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Youth Ahead!

Ambition et Action.

Publié le Mardi 18 Novembre 2008 à 01:02:34

L’enfer des prisons camerounaises est celui décrit par Dante, où les âmes damnées par la société et le pouvoir politique sont tourmentées par les démons de l’oppression. Personne ne peut y survivre.

Un feu incendiaire détruisait, il y a quelques jours, une partie de la prison de New-Bell à Douala, poumon de l’économie camerounaise. Des dizaines de prisonniers, coincés dans les cellules délabrées, périssaient sous le regard indifférent de leurs gardiens. Il y eut beaucoup d’encre versée pour, encore et toujours, dénoncer la vétusté des zones pénitentiaires, la surpopulation carcérale, le laxisme dans la gestion de ces milieux où cohabitent les mineurs, les femmes et les hommes dans une promiscuité effroyable. Et comme à l’accoutumée, les autorités servirent à la meute de journalistes, d’ONGistes, d’acteurs de la société civile faussement scandalisés, le même discours martelé depuis plus de vingt-cinq ans : « circulez, il n’y a rien à voir ! » Les prisons camerounaises sont à l’image des dirigeants locaux, préhistoriques. Elles s’écroulent de fatigue, bouffées par le temps impitoyable, même badigeonnées de chaux, elles donnent l’éclat de la vieillesse. Contrairement aux (ir)responsables politiques, elles ne peuvent s’accorder le luxe de mourir dans l’opulence. C’est en prenant des vies comme lors de cet incendie qu’elles peuvent dire aux hommes qu’elles sont au bout du rouleau. Vestiges du passé colonial, elles ont vu lyncher les héros nationaux, les combattants pour la liberté que le colon nommait « terroristes » et « anarchistes », les peuplades récalcitrantes aux « valeurs de la civilisation », les prisons camerounaises ont traversé les époques et incarnent douloureusement la mémoire nationale. Si seulement elles pouvaient parler, elles livreraient aux historiens d’aujourd’hui les secrets inavouables des régimes politiques qui ont tyrannisé le pays. Des meurtres, des esprits torturés dont le sang séché recouvre désormais les murs définitivement souillés.

L’enfer des prisons camerounaises est celui décrit par Dante, où les âmes damnées par la société et le pouvoir politique sont tourmentées par les démons de l’oppression. Personne ne peut y survivre. Personne ne peut survivre à la crasse, mélange délicieux de pisse et de matière fécale, qui s’étale à perte de vue dans ces cellules de la mort où sont entassés des centaines d’animaux appelés hommes. Personne ne peut survivre aux bastonnades régulières rythmées par de véritables abus corporels pratiqués par ceux qui sont censés faire respecter la loi ou, plus dramatique encore, par les plus vicieux des délinquants, insatiables fauves jetés dans l’arène. Nietzsche cherchait le surhomme, les prisons camerounaises l’ont trouvé. Oui parce qu’il faut être surhumain pour pouvoir vivre ce qui se passe dans ces lieux de désolation, ou alors sous-humain pour pouvoir avoir conscience de ce qui s’y fait et décider de maintenir le statu quo. Elles sont une honte à la dignité humaine, une honte à la considération de la vie, une honte aux valeurs humanistes qui fleurissent sur les grandes déclarations signées et ratifiées. Tandis que les budgets ministériels ne cessent d’augmenter dont la quasi-totalité est gaspillée en frais de mission à l’étranger ou dans l’achat de somptueuses berlines toutes options, les prisonniers doivent se contenter d’une nourriture infecte dans laquelle gisent trop souvent les cadavres de rats et autres cafards. Encadrés par des matons incompétents, ne devant leur admission à ce métier bouche-misère qu’à l’intervention d’un « parent », les pensionnaires des centres de l’horreur apprennent à devenir plus pervers qu’ils ne le sont avant leur admission. Il n’est pas étonnant qu’avec les trafics de tout genre (drogue, chanvre, cigarette), certains caïds ne souhaitent plus retrouver le monde extérieur, car la liberté ils l’acquièrent facilement en rémunérant fortement les gardiens. Le business est plus doux en taule, loin de la flicaille zélée qui n’est jamais contente de l’énorme enveloppe qu’elle reçoit.

Alors qu’importe que des criminels crèvent, calcinés par des flammes en colère, qu’importe qu’ils soient réduits en cendres, cela ne peut que soulager un peu plus la bourse du contribuable déjà vampirisée par les innombrables taxes et autres prélèvements fiscaux qui ne vont pas construire la nation, mais grossir la fortune du roitelet et de ses courtisans. Depuis qu’il s’est remarié à une petite arriviste tirée du ruisseau, notre clinquant coq ne cesse de trouver à la vie de château des goûts exquis. Balades en avion, séjours prolongés en Occident, le « Boss », comme le surnomment ses proches, est un grand seigneur qui croit en l’immortalité politique et au « libéralisme communautaire », une sorte d’ineptie idéologique soufflée par les précieux conseillers occidentaux afin de mieux subjuguer les masses illettrées. C’est dans l’ignorance du peuple que se pérennise le pouvoir. Le « Vieux Lion » a su faire de cette sagesse machiavélienne son credo. Jamais comme aujourd’hui, le peuple n’a autant dansé plus qu’il n’a pensé, pris dans la spirale de l’espoir artificiellement maintenu, perdu dans les brumes des réformes avortées et des succès rafistolés, il préfère se saouler à l’ivresse du mensonge d’Etat et se contenter des miettes que l’on lui refile les jours de grandes disettes, au lieu d’entamer une réflexion profonde sur ce « demain » qui ne se construira pas tout seul. En voyant les images des corps calcinés à New-Bell, certains préfèrent « zapper » sur Secret Story et s’extasier devant les imbécillités d’une télévision devenue poubelle. « On va faire comment ? Le Cameroun c’est le Cameroun » peut-on suivre sur les ondes radiophoniques, un constat d’échec permanent et une résignation épouvantable, à croire que « penser » l’avenir est chose impossible. Malgré les promesses de changement et de modernité, le Renouveau inlassablement claironné est un vaisseau fantôme qui navigue dans les eaux obscures du délire démagogique.

« Tous pourris ! » s’écriait-on dans les années 1990, lors de la braise sociale qui faillit coûter au monarque actuel sa couronne d’épines. Le ver n’est pas seulement dans la pomme, il a contaminé tout le verger. Plusieurs fois nommé au hit des pays les plus corrompus, le Cameroun est l’un des rares pays au monde où la corruption est le grand sport national. On y naît corrupteur et on devient corrompu. Toutes les strates sociales y passent. C’est la malédiction locale. On ne compte plus le nombre de personnes ayant trouvé la mort dans les hôpitaux publics faute de ne pas avoir « graissé la patte » au médecin. On pourrait prendre des siècles pour dénombrer les cas de magouilles dans les secteurs privés et publics. Le plus drôle dans l’affaire, c’est que les hommes en charge de lutter contre ce cancer social sont notoirement connus pour être eux-mêmes de puissants corrompus. Les récentes actions judiciaires contre de hauts responsables ne sont que des fumigènes pour calmer la colère d’une partie du peuple excédé par tant d’abus, et de petites vengeances qui reflètent la virulence des combats que se mènent les courtisans du prince. Certains de ceux qui sont accusés aujourd’hui, loin d’être des anges, subissent la fureur de leur « Boss », coupables selon lui d’avoir ruminé des prétentions présidentielles. Ainsi, le premier d’entre nous envoie un message assez subliminal aux ambitieux qui pensent dans l’ombre que l’heure de sa retraite a sonné. Que nenni. « Nous pas bouger ! » a-t-il voulu dire en modifiant pour une énième fois la loi suprême du pays. Ceux qui encensaient hier la limitation du mandat présidentiel sont les mêmes actuellement à la trouver anti-constitutionnelle. On fait appel aux plus grands esprits de la République pour expliquer au peuple affamé que le bonheur est dans la nouvelle constitution. Comme si le peuple était complètement dupe, mais il laisse faire parce qu’il en a marre de descendre dans la rue et se faire tirer dessus sans que cela n’émeuve les caméras des médias internationaux. Désabusé par le soutien constant des chancelleries occidentales aux démagogues locaux, fatigué de s’entendre dire qu’il est fainéant et incapable de vouloir le changement, épuisé de donner ses fils à la mort et achevé par les bidasses, dégoûté de voir la couronne du roi sauvé par l’intervention manu militari des légions étrangères, promptes à veiller sur les intérêts, le peuple laisse faire et se met à son tour comme ses dirigeants à danser, à se saouler.

D’énormes colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel de Douala, la prison de New-Bell livre son ultime combat. Des cris se font entendre ; à l’extérieur, des gendarmes lourdement armés éloignent les curieux. La plupart des membres du gouvernement sont en congés en Europe, les lords et comtes de la République vont, en ce mois d’août, profiter de leurs résidences secondaires en Occident. On dépêche sur place un « représentant spécial » pour faire l’état des lieux, c’est-à-dire compter les morts et évaluer les dégâts matériels. Il rigole, serre des mains et papote avec ses collègues. Il fera une déclaration pompeuse devant les scribes gouvernementaux entassés comme des insectes autour d’un feu incandescent. « Sur les Très Hautes Recommandations de son Excellence le Chef de l’Etat » lancera-t-il dans un air solennel, le verbiage habituel, étranglé par l’émotion toute palpable de faire l’ouverture de tous les JT du soir. C’est sa « petite copine » qui sera contente de voir la tronche de ce ventripotent meugler des sottises, elle pourra sortir désormais la tête bien haute et le nez dans les cimes, en signifiant au quartier entier que son « sponsor » est passé à la « télé », dorénavant il est aussi un « grand ». La presse sous perfusion gouvernementale reprendra le lendemain à la une le communiqué envoyé directement de Paris, le lieu de villégiature privilégié de la caste politique nationale. On louera les sages instructions du « chef de l’Etat », la grandeur de son âme, et la générosité de son excentrique de femme qui, puisant dans les coffres publics, offrira gracieusement des pacotilles aux familles des sinistrés. Il ne faudra pas compter sur l’opposition laminée par la faim et les petites ambitions pour s’élever contre cette mascarade. Elle est sans leader et coupée de la réalité. Pathétiques charismatiques, les opposants ont perdu leur légitimité et leur crédibilité depuis que la majorité est allée s’asseoir à la table du monarque pour participer aussi à la « mangeoire ». Pourtant, nombreux sont ceux qui ont cru en eux, quittant souvent tout pour soutenir leurs programmes électoraux. Une fois les élections terminées, les faveurs accordées et les postes ministériels distribués, les opposants troquent leurs habits d’hommes du peuple contre des vestes sur mesure, de superbes villas et de magnifiques voitures.

Dans les rues de Yaoundé, il se chuchote que les meilleurs opposants à ce gâchis monumental qu’est le règne du « maître » d’Etoudi sont à l’intérieur de son propre clan. Ils attendent, dit-on, le moment opportun pour mettre fin, enfin, à ce non-sens étatique qui prévaut depuis trop longtemps. Mais peut-on faire confiance à ces courtisans qui ne le sont que de façade ? Ceux-là mêmes qui ne doivent leur ascension qu’à leur proximité avec le parti et à leur allégeance au prince ? Initiés de cercles occultes qui enchaînent leur indépendance et les exposent à de sombres manipulations, quel poids accorder à ces intentions de « révolution » ? Surtout lorsque certains de ces acteurs n’ont obtenu leur promotion sociale qu’après avoir « baissé leur froc » au propre comme au figuré ? En attendant que le miracle ait lieu, avec la permission des influents parrains occidentaux, les prisons, à l’instar de l’existence quotidienne de millions de Camerounais, continueront à cramer sous un ciel livide. Ce n’est pas demain que l’on verra surgir de nulle part un Barack Obama national, s’il n’est pas crucifié, pour faire naître l’espoir à un changement réel dans le « berceau de mes ancêtres ».

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Publié le Mardi 18 Novembre 2008 à 00:59:11

A Pékin, tandis que des millions de personnes vibrent au rythme des exploits de leurs champions, des Michael Phelps et autres Ursain Bolt, quelque part loin de l’euphorie des légendes célébrées, des gloires éternelles que les foules adulent, dans l’ombre des milliers de condamnés à mort nourrissent l’odieux « trafic » d’organes humains.

Mais il ne faudrait pas trop le crier, rien ne doit venir troubler le déroulement de cette frénésie mondiale où sont brassés, sous le regard de Mao outré, des milliards de dollars. « On ne boycotte pas un quart de l’humanité », nous dit-on, surtout lorsque ce quart de l’humanité est un immense marché commercial, et qu’en ces temps d’incertitudes économiques, il serait plus intelligent, que dire, plus « realpolitik », de ne pas se mettre à dos le dragon de l’Empire du Milieu. Pourtant la Chine est aujourd’hui considérée comme le plus grand carrefour du trafic d’organes humains. Face à une demande de plus en plus forte[1], les autorités locales n’hésitent plus à faire appel à un autre type de « ressource naturelle et humaine », les condamnés à mort, parias en fin de parcours, viennent alimenter en « dons » d’organes « frais » un marché en plein « essor ».

Le trafic d’organes humains en Chine n’est pas un scoop. Au contraire, depuis le scandale des camps de prisonniers politiques[2], où de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les « prélèvements d’organes sur les condamnés à mort » et se sont interrogées sur le nombre croissant de « transplantations d’organes », certaines organisations internationales ont décidé de mettre une pression supplémentaire sur le gouvernement central chinois. Avec une population vieillissante, les pays riches ont du mal à gérer la pénurie d’organes humains et la course souvent contre la vie, que se livrent des milliers de patients dans l’attente d’une transplantation, peut prendre des allures de véritables quêtes sans foi ni loi où l’éthique ainsi que les autres principes sont piétinés. Dans certains pays du Sud, le commerce des organes humains a fleuri sur la misère et la pauvreté. Les plus miséreux n’hésitent plus à vendre un de leurs organes contre quelques euros. Quelquefois, il arrive même que ces prélèvements se fassent dans la force sans consentement préalable des « donneurs » avec l’accord tacite ou implicite des gouvernements qui trouvent dans ces opérations hautement lucratives leur compte. Ce commerce honteux prend en Chine des proportions particulièrement inquiétantes, et avec l’opacité légendaire du régime chinois, il est à prévoir que le pire passe sous silence.

Selon David Matas et David Kilgour[3], deux éminents défenseurs et spécialistes des droits de l’homme qui ont enquêté sur ce phénomène en Chine, de « fortes présomptions poussent à croire que les prisonniers politiques du Falun Gong[4] sont utilisés comme donneurs volontaires »[5]. Tout dépend évidemment du sens que l’on attribuerait à l’expression « donneurs volontaires »[6]. Car derrière cette hypocrisie infâme se cache un commerce « pour le moins non-équitable » ne laissant vraiment pas le choix à ces condamnés à mort, dont les organes sont offerts à prix d’or aux nantis locaux et étrangers qui, contrairement à ces hommes achevés dans les goulags chinois, méritent de jouir de la vie coûte que coûte. Entre-temps, le nombre de transplantations d’organes en Chine, clandestinement ou officiellement, ne cesse d’augmenter avec le nombre de « donneurs volontaires ». L’on ne peut que deviner la douleur des familles à qui les corps mutilés[7] des proches exécutés sont rendus sans une « explication logique ».

La peine de mort en Chine est devenue une source de profits. Les condamnés, d’après les propres confirmations du gouvernement, subissent avec leur « autorisation » des prélèvements d’organes qui sont ensuite transplantés après « forte rémunération » au plus offrant. Ainsi la peine capitale n’est plus seulement un moyen d’éradiquer définitivement des « ennemis » du « socialisme », les « démocrates chevronnés », mais elle sert aussi à renflouer les caisses de l’Etat, et surtout les comptes bancaires de fonctionnaires corrompus. Une manière de joindre l’utile à l’agréable. Ce n’est pas demain que l’on arrêtera d’exécuter les prisonniers en Chine, le commerce des organes humains justifie désormais l’application de la peine de mort. C’est le seul pays au monde où exécuter des hommes fait gagner de l’argent. Scandaleux.

On suppose qu’il existe environ 41 500 greffons de source inconnue en Chine pour près de 9 400 donateurs enregistrés dans l’ensemble du pays. Selon la China International Organ Transplant, les greffes de reins représentent à elles seules à peu près 5 000 opérations par an. Par comparaison, en France l’on a estimé à près de 4 250 le nombre total de transplantation en 2005 avec, grosso modo, 1 375 donneurs « en état de mort cérébrale ». En Chine, on n’hésite plus à vanter sur le web la « flexibilité » du système comme l’a brillamment montré Bruno Philip dans son article paru dans Le Monde en avril 2006[8], et à prodiguer de précieux conseils aux potentiels clients. D’ailleurs qui sont-ils ces nababs ? De richissimes émirs qui s’offrent la « vie » à coût de pétrodollars, de fortunés industriels chinois qui profitent du laxisme et de la cupidité des fonctionnaires pour parvenir à s’acheter un rallongement de leur séjour sur Terre, des hommes venus de tous les coins du monde qui ont tout essayé ailleurs avant d’atterrir dans les hôpitaux chinois. La Chine devenant alors pour eux une sorte d’Eldorado[9]. Au lieu de plus de trente mois d’attente en moyenne pour une greffe au Canada, en Chine il suffit selon plusieurs observateurs d’une à deux semaines pour recevoir sa transplantation[10]. Avec cet argument imbattable, les clients se bousculent aux portes des hôpitaux locaux.

Même avec la législation qui interdit la vente d’organes humains en Chine adoptée en mars 2006, le commerce des organes humains demeure une vive préoccupation pour les associations de défense des droits de l’homme plus qu’inquiètes de l’afflux toujours important d’étrangers dans l’attente de transplantations dans les centres de santé chinois. Un récent reportage diffusé en août 2008 sur la chaîne d’information France 24, la « CNN » francophone, montrait que la pratique devenue officiellement illégale pour les étrangers reste encore fortement pratiquée. Et la disposition légale qui veut que les « donateurs volontaires » formalisent « par écrit leur consentement à la transplantation de leurs organes » est un pas certes significatif dans la bonne direction, mais demeure, face à un manque de volonté réelle de la part des autorités, largement inefficace. On pourrait penser qu’il s’agit de simples fumigènes pour noyer dans des déclarations et prises de positions pompeuses toute la responsabilité directe des autorités chinoises devant ce drame qui constitue pour un bon nombre de personnalités juridiques un crime contre l’humanité à l’instar de la Shoah, des génocides rwandais, cambodgiens, arméniens, etc. La nouvelle législation chinoise, passée pour calmer l’opinion publique mondiale, mettre à mal les « détracteurs irascibles » de la Chine et lutter contre la mauvaise publicité faite à ce « grand » pays, limite désormais à « certains hôpitaux agréés » les greffes, tout en exigeant de ceux-ci une vérification que les « organes proviennent de sources légales ». Depuis quelques semaines, le discours officiel est celui de l’éthique et du savoir-faire. Les hôpitaux chinois, quant à eux, ne cessent de recevoir en catimini les espérances des patients étrangers[11]. Le tourisme médical semble donc bien parti pour concurrencer le tourisme sexuel. Plus juteux et plus morbide, il tend à se développer avec une impunité quasi étatique.

La valeur de l’homme, la dignité humaine, cette notion extraordinaire qui sied aux grandes nations semble avoir perdu son sens originel depuis que l’économique a pris le pas sur tout. La Chine n’est pas en reste. Dans ces centres de détention où l’être humain attend son abattage[12], il ne vaut désormais plus que par ce que « valent ses organes »[13]. La réalité chinoise a dépassé toutes les fictions hollywoodiennes, « un gouvernement massacrant ses opposants pour vendre leurs organes à des clients privés nationaux et internationaux ».

Le commerce des organes humains est un marché juteux qui est implanté dans presque toutes les régions du monde. Des Balkans en Asie en passant par l’Amérique latine, des réseaux contrôlent ce trafic et profitent de la misère des populations les plus pauvres. A travers le rapt, les crimes, les trafiquants ne lésinent sur les moyens pour répondre à la demande de riches clients pressés de « vivre ». Pourtant, il convient de souligner que la gratuité des dons et l’intégrité physique sont des exigences fondamentales qui permettent d’assurer que les transplantations des organes soient conformes à l’éthique et répondent donc aux normes internationales[14]. Des dispositions qu’aucun Etat ne peut ignorer, aussi puissant soit-il.

Il est connu que lorsque le peuple est grisé par les maux sociaux, qu’il rumine des envies de « révolution », il est judicieux de lui offrir du pain… et des Jeux ! Avec ces Jeux controversés, l’attention du monde est détournée vers l’éclat des médailles de ces « héros » modernes, et les cris de détresse des âmes bafouées sont couverts par les « viva » des foules en délire. Les grandes messes sportives sont aussi celles qui contribuent à enterrer les valeurs fondamentales telles que la liberté et la dignité. Tandis que les yeux sont rivés sur l’or des récompenses et que les esprits tremblent d’émotion, les véritables combats se perdent dans le silence et l’indifférence. Il semble que certains soient de plus en plus en colère contre ces « bien-pensants » de « droits-de-l’hommistes » qui font de la souffrance des peuples marginalisés et oppressés une indécente campagne « marketing ». Ces « faux » sauveurs qui n’ont rien d’autre à faire que de donner des leçons à ceux qui travaillent réellement pour le bien commun c’est-à-dire la préservation des intérêts stratégiques et financiers. Ces « gauchistes » qui n’ont pas encore compris qu’il fallait vivre son temps sans complexe et sans conscience, parler de la dignité humaine en gardant un œil ouvert sur les partenariats économiques. Nul été le travail formidable de ces « petits prétentieux » qui diffusent contre vents et marrées des « vérités qui dérangent », les mots liberté, dignité et égalité résonneraient creux à l’oreille des générations d’aujourd’hui. Dans les ténèbres de la flamme olympique qui brûle dans ce « nid d’oiseaux », des hommes et des femmes qui ne goûteront pas à l’or des médailles se battent pour que cessent enfin cet horrible « business » des organes humains, au détriment des humiliations, et trop souvent de leur vie.



[1] « Aux États-Unis, près de 80 000 personnes attendent désespérément une greffe d’organes. » - Source Amnesty International.

[2] « Enquête sur un crime d’État économiquement rentable » par Jean-Philippe Bonan.

[3] Le 6 juillet 2006 David Matas et David Kilgour rendaient public le rapport concernant « les allégations de prélèvement d’organes de pratiquants de Falun Gong en Chine ».

[4] « Le mouvement spirituel Fa Lun Gong a de nouveau été la cible de mesures de répression au mois d’avril. Un représentant des autorités de Pékin a précisé que toute activité liée au Fa Lun Gong était illégale, ce groupe ayant été déclaré « hérétique » et interdit. Selon les informations reçues, un grand nombre de pratiquants restaient en détention et, de ce fait, risquaient fortement d’être torturés ou soumis à des mauvais traitements. » - Rapport 2006 d’Amnesty international.

[5] « Si ce rapport n’apporte pas la preuve irréfutable de l’utilisation de prisonniers « politiques » comme fournisseurs d’organes il pose suffisamment de questions sur la probabilité des faits. » - Matas et Kilgour.

[6] « Comment croire à la capacité de prisonniers de s’opposer aux prélèvements, quand on connaît l’absence de leurs droits dans ce pays. » - Bonan.

[7] « Leur mutilation est conforme à un prélèvement d’organes. » - Matas et Kilgour.

[8] L’article de Bruno Philip « Au cœur du trafic d’organes en Chine » publié dans Le Monde du 25 avril 2006 en fait état : « La publicité en ligne sur le site du Centre international d’assistance à la transplantation de la ville de Shenyang, dans le Nord-Est chinois, affiche sans complexe la couleur : "Donneurs d’organes disponibles immédiatement ! Contactez-nous avant de tomber très malade ! Un conseil : sachez qu’en décembre et en janvier, c’est la bonne saison, quand le nombre de donneurs est le plus élevé ; cela vous permettra d’attendre le minimum de temps avant de vous faire greffer un organe" ».

[9] « Shi Bingyi, vice-président de l’Association médicale de greffes d’organes en Chine, affirme qu’il y a eu en Chine environ 60 000 transplantations entre 2000 et 2005 » - Bonan.

[10] « Le site internet de l’hôpital de Changzheng, à Shanghai, indique : « ... Le temps d’attente moyen pour une offre de foie est d’une semaine parmi tous les patients » - Bonan.

[11] « Shanghai, première destination des Israéliens pour les greffes », par Delphine Matthieussent, Le Monde, avril 2006.

[12] Pour rappel, le nombre officiel d’exécutions capitales en Chine est de 1 600 par an, soit 9 600 pour six ans, selon Amnesty International il faudrait compter au moins 6 000 exécutions par an en Chine.

[13] « Pour Huang Peng, un ancien membre du personnel pénitentiaire chinois, « les organes des prisonniers exécutés constituent pratiquement la seule source de greffes » du pays. » - Source The New York Times, 2001.

[14] « Lors de son assemblée du 13 mai 1991, l’OMS a approuvé les principes directeurs en matière de transplantation, dont les points 5 à 9 inclus traitent spécialement de l’interdiction de commercialisation. "5. Le corps humain et les parties du corps humain ne peuvent faire l’objet de transactions commerciales. En conséquence, il devrait être interdit d’allouer ou de recevoir un paiement (y compris les autres formes de compensation ou récompense) pour des organes. 6. Il devrait être interdit de faire de la publicité autour du besoin ou de la disponibilité d’organes dans le but de demander ou proposer un paiement. 7. Il devrait être interdit à des médecins ou autres professionnels de la santé de s’engager dans des procédures de transplantations d’organes s’ils ont une bonne raison de croire que les organes en question ont fait l’objet de transactions commerciales. 8. Tout paiement excédant une rémunération équitable des services prestés devrait être interdit pour toute personne qualifiée participant à des procédures de transplantation d’organes. 9. A la lumière des principes de justice distributive et d’équité, les organes donnés devraient être attribués aux patients sur base de la nécessité médicale et non sur la base de considérations d’ordre financier ou autre". » - Source OMS.

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