à cette maladie même si les cas de contamination commençaient à diminuer.
Avec des centaines de milliers de personnes confinées dans un espace réduit, "le Hajj constitue un facteur accentuant les risques d'infections et d'épidémies", a reconnu le ministre saoudien de la Santé par intérim, Adel Faqih.
Son ministère a mis en place un centre pour coordonner l'action de prévention durant le Hajj.
Il mobilise huit médecins pour traiter dans l'urgence toute maladie chez les pèlerins, a précisé Fouad Hussein Sindi, responsable du ministère à l'aéroport Roi Abdel Aziz de Jeddah, porte d'entrée de La Mecque.
Le ministère de l'Intérieur a précisé qu'à la date du 23 septembre, 983.362 pèlerins venus de l'étranger avaient déjà débarqué dans le pays.
- Instructions ignorées-
Pour la première fois, 15 chambres d'isolement ont été installées à l'aéroport, selon M. Sindi.
Moins de 30 personnes, souffrant de difficultés respiratoires sévères ou de fièvre, notamment des pèlerins nigérians, ont été mis à l'isolement par mesure de précaution, a précisé ce responsable à l'AFP.
Aucun cas d'Ebola ou de coronavirus MERS n'a été recensé, a-t-il assuré.
L'Arabie saoudite a interdit le pèlerinage aux ressortissants des trois pays africains les plus affectés par Ebola, le Libéria, la Guinée et le Sierra Leone.
Chaque pèlerin qui arrive doit remplir un formulaire dans lequel il doit indiquer s'il a séjourné dans un pays touché par Ebola ou s'il a été en contact avec une personne infectée par le virus.
"Nous avons déjà reçu 500.000 à 600.000 formulaires remplis", explique M. Sindi, en soulignant que les pèlerins étaient "très coopératifs".
Au total, M. Sindi dirige une équipe de 640 médecins, techniciens et membres du personnel médical. Ils utilisent notamment des caméras thermiques pour détecter d'éventuels malades.
L'Arabie saoudite a conseillé aux personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques de rester à l'écart du Hajj, "mais ils continuent à venir", indique-t-il.
La plus grande inquiétude concerne l'hygiène, souligne ce responsable, en relevant que de nombreux pèlerins ignorent les instructions de l'OMS dans ce domaine, comme se laver les mains.
Il assure toutefois que ses équipes sont capables de "contenir toute propagation d'une épidémie".
Cinquième plier de l'islam, le Hajj a été marqué ces dernières années par des bousculades et des incendies mortels et selon les médias saoudiens, les autorités ont déployé 85.000 agents des forces de sécurité pour en assurer le bon déroulement cette année.
KIRKOUK (Irak), 25 sept 2014 (AFP) - Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont fait exploser dans la ville irakienne de Tikrit, qu'ils contrôlent, un sanctuaire musulman et piégé une église millénaire, ont affirmé jeudi des sources de sécurité et des témoins.
Un lieutenant de police du secteur de Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, a affirmé que la mosquée Al-Arbaïn, connue pour être le lieu de sépulture de 40 figures de l'islam, dont des compagnons du prophète Mahomet, avait été dynamitée mercredi.
L'EI, qui a proclamé un califat sur les territoires conquis en Irak et en Syrie, prône un retour aux origines de l'islam et a déjà détruit plusieurs sanctuaires musulmans en Irak car il réprouve le fait de vénérer des lieux de sépultures.
Des hommes armés du groupe ultra-radical avaient déposé mardi des explosifs avant de les faire exploser le lendemain, ont rapporté à l'AFP plusieurs témoins.
"Le site sacré a bien été détruit", a confirmé Yahya al-Attawi, l'imam de la principale mosquée de Tikrit, qui s'exprimait à l'extérieur de la ville, conquise par les jihadistes le 11 juin, aux premiers jours de l'offensive fulgurante à la faveur de laquelle ils se sont emparés de pans entiers du territoire irakien.
Toujours à Tikrit, l'ancien fief du président renversé et exécuté Saddam Hussein, l'EI a posé des explosifs dans l'Eglise verte, un bâtiment creusé dans la roche et dont la première construction remonte au VIIe siècle.
Des habitants affirment que de nombreuses rues, habitations et bâtiments publics ont été piégés par les jihadistes qui sont parvenus à repousser plusieurs assauts des forces du gouvernement pour reprendre Tikrit.
Un collectif de musulmans de France : «Nous sommes aussi de “sales Français”»
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/09/25/31003-20140925ARTFIG00105-un-collectif-de-musulmans-de-france-nous-sommes-aussi-de-sales-francais.php
o Publié le 25/09/2014 à 10:57
Ils sont médecins, politiques, avocats, français et musulmans. Ils expriment avec la plus grande force la répulsion que leur inspire l'assassinat d'Hervé Gourdel.
Un de nos compatriotes, tombé entre les mains d'un groupe de barbares fanatisés, vient d'être assassiné et a rejoint ainsi la liste des otages qui ont servi d'exutoire au nom d'un prétendu islam dans lequel aucun de nous ne se reconnaît nullement. Nous musulmans de France, ne pouvons qu'exprimer notre répulsion et dénoncer avec la dernière énergie des crimes abominables perpétrés au nom d'une religion dont les fondements mêmes sont la paix, la miséricorde et le respect de la vie.
Nous dénions à ces êtres sauvages le droit de se revendiquer de l'islam et de s'exprimer en notre nom. Les supplices et la mort qu'ils ont infligés à nos frères chrétiens, yazidis ou musulmans, en Syrie, en Irak, au Nigeria et ailleurs, nous ont révulsés et nous ont rendus encore plus malheureux de ne pouvoir faire rien d'autre que d'exprimer notre solidarité et notre immense compassion.
Faut-il pour autant se contenter d'exprimer notre solidarité sans aller plus loin dans l'expression de notre fraternité? Non! Car il est de notre devoir, au nom précisément de cette religion de paix et du véritable islam, d'appeler tous les musulmans qui veulent rester fidèles à ces valeurs cardinales, à exprimer, là où ils sont et quelles que soient les circonstances, leur dégoût devant cette ultime manifestation de la barbarie.
Il est de notre devoir, au nom précisément de cette religion de paix et du véritable islam, d'appeler tous les musulmans qui veulent rester fidèles à ces valeurs cardinales, à exprimer, là où ils sont et quelles que soient les circonstances, leur dégoût devant cette ultime manifestation de la barbarie.Certes, cette majorité de musulmans n'est pas toujours audible, faute d'avoir accès aux médias, ou dans l'incapacité de créer elle-même ses propres outils de communication, pour rétablir l'image déformée que l'on renvoie d'eux et qui en fait soit des djihadistes, soit des fondamentalistes mais jamais des citoyens ordinaires soucieux de vivre leur foi dans le cadre des lois de la République et de sauvegarder les traditions et les cultures qui constituent chaque citoyen français dans la diversité de ses origines.
Nous, Français de France et de confession musulmane, tenons à exprimer avec force notre totale solidarité avec toutes les victimes de cette horde de barbares, soldats perdus d'un prétendu État islamique, et dénonçons avec la dernière énergie toutes les exactions commises au nom d'une idéologie meurtrière qui se cache derrière la religion islamique en confisquant son vocabulaire.
Personne ne peut s'arroger le droit de s'exprimer en notre nom, et, pour mieux attester de notre solidarité dans les circonstances dramatiques actuelles, nous revendiquons l'honneur de dire que «nous sommes aussi de sales Français».
Bariza Khiari (première vice-présidente du Sénat), Madjid Si Hocine (médecin et militant associatif), Saad Khiari (cinéaste-auteur), Ghaleb Bencheikh (président de la conférence mondiale des religions pour la paix), Farid Yaker (président du Forum France Algérie), Kamel Meziti (écrivain), Dounia Bouzar (anthropologue du fait religieux), Said Branine (journaliste rédacteur en chef d'Oumma.com), Humeyra Filiz (représentante de l'EMISCO auprés du conseil de l'Europe), l'ONG COJEP internationale, Anissa Meziti (présidente de l'association Agir contre le racisme), Abderahim Hamdani ( financier), Yasser Khaznadar (gériatre), Marwane Ben Yahmed (directeur de la publication de Jeune Afrique), Elie Melki (traducteur), Majed Nehmé (directeur de la rédaction d'Afrique Asie), Adel Kachermi (courtier en aviation), Kamel Kabtane (recteur de la Mosquée de Lyon), Faycal Megherbi (avocat au barreau de Paris), Kamel Maouche (avocat au barreau de Paris)
PAX CHRISTI
Déclaration
Communiqué 250914
Le 25 septembre 2014
L’horreur nous saisit une fois de plus, alors que nous apprenons la décapitation d’Hervé Gourdel par un groupe de criminels en lien avec l’Etat islamique. Devant le meurtre cruel d’un innocent, nous ne pouvons que laisser éclater notre colère.
Mais Pax Christi voudrait en appeler aussi à tous les hommes de bonne volonté pour qu’ils ne cèdent pas à la tentation de l’amalgame, faisant payer à d’autres par l’exclusion et la condamnation le forfait de quelques-uns. Qu’il soit clair pour tous que de telles actions qui sont le fait d’une radicalisation sectaire n’ont rien à voir avec l’Islam ou avec quelque religion que ce soit. Mais en ces moments difficiles nous ne devons pas non plus céder à la tentation de la haine. Notre espérance doit être plus forte que la barbarie pour croire toujours que Dieu peut convertir les cœurs les plus endurcis.
C’est le moment de nous unir tous, croyants de toutes les confessions et humanistes, dans une même condamnation de la barbarie, et dans la mise en œuvre, là où nous sommes, de tous les gestes de fraternité, de respect, d’accueil, que nous pouvons imaginer en direction de ceux qui sont différents de nous.
C’est le moment de construire les uns avec les autres un monde de communion et de paix.
Ceux à qui nous voulons aujourd’hui en premier exprimer nos sentiments fraternels, c’est à l’épouse, aux enfants et aux parents, d’Hervé Gourdel. A travers eux nous pensons aussi à toutes les autres victimes innocentes de cette violence, connues ou inconnues et à leurs proches. Qu’ils nous sachent à leurs côtés dans l’amitié et dans la prière.
+ Monseigneur Marc STENGER
Evêque de Troyes
Président de Pax Christi France
Catherine BILLET
Déléguée nationale
Dominique LANG, aa
Aumônier national
Contact presse :
Xavier Monmarché
Pax Christi France
Service communication
01 44 49 06 36
article publié sur le site de la revue Réforme le 24 Septembre 2014Maroc : inauguration d’un lieu œcuménique
Auteur: Marie Lefebvre-Billiez
L’institut Al Mowafaqa a été inauguré à Rabat au Maroc, les 19 et 20 septembre dernier, avec la bénédiction des autorités civiles. Un grand pas pour le pluralisme religieux au Maroc.
Coordonnées
Institut Al Mowafaqa
www.almowafaqa.com
institut@almowafaqa.comLe 19 et 20 septembre, l’institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa à Rabat au Maroc a été inauguré en présence de 200 participants et des autorités civiles, qui ont ainsi officiellement reconnu sa place dans la société marocaine. « C’est une belle réussite, avec un impact assez étonnant » se félicite le pasteur Bernard Coyault, directeur de l’institut.
Les festivités ont commencé le vendredi 19 septembre par une célébration en la cathédrale de Rabat, qui a fait salle comble pour l’occasion. L’homélie a été délivrée par Laurent Schlumberger, président du conseil de l’Église protestante unie de France, sur le thème : « Le même et l’autre ». Malheureusement, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, n’a pas pu être présent pour cause de grève à Air France.
La célébration oecuménique a été suivie d’un concert de chanteurs congolais reconnus (Ray Lema et Nzimbu Project), dans une salle de cinéma, lieu choisi pour s’ouvrir à un public hors-église. Mission accomplie, puisque ce sont 300 personnes qui se sont déplacées, découvrant ainsi la qualité culturelle des propositions de l’institut.Différer ensemble
Le samedi 20 septembre s’est déroulé toute la journée un colloque sur le thème : « Penser avec l’autre la foi et les cultures : les conflictualités créatives. » Il a réunit 120 personnes, et pas seulement des étudiants de l’institut. Catholiques, protestants et musulmans y ont participé, en provenance de Strasbourg, Bordeaux, Nairobi, Yaoundé, Dakar, etc. Le philosophe français Olivier Abel a abordé Kant et Ricoeur pour « différer ensemble » et « penser le conflit fondateur ». Le colloque s’est terminé par une intervention remarquée du pasteur suisse d’origine indienne, Shafique Keshavjee, sur le thème de « la paille et la poutre dans les violences interreligieuses ».
Alain Boyer est secrétaire de l’association des amis de l’institut. Présent lors de ce week-end, il se souvient des paroles de Shafique Keshavjee : « Né au Kenya, ayant grandi dans une région musulmane, il a fait tout un cheminement qui lui a appris que chacun doit se regarder soi-même pour éradiquer la violence en son propre sein » commente-t-il.
Migrations sub-sahariennes
Après le colloque, diverses personnalités ont pris la parole lors de l’inauguration officielle, qui a réunit 200 personnes, notamment des responsables d’Églises africains et des représentants des ministères marocains des affaires religieuses et des affaires étrangères. « Les autorités marocaines prennent conscience de l’enjeu du pluralisme religieux qui se développe avec les migrations sub-sahariennes, analyse Bernard Coyault. D’autant plus que le roi est décrit comme Mohammed VI l’Africain, son volontarisme inscrit le Maroc dans un destin résolument africain. Nous sommes encore dans l’euphorie du message de confiance que les autorités nous ont délivré. Même les retombées dans la presse sont élogieuses. »
Créé en 2012, l’institut Al Mowafaqa forme les futurs cadres des Église catholique et protestante au Maroc et offre une plateforme interculturelle et interreligieuse de dialogue avec la société civile marocaine. En 2013-2014, l’institut comptait 81 étudiants (60% de catholiques et 40% de protestants) venus de 27 pays différent, notamment des deux Congo, du Cameroun, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Mexique et de la France.