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Youth Ahead!

Ambition et Action.

Au royaume de Bob le Sanglant.. Publié le Dimanche 11 Janvier 2009 à 20:38:43


Le cholera prend des vies. Des populations sans eau, sans assainissement, sans infrastructures, livrées à elles-mêmes, sont prises au piège et se retrouvent souvent seules face à un destin deja scellé. Près de 600 morts en quelques semaines.

En septembre de cette année qui s’achève, une épidémie de cholera emportait dans la quasi indifférence des centaines de personnes dans l’une des régions les plus liberticides de la planète, la Guinée Bissau. Quelques mois après, la même situation sanitaire se répète au Zimbabwe attirant cette fois-ci toute l’attention du monde. C’est vrai que depuis que le nom Zimbabwe est devenu synonyme de chaos politique et d’apocalypse social, la communauté internationale, ce formidable machin, prête aux litanies du peuple zimbabwéen une oreille toute particulière. Plongé dans un marasme économique sans précédent, ancien grenier d’Afrique australe, se targuant naguère de nourrir la sous-région entière à lui seul, le royaume de Robert Mugabe s’est enfoncé doucement dans les abysses du népotisme et se laisse désormais dévorer par ses monstres ténébreux que sont la corruption institutionnalisée, la divine impunité, la terreur appuyée par une oppression mécanique et impitoyablement efficace.
 
Les récentes élections tenues au cours de cette année 2008, malgré des législatives remportées à la surprise générale par l’opposition, furent l’occasion de montrer l’affligeante bouffonnerie d’un régime qui non seulement est inapte et usé mais continue à s’accrocher coûte-que-coûte au pouvoir avec la bénédiction d’une Union Africaine honteuse et irresponsable. Pourtant, il ne faut pas être un spécialiste des droits de l’homme ou un politologue averti pour voir que ce qui se passe au Zimbabwe relève de l’absurdité de la démagogie. Pendant que le peuple vit chaque jour dans les horreurs de la pauvreté et semble épuisé par les batailles vaines du changement qui prend son temps, l’opulent prince et son impératrice s’offrent dans une capitale fantôme, Harare, une vie de pacha. Et les nombreux courtisans dansant au son des cantiques à la gloire du dieu vivant Mugabe et autour du veau d’or recouvert pour l’occasion de dollar américain, s’assurent avec minutie de la pérennité d’une monarchie à l’africaine. Mugabe n’étant pas le seul monarque du continent à s’enrichir allégrement sur les souffrances de son peuple en le tyrannisant sous le regard bienveillant des nouveaux parrains asiatiques qui ont rapidement remplacé ceux d’hier, les moralistes occidentaux. Il n’est qu’un nom sur une liste trop longue d’empereurs présidentiels africains qui font dans le silence sanglant de la répression ce que lui ose faire à la lumière des caméras des médias internationaux. Si l’on prend en pitié le peuple zimbabwéen, l’on devrait ouvrir des centres de compassion en Tunisie, en Egypte, en Angola, en Guinée Equatoriale, au Gabon, au Congo, au Cameroun etc., dans tous ces pays africains où le mot liberté est un crime de lèse majesté.
 
Avec ces dizaines de milliers de malades souffrant de cholera et près de 600 morts pour l’instant, le Zimbabwe, pays de toutes les malédictions africaines réunies, attise toujours autant la fougue dénonciatrice des dirigeants mondiaux, le courroux des vertueux. Les populations dans l’attente d’une vraie mobilisation planétaire s’entendent dire qu’il leur faudrait d’abord chasser leur prince, soutenu durant des décennies par les Premier Ministres de sa Majesté, avant d’espérer voir débarquer les médecins et les médicaments dont ils ont urgemment besoin. A la place de réponse claire et appropriée face à la situation sanitaire catastrophique du pays, l’énergie est focalisée sur un individu que la raison a quitté depuis des lustres, et dont l’humanité semble avoir déserté un cœur en poussière. Cela fait des mois que Bob Mugabe méprise toutes les initiatives politiques et diplomatiques visant à l’écarter d’une manière comme d’une autre de son trône, et fait échouer régulièrement les négociations pour un partage du pouvoir avec celui que le peuple et les leaders de la communauté internationale ont deja choisi comme unique interlocuteur valable et légitime, Morgan, Tsvangirai.
 
« Mugabe must go ! » lançait il y a encore quelques jours Condoleeza Rice devant les images d’enfants et de femmes en train de s’éteindre dévorés par une cholera sans pitié, une exigence tout aussi irresponsable que le gouvernement que la Secrétaire d’Etat dit représenter. Le temps n’est plus aux pressions et autres sanctions qui laissent de marbre un peuple dont les préoccupations sont de survivre à chaque heure qui passe. Et qu’importe donc les milliards de dollar confisqués que les fonds vautours s’empresseront à leur tour de détourner par le biais de procédures opaques voire criminelles, des interdictions de voyager pour l’entourage du prince qui d’ailleurs préfère le luxe déroutant de Dubaï et de Singapour à la froideur des rues de New York ou de Paris, des ultimatums et autres singeries dont la communauté internationale sait offrir quand le moment s’y prête le moins. Le malade zimbabwéen couché dans un grabat n’espère rien d’autre que des soins médicaux rapide. L’on se garda bien de questionner certains pays asiatiques touchés par le tsunami sur la crédibilité démocratique de leur régime politique, alors au nom de quelle doctrine devrait-on laisser mourir des populations simplement parce que leurs gouvernants sont des « gangsters » ? Au nom de quelle logique, de quel raisonnement, de quelle idéal devrait-on considérer que les malheurs de certains peuples valent mieux que ceux des autres et donc méritent un traitement différent ? C’est un tsunami silencieux qui touche actuellement le peuple zimbabwéen. Même si les pleurs de ces familles là ne pèsent pas autant que les cris des « traders » de Wall Street, et que leur désespoir n’affole pas les pôles financiers mondiaux poussant les « Grands » à débourser des milliers de milliards de dollar, ce sont des larmes d’êtres humains qui n’attendent pas beaucoup, ni visas pour l’occident, ni paternalisme arrogant, seulement un peu d’humanité et de responsabilité.
 
Tandis que des villages entiers sont décimés par un mal que l’on croyait vaincu depuis des siècles, le cholera, les rois et empereurs des Grandes Nations semblent décider à transformer cette urgence sanitaire en une strangulation politique. Le « Bob » Mugabe, Tout-Sanglant, se moquant bien de ces agitations de « blancs » et de « traîtres » africains vendus à la cause occidentale, arrive par une insolence qui le caractérise à faire un bras d’honneur aux nouvelles sanctions internationales décidées contre son régime à l’agonie certes mais ayant encore intacte toute sa capacité de nuisance. Malgré les appels à la démission relayés par les médias, comme si au fond le départ de Mugabe pourrait dans l’immédiat stopper l’inadmissible carnage, le vétéran des luttes de libération nationale fait le sourd et continue à régner sur un cimetière de plus en plus immense. Obligeant presque l’Afrique du sud qui connait son lot de xénophobie à recevoir les caravanes d’hommes squelettiques, vidés et au seuil de la mort. Il est bien loin le fameux « We are the World ! », slogan fédérateur, universel pour dire « Non ! » à la famine en Ethiopie. Aujourd’hui à chacun sa misère.
 
Et l’Union Africaine moribonde et mort-né regarde comme toujours les cadavres s’empiler et les fosses se remplir en espérant que d’autres viennent faire son travail. Sa seule réussite depuis sa création étant sa folle tendance au gaspillage et à l’entretien de ses bureaucrates ventripotents roulant dans de superbes berlines et logeant aux frais du contribuable dans de confortables châteaux. Avec la désignation du Très Transparent Ping, nouveau président de la Commission, qui fut épinglé par une enquête journalistique française sur des biens immobiliers étrangement acquis, cette Union, qui n’unit de fait que les intérêts des rois africains et ignore les aspirations des populations, a déjà écrit sans le savoir son épitaphe et qu’il appartient désormais aux nouvelles générations de repenser les fondations d’une autre organisation panafricaniste, active et exigeante. Parce qu’il est inadmissible qu’en ce siècle de toutes les ambitions, l’on accepte la régression permanente imposée par de vieux dinosaures dont l’horloge mentale, économique, sociale et politique est restée figée à l’heure des années 1960.
 
Le cholera prend des vies. Des populations sans eau, sans assainissement, sans infrastructures, livrées à elles-mêmes, sont prises au piège et se retrouvent souvent seules face à un destin deja scellé. Près de 600 morts en quelques semaines. Un bilan loin de correspondre à l’ampleur réel du désastre. Nul été les efforts titanesques entrepris dans un contexte difficile des organisations onusiennes telles que l’Unicef qui distribue par jour environ 360 000 litres d’eau potable à ceux qui ne peuvent y avoir accès, c’est-à-dire à une large majorité de la population, le nombre de décès serait plus important. Un effort louable mais dérisoire. La Grande Bretagne dans sa générosité si « british » va débloquer plus de 10 millions de livres sterling, la France avance une première aide de « 200 000 » euros pendant que les américains réfléchissent encore et que l’Union Européenne discutaille. Entre temps, les charognards prennent d’assaut les cieux d’Harare et laissent présager que la magie des fêtes de fin d’année aura un arrière-goût de pompes funèbres au royaume de « Bob le Sanglant »..

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Afficher le commentaire. Dernier par la véritable cuisine mexicaine le 23-07-2013 à 11h52 - Permalien - Partager
Call me negro ! Publié le Dimanche 11 Janvier 2009 à 20:34:53
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Comment expliquer qu’en pleine période de célébration de la déclaration universelle des droits de l’homme, de cet engagement fort pour le respect des différences, que l’on puisse encore être victime d’insultes horribles ? Comment expliquer que le même individu qui traite l’autre de primitif et d’animal à cause de sa couleur de peau soit le même qui arborait il y a encore quelques jours un soutien clair à Obama ? Il n’y a pas de logique à la bêtise humaine, encore moins à la barbarie de l’esprit.


L’une des lois fondatrices de la société contemporaine est établie en une belle phrase : tous les hommes sont libres et égaux. Mais confronté à la rude réalité de l’existence, cet idéal de liberté et d’égalité ne parvient pas à tenir toutes ses promesses, celles du respect, de justice et de tolérance. Jamais l’humanité n’a su se conformer à ses propres règles édictées trop souvent après les carnages, les sombres hécatombes et les folies désastreuses. Comme si la sagesse ne pouvait naître uniquement qu’au travers des ténèbres de la haine. C’est donc de la violence que la civilisation grandit, que la communauté des hommes est prête à évoluer. Ainsi le mépris de la valeur d’autrui et la négation de sa dignité sont des sentiments qui semblent s’être incustrés dans la génétique de l’espèce humaine.
 
L’histoire des hommes témoigne de cette propension au mal, de la traite négrière à la shoah en passant par la discrimination quelle soit raciale, ethnique ou sociale. Le quotidien nous offre son lot d’attitudes étranges, confortant l’observateur dans cette logique que l’être humain est foncièrement mauvais. Et que les moments de bonté, aussi rares qu’accidentels, sont de parfaites illustrations de l’impossibilité d’un humanisme durable, piégé entre la facilité du rejet et la réalisation d’un idéal à la prétention trop grande.
 
Il aura suffit d’un « sale nègre ! » balancé comme un crachat dans un des RER qui dessert les principales stations parisiennes pour que l’hypocrisie des grands discours sur la dignité de l’homme comme un voile immaculé soit souillé par des comportements sauvages et dégradants. Comment expliquer qu’en pleine période de célébration de la déclaration universelle des droits de l’homme, de cet engagement fort pour le respect des différences, que l’on puisse encore être victime d’insultes horribles ? Comment expliquer que le même individu qui traite l’autre de primitif et d’animal à cause de sa couleur de peau soit le même qui arborait il y a encore quelques jours un soutien clair à Obama ? Il n’y a pas de logique à la bêtise humaine, encore moins à la barbarie de l’esprit.
 
Je suis nègre. Je suis noir. Je suis humain. Que l’on trouve qu’il y ait quelque chose d’impropre et de sale dans cette identité, que l’on puisse la mépriser ou la condamner, cela ne changera pas grand-chose au fait que le nègre appartient aussi à cette grande famille que l’on nomme « humanité ». Et donc par conséquent mérite le respect et la considération que l’on doit à tous. Il est tout de même formidable qu’après des siècles de lutte et de libération, de batailles gagnées, de combats menés et remportés, que le terme « nègre » soit encore utilisé comme une balle de fusil pour transpercer le cœur des mélanodermes. Une expression guillotine, puissante, odieuse tranchant les politesses forcées pour mieux laisser gicler le sang de la négation de cet autrui dont la puanteur nous paraît insupportable. Jamais face à la violence de certains individus qui n’ont encore rien compris ou qui refusent de comprendre, le sentiment de colère et d’impuissance n’aura été aussi intense, aussi désespérant. La différence semble être à la fois le talon d’Achille et la richesse de la Civilisation. Une sorte de schizophrénie sociale règne partout où les diversités se côtoient, se rencontrent, se mélangent même si des fois elles ont du mal à se toucher. On se regarde en s’ignorant, on dresse des barrières mentales et physiques en se félicitant des îlots de communautarisme qui permettent à chacun de retrouver sa place et malheureusement d’y rester. Un « bonjour » entraîne un réflexe de suspicion, un « puis-je vous aider Monsieur ? » ouvre la porte à de malheureux malentendus.
 
La différence raciale puisqu’il faut la nommer reste problématique, on ne l’avoue pas souvent, non par crainte mais par sournoiserie. Quand on la loue et la revendique c’est souvent pour répondre autrement à la stupidité de ces attitudes qui font si peu d’honneur au genre humain ou alors pour enfumer les consciences en leur permettant de s’endormir dans la quiétude paisible d’une société responsable. Pourtant, au-delà des vigilances étatiques, juridiques et associatives, cette différence là reste la source principale des déchirements qui ont autrefois conduit le monde au bord du précipice. Aujourd’hui l’on nous dit que les races n’existent pas pour tenter de faire barrage à cette idée qui veut qu’il y ait sur terre des races supérieures à d’autres, des catégories d’hommes purs et parfaitement humains, et d’autres qui descendraient d’animaux comme le singe et donc moins intelligents. Malgré les études scientifiques démontrant par ailleurs que nous ne sommes qu’un, le « Mein Kampf » continue à être après la Bible l’un des livres les plus lus au monde, inspirant de jeunes skinheads, hordes de barbares lancées dans le rues pour signifier aux beurs, aux nègres, aux juifs que la société ne tolérera pas plus longtemps leur souillure. Et l’intolérance raciale maquillée en politique de responsabilité, à l’instar de la chasse à l’étranger dans cette Italie qui n’a pas perdu ses élans fascistes, dans cette France abreuvée par des discours indignes revendiquant que l’on lui apporte sur le plateau de la faillite économique et sociale la tête ensanglantée de l’immigré clandestin, s’enracine dans les esprits. « Ah si j’étais un blanc ! » me souffla un ami, fatigué d’être contrôlé systématiquement par des policiers courant derrière les primes des quotas atteints. Le contrôle au faciès, voilà une manière de faire ressentir à autrui qu’il est vraiment différent, pire qu’il est un danger potentiel, un problème à surveiller, un fugitif perpétuel.
 
La langue et le vocabulaire n’ont pas arrangé les choses. Tout ce qui est immonde, répugnant, poisseux, l’horreur même, est « noir ». Le « Black is beautiful » n’est ironiquement qu’une tentative bien faible de montrer que ce qualificatif inapproprié, appliqué à une catégorie d’humains est presque une condamnation à mort. Quant à « nègre » qui a longtemps subsisté dans les discussions intellectuelles de ces Lumières qui n’ont pas pu éclairer suffisamment leur propre ignorance, il porte les cicatrices de l’inhumanité des souffrances, des injustices, des tristesses d’un peuple mis au ban du monde. Et lorsqu’il arrive d’offrir la gloire à un nègre c’est souvent pour demander au reste de la peuplade d’arrêter de se plaindre. Un Mandela par siècle, un Soyinka par millénaire, il n’y a pas de quoi réciter de longues litanies, la reconnaissance sait sourire à qui sait attendre. Vivre avec le sceau de l’infériorité marquée sur le front, c’est là le poids quotidien que doivent subir ceux qui ont eu la malchance de naître du mauvais coté du soleil. L’on aura beau se conformer aux règles, être meilleur et talentueux, il y a toujours quelqu’un pour rappeler au « p’tit noir » qu’il ferait mieux de retourner dans la forêt d’où il ne vient pas.
 
Tous les hommes sont libres et égaux. La belle promesse dont est constituée le socle de notre société. Une vraie escroquerie intellectuelle qui se révèle chaque fois que nous posons nos regards sur autrui, chaque fois qu’il faut se taire par peur, chaque fois que l’on se voit pointer du doigt parce que l’on est différent, une sorte de bête de foire, ou l’on se retrouve être le bouc émissaire idéal au service du spectacle épatant de la bêtise humaine.
 
Call me negro !

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