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l'entreconnaissance

Publié le Samedi 27 Septembre 2014 à 23:20:19

Un nihilisme générationnel

La France accorde bien trop d'importance à l'" Etat islamique ".

Et peut, grâce aux familles, enrayer le djihadisme des jeunes

Alors que des associations musulmanes se mobilisent contre la réduction de l'islam au djihadisme et que la France s'engage davantage dans la coalition, le politologue et spécialiste de l'islam Olivier Roy dresse un bilan critique de la stratégie choisie par le gouvernement français et donne quelques pistes pour éviter qu'une partie de la jeunesse ne rejoigne le terrorisme.

L'assassinat d'Hervé Gourdel est-il une déclaration de guerre de l'" Etat islamique " (EI) à la France ?

La déclaration de guerre a été le bombardement très médiatisé des Mirage français sur les positions de l'EI. A partir de là, on est effectivement en guerre. Mais l'erreur de communication a été de mettre l'EI sur le même plan qu'un Etat, l'Etat français, et donc de lui accorder une importance qu'il n'a pas. On est tombé ici dans la propagande de l'EI, qui est du même type que celle d'Al-Qaida : se présenter comme une alternative mondiale à l'Occident. Aucune leçon n'a été tirée de treize ans de lutte contre Al-Qaida.

Pourquoi le choix de la décapitation ?

Parce qu'il faut créer un effet de terreur visuel qui puisse passer en boucle sur Internet. La mise en scène n'a rien d'islamique : elle rappelle le " procès " d'Aldo Moro fait par les Brigades rouges italiennes en 1978. La décapitation est aussi un cliché de films ou de séries – qu'on pense à la série " Highlander " par exemple. Il faut frapper les imaginations.

Que représente l'EI par rapport à Al-Qaida ?

Au début, l'Etat islamique est un avatar d'Al-Qaida, mais qui a tiré les conclusions de l'échec de l'organisation de Ben Laden. Le génie de ce dernier avait été de mettre en place une organisation déterritorialisée, véritablement globale dans son action, son recrutement et sa communication. Il a donc pu survivre à toutes les campagnes terrestres (Afghanistan, Irak) menées par les Américains. Obama a mieux géré, en déterritorialisant la riposte américaine (drones, opérations de commando), et a compris qu'il ne fallait surtout pas tomber dans le piège de l'envoi de troupes.

Al-Qaida a fini par s'épuiser faute de se renouveler et de faire mieux que le 11-Septembre. L'EI a conclu qu'il fallait reterritorialiser le combat, tout en gardant sa dimension internationaliste : c'est le sens de la création du " califat islamique ". De plus, cela permet d'absorber bien plus de volontaires que le système Al-Qaida, dans de petites cellules qui préparent un attentat pendant des années.

L'Etat islamique a-t-il les moyens de s'implanter durablement en Irak et en Syrie ?

Le problème est que tout territoire est habité. Il faut donc articuler son combat sur celui d'une population locale. La destruction de l'Etat sunnite irakien par les Américains en 2003 a mécaniquement ouvert de nouveaux espaces. Le " triangle arabe sunnite " du nord de l'Irak, qui s'étend désormais en Syrie, fournit la base idéale pour l'Etat islamique, car les populations locales sont en guerre contre des régimes qui ne sont pas sunnites (le Bagdad des chiites et le Damas des alaouites), et contre les Kurdes, voire les Turcs, qui ne sont pas arabes. Frustrés, exclus, attaqués, ils voient en l'EI un vengeur. Du coup, les ennemis de l'Etat islamique sont d'abord des populations locales : chiites, Kurdes, chrétiens, yézidis, et dans une moindre mesure Turcs. Or, additionnés, ils font la majorité. Donc les victoires de l'EI sont fragiles. De plus, les notables sunnites locaux seront tôt ou tard en conflit avec l'EI : on ne voit pas un notable tribal de Fallouja donner sa fille à un jeune de Vénissieux venu combattre en Irak. La territorialisation se révélera un piège.

Les Occidentaux ont-ils eu raison de frapper les positions des djihadistes ?

Oui, mais il fallait et il faut rester en deuxième ligne et mettre en avant les acteurs régionaux qui, cette fois, contrairement à 2001, ne demandent qu'à être aidés et à combattre, car ils n'ont pas le choix : la campagne de terreur de l'EI les a convaincus qu'il leur faut se battre pour survivre. Cela prendra plus de temps, mais c'est le seul moyen de faire apparaître l'Etat islamique pour ce qu'il est : un ramassis de radicaux internationalistes qui agissent contre les populations locales, avant tout musulmanes. Or, bizarrement, avant même que l'EI n'intervienne hors de son territoire, le gouvernement français a " internationalisé " le conflit, ce qui est très maladroit, car cela redonne une légitimité à l'Etat islamique et met la France en première ligne, ce qui était parfaitement inutile.

Mais quel impact peut avoir l'EI dans la communauté musulmane en France ?

Depuis vingt ans, nous assistons au même phénomène : la radicalisation d'une frange de jeunes, soit d'origine musulmane, soit convertis, en quête d'une cause. Ces jeunes ne sont pas insérés dans la communauté musulmane, ni en France ni ailleurs ; ils ne sont pas un produit de la prédication salafiste dans les mosquées, mais se radicalisent plutôt sur Internet. De plus, la très forte proportion de convertis chez les volontaires qui partent d'Europe – à peu près 25 %, ce qui est sans aucune commune mesure avec d'autres groupes islamistes – montre que les mécanismes de radicalisation ne sont pas à chercher dans l'islam traditionnel.

Que pensez-vous des appels lancés à la population musulmane pour qu'elle prenne position contre l'EI ?

Mais c'est fait depuis longtemps ! Toutes les organisations représentatives ont été claires là-dessus. Aucun musulman français ne dit " Il faut les comprendre " en parlant des djihadistes de l'EI. C'est au contraire l'incompréhension qui domine. Le combat de l'Etat islamique n'a, contrairement à Gaza, aucune résonance chez les musulmans de France. Un point très important – et nouveau –, ce sont les appels lancés depuis un an par des parents musulmans affolés qui demandent à la police d'empêcher leurs enfants de rejoindre la Syrie, tout comme d'autres parents demandent aux autorités de lutter contre la drogue. Cela indique à la fois la dimension générationnelle du conflit et le rejet de l'EI par les musulmans. On s'inquiète de leur loyalisme, mais on oublie que 15 % des soldats français sont de confession musulmane : ils sont allés en Afghanistan, au Mali, participent à Vigipirate, et il n'y ni sabotage ni désertion ; Mohamed Merah a tué un musulman.

Les familles musulmanes ont-elles pris la mesure de la tentation terroriste qui touche une partie de leurs enfants ?

Oui. Aujourd'hui, on est encore dans les clichés d'il y a vingt ans : le jeune de banlieue deviendrait salafiste parce qu'il aurait des problèmes d'identité et mépriserait son père. Mais d'une part cette radicalisation n'est pas ou plus un problème de banlieue – elle touche des milieux variés –, et d'autre part on voit justement l'émergence d'une nouvelle génération de parents – souvent eux-mêmes de deuxième génération – qui tentent de reprendre en main le destin de leurs enfants. C'est donc en liaison avec la famille qu'il faut combattre la radicalisation. Et ne pas oublier une chose : tous les jeunes qui partent sont loin de choisir le terrorisme. Il y a un an, ceux qui s'en allaient pour renverser Bachar Al-Assad étaient même en phase avec la position du gouvernement français.

Par ailleurs, beaucoup de ces volontaires qui avaient rejoint l'Etat islamique se sentent trahis par les djihadistes. On le voit bien avec l'" affaire " des trois " terroristes " revenus tranquillement en France sans être interceptés : ce sont eux qui sont allés sonner à la porte de la gendarmerie.

Donc pour combattre un petit groupe de terroristes aujourd'hui très isolés, il faut miser sur la majorité de musulmans et sur les grandes tendances visibles aujourd'hui (dont par exemple l'émergence de classes moyennes musulmanes en France). Et arrêter de faire du combat contre l'Etat islamique une superproduction, qui passe régulièrement du tragique au ridicule.

La barbarie des actes commis conduit à se demander si nous n'avons pas affaire à une nouvelle expression du nihilisme contemporain ?

Oui, il y a un nihilisme générationnel qui touche des jeunes paumés de la globalisation, fascinés par la mort. C'est une forme de nihilisme que l'on peut observer dans bien d'autres lieux, comme on a pu le voir dans la tuerie de Columbine, en 1999 aux Etats-Unis, lors de laquelle des lycéens ont tué leurs camarades après s'être mis en scène dans des vidéos. Ce phénomène, qui touche curieusement les pays protestants, de l'Amérique à la Scandinavie, est attribué à des coups de folie individuels (comme l'attentat d'Anders Behring Breivik en Norvège), alors que le terrorisme d'Al-Qaida serait attaché à l'islam ; il faut donc voir aussi la généalogie commune qui relève d'un nihilisme suicidaire.

C'est donc un phénomène qui dépasse la sphère musulmane. Mais l'apport d'Al-Qaida ou de l'Etat islamique, c'est de fournir à ces jeunes un vrai terrain, un récit d'héroïsme, et la garantie de faire la " une " dans les médias.

Comment sortir du nihilisme ?

Certainement pas par le pessimisme malsain qui s'est emparé des élites intellectuelles françaises, ni le bellicisme pompier de nos dirigeants. Il faut délégitimer l'EI et Al-Qaida en détruisant l'image d'héroïsme et d'aventure qui s'y attache, en les ramenant à ce qu'ils sont : au mieux des paumés, comme les trois Pieds Nickelés qui sont allés se rendre à la gendarmerie, et au pire des bandits, des loubards fascinés par le Scarface de Brian De Palma, mais pas des héros de la communauté musulmane. C'est la seule manière de " dégonfler " l'attrait pour le djihad. Soit le contraire de ce que l'on fait : la charge au clairon et sous le drapeau. La commémoration de la guerre de 1914 est montée à la tête de nos dirigeants !

Propos recueillis par Nicolas Truong

Professeur à l'Institut universitaire européen, où il dirige le Programme méditerranéen, Olivier Roy est un spécialiste de l'islam internationalement reconnu. Il est notamment l'auteur de " L'Islam mondialisé " (Le Seuil, 2002), " Le Croissant et le chaos " (Hachette 2007), La Sainte Ignorance (Le Seuil, 2008) et " Islam et Occident " (Editions sonores De vive voix).

Il publiera en octobre " En quête de l'Orient perdu ", aux éditions du Seuil.

 

© Le Monde

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Publié le Samedi 27 Septembre 2014 à 23:18:58

Les fidèles musulmans entre accablement et colère

 

Dans les prêches des imams, dans l'esprit des fidèles musulmans, le sort réservé par le groupe algérien Jund al-Khalafa à Hervé Gourdel aura pesé bien lourd, vendredi 26 septembre. Loin des représentants institutionnels de l'islam, réunis au même moment devant la Grande Mosquée de Paris à l'appel du Conseil français du culte musulman, les croyants présents pour la prière du vendredi à la mosquée l'Olivier de la paix, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), et à celles de Sunna et Islah, à Marseille, sont arrivés lestés du poids de la nouvelle de la décapitation et de deux jours de débat sur la réaction des musulmans de France.

A Bagnolet, l'imam Abdelkader Ounissi tente de panser les blessures après " l'assassinat d'un de nos compatriotes ". " Nous ne sommes pas davantage concernés que le reste de la société, leur a-t-il dit. Ce geste ne nous ressemble pas. Pourquoi devrait-on s'excuser ? Pourquoi sommes-nous toujours stigmatisés ? Vous êtes des citoyens comme les autres. Il faut chasser de votre esprit cette culpabilité que les autres veulent à tout prix vous faire porter. La communauté n'est pas coupable. Il faut être fiers de votre appartenance à l'islam. Vous êtes des gens dignes, libres, honnêtes. Il faut vivre dans cet esprit-là. "

A la même heure, dans la mosquée El Islah, aux Puces de Marseille, l'imam Haroun Derbal insiste, devant plusieurs centaines de fidèles, sur " l'acte abominable, inqualifiable, commis par des barbares ". " Offusqué que l'on puisse assimiler - son - islam avec les actes de ces barbares ", il ne " comprend pas qu'on ose demander aux musulmans de France de prendre position sur la question. Hervé Gourdel était un Français. Un concitoyen. Nous sommes tous touchés également par sa mort ".

A la sortie, la méfiance envers les journalistes est évidente. " Et pourquoi vous venez demander aux musulmans ce qu'ils en pensent ? Pourquoi pas aux chrétiens, aux juifs et aux autres ? " Devant la mosquée Sunna, réputée être l'une des plus traditionalistes de Marseille, le sexagénaire, barbe et gandoura blanches, ne cache pas son irritation lorsqu'on évoque l'assassinat d'Hervé Gourdel. " Vous, les médias, vous ne cherchez qu'à titiller et à faire des amalgames ", grogne-t-il, en tournant le dos.

A Bagnolet, quatre jeunes discutent. Acceptent-ils de répondre à quelques questions ? Les visages se ferment, les garçons se détournent : " On ne parle pas aux journalistes. Ils mentent. " L'un d'eux finira par concéder quelques commentaires : en Irak, la France tue des civils. Le terrorisme qui décapite, c'est comme la France et les Etats-Unis qui bombardent. Les journalistes mentent. Ils sont responsables.

Pour la plupart des croyants, c'est la compassion qui s'exprime la première. " On en a beaucoup parlé. Quand le meurtre a été confirmé, certains ont même pleuré ", raconte Ahmed Tameur, un des responsables de la mosquée Sunna. Il résume ce qu'il considère comme le sentiment de " 100 % des fidèles " du lieu de culte : " L'islam interdit de tuer. C'est une religion de paix. Ce n'est pas en mon nom que ces gens ont fait cela. Ce ne sont pas des musulmans, juste des criminels. "

Mohammed, 36 ans, reconnaît que le meurtre de l'otage pèse, sur sa vie de salarié : " Forcément, au boulot, on en parle beaucoup. Et quand vous vous appelez Mohammed, la pression est réelle. " " L'amalgame avec l'islam nous fait mal, complète son ami Faycal. Même moi, quand je regarde TF1, des fois, j'ai envie de changer de religion. "

" On sent la réticence des gens devant les musulmans, confirme Faysal Benjaïbak, un autre fidèle. Mais on ne peut pas les obliger à nous aimer. Ce qui m'inquiète, poursuit ce chauffeur routier de 45 ans, père de 3 enfants, c'est la portée d'un tel acte sur l'esprit de gamins de 14 ans sans aucune perspective. "

A Bagnolet, Rachid, marocain d'origine, présent en France depuis trois décennies, se sent lui aussi " gêné au travail, tout le monde ne parle que de ça ". Il " espère qu'il y aura une justice ". Comme Lassaad, un agent de sécurité avec qui il discute, il juge qu'" actuellement les musulmans sont moins bien traités " en France. " On est des victimes aujourd'hui. " Il écarte d'un geste l'idée d'une manifestation en réponse à la décapitation : " Ça ne sert à rien. En plus, si on manifeste ils vont penser que ça va forcément dégénérer. "

" On nous dit de ne pas importer des conflits qui ont lieu hors des frontières et maintenant on nous demande de manifester pour quelque chose avec lequel on n'a rien à voir, s'insurge quant à lui Omar. Les musulmans n'ont pas besoin de manifester contre ça. Ils sont les premiers touchés par le terrorisme. " Avec volubilité, Majid dépeint la condition qu'il estime faite aux musulmans aujourd'hui : " Les musulmans ont peur de la représentation qu'ils ont d'eux-mêmes. Ils pensent que quoi qu'ils disent, ça sera retourné contre eux. "

Ce mélange d'atterrement, de révolte et de sentiment d'injustice se retrouve à Paris, devant la Grande Mosquée. " Pires que des animaux ", " des psychopathes ", " des criminels ". " Le bon musulman, il veut aller au paradis. Si tu tues des innocents, tu ne vas pas au paradis ", assène François Akan, 33 ans, assistant commercial, les paumes tournées vers le ciel.

Beaucoup d'hommes et de femmes de toutes origines se sont mêlés aux fidèles. Certains brandissent des pancartes " Pas en mon nom ", le mot d'ordre lancé après l'assassinat de l'humanitaire britannique David Haines. D'autres tendent des encarts " Nous sommes tous Hervé Gourdel ". Mhmend Brahmi, retraité de 72 ans, est né en Kabylie, la région où est mort Hervé Gourdel. Installé en France depuis cinquante ans, dont près de quarante à travailler pour Alstom, il est venu d'Epinay, en Seine-Saint-Denis, pour témoigner son soutien. " Je manifeste rarement, explique-t-il, mais ce meurtre me rappelle les années noires de la guerre civile. Ça ne doit pas se reproduire. "

Cet extrémisme renaissant, M'Barek Marir, travailleur social à Bezons, dans le Val-d'Oise, l'observe en militant épuisé de ne pouvoir l'empêcher. Cet homme de 48 ans au sourire paisible évoque des " délinquants " embrigadés par de " pseudos imams qui prêchent avec le Coran dans une main et le portefeuille dans l'autre ". Il en veut à certaines municipalités d'avoir " acheté la paix sociale ces vingt dernières années en aidant ces religieux au détriment des associations laïques. La lutte qui commence avec ces types va être terrible ", craint-il.

Mais ces dénonciations et le principe même du rassemblement ne font pas l'unanimité devant la Grande Mosquée. A plusieurs reprises, des hommes prennent à partie les manifestants pour leur reprocher d'oublier " les 2 000 morts de Gaza ". " Est-ce que les juifs vont devant les synagogues quand Israël assassine ? " " Il y a deux poids deux mesures, parce que c'est un blanc ", lancent-ils. Rapidement, les esprits s'échauffent, les énervés sont mis à l'écart.

 

Elise Barthet, Cécile Chambraud et Gilles Rof (à Marseille)

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Attention : folie ! Publié le Samedi 27 Septembre 2014 à 21:40:59

Attention : folie !

 

La décapitation d'un otage français, Hervé Gourdel, en Algérie, par un groupe de terroristes, est, au sens fort du terme, terrifiante. Comme tous les Français, je partage la douleur de sa famille et de ses amis. Venant après d'autres exécutions d'otages occidentaux en Irak, cet acte de barbarie n'a qu'un seul but : intimider les peuples et diviser les diverses communautés qui les composent.

Il ne suffit pas de dire que ces crimes sont le fait de fanatiques devenus fous. Il faut bien comprendre que ces groupes sont capables de la rationalité technique la plus rigoureuse dans l'usage des outils modernes de communication. Ils savent parfaitement ce qu'ils veulent provoquer. À nous de ne pas tomber dans le piège qu'ils  nous tendent.

Si nous cédons à la peur, si nous pratiquons l'amalgame, si nous nous mettons à suspecter des compatriotes sous prétexte que ces terroristes se  réclament de l'Islam, alors nous allons contribuer à leur victoire. Ces terroristes auront gagné si nous laissons le poison du soupçon s'insinuer entre nous. Prenons bien garde à ne pas nous faire manipuler, sinon c'est leur folie qui sera contagieuse !

Il est heureux que des citoyens de confession musulmane, dans notre pays et ailleurs, manifestent  clairement leur dégoût devant ces actes. Mais ils ne sont pas les seuls à être concernés. Tous les êtres humains, tous les citoyens, tous les croyants se réclamant de la foi en Dieu, sont également concernés. Nous sommes tous concernés !

Toutes les manifestations ponctuelles et publiques de désapprobation sont utiles et nécessaires. Mais c'est surtout le dialogue ordinaire, le dialogue de la vie quotidienne qui doit continuer.

Restons fidèles à notre engagement dans le dialogue inter religieux. Restons  attentifs à nous respecter mutuellement. Soyons des citoyens consciencieux et responsables pour conforter l'État de droit et le dialogue entre les peuples. Soyons solidaires de tous les croyants soumis à la violence et à la persécution.
Surtout, restons vigilants dans la prière. Car notre Père est le père de tous les êtres humains. C'est lui et lui seul qui peut mettre en nous un Esprit de réconciliation.


+ Hippolyte Simon

Archevêque de Clermont



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Publié le Samedi 27 Septembre 2014 à 10:46:43

120 savants musulmans écrivent une « lettre ouverte » au chef de l’État islamique

Plus de 120 savants musulmans du monde entier ont publié sur Internet une « à Ibrahim lettre ouverte Awwad Al-Badri, alias ‘Abu Bakr Al-Baghdadi’, et aux combattants et adhérents du soi-disant’Etat islamique’». La liste des signataires est publiée par ordre alphabétique à la fin du texte, du sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammad Saas Ababakar, jusqu’à Zaki Zaidan, professeur de charia à Tanta en Égypte.

L’Égypte – via l’institution Al Azhar, le grand mufti Chawqi Allam notamment – y est particulièrement représentée. Mais d’autres signataires viennent de Jordanie, du Maroc, de Tunisie, du Liban, du Pakistan, d’Indonésie, d’Irak, du Soudan et même d’Arabie saoudite. L’Europe est également représentée avec quelques signatures anglaises, néerlandaises, ou

allemandes. Un Français figure également dans la liste: « Marzouk Bakkay, de la Fédération nationale des musulmans de France ». Sans doute la transcription arabe du nom de Merzak el Bekkay, vice-président du Conseil régional du culte musulman d’l’Île-de-France.

« Il est interdit dans l’islam de tuer des innocents »

Un résumé en 24 points expose les fautes commises par le chef autoproclamé du « califat » au regard du droit et des sciences islamiques. Des erreurs longuement commentées, références à l’appui, dans ce texte d’une vingtaine de pages:

« 1. Il est interdit en islam d’émettre fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique tel que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie d’un verset du Coran – ou une partie d’un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l’enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. (…) 4 – Il est permis dans l’islam de différer sur n’importe quel sujet, à l’exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître. 5 – Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un avis juridique. 6 – Il est interdit dans l’islam de tuer des innocents. 7 – Il est interdit dans l’islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates; par conséquent, il est interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires. (…) » Des amis, des voisins

Dans un paragraphe intitulé « Gens du Livre », les auteurs rappellent que l’EI leur a « donné trois choix: jizyah (paiement de l’impôt), l’épée, ou la conversion à l’islam. Vous avez peint leurs maisons rouges, détruit leurs églises, et dans certains cas, pillé leurs maisons et leurs biens. Vous avez tué certains d’entre eux et poussé de nombreux autres à fuir leurs maisons sans rien, à l’exception de leurs vies et des vêtements qu’ils portaient sur leur dos. Ces chrétiens ne sont pas combattants contre l’islam ou des transgresseurs mais des amis, des voisins et concitoyens ».

Du point de vue juridique de la charia, souligne en effet le texte, « ils relèvent tous d’accords anciens, qui ont environ 1400 ans, et les décisions du djihad ne s’appliquent pas à eux. (…) En bref, ils ne sont pas étrangers à ces terres, mais plutôt les peuples autochtones de ces terres avant l’époque islamique; ils ne sont pas ennemis, mais amis ».

L’esclavage interdit par consensus

Dans un autre paragraphe consacré aux yézidis, considérés par l’EI comme « des adorateurs de Satan » et, pour cette raison, « tués par centaines et enterrés dans des fosses communes », ces savants musulmans affirment, références à l’appui, qu’ils doivent être considérés eux aussi comme des « Gens du Livre ».

Quant à l’esclavage, « aucun érudit de l’islam ne peut contester que l’un des objectifs de l’islam est de (l’) abolir », affirme le texte, qui rappelle que Mohammed lui-même avait affranchi ses esclaves. « Vous avez remis en vigueur une pratique que la charia avait travaillé sans relâche pour réparer et qui était considérée comme interdite par consensus depuis plus d’un siècle », déplorent les auteurs. « Vous portez la responsabilité de ce grand crime et toutes les réactions auxquelles il peut conduire contre l’ensemble des musulmans ».

Revenir à la religion de la miséricorde

En conclusion, ces 120 savants musulmans du monde entier reprochent aux combattants de l’État islamique d’avoir « mal interprété l’islam » et d’en avoir fait « une religion de dureté, de brutalité, de torture et d’assassinat ». « C’est un grand mal et une atteinte à l’islam, aux musulmans et au monde entier », affirment les auteurs, qui appellent les coupables à « se repentir », à « cesser de nuire à autrui et revenir à la religion de la miséricorde ».

Anne-Bénédicte Hoffner

http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/120-savants-musulmans-ecrivent-une-lettre-ouverte-au-chef-de-l-Etat-islamique-2014-09-26-1212430

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Publié le Vendredi 26 Septembre 2014 à 23:13:33

Manifestons notre fraternité et notre engagement

A l’invitation des responsables religieux des différentes communautés,

tous les Lyonnais sont invités à un rassemblement mercredi 1er octobre, à 19h, place Bellecour, à Lyon,

pour vivre un temps de fraternité et d’engagement.

Le cardinal Philippe Barbarin, ainsi que de nombreux représentants religieux, seront présents lors de cette manifestation.

"Favorisons des attitudes de dialogue et de respect de l’autre, construisons ensemble un monde de paix et de solidarité !"

Dans un contexte où nous pourrions nous opposer,

ce rassemblement souhaite démontrer que nous pouvons vivre tous ensemble sur le territoire français, quelques soient notre religion, nos convictions, nos engagements...

Durant cette manifestation, un texte intitulé "Nous nous engageons" sera lu par différents représentants religieux et civils.

 


Vous pourrez le retrouver sur le site diocésain  http://lyon.catholique.fr/  à l’issue de cet événement.

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