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L'écriture pour m'exprimer

Parce que ma vie est une émotion

Le courage du père Joseph Publié le Lundi 2 Juin 2014 à 15:18:29

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Incroyable comme les gens parfois peuvent nous étonner… A l’image du père Joseph, un brave paysan, solitaire, plus souvent terré dans sa ferme qu’arpentant les rues de la ville. Le Joseph est connu comme le loup blanc dans la région. Avant la guerre, il faisait figure d’idiot du village et ses parents avaient beau chanter ses louanges, personne ne voyait en lui une once d’intelligence. Quand les Allemands sont arrivés, personne ne donna cher de ce paysan timoré. Jusqu’au jour de la chorale annuelle, un dimanche d’octobre faussement printanier. Tout le village s’était réuni dans la salle paroissiale. Le maire, ceint de son écharpe tricolore, se donnait de l’importance, frustré de ce que la guerre l’ait relégué à peu de choses, jusqu’à ce que la fête soit brutalement interrompue par un détachement allemand qu’on entendit crier sur la place du village. Chacun se tut, anxieux et apeuré. Le maire s’était éclipsé ; on le chercha ; on voulait qu’il s’enquiert de ce qui se passait. Tout à coup, voilà que le père Joseph vit rouge. Héroïquement, il se rua dehors et se projeta devant les soldats excités. Il hurla sa haine et à s’époumoner ainsi, il en devint hystérique. Une claque le stoppa net, assenée d’un revers de main par un jeune Allemand qui devait être à peine sorti des jupes de sa mère et des coups de martinet de son père.

Fort heureusement, cette histoire n’eut aucune conséquence pour personne. Quelques années après, Joseph épousa Marie, la fille des boulangers. La vie reprit son cours d’avant-guerre. Aujourd’hui, Joseph est vieux. Il n’a jamais parlé de ce dimanche d’octobre, ni de rien d’autre d’ailleurs.

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Naissance Publié le Samedi 3 Mai 2014 à 13:54:29

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Peinture de Zollec - http://zollec.pagesperso-orange.fr

 

C’est un appel, l’entend-il ? Sa voix est faible mais elle vibre d’amour. Elle ne sait pas si le vent la porte ou la couvre. Elle ne voit pas s’il la reçoit. Pourtant, elle sent déjà sa présence.


Dans une contrée lointaine, elle s’invente libre. La peau noire telle une arrogance, la tête haute et le corps offert. Offert mais pas donné. Elle s’invente libre et fière, fière et belle. Belle et seule. Seule dans son attente.


Sur une terre fertile, elle imagine un idéal. Les cheveux au vent, rebelle. Rebelle mais sage. La sagesse lui sied, c’est son enveloppe charnelle. Son ventre se tend, sans douleur mais dans son attente.


C’est une femme sans impatience. Elle murmure l’harmonie du bonheur, doux refrain, simple, un frôlement de soie sur sa vie légère. Ses gestes sont mesurés, à l’échelle de lui qu’elle ne serre pas encore dans ses bras.


Quand il viendra, le ciel s’ouvrira. A l’orée des nuages, la vie deviendra une évidence. Il ne pourra pas stopper les orages et les vents mauvais mais de sa douceur naîtront sans cesse des espoirs. La terre ne tournera pas plus vite ni ne s’arrêtera, les vagues caresseront toujours les rivages, les oiseaux continueront leurs voltiges, le bruissement des feuilles rythmera encore et encore la vie silencieuse des forêts.


L’enfant sur son sein, la femme atteindra la plénitude.

 

Afficher les 5 commentaires. Dernier par Myo le 13-05-2014 à 20h57 - Permalien - Partager
Les partenaires Publié le Jeudi 20 Mars 2014 à 15:46:02

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Le ciel est bas, plombé, cachant le soleil généreux des derniers jours. Sur le trottoir, un homme fait les cent pas, longeant un mur hostile aussi gris que le ciel, un mur derrière lequel tout semble calme. Mais l’homme sait qu’il n’en est rien. Tout en farfouillant dans ses poches à la recherche de sa provision de pistaches, il essaie de se persuader que le hasard n’existe pas. Et pourtant…


Après s’être tapé trois ans derrière les barreaux, il s’était juré de ne plus jamais fréquenter de prison, même de l’extérieur. Il avait installé ses pénates dans une fermette, loin de la vie trépidante des villes qu’il préférait fuir. Trop de tentations, pas envie de tomber à nouveau. Mais un soir, tranquillement installé devant sa télé qu’il avait payée des cacahuètes, mastiquant méthodiquement un steak bien saignant, tout à fait par hasard, il zappe sur une chaîne d’informations. Un reportage, deux reportages, trois reportages. Le troisième était de trop. Il traitait de la condition des incarcérés dans les prisons françaises et des solutions pour améliorer leur quotidien. Derrière le journaliste qui avait investi "sa" prison, un individu agrippé aux barreaux de sa fenêtre de cellule. Toujours le hasard ? Cet énergumène, visiblement inconscient des caméras de télévision, était en fait en train de limer les barreaux. C’était à pleurer de rire ! C’était également un grand moment pour l’homme qui ne s’était pas aussi franchement diverti depuis longtemps.


Et puis le choc…


Alors ce matin, l’homme s’est présenté à la prison, ou du moins devant le bâtiment. Dans un but flou. Simple pèlerinage ? Besoin de se rapprocher de l’endroit où le fin limeur avait défié des millions de téléspectateurs ? Raviver le souvenir des années de bravade et de filouterie ? Il avait retrouvé par hasard son partenaire d’autrefois que seul un jugement des hommes avait éloigné de lui. Bien sûr, la tentative de cavale avait tourné court mais que le hasard pouvait être bon parfois.


Au cent-unième pas, le planton de service s’est avancé gentiment de lui pour lui demander quelques pistaches.

Afficher les 3 commentaires. Dernier par dany de tara le 21-03-2014 à 13h42 - Permalien - Partager
Scène de vie ordinaire Publié le Jeudi 6 Février 2014 à 16:41:54

Image  La limousine stoppa devant la plus luxueuse des joailleries. Le chauffeur, un Bourguignon venu à Paris tenter sa chance, s’extirpa du véhicule et ouvrit la portière à une grande blonde qui ressemblait plus à un sac d’os qu’à une femme digne de ce nom. L’homme qui l’accompagnait avait déjà sauté sur le trottoir et lui offrait son bras. Le portier, posté à l’intérieur de la joaillerie, tendit son cou de poulet pour vérifier l’indéniable qualité du couple. Il s’effaça dans une légère révérence pour les laisser entrer. La femme se jeta littéralement sur la vitrine la plus brillante où se côtoyaient broches et colliers. L’homme, blasé de tant de luxe, commença à tripoter une serrure et déclencha presqu’immédiatement une alarme stridente. Ainsi cassa-t-il définitivement les rêves de possession de sa compagne.

Car…


Image  La 4L sans âge stoppa devant la plus minable des boucheries. Une vieille à la chair flasque s’en extirpa. Ses petits yeux de porc clignèrent au soleil. Dans la boutique, un apprenti se dandinait, prisonnier de sa carcasse de jeune homme, attendant le client. La vieille désigna des paupiettes un peu défraîchies. « Donnez-m’en deux ! aboya-t-elle, et aussi deux tranches de jambon ! ».

 

… Et rien ne vint rompre cet épisode de la vie ordinaire de cette pauvre femme dont le seul luxe avait été de rêver le temps d’une nuit.

 

 


Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture sur le thème de la viande.

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Du rififi chez Madame souris Publié le Dimanche 5 Janvier 2014 à 18:37:03

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Museau frétillant, Madame souris avait repris espoir. La veille, la journée avait été bien mauvaise. Monsieur rat s’était vu signifier son congé par madame. Mais Monsieur rat, dans son égoïsme maladif, s’était renfermé, boudant dans un coin, bouchant de son arrière-train la sortie du trou qui menait au Saint Graal alimentaire : une cuisine dernier cri, riche de tant de trésors que Madame souris en avait fait son supermarché. Les petits avaient faim mais monsieur semblait savourer une vengeance bien mal placée. Il pouvait couiner son amour tiens ! Toujours en contradiction celui-là.

Quand elle fit sa connaissance, il n’avait pas deux sous de méchanceté, du moins en apparence car ce qu’elle avait pris pour de la gentillesse n’était en fait que la traduction de l’apathie dans laquelle monsieur était tombé après qu’une demoiselle souricette l’eut éconduit. Toujours est-il que Madame souris avait su l’écouter et s’était donnée à lui dans un moment d’égarement. Maintenant, il fallait s’occuper des petits…

Alors hier, l’orage avait éclaté. Incapable de pardonner les escapades de monsieur et son incapacité à s’occuper de sa famille, Madame souris lui avait emballé ses croûtes de fromage dans un chiffon trouvé au hasard de ses pérégrinations et lui avait demandé d’aller vadrouiller dans d’autres trous. Elle n’avait pas prévu qu’il résisterait. Pour libérer la sortie, Madame souris mit de côté son chagrin et attendit qu’il s’endormit. Le voisin Gros Rat, par esprit de solidarité et tout à la joie que lui procurait cette histoire tant il avait attendu de pouvoir déclarer sa flamme à madame, n’eut qu’à pousser l’indésirable hors du trou en lui assénant au préalable un coup bien senti afin de s’assurer qu’il ne se réveillât pas.

La voie était enfin libre. Les petits allaient pouvoir manger. Demain, Madame souris se reposera. Elle ne veut pas haïr Monsieur rat, seulement l’oublier et frétiller du museau.

 


Ce texte est né de mon inscription à un blog d'écriture.

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