Elle m’énerve Cendrillon ! Petite souillon qui devient princesse ! Pfff…
Imaginons l’histoire autrement.
Il était une fois une jeune fille lavant, repassant, reprisant, sans espoir de changer sa condition sociale. Elle était grasse, les cuisses ruisselant de cellulite, refoulant avec peine une haleine aux relents de céleri. Un jour, un cirque débarqua en ville et l’envie lui prit de s’y rendre. Oui mais sans argent, ceinture ! Alors, elle économisa sur la cervoise qu’elle s’envoyait chaque soir, répondit à un jeu qui lui affirmait qu’elle deviendrait riche si elle retournait le bon à l’adresse cedex mentionnée et alla même jusqu’à s’offrir à César, un fils de bourgeois très laid qui la prit sans cérémonie moyennant quelques piécettes.
Que croyez-vous qu’il arriva ? Cendrillon tomba enceinte et dans le plus grand secret, César et elle célébrèrent leurs noces. César, répudié par sa famille, dut apprendre à travailler et tous les dimanches, on put le voir au marché de la ville, vendant cerises et cerfeuil, la honte au front et fulminant contre cette Cendrillon.
Point d’amour dans cette histoire. L’enfant de Cendrillon naquit débile, ses parents le rejetèrent et connurent la plus grande des misères.
Voilà mes amis. Je pourrais continuer mais je m’auto-censure pour ne pas heurter notre âme d’enfant qui vient déjà d’en prendre un sacré coup.
Une question demeure cependant : Cendrillon a-t-elle pu aller au cirque ?
Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture.
L'atelier devait reprendre les mots suivants : Cendrillon, cedex, censure, cervoise, cerise, cellulite, ceinture, César, cerfeuil, cérémonie, célébrèrent, céleri
Il se la jouait gros dur, muscles saillants et barbe touffue. Il se la jouait capitaine, écumeur des océans, craint et fui. Mais à bien l’observer, l’homme au cœur de pierre se révélait différent. Je l’ai croisé sur le vieux port, dans la nuit noire à la merci des détrousseurs et des filles de mauvaise vie. Peu rassurée et mal assurée, je cherchais le navire sur lequel je devais embarquer pour un voyage lointain. Quand je dis que je l’ai croisé, comprenez que je l’ai vu. Je ne tenais pas à rendre ce moment important. Alors j’ai ralenti le pas mais sans jamais le quitter des yeux. Le pâle reflet de la lune sur l’eau, déformé par le mouvement des vagues, faisait monter en moi un sentiment de douce nostalgie. L’horizon se perdait dans la brume. L’homme fit un mouvement de côté, je pris peur. Son regard m’atteignit en plein cœur, aiguisé comme un diamant. Fuite éperdue. Jamais je ne pris de bateau et plus jamais je ne recroisai le capitaine. Je suis restée sur mon continent.
Parfois, je vais sur le port. Ce que j’y vois est vague, indéfini, comme une transparence de mon âme qui ne trouvera de repos que lorsque nos deux terres se rencontreront.
Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture.
L'atelier devait porter sur le thème "Géographie du tendre" et imposait les mots suivants : capitaine, navire, pierre, diamant, reflet, important, observer, transparence
C’est léger, aérien, tout doux.
C’est vaporeux, comme un nuage paresseux.
Un chemin parfumé
Avec des certitudes de lendemains.
Les adieux sont pénibles,
Pourtant on se sourit.
On se quitte avec un dernier regard
Qui dit que ça n’est pas fini.
Les destinées se croisent et se décroisent.
Et se recroisent.
Les souvenirs sont neufs, si peu douloureux
Qu’ils en gardent leur beauté.
La belle s’en est allée
Le cœur léger et les yeux tristes.
Qu’il était doux le temps d’hier
Quand les souffles se mêlaient.
C’est le temps des promesses
Murmurées et jurées.
C’est le moment de se promettre
Et de se donner le temps.
Demain, la belle reviendra.
Avec de nouveaux souvenirs à fabriquer.
Elle a tant à donner.
Elle a tant à savourer.
Ivresse de mes lèvres sur les tiennes,
Ivresse de ton corps contre mon corps,
La caresse de nos yeux,
La fièvre de nos mains,
La volupté de nos sentiments,
L’oubli de nous-mêmes,
La soif d’un doux pêcher.
Je ferai la grève des autres
Pour mieux t’enlacer.
Je te bois mon amour.
Pendant que tu sommeilles à mes côtés,
Je m’enivre de toi.
Il était une fois le 25 décembre de l’an de grâce 1 selon un calcul du temps propre à la Terre.
Tous les devins de l’invisible et de l’infini avaient consigné dans le Grand Livre la tragédie à venir car il était écrit dans les étoiles que les enfants de la Terre seraient privés de Noëls. Le plus grand secret avait été demandé aux peuples de l’invisible. Qu’une fée, une sorcière, un fantôme, osât dévoiler ne serait-ce qu’un pan de ce drame à venir et il serait aussitôt condamné à errer dans le Monde des Douleurs.
Un devin pourtant refusa de signer le Grand Livre. Il s’appelait Illey Passage. La Reine de la Divination, la toute puissante, l’avait ainsi baptisé comme l’ordonne le Grand Livre. Il est écrit page 4 561 du 3e volume que la Reine de la Divination a pour obligation de baptiser les nouveau-nés selon ce qu’ils seront tout au long de leur vie. Illey Passage avait passé les 4 derniers siècles à désorganiser l’ordre de la planète Terre. Ô ! juste des petits riens, des blagues à l’Est, des simagrées à l’Ouest, des pantalonnades au Nord, des fanfaronnades au Sud… Illey s’amusait entre deux réunions avec ses pairs. Ce que personne n’avait compris, c’est qu’il n’était pas heureux dans son habit de devin et il eut l’affront de s’en ouvrir auprès des autorités divinatoires un soir de Noël. Les cieux, ceux qui sont au-delà du soleil et de la lune, en perdirent leur ordre astrologique et un immense capharnaüm régna jusqu’à ce qu’Illey eut le second affront de dire qu’il ne regrettait pas ses paroles.
Sans le vouloir, par son attitude, Illey avait privé les enfants de beaux Noëls selon une formule divinatoire si ancienne qu’on en perdait l’origine. Mais les étoiles n’avaient pas menti.
Les devins tinrent conseil, présidés par leur reine. Illey Passage ne pouvait être destitué de son titre selon le Grand Livre, ce qui aurait fait le bonheur de l’un et des autres. Non, Illey était et resterait devin quoi qu’il advienne. Pour avoir osé affronter le Monde de l’Invisible alors que les tragédies se succédaient sur la Terre, pour avoir osé remettre en question son devoir de divination, privant ainsi les enfants de belles fêtes de Noël, Illey fut envoyé sur Terre, dans une région au climat hostile qu’on appelait Sahara. Il fut condamné à y errer aussi longtemps qu’il plairait à la Reine de la Divination. Un souffle d’elle et il se retrouva flottant au-dessus de cette immensité de sable.
Illey n’était pas devin à se laisser impressionner. Seulement, il n’avait jamais imaginé qu’il put exister un lieu aussi désert. Pas l’ombre d’une gentille fée ou d’un méchant gnome. Juste des dunes et le soleil agressif. Il connaissait bien le soleil. Dans son monde, il était un ami qui illuminait son cœur en irradiant une douce chaleur. Mais ici, dans ce Sahara inconnu, son ami ne le reconnaissait pas et se plaisait à le brûler. Puis il disparaissait quelques heures, plongeant tout dans une obscurité glaciale.
Illey restait fier et valeureux mais que le temps lui paraissait long… Parfois, il apercevait des Hommes, tout de bleu vêtus des pieds à la tête, accompagnés d’étranges créatures à la lèvre pendante et dotées d’étonnantes bosses sur le dos. Parfois aussi, un point d’eau et quelques palmiers, apparemment bien précieux. Et puis à nouveau des étendues infinies de sable.
Mais Illey n’était toujours pas impressionné. Pour combattre l’ennui, il voulut user de son pouvoir de divination. Mais la Reine avait pris soin de le lui reprendre. C’est ce qu’elle lui glissa dans le creux de l’oreille, rompant le silence du désert. Alors, il pensait, il pensait beaucoup, il réfléchissait, il cherchait ce qui peuplerait sa vie. Et puis il dormait, souvent. Ses rêves le menaient aux portes de son monde qu’il ne pouvait ouvrir. A son réveil, ses yeux étaient tristes mais son âme espérait. Le Sahara lui apportait la sérénité et, peu à peu, une envie d’aimer. Les devins ne savaient pas aimer, ils ignoraient même que ce sentiment existât. Pourtant, Illey sentait grandir une vague d’amour dans son cœur. Un rêve lui expliqua l’amour. Un autre rêve l’envahit d’enfants, des tas d’enfants, de toutes les couleurs.
Illey Passage connut un miracle : celui de la révélation.
Illey Passage était sur la planète Terre pour donner du bonheur aux enfants et accomplir un grand travail d’amour.
Et le Sahara se peupla. Lentement d’abord, un enfant, deux enfants, dix enfants, cent enfants. Et puis mille, dix mille, cent mille ! Ils arrivaient par nuages entiers, stupéfaits de se retrouver là, leurs grands yeux tour à tour interrogateurs et curieux. Le Sahara débordait d’enfants ! Et chacun d’entre eux attendait, aucun ne se décidait à repartir. C’était des rires, des pleurs, des babils. C’était une joie diffuse qui pénétrait Illey dont le cœur, enfin, vivait. Un soir, il voulut s’adresser à eux et pour se faire entendre, il frappa dans ses mains. Tout bruit cessa immédiatement et un calme immense s’abattit sur le Sahara : les enfants s’étaient endormis. Alors Illey regretta que rien ne vienne couvrir leurs petits corps fragiles pour les protéger du froid nocturne.
Mais les enfants souriaient dans leur sommeil.
Illey les aimait tellement qu’il utilisa la nuit pour s’échapper du Sahara et parcourir les quatre coins de la Terre. Il recueillit des fruits, des fleurs, des rubans, des perles, des gouttes de rosée et des rayons de lune. A leur réveil, chacun des enfants trouva dans le creux de sa main un petit présent.
L’instant d’après, les enfants avaient disparu. Mais chacun laissa un baiser dans la poche d’Illey.
La magie de Noël était née. Les étoiles étaient vaincues et le Monde de l’Invisible avait perdu la formule qui ramènerait Illey Passage.
Illey avait trouvé une occupation. Une occupation pour chaque jour de la création. Illey voulait aimer les enfants et les gâter une fois par an.
Il quitta le Sahara décidément trop hostile et trouva une contrée toute blanche qui lui inspira tant de paix qu’il y construisit une belle maison en bois. Mais le pays blanc était bien glacial parfois. Alors il se confectionna un bel habit rouge bordé de fourrure blanche. Il décréta la date du 25 décembre jour des présents. Il avait appris à vivre selon le calendrier des Hommes et le 25 décembre était le jour où l’amour des enfants l’avait submergé.
Un petit lutin oublié des fées l’aborda un jour et lui demanda du travail pour lui et sa famille. Illey leur ouvrit la porte de sa maison.
De cette histoire de joie est né le Noël des enfants.
Par cette histoire, les enfants ont inventé le Père Noël.
Le Monde de l’Invisible a oublié Illey Passage.
14 décembre 2010
Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture.
Il s'agissait d'écrire un conte de Noël.
28 septembre 2011
Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture.
L'atelier devait porter des mots imposés commençant par la lettre A :abajoue, abribus, accot, album, alarme, amer, antécédent,atlas, atelier, automate, aimer, autruche