Ma vie formidable

J'aime à me dire que je suis un roseau, je plie mais je ne me casse pas.
Nous sommes donc au mois d'aout. Le temps est lourd. J'aperçois de ma fenêtre un ciel gris et orageux qui refuse de s'avouer vaincu et garde avec plus de violence les futures pluies qui vont s'abbatre sur ma fenêtre.
J'ai du temps devant moi et je le passe devant mon pc. Les conversations ne sont pas forcement très intéressantes mais elles ont l'avantage de m'occuper.
Eh oui je n'arrive pas à trouver la place idéale.
Je pense qu'il me faut des vacances, je pense qu'il me faut de l'argent, et je pense que finalement mon pc c'est pas si mal.
C'est fou, je n'arrive pas à m'ennuyer malgré tout: je commence un bouquin, je sors faire du sport (oui du sport à  la nono hein ça casse pas trois pattes à un canard), je vomis des insultes sur ma guitare qui ne se laisse pas dresser, je repéte "Ich bin eine Frau" après la charmante voix de mon logiciel d'allemand. Je télephone à mes amies, qui elles non plus ne trouvent pas de travail et en veulent au monde entier. Je raccroche, rassurée de me dire que je ne suis pas la seule.
J'allume la télé, passe trente seconde devant l'écran et puis je me lève pour l'éteindre. J'allume le pc, j'écrie quelques lignes puis je perd la notion du temps. Je me retourne pour allumer la lumière parce que décidemment je n'arrive toujours pas à percer l'obscurité avec mes yeux desesperement humains. Mon chat rigole doucement.
La journée est passée le soir est là et je suis choquée de me rendre compte à quel point le temps file vite vite.

Ayez j'ai commencé à travailler. Je me suis longtemps demandée pourquoi je ne trouvais que des boulots sous-payés ou j'étais complètement exploitée, j'ai la réponse: j'ai six mois d'ancienneté sur un tel type de poste, avant j'avais de l'expérience dans un truc différent. Autrement dit je recommence à zéro. Il était temps que je m'en rende compte, maintenant il est trop tard pour reculer... allez je ne me plains pas, jusqu'à présent j'aime ce que je fais.
Je suis donc arrivée sur les lieux de mes nouveaux exploits, une banque. Le plus drôle dans l'histoire c'est que je travaille dans une de ses directions et que c'est justement la même banque avec laquelle je ne suis plus très copine ces derniers temps car elle à la fâcheuse tendance à me compter pleins d'agios pour compte en banque en rouge, et que donc elle me creuse encore plus mon découvert. Oui oui c'est ça, je travaille dans ma banque...
Le bureau ou je travaille compte à peu près une dizaine de personnes, ils ont tous entre 35 et 40 ans, des cadres bien sûr, l'assistante est la plus jeune, bô oui, j'ai bien 10 ans de moins qu'eux. Les gens sont corrects, ils se connaissent tous très bien et se font pleins de "personnal joke" sur lesquelles je suis complètement à l'ouest.
Cela fait trop peu de temps que j'ai commencé pour leur balancer mes remarques bizarroides mais rigolotes pour l'initié, du coup j'observe. C'est toujours très interressant et je commence à me faire une petite théorie sur le monde du travail.
Vers 35 ans si tu n'es pas cadre ou que tu n'es pas sur le point de le devenir, tu as raté ta vie.
Ok je sais que je vais me faire des amis avec cette phrase, je m'explique.
Une de mes collègues à insisté pour m'emmener changer mon passe de métro, afin de pouvoir acceder à l'endroit plus facilement (je bosse à Creteil qui est hors de mes zones habituelles) hors je ne voulais pas y aller avec elle tout simplement parce que mon paiement avait été rejeté et que j'aurais été obligé d'expliquer tout cela à l'agent, ma collègue à côté. Je me retrouve donc dans sa voiture, au bord de l'apoplexie, espérant qu'elle ne rentre pas avec moi dans l'agence et nous commencons à discuter. Elle et son mari ont acheté recemment un appartement "trop cher, mais teeeeellement pratique". Nous vivons dans un autre monde, moi qui ait un budget de trois euros par jours pour manger, elle qui vient d'acheter une maison pendant qu'elle me reconduit dans sa voiture, pour m'emmener régler ma note de métro que j'ai bien sûr payé c'est évident...Je repense aux conversations des autres à midi "j'ai des petites tomates qui poussent dans mon jardin" "mon mari et moi" "cette année je voyage au Népal" "lors de notre dernière fête avec les amis on s'est déguisés..".
Chacun à ses problèmes j'en suis consciente, mais à les voir tous bronzés, souriants, parlant de leurs voyages, leurs achats immobiliers ou de leur jardin dans la banlieue chic de Paris, je me dis que nous ne jouons pas dans la même cour.
A contrario dans un de mes précedents postes je me suis retrouvé à bosser avec une femme très agréable mais déçue par la vie, à plus de quarante ans elle n'était pas cadre, pas mariée, un crédit sur le dos (ce qui ne l'empechait pas d'être super) bizarrement mes conversations étaient moins tendues et plus naturelles avec elle.
Alors, est-ce que tous les cadres ayant à peu près réussi se ressemblent? Si je réussis ma vie, leur ressemblerais-je? Est-ce que leur ressembler me rendrait heureuse? Est-ce vers cela que nous tendons tous? Est-ce que c'est ça le but de la vie?
Qu'est-ce qui arrive quand on n'est pas dans ce moule à 40 ans?
Derrière leurs sourires et leur politesse gentille mais distante, je ne me sens pas en harmonie avec eux. Je ne les deteste pas hein, c'est juste que nous sommes différents. En fait en les regardant je me projète dans l'avenir: à quoi ressemblerais-je dans dix ans? Aurais-je réussi? Réussi quoi? Comme le dit si bien Didine (qui est sans doute avec cette phrase plus bouddhiste que boudhiste) "je crois que le but de la vie est le bonheur". Oui, et moi, quelle est ma  définition du bonheur?

Je suis trop contente j'ai retrouvé mon petit Nico! (Apparté pour moi-même)
Bref depuis un mois je n'ai pas grand chose à raconter. Mon compte en banque est dans le rouge, mon banquier connait par cœur mon numéro de téléphone, et ce n'est pas pour me dire des choses coquines au téléphone...
Je me suis remise au sport, et du coup ça me crève un max, moi qui m'était aussi remise à l'allemand je dors devant le pc, et je n'ai pas plus de jolies formes pour autant!
Je recommence à chercher du travail, mais un peu méfiante par rapport à mon appareil dentaire, j'ai peut-être fait la bêtise de prévenir que j'en portais un. Après m'avoir vue, une agence d'intérim m'a demandé de finir mon traitement "Moi ça ne me dérange pas hein, mais ça se voit que vous êtes en plein traitement, le mieux c'est d'attendre que vous soyez guérie".
Huh? Mais je suis guérie! Je  l'enlève dans un mois...si tu trouves que j'ai l'air en plein traitement t'aurais dû venir me voir à l'hosto, tu te serais bien marrée...
Puis une autre agence d'intérim m'a dit:
"eh bien on à envoyé votre cv à la société et ils l'ont refusé.
-Ah bon? Pourquoi?
-En fait... euh... vous savez c'est à cause de ce que vous avez dit...
-J'ai dit quoi?
-Bah c'est à cause de votre appareil dentaire."
Enfin, j'ai passé un autre entretien ou au préalable je n'avais rien dit et lors de l'entretien le recruteur me dit qu'il faudra accueillir des visiteurs.
-Ça ne vous gêne pas que j'ai un appareil?
-Absolument pas"
Résultat des comptes:" Qu'elle me demande si l'appareil me gene prouve qu'elle n'à pas confiance en elle et je ne peux  pas la prendre sur un poste qui exige de savoir ce que l'on veut".
Je deviens parano ou quoi?

Je suis rentrée, je ne sais comment, mais je suis rentrée.
On m'avait dit":tu risques d'être enflée"
Ah bah pour une fois on m'avait pas menti, mais pas du tout. J'ai un triple menton et une tête en forme de poire, mes joues sont violettes et noires et jaunes, je peux à peine ouvrir la bouche, j'ai six médicaments différents.
Mais entre nous je crois que ce qui m'a fait encore le plus mal, c'est le chèque que j'ai dû faire: ma mutuelle à décidé de ne pas me rembourser.
Moralité: bien bien relire son contrat avant de signer! Faut savoir ce qu'on veut: des lunettes ou des garanties d'hospitalisation, un tarif cher ou un tarif exorbitant...
Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans les détails d'une hospitalisation sur ce blog que je voudrais définir comme un blog assez futile et féminin, donc je ne m'attarderai pas dessus.
Dans tous les cas je suis soulagée d'être rentrée, soulagée de m'allonger dans mon lit, soulagée d'avoir passé le plus gros. Dans un mois je suis comme le dit si bien Sandrine, Cindy Crawford en mieux et en plus jeune (si je pouvais avoir la ligne de sa jeunesse aussi au passage... et puis son compte en banque au passage...)

Ayez, c'est le grand jour!
Après 2 ans de traitement, un an de préparation psychologique, je vais passer sur le billard!
Qu'est-ce que je suis contente... non en plus c'est vrai,si si.
Je vais me faire casser la gueule (bah oui casser les os de la mâchoire c'est un peu ça quand même) mais au moins j'en aurais fini avec mon appareil dentaire, quel soulagement!
Je suis excitée (de voir ma future tronche violette et gonflée) et apeurée mais aussi curieuse et impatiente. C'est un mélange très bizarre de sentiments qui me laisse dans un état entre l'euphorie et la tremblote.
Mon fils m'à dessiné il y à quelque jours, et sur mon menton il à dessiné un carré.
"-Mais, c'est quoi ce carré?
-Bah c'est parce que tu seras cassée ici"
Je retire ce que j'ai dit quand j'ai assuré que les mômes étaient l'équivalent des bovins: manger, péter, chier et dormir. Je rajouterais "et aussi penser".
Le seul bémol c'est qu'après un mois de convalescence je m'attend à retirer cet appareil.
"Ah non Nonobi, il faut attendre encore au minimum un mois, me répond l'orthodontiste
-Kouuuuuuaaaa? Un mois? Mais mais enfin... je croyais qu'on l'enlevais de suite mouuuua! Vous en êtes sur??
-Meme sans mes trente ans d'experience je dirais...oui
Je me renfrogne dans le siège
-Oui bon en même temps si c'est dit comme ça... mais peut-être que je cicatriserais super rapidement! Comme Wolverine (oui mon fils n'arette pas de me passer Xmen je crois que j'ai été contaminée)
L'assistante dentaire à poussé un soupir et à secoué la tete, un sourire au lèvres.