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Youth Ahead!

Ambition et Action.

Au nom du Père et du Saint-Espoir… Publié le Mardi 9 Décembre 2008 à 21:00:33

Dieu n’a pas quitté l’Afrique. Malgré la pandémie du Sida, les ravages du paludisme, les braises de l’ethnicisme, la pauvreté féroce, non malgré tout, Dieu n’ouvre plus seulement ses bras divins pour accueillir les milliers de morts du continent, Il est désormais la Voie qui mène vers l’illumination monétaire.

 

Le Dieu des pauvres et marginaux ne symbolise plus le renoncement à la volupté et au confort, le reniement des plaisirs du corps, c’est devenu le prétexte à la gloutonnerie matérielle et aux dérives insensés incarnés par ces nouveaux bergers qui mènent des foules de plus en plus nombreuses vers la « renaissance de l’âme ». Les Born Again ont pris d’assaut un continent déserté par l’influente Eglise qui après avoir ouvert les chemins du colonialisme sauvage, a contribué à maintenir les populations dans une sorte de laxisme révérencieux et à en faire de véritables zombis d’une foi falsifiée. A l’époque, l’ambition était un crime biblique car seuls les pauvres pouvaient se targuer de crever de faim dans des taudis et payer par cet ultime dénuement matériel, un sacrifice nécessaire, une place pour un paradis hypothétique. Durant des années on a fait comprendre aux nègres qu’ils ne devaient pas se préoccuper de leurs richesses naturelles pillées par les pionniers de la civilisation, mais se concentrer sur la survie de cette âme damnée par tant de naïveté que même le diable au fond ne voudrait même pas dans son brûlant empire. Les soutanes sont venues avec d’énormes crucifix et des fouets pour donner un peu d’espoir à ces peuplades, heureux de se perdre dans l’archaïsme de leurs croyances ancestrales, et les libérer de toute la barbarie de leur condition. De nos jours, l’Eglise a sombré en même temps que les économies locales, les sermons des serviteurs du Saint-Siège sonnent désormais creux dans les oreilles de fidèles assoiffés de richesses et souhaitant vivre pleinement le paradis de l’argent que l’enfer réel et atroce de la misère. Les chapelles se vident, et les lieux de culte où naguère se manifestaient la puissance du Vatican, ressemblent aujourd’hui à des cimetières péniblement entretenus par des espérances d’un autre temps.

Face à cette hémorragie de la foi, les serviteurs de Dieu, forcés à l’ennui et à une sorte de léthargie morale, s’adonnent aux pratiques de la chair, cédant aux tentations du plaisir et se mettant aux centres de honteux scandales. Ainsi, les armées du Salut se sont transformées en réserve de pédophiles, de vicieux en puissance et de dangereux pervers. A Douala, il se murmure qu’il serait judicieux de « ne plus laisser traîner son fils dans une église, et encore moins sa femme ! ». La méfiance et le désamour conduisent naturellement les populations à prêter une plus grande attention aux sirènes des nouvelles églises, revanchardes à souhait. Elle qui furent obligées à l’exil par l’Inquisition, condamnées par l’intolérance violente d’un catholicisme conquérant et tyrannique. Animées par un appétit vorace, elles se sont lancées dans un impérialisme religieux impitoyable, attaquant tous azimuts les pré carrés jadis inaccessibles et se retrouvant jusqu’aux sommets des Etats africains. On compte un nombre non négligeable de Chefs d’Etat africains partisans de la mouvance évangéliste. Du couple présidentiel ivoirien au putchiste centrafricain, illustre pilier sous-régional de l’Eglise Céleste, en pensant par ceux qui sans en être membres favorisent pour des raisons politiques inavouées cette vague d’évangélisation de la société africaine. Il n’existe plus une partie du continent qui échappe à l’assaut des pasteurs du renouveau messianique. Tandis que les armes dialoguent férocement dans le Nord Kivu et que les seigneurs de guerre apportent à la table de négociation les têtes ensanglantées du peuple que l’on assassine, dans les rues de Kinshasa fleurissent d’énormes affiches appellant les âmes pécheresses à se repentir et à « renaître » de nouveau. La paix ne venant pas des hommes, trop égoïstes, mais de Dieu, unique source de lumière dans ce monde de ténèbres. Une de ses sublimes sottises qui se vérifiaient d’ailleurs au Proche-Orient, en Irak, en Afghanistan ou récemment en Inde. Pourtant, jamais la ferveur chrétienne n’avait atteint une telle ampleur qu’à l’heure actuelle. L’engouement pour le spirituel est égal à l’absurdité de la situation apocalyptique de certaines régions. La parole de Dieu, revisitée et dépoussiérée par des prophètes modernes, propriétaires entre autres de villas d’un luxe insolent, fait renaître la flamme des lendemains merveilleux. On s’entasse par milliers dans des salles immenses, comme à Cotonou où il y a quelques mois on perquisitionna presque un hôtel, pour célébrer la rédemption des âmes, partager gloire et réussite à tous. Un succès spirituel suivi de près par de gros bénéfices financiers. Le prix de la délivrance dépendant du poids de la bourse de chaque fidèle.

Le phénomène évangéliste en Afrique est le nouveau business lucratif qui permet aux apôtres auto-proclammés et autres guides messianiques de détrousser des bourses deja vides pour enrichir leur ego, leur soif insatiable de mégalomanie. Partout sur le continent, les églises du Christ surgissent des hécatombes sociales des villes africaines, s’imposent grâce à un nombre impressionnant de campagnes d’évangélisation et de croisades pour sauver des êtres dépouillés survivant dans les faubourgs de l’inhumanité. Lorsque l’Eglise régnait par la terreur, humiliant les sauvages africains, les Born Again décomplexés, virulents et brillants se démarquent par le charisme irréfutable de leurs orateurs, la jeunesse et la fougue de leurs prêches, le respect de façade et une illusion bien tenue d’une modernité qui puise ses enracinements dans l’intransigeance du conservatisme. Certes les pasteurs ne sont pas condamnés au célibat, certes ils peuvent troquer les vieilles reliques vestimentaires catholiques contre des costumes taillés sur mesure par de grands noms de la haute couture, certes ils peuvent échanger les sandales usées par des chaussures en peau d’alligator ou rouler dans les dernières berlines toutes options, il n’en demeure pas moins qu’ils incarnent le retour à de dangereux idéaux dont l’Afrique se serait bien passée. Homophobie revendiquée, égalité des sexes bafouée, avortement, fornication et préservatifs etc., pratiques exclusivement diaboliques, voilà la véritable face cachée de ces missions évangélistes qui apportent de l’espoir tout en ôtant subtilement les libertés, ramenant la société à un idéal fondamentaliste pas très éloigné de celui des ayatollahs musulmans. Dans chaque rue, de Dakar à Johannesburg, un écriteau vient rappeler à la mémoire un peu trop évasive des hommes que seul « Jésus sauve ! » et aux jeunes de plus en plus libertins que « forniquer, c’est Mal ! ».

La société puritaine nettoyée de toutes ses déviances semble ne plus être une mauvaise blague, en sillonnant les sentiers des bidonvilles de Douala, on navigue en plein cauchemar. Les filles en tenue jugée provocatrice et indécente sont insultées voire malmenées, la police veille à la pudeur, l’administration publique interdit de cité les femmes vêtues de pantalons, la chasse aux pédés est devenu un sport journalistique et citoyen national. Chacun y va de sa liste d’homosexuels présumés. Dans les écoles et universités se forment des clubs du Christ, accueillant des jeunes en quête de réponses et hantés par l’angoisse d’un avenir incertain. On formate au travers d’activités ludiques, de forums de réflexions chrétiens, de solidarité collective et d’écoute, les mentalités de ceux qui demain feront les lois et décideront des orientations de tout un continent. L’intelligence de cette stratégie est d’assainir à la base les consciences et de pouvoir miser sur une jeunesse convertie et convaincue de la noblesse de la cause. En lançant les fameuses Journées Mondiales de la Jeunesse, l’Eglise a voulu montrer qu’elle aussi pouvait se rajeunir et compter sur une véritable force juvénile catholique. Malgré l’enthousiasme des débuts, aujourd’hui elles connaissent un succès mitigé causé par la volonté d’un retour aux sources du nouveau pape et les scandales de mœurs à répétition allègrement repris par les medias. L’Eglise est à l’agonie. Seul un miracle pourra la sauver de sa disparition programmée. Pendant ce temps, sans s’en apercevoir on assiste à un passage de témoin dans la quasi indifférence des populations. L’on est plus choqué de voir que les salles de spectacle qui voyaient se produire les artistes locaux aient cédés la place aux orateurs du nouveau christianisme. Les stades se remplir dans une ambiance euphorique. Le show chrétien dans une intensité incroyable secoue le curieux en le transportant vers quelque chose d’inouïe et de particulier, pour le sceptique cette débauche de moyens et cette adhésion populaire en masse n’est qu’une illustration de plus de la fumisterie de la foi ou de la folie presque satanique de hommes désespérés. Et ce ne sont pas les transes épileptiques et autres miracles retransmis instantanément sur God Tv qui finiront par convaincre les puristes du rite catholique ou les athées du Providentiel.

Dieu n’a pas quitté l’Afrique. Même s’il fuit les sommets régionaux consacrés aux résolutions des conflits, déserte les forums sur le développement ainsi que le cœur des dinosaures qui gouvernent des pays à l’agonie, et boude les palais présidentiels bâtis sur la détresse des affamés, Dieu est présent dans la verve du pasteur et dans la hargne du croyant qui dans une ferveur impressionnante reçoit en s’écroulant la grâce divine. Le Dieu tout neuf et beau vient de l’autre coté de l’Atlantique, drapé de la bannière étoilée, pour apporter le nouvel évangile et donner un sacré coup de vieux aux vieilleries du christianisme papale. Ce Dieu là, c’est Celui qui dit « heureux le pauvre qui veut devenir riche, car il est bénie ! ». Le phénomène évangéliste est devenu au fil des années extrêmement vivace en Afrique au point de mettre à mal la présence que l’on croyait indéboulonnable des religions dite traditionnelles. Les Eglises se sont vidées de fidèles attirés par un dogme en adéquation avec leur espérance.

Les nouvelles Armées Célestes apportent aux plus démunies une assistance matérielle conséquente, offrent à manger aux familles, construisent des écoles gratuitement, soignent sans frais dans des hôpitaux modernes des miséreux qui n’en demandaient pas autant, partagent des bourses d’étude aux jeunes pour l’Occident, et encouragent par un soutien financier majeur la création d’entreprises par de chômeurs diplômés. Qu’importe alors la rudesse de l’idéologie conservatrice prônée par ces nouvelles religions que de nombreux observateurs s’empressent de qualifier de « sectes » comme si les religions actuelles officielles ne sont pas quelque part des résidus de sectes, le plus important sur un continent ravagé par la désolation économique, la fracture profonde entre les nantis et les pauvres, l’instabilité politique et le despotisme, et un manque de vision et d’ambition pour demain, les populations africaines ne cesseront pas d’aussitôt de jurer au nom du Père et du Saint-Espoir..

Afficher le commentaire. Dernier par site dédié à la littérature le 20-07-2013 à 10h28 - Permalien - Partager
Yaoundé by night Publié le Mardi 18 Novembre 2008 à 01:34:28

Un regard sur les enfants de la rue à Yaoundé, capitale du Cameroun, pays situé au coeur de l’Afrique. Ils sont des centaines à hanter les rues dans la quasi indifférence des autorités locales.

Quand s’éteignent les lumières de la nuit, sous les réverbères mal éclairés dorment les oubliés des soirées folles de Yaoundé. Couverts par de vieux cartons, ils se protègent contre un froid devenu sibérien au cours des années. Que sont-elles, ces choses que l’on évite au détour d’une rue comme si elles portaient les plaies les plus sombres de cette ville ? Que sont-elles, ces épaves qui se sont échouées au coin de l’insouciance de cet univers magnifique où brillent de pleins feux les guirlandes de cette fin d’année ? Ce sont des enfants[1], de jeunes adolescents qui se sont réfugiés dans la rue à l’abri d’un passé qui n’est jamais très loin[2]. Anciens enfants prodiges, futurs gangsters et déjà délinquants en puissance, nul ne sait exactement ce que leur réserve cette vie étrange dont le sens semble leur échapper. Ils sont désormais livrés aux féroces spectres de la nuit, ils ne manqueront à personne car au fond que sont-ils ? Rien d’intéressant, tout de déplaisant. Les passants qui s’en vont quelque part, à force de les voir tous les jours, se lassent de compatir et finissent par glacer leur sensibilité. A force de voir des corps couverts de papier journal sur les bancs publics, on finit par les effacer de ce champ qu’est le monde. Et à ne penser qu’à la magie de Noël et à se dire, un peu honteux, que la misère du monde on en est vraiment saturée.

Le rond point central, carrefour de toutes les âmes solitaires, oasis nocturne de toutes les escapades amoureuses, étincelle la ville en lui donnant des allures féeriques. Surmontée par une tige l’étoile du berger éclaire le centre-ville comme pour indiquer aux passants qui se hâtent, le chemin du bonheur. C’est noël, l’on respire à chaque pas la vie. Les sourires sont accrochés à des visages joyeux, tandis que les centres commerciaux ne cessent d’accueillir l’enthousiasme monétaire des clients. Tels des spectres, ils hantent les lieux où l’argent coule à flot, ils s’agrippent aux bras des hommes et, avec leur français boiteux, réclament la charité, on leur offre de la pitié[3].

L’unique vraie réaction des autorités c’est d’envoyer des policiers pour qu’ils nettoient la ville de ces indésirables. Les services sociaux ont depuis renoncé à faire leur travail, faute de moyens. Seules les associations et les ONG locales essaient encore d’y croire[4]. Elles leur viennent en aide par une prise en charge afin de leur assurer une formation professionnelle concrète qui puisse leur permettre de sortir de la rue et de les arracher aux griffes de mafieux. Mais la tâche n’est pas aisée, surtout qu’un retour à cet enfer de la rue pour ces enfants, ces jeunes, ces frères n’est pas exclu.

Il fait noir et froid en cette nuit de décembre, Yaoundé est en fête, des milliers de personnes viennent s’amuser et vivre de fabuleux moments. Il y en a qui traversent le Boulevard du 20 mai en trombe partagé entre les délires des festivals organisés ça et là, et les chants des sirènes de la rue de la joie. Arpentant les allées du Boulevard Kennedy, l’on retrouve en petites bandes ces adolescents de la rue, fumant du chanvre et buvant de la bière. A leur vue il faut être courageux pour rester sur le même trottoir, on dirait des pitbulls prêts à mordre. C’est la violence qui est leur langage, la seule politesse qu’ils connaissent, elle est l’expression de leur manière de vivre, d’être présent et accepté par un univers impitoyable. Doit-on pour autant les stigmatiser et les craindre ? Ce serait la pire attitude et de loin la plus irresponsable.

Entre prostitution et esclavagisme moderne, la difficile existence des enfants de la rue dépasse tout entendement, il n’y a qu’à les entendre parler de leur quotidien pour mesurer l’ampleur du drame humain qui se joue dans les rues de cette capitale magnifique. Il ne faut pas être un expert en la matière ou un sociologue averti pour comprendre la souffrance de ces jeunes adolescents qui auraient pu avoir un parcours différent si seulement la vie ne leur avait pas réservé l’une de ses tragédies dont elle a le secret. Quand on regarde dans leurs yeux, on peut y entrevoir une envie de sortir de cette spirale infernale dans laquelle ils sont pris, en tenaillés entre les griffes des hommes décidemment plus prédateurs que loups. Il y a quelques mois, un journal local faisait sa une sur une histoire terrible d’un enfant retrouvé décapité et les organes génitaux volés, le corps fut retrouvé près d’une décharge municipale. Personne ne sait vraiment d’où il venait, on savait juste qu’il dormait dans la rue en compagnie d’autres adolescents de son age. Une nouvelle qui fit un grand émoi, et beaucoup de bruit. Malheureusement la mobilisation qu’avait suscitée cette affaire retomba en même temps que l’émotion qui l’avait porté. Nul ne sait encore combien d’enfants ont été victimes de ces réseaux depuis cette affaire, mais au fond qui se sent concerné ?

Yaoundé ressemble à une princesse endormie aux premières heures de la matinée, quittant le cinéma Théâtre Abbia et en déambulant jusqu’à la Poste, elle offre à l’insomnieux une fraîcheur particulière, comme une sorte de caresse matinale. Mais pour ces enfants perdus qui grelottent sous le froid, les matinées sont rudes et moins imprégnées de romantisme. Une nouvelle journée a deja débuté, il faudra gagner quelques sous en multipliant les petits métiers, faire la manche ou s’adonner au larcin. Comme quoi la vie n’est pas toujours et pour tout le monde plein d’espoir.



[1] Des milliers d’enfants vivant dans la rue sans surveillance, sans éducation, sans amour ni attention, habitués à la violence et aux brutalités quotidiennes. Quel avenir y a-t-il pour ces enfants et pour notre pays ? –– Educateur d’enfants de la rue à Lubumbashi (recueillis par Human Rights Watch).

[2] Après la mort de mes parents, je suis parti habiter chez mon oncle. Mais les choses allaient mal chez lui. Il était souvent ivre et alors il me battait. Il a pris des choses à mes parents mais il ne voulait pas s’occuper de moi. J’ai commencé à passer de plus en plus de temps dans la rue. –– Garçon de la rue à Kinshasa (recueillis par Human Rights Watch).

[3] La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine est proclamée dans la Charte des Nations Unies.

[4] La Déclaration universelle des droits de l’homme, les Nations Unies ont proclamé que l’enfance a droit à une aide et à une assistance spéciales.

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Afficher les 4 commentaires. Dernier par plantes de jardin le 20-07-2013 à 10h30 - Permalien - Partager