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Youth Ahead!

Ambition et Action.

Publié le Mardi 18 Novembre 2008 à 01:33:49

La jeunesse camerounaise, comme toute la jeunesse africaine, face à la peur d’affronter un avenir sombre, entre chômage et délinquance, malgré des diplômes intéressants, s’interroge sur ces lendemains qui font déchanter. Pourtant, elle croit au changement même si le système tend à encourager le clientélisme, le tribalisme et la corruption.

Près d’un millier d’étudiants en ce jour de rentrée académique dans cet amphi de l’université de Yaoundé qui semble trop étroit pour contenir toute leur ambition et tout leur enthousiasme. Il fait près de quarante degré à l’ombre et ils sont entassés les uns sur les autres, jouant des coudes pour se faire de la place, comme si ici le véritable luxe c’est l’espace. Le professeur a du mal à se faire entendre, le microphone étant hors service depuis des lustres, sa voix fatiguée n’arrive plus à capter l’attention de cette petite chine qui lui fait face. Trublion, le public l’observe et lui envoie des paroles assassines qui, habitué, n’ont pas l’air de l’affecter. C’est de cette manière incongrue que l’on dispense les cours dans la plupart des écoles supérieures publiques au Cameroun. De nombreux jeunes étudiants entament ce parcours du combattant sachant déjà qu’ils auront tous peu de chance de faire carrière dans leur pays. En quête d’un meilleur avenir, ils donnent tout dans l’espoir de faire partie un jour à leur tour de l’élite impeccable qui se bronze au soleil monétaire. Mais ils le savent, la réalité est implacable, plus de 34 % des jeunes en Afrique subsaharienne sont des chômeurs selon un rapport du Bureau international du travail (BIT) de 2006 sur l’emploi des jeunes dans le monde, ce qui signifie qu’il y a peu de chance qu’ils puissent après l’obtention de leur diplôme trouver un travail décent. Le sous-emploi des jeunes est une préoccupation majeure dans l’élaboration des politiques de développement.

Le Cameroun comme la plupart des pays de l’Afrique noire connaît une crise profonde de l’emploi des jeunes. Avec les programmes d’ajustement structurel menés dans les années 90 sous le contrôle des institutions de Bretton Woods, le Cameroun a connu une terrible descente aux enfers qui a plombé le niveau de vie de ses habitants, surtout celui des classes les plus populaires. La baisse des salaires des agents de l’Etat, la revalorisation de la monnaie nationale et de la diminution significative de la productivité des secteurs industriels, miniers, forestiers et agricoles a accru la pauvreté des ménages ainsi que la misère des foyers modestes. Des entreprises publiques ont dû fermer ou ont été privatisées provoquant du coup un choc terrible dans le domaine de l’emploi et celui-ci s’est traduit par des licenciements massifs, mais aussi par le renforcement d’un climat d’insécurité sociale.

Les moyens alloués à l’enseignement et au Fonds national pour l’emploi (FNE), une sorte d’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) à la camerounaise, ont été considérablement révisés, laissant dès lors sur le carreau la qualité de la politique d’éducation nationale et de l’emploi. Le système éducatif entier a presque été anéanti et la formation professionnelle s’est sensiblement appauvrie. Une situation qui a conduit à plus de corruption et d’opacité, décrédibilisant au passage les diplômes nationaux.

Tous les observateurs sont unanimes sur le fait que le climat à l’heure actuelle est morose et cela se voit en partie à travers le taux d’échec record aux examens officiels, qui depuis ces dernières années plonge littéralement dans les abysses. C’est dans ces conditions particulières que les étudiants camerounais, à l’instar de ceux de l’université de Yaoundé, sont confrontés dès le début de leur parcours au problème du sous-emploi et à l’inexistence de débouchés. L’on peut facilement déceler dans les conversations et les débats, qu’ils ont aux heures de pause, une réelle angoisse de l’avenir. Quelle formation pour quelle vie ? Voilà en résumé la question qui taraude ces jeunes gens. Certains avouent que le choix de leur filière est motivé non pas par une certaine vocation, mais par le souci d’entrer dans les exigences du marché du travail. Alors, on constate que les filières professionnelles (économie, comptabilité, management, etc.) sont saturées tandis que les filières plus classiques comme les lettres sont désertées. Fait nouveau, le droit et la science politique ont depuis cinq ans le vent en poupe, sans doute à cause de l’amélioration de la fonction libérale et de l’impression que la politique enrichit.

Et lorsque ces efforts ne suffisent pas, les jeunes Camerounais n’hésitent pas à tenter leur chance par la voie de l’immigration, clandestine ou pas. Tous les réseaux menant à Paris.

Ils se donnent à fond, c’est indéniable les jeunes Camerounais sont de grands bosseurs. Et malgré la faiblesse de perspectives, ils cherchent à s’en sortir dans le secteur informel. C’est ici ce que l’on appelle la « débrouillardise ». C’est ainsi que l’on retrouvera dans les rues de Yaoundé de jeunes vendeurs à la sauvette, de « bensikinneurs », de laveurs de voiture, pourtant diplômés des plus sérieuses écoles. Souvent, en marge de cet informel dans lequel ils essaient tant bien que mal de survivre, il est courant que les jeunes Camerounais se réfugient dans les buveries, la prostitution et la délinquance, faisant des zones urbaines et industrialisées des lieux d’une forte dangerosité. Les agressions sur les personnes, les braquages et les délits de tout ordre sont le lot quotidien des habitants de Yaoundé dont les responsables sont dans la majorité des cas de jeunes, victimes des célèbres maux de Voltaire : l’ennui, le vice et le besoin.

A ce stade, un constat s’impose froidement, l’éducation, contrairement aux idées reçues, n’est pas toujours la clé du problème. « La formation ne constitue en rien une garantie pour trouver un emploi décent » comme le soutient Dorothea Schmidt, économiste au BIT et co-auteur du rapport sur l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne. Beaucoup de jeunes diplômés ne se retrouvent-ils pas, par exemple, chauffeurs de taxi ou agents de sécurité ? Et quand bien même ils travaillent, ils sont très faiblement rénumérés ce qui en fait des personnes extrêmement pauvres comme le souligne ledit rapport : « un seul jeune sur dix gagne assez pour s’élever au-dessus du seuil de 2 dollars par jour ».

Au Cameroun, le sous-emploi des jeunes n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg qui cache d’autres réalités encore plus dramatiques comme l’incompétence et le clientélisme de l’administration publique. Ce qui a pour effet d’annuler toute volonté de réformer le système et de proposer des solutions rapides au sous-emploi des jeunes Camerounais. Les colloques et autres séminaires viennent et se succèdent sans que l’on puisse entrevoir une sortie de crise. L’atteinte du point d’achèvement, ultime étape du processus PPTE (Pays pauvres et très endettés), n’a pas jusqu’à ce jour apporté aux Camerounais la bouffée d’air frais qu’on leur avait promis. Il a fallu malheureusement qu’il y ait de fortes grèves estudiantines, "répressées" dans le sang et le silence, pour que le budget de l’enseignement supérieur soit revalorisé et que de nouvelles infrastructures soient construites. Un accord avec les partenaires sociaux et économiques visant à créer et à favoriser l’initiative individuelle au travers des petites et moyennes entreprises a été trouvé. Mais comme le remarquait judicieusement l’ancien ambassadeur américain à Yaoundé, Niels Marquadt, le problème du sous-emploi des jeunes réside plus dans la corruption, le manque de communication sur les différentes aides au développement allouées par les pays occidentaux, les ONG internationales et les organes onusiens et la lourdeur administrative que par l’absence de créativité et de qualification des jeunes Camerounais.

Pourtant, le Cameroun gagnerait à s’inspirer de l’exemple des autres pays africains subsahariens qui ont mis en place des projets qui permettent aux jeunes de rester dans leur pays et de sortir de l’informel, à l’instar du Sénégal. Avec le projet Reva (Retour vers l’Agriculture) à destination de ces jeunes émigrés rapatriés des Canaries, le Sénégal offre une alternative à sa jeunesse, inquiète de son avenir. Un pari allant dans le sens du BIT pour qui le secteur agricole « doit continuer de jouer un rôle important dans les stratégies d’emploi des jeunes et dans les stratégies globales d’éradication de la pauvreté » en dépit « d’un exode rural croissant ». Ce qui conviendrait à un pays comme le Cameroun dont le secteur agricole représente la majorité des revenus de l’Etat. Il faudrait impérativement entamer des réformes qui auront pour but de le moderniser et de la rendre plus apte au commerce international. Ce secteur agricole est pourvoyeur de 40 % des emplois dans le monde. Et en Afrique subsaharienne, c’est l’un des principaux employeurs, avec le secteur informel, des jeunes.

Mais il n’en demeure pas moins que l’Etat doit se diversifier en favorisant un climat propice à la création des entreprises par, d’abord, le renforcement de la formation professionnelle avec plus d’infrastructures et d’éthique, ensuite par l’allègement administratif et fiscal sur toute initiative de création d’entreprise en exigeant des quotas d’embauche de jeunes nationaux. Enfin, permettre l’innovation scientifique et technique par de pôles ou de centres de recherche, tout en adaptant les principes sociaux à la compétitivité, tributaire de la mondialisation.

En attendant que les mesures énoncées soient prises en considération, les jeunes Camerounais, comme en cette journée de rentrée académique, ressentent une drôle d’impression que tout est joué à l’avance et que la méritocratie est un mot rassurant qui sonne creux, mais surtout qui ne parvient par leur ôter cette angoisse de l’avenir.

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Publié le Mardi 18 Novembre 2008 à 01:32:57

L’homosexualité chez les jeunes Africains est une pratique courante qui tend désormais à se banaliser avec le consentement des populations presque résignées à cette évolution des mœurs.

« L’homosexualité est une tare blanche qui ne s’applique pas aux Africains ». Cette déclaration, un peu à l’image de son auteur, est de Robert Mugabe, président éternel de cet enfer austral qu’est le Zimbabwe. Loin d’être isolée, cette sortie sans ambages reflète l’opinion de la forte majorité d’Africains sur un sujet qui dérange et dont on aimerait ne pas en discuter. L’ancien président nigérian affirme lui que l’homosexualité est « perversion du droit divin », tandis que son homologue ougandais le président Yoweri Museweni trouve que les homosexuels sont coupables de « crimes contre nature ». Selon Alex Siewe dans Jeune Afrique : « l’Eglise a condamné sans réserve l’homosexualité pendant la guerre coloniale ; les régimes marxistes ou de parti unique ont présenté plus tard ces pratiques comme une déviance propre à la bourgeoisie, conséquence du capitalisme décadent ; aujourd’hui, c’est paradoxalement au nom d’un retour à des valeurs ancestrales africaines que le sujet est combattu avec véhémence comme une maladie occidentale ».

Pourtant, malgré ses discours, la réalité semble de nos jours dépasser l’imagination. L’homosexualité chez les jeunes Africains est une pratique courante qui tend désormais à se banaliser avec le consentement des populations presque résignées à cette évolution des mœurs. En dehors de quelques pays maghrébins tenus sous pression par des islamistes plus que vigilants, en Afrique subsaharienne, certains jeunes ne se cachent plus et affirment sans complexe leur choix. Ainsi, il n’est plus surprenant de croiser dans les cybercafés des villes africaines, des jeunes personnes à la recherche d’un partenaire du même sexe, ces « tchat » gay qui sont de plus en plus prisés loin des regards des vieux, ces « has been », qui surjouent à la perfection la comédie du conservatisme. De Cotonou à Douala en passant par Abidjan et Johannesburg, la jeunesse africaine se cherche et se trouve parfois au-delà des barrières et des interdits. Des orgies aux pratiques de la fellation et de la sodomie, les frontières de l’acceptable sont moins immuables. Le désir de bien-être guidant ces générations à la découverte des plaisirs encore inconcevables il y a cinq ans.

Mais qu’est-ce donc que cette homosexualité qui suscite publiquement une telle levée de bouclier de la part des dirigeants africains ? Quelle est donc cette malédiction, cette malchance, qui sous l’ombre blanche cache la plus perverse machination occidentale ?

L’homosexualité est simplement – scandaleusement – le fait d’avoir de l’attirance pour une personne du même sexe que soi. Elle englobe les gays et lesbiennes et se situe bien au-delà de la pratique sexuelle pour symboliser la relation sentimentale. Contrairement aux idées reçues, elle n’est pas le propre de l’Occident, presque chaque civilisation et chaque culture a entretenu – entretient – sa propre histoire avec cette pratique venue du fond des âges. Charles Gueboguo, sociologue camerounais, l’a brillamment démontré dans ses recherches sur l’homosexualité en Afrique, on la retrouve dans les rites, les codes et les coutumes, inscrite en lettres d’hypocrisie sur le marbre froid des traditions ancestrales. Que ce soit chez les vaillants guerriers Massaï du Kenya comme chez les Haoussa du Nigeria, l’homosexualité a traversé les époques, survivant difficilement aux assimilations politiques et institutionnelles des indépendances, pour refaire surface aujourd’hui dans la peau de jeunes Africains décidés à se faire accepter pour ce qu’ils sont.

Il y a quelques mois, au Cameroun, la presse lâchait aux populations des listes de présumés homosexuels sur lesquels se retrouvait tout ce que le pays compte d’hommes influents, de politiciens aux financiers en passant par des sportifs et artistes de renom. Une affaire qui a fait grand bruit et a alimenté pendant les moments de disette les chaumières en attisant un peu plus la haine des homosexuels, décidément responsables de toute la misère du pays. Une autre histoire a été au centre de toutes les attentions dernièrement. Celle de ce groupe de lycéennes accusées d’homosexualité après les avoir surpris s’adonnant à des pratiques « malsaines » et « indécentes » au sein de l’établissement scolaire. Au Cameroun comme dans la quasi-totalité des pays africains qui se respectent, l’homosexualité est un délit passible d’une peine d’emprisonnement et de grosses amendes.

Des dispositions légales qui n’inquiètent pas les jeunes. Car ceux-là même qui les condamnent devant les caméras, viennent à la nuit tombée, dans la discrétion nocturne, solliciter les services d’éphèbes obligés de jeter leurs corps en pâture aux loups pour tenter de survivre à la pauvreté ambiante de nos sociétés. Des fonctionnaires, des businessmen, des hommes ordinaires, mariés ou pas, nourrissent ce marché noir où se libèrent les penchants soigneusement camouflés. Cette schizophrénie a un drôle de nom au Cameroun. C’est le « bilinguisme ». C’est-à-dire l’état d’un homme qui est obligé de jouer à un double jeu pour sauver les apparences. Le jour, hétérosexuel convaincu, chrétien, fidèle et souvent marié, perdu quelquefois dans ce personnage. La nuit, plongé dans l’obscurité, se retrouvant enfin libéré dans les bras d’un autre homme. Le bilinguisme ici c’est savoir parler le langage de la « raison » le jour et celui du « cœur » la nuit. Ainsi, les jeunes sont désormais conscients que le malaise social actuel n’est en fait que les derniers soubresauts d’une société condamnée à se regarder dans les yeux et à accepter cette partie d’elle qui loin de la déshonorer, la réconcilie avec son identité.

Dans les lycées, les collèges, les universités, les zones rurales et urbaines, l’homosexualité se vit tous les jours, chez les jeunes. Si le lesbiannisme est plutôt largement toléré par les jeunes, au point où il s’érige en fantasme sexuel absolu, la gay attitude souffre encore d’une incompréhension, dans des cas, assez violente. Il n’est pas surprenant d’entendre des adolescents fiers de leur hétérosexualité trouver que les législations ne vont pas loin dans la répression de l’homosexualité, qu’il faudrait les exécuter sur la place publique. Mais souvent les mêmes jeunes, dans leur intimité, n’hésitent pas à sodomiser leurs amies et à exiger cette fellation qui moralement est aussi répréhensible. De nos jours, il suffit de discuter avec des jeunes, des deux sexes d’ailleurs, pour comprendre que l’épanouissement sexuel est une quête qui brise les chaînes de la morale et s’émancipe des carcans du rigorisme calviniste.

N’est-ce pas dans cette optique de libération que le droit à la différence s’affirme et que le droit de choisir émerge pour s’ancrer dans les consciences. Il n’est pas pour moi question de faire l’apologie de la déviance et du libertinage, certains diront du vagabondage, sexuel chez les jeunes Africains. Le but, c’est de souligner que chaque génération a ses aspirations et ses idéaux. Ses mœurs et son langage. Tandis que le « string » traumatise les parents, les éducateurs ou les religieux, que les jeans sexy et les minijupes ultra courtes provoquent des arrêts cardiaques dans les rues des métropoles africaines, ce style hautement tendancieux est revendiqué et assumé par des générations qui vivent simplement leur temps, comme d’autres avant eux.

La question de l’homosexualité chez les jeunes Africains, en ce siècle nouveau et fébrile, est une illustration du changement profond qui est en train de se faire au cœur de nos sociétés. Une évolution qui se fait dans la souffrance, se frayant péniblement un chemin jusqu’à une reconnaissance claire des pouvoirs publics, que ce soit dans l’accès aux soins antiviraux (VIH/SIDA), que ce soit dans la prise en compte du taux de suicide particulièrement inquiétant chez les jeunes homosexuels. Peut-être un pas symbolique vers la fin du calvaire, la célébration d’une journée mondiale contre l’homophobie. Une journée arc-en-ciel. Gay en somme.

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