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Sur la route des étoiles

chronique d'une mère endeuillée

. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17:07:31

LETTRE A MON FILS

 

Mon cher enfant,

Aujourd’hui, il neige à gros flocons et dans une semaine c’est Noël ; un jour merveilleux pour les enfants, les parents et les familles.

L’hiver est là. Dans mon cœur aussi.

Comme chaque jour ou presque, je me suis rendue sur ta tombe. La neige était immaculée. Mes pas ont tracé le chemin jusqu’à toi et je suis restée debout, immobile, à regarder ton visage souriant, gravé sur la stèle. Toutes les fleurs et les arbustes étaient recouverts d’un épais tapis blanc. Je n’ai touché à rien, même pas effleuré cette pureté qui te ressemble.

Nous regardons les familles préparer cette belle fête religieuse qui apporte l’espoir puisque c’est la naissance de Jésus. Toi, tu es né le 26 décembre……..

Me rendre dans les magasins en cette période de l’année s’avère très difficile ; cependant, j’affronte…

Nous faisons Noël chez Petit Paul avec ses grands parents paternels et ses cousins. Il est heureux  car il attend le Père Noël avec impatience. Il manquera Petite Maëlle. Je sais que tu seras avec nous et près de tous ceux que tu aimes.

Cette nuit-là, je regarderai les étoiles si le temps est clair, car tu es dans la galaxie.

 Cet été, j’ai expliqué à Paul, un soir que l’on regardait le ciel, que l’étoile la plus éclatante, c’est la tienne. Maintenant pour lui c’est l’étoile de « tonton ».

Il parle toujours de toi, il joue avec tes petites voitures ; il veut en ramener chez lui alors il les cache dans ses poches ; je lui dis qu’il faut demander, ce qu’il fait et je le laisse les emporter. C’est drôle parce que les voitures qu’il préfère, ce sont celles avec lesquelles tu jouais le plus.

Pour nous, plus rien n’a le goût d’avant.

« Il est mort le soleil quand tu es parti et nous en sommes les seuls à en porter le deuil ». Les paroles de cette chanson interprétée par Nicoletta résument tout.

 Notre tristesse ? Personne ne pourra nous l’enlever.

Tu nous regardes vivre et je sais que tu voudrais que l’on aille mieux ; mais c’est difficile de perdre un enfant : une partie de nous est arrachée, l’amour est plus fort que tout ; il faut que tu le comprennes. Il est normal que nous soyons malheureux.

Nous faisons en sorte d’avancer mais le manque de toi sera là jusqu’à la fin de notre vie. Ce vide ne se comblera jamais parce qu’un enfant est unique et que rien ni personne peut le remplacer.

Tu étais trop jeune pour mourir. Tu avais encore beaucoup de choses à accomplir sur cette terre et pourquoi a t‘il fallu qu’au détour d’un virage, ta vie te sois enlevée ? C’est injuste.

Il n’y a aucune logique dans ta mort. Nous aurions dû partir avant toi.

Alors si tu nous vois quelquefois en pleurs ou dans un mal être, c’est que notre cœur déborde.

J’ai pensé que je ne te survivrais pas mais, petit à petit, inconsciemment, j’ai commencé à avancer sur ce chemin difficile du deuil ; sans aucun doute, c’est ta présence en moi qui me donne cette force.

Tu es désormais notre fil conducteur auquel nous nous accrochons parce que nous ne voulons pas que les marques de ton passage sur terre que tu as sublimé, soient oubliées.

Nous nous retrouverons un jour, Mon Cher enfant que j’aime tant. Quand ? Ce n’est pas nous qui décidons.

 En attendant, nous continuerons de vivre dans le souvenir de tous les moments que nous avons partagés et qui nous ont donné tant de bonheur.

Ta petite Maman

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17:08:07

A PERPETUITE

 

Julien est vivant dans notre cœur.  Nous faisons en tant que tel. Notre amour à son égard est immense et encore plus que cela.

Nous marquons ses anniversaires : sa naissance et sa mort.

L’anniversaire de sa naissance : nous couvrons sa tombe de fleurs blanches et de bougies allumées.

L’anniversaire de sa mort : nous nous rendons sur les lieux de l’accident et fleurissons l’endroit où il a perdu la vie. Nous restons assis sur le talus, recueillis et silencieux. Nous sommes avec lui.

Cet endroit est marqué par un panneau en bois gravé de mes mains à l’aide d’un poinçon où il est indiqué : « ICI, LE 19 AOUT 2007, JULIEN A PERDU LA VIE. IL AVAIT 26 ANS ».

N’ayant demandé aucune autorisation administrative, nous pensions qu’il serait détruit. Il n’en est rien. Bien au contraire : l’herbe est parfaitement tondue à cet endroit.

Depuis l’accident, des panneaux de signalisation ont été posés à l’entrée du virage de chaque côté de la route. C’est toujours ainsi : la mort d’abord et ensuite l’action, quand il est trop tard.

Il n’est pas oublié par ses meilleurs amis qui eux aussi, à l’une ou l’autre de ces deux occasions, se donnent la peine de venir se recueillir et fleurir sa pierre tombale.

Une fois par an, nous organisons, en sa mémoire, une soirée au cours de laquelle nous échangeons tous les meilleurs souvenirs vécus avec lui et avec ses amis. C’est une rencontre forte avec des instants de gaîté.

Celle de septembre dernier, nous l’avons souhaitée la plus ludique possible et je me suis dit que peindre un portait de lui et le faire tirer au sort, serait une bonne idée et donnerait un peu de piment à la soirée ; alors, dans l’album qui m’a été remis par ses amis d’enfance dans la chambre funéraire lors de la mise en bière, j’ai choisi une photo, pour la peindre ; Julien rit de bon cœur et porte une drôle de casquette vert pomme. J’ai trouvé qu’elle définissait bien sa joie de vivre.

Nous avons indiqué à tous nos invités que nous ne voulions pas que ce tableau soit mis au grenier et que si pour certaines personnes cela s’avérait difficile de vivre avec, elles ne devaient pas participer au tirage.

Une petite urne a été mise à la disposition des participants dans laquelle ils ont déposé leur prénom. Notre petit Paul a tiré celui de Clément qui est l’un des deux meilleurs amis d’enfance de Julien ; ce que je ne savais pas, c’est que la casquette verte appartenait à cet ami. Julien avait fait le pitre avec celle-ci lors d’une soirée, d’où l’objet de la photo.

J’ignorais également que Clément l’avait déposée sur le cercueil de Julien lors de son inhumation.

Pourquoi ai je choisi cette photo plus qu’une autre ? Pourquoi Clément a t’il été l’heureux gagnant de ce tableau ? Serait-ce un signe de Julien qui a voulu marquer sa reconnaissance à son ami. En tout cas, Clément est reparti avec « JULIEN » dans sa voiture. Il était heureux et très ému.

Je ne sais pas pendant combien d’années nous arriverons à réunir ses meilleurs amis mais tant que l’on nous dira « PRESENT » nous continuerons.

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17:08:33

CE QUE J’ATTENDS DE LA VIE

 

Je sais que l’absence de Julien ne sera jamais comblée, c’est la raison pour laquelle je n’attends pas grand chose de la vie car tout ce que je fais est sans odeur ni saveur.

Jusqu’ici, seule l’écriture de mon témoignage m’a apportée une grande satisfaction : j’ai mis des mots sur mes sentiments et mon chagrin. C’est ma libération.

Désormais, j’ai une autre définition du bonheur : ce n’est pas LE bonheur mais des petits instants très simples qui vous comblent : une jolie fleur, un paysage, la satisfaction d’avoir bien peint, un gros câlin de mes petits enfants……… et cela, je réussis à les atteindre. Je n’attends pas autre chose. C’est déjà beaucoup.

Je vis à côté des autres et non avec, mais personne ne le voit. Je fais semblant d’exister mais je suis ailleurs.

Ma douleur est ancrée en moi et je partirai avec.

Je ne regrette rien de ma vie, sauf d’être passée de l’été à l’hiver sans transition et de me sentir seule dans mon malheur car nul ne peut pour moi. Tout ce qui m’a été donné m’est repris, peu à peu. Ce n’est pas de l’amertume mais un constat.

J’ai lutté sans cesse pour que mon identité ne soit pas galvaudée car être une femme n’est pas toujours facile ; ma force de caractère m’a donné aussi la rage de vaincre ceux qui n’ont pas cru en moi ; il y a eu dans mon parcours, de grands moments de tristesse et de désespoir, laissant des traces indélébiles qui m’ont empêchée de vivre sereinement.

Cette douleur que je portais en moi, serait-ce un lègue inconscient à Julien ? Pour lui non plus, rien n’a été facile ; les buts recherchés étaient atteints mais toujours avec de grandes difficultés. Il n’y avait que des obstacles sur sa route et sa vie s’est terminée sur la route ; sur la route des étoiles comme je dis souvent. Quelle triste coïncidence !  

Mon destin est désormais lié à mon enfant mort. Je suis avec lui à chaque instant ; il occupe tout mon être, probablement au détriment des autres, mais que ces autres me pardonnent : le ciel m’est tombé sur la tête.

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17:09:07

L’ABSENCE

 

Lorsque je regarde les effets personnels de Julien que nous avons stockés dans le garage, je me dis que sa vie est résumée en deux mètres carrés. C’est bien peu et quelle tristesse.

Dans les quinze premiers jours de sa mort, j’ai lavé tous ses vêtements. Pourquoi ? Ils étaient propres cependant. Je les ai rangés avec précaution dans des grandes caisses hermétiques en plastique. Maintenant, je n’arrive plus à m’en approcher et encore moins fouiller dedans.

 Pourquoi ce déni soudain ? Est-elle si difficile à apprivoiser cette absence ? Oui. Et même en comblant le mieux possible mon temps et mon esprit, j’ai toujours quelque chose qui me rappelle qu’il ne vit plus.

Avec le temps…… me dit-on ! Non. Bien au contraire, elle grandit parce que nous sommes désormais seuls dans notre douleur ; la compassion est terminée. Pour presque tous, notre tragédie fait partie du souvenir.

Nous ne sommes pas préparés à affronter la mort et ce qui gravite autour.  Nous gardons notre innocence dans ce domaine jusqu’au jour « J » et lorsque l’effroyable se produit, nous franchissons la porte d’un autre univers qui nous éloigne pour toujours de nos espérances et de notre insouciance. Nous sommes devenus quelqu’un d’autre.

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. Publié le Mercredi 21 Juillet 2010 à 17:09:41

LETTRE A PERRINE, LA COMPAGNE DE JULIEN

 

Chère Perrine,

Dans mon témoignage, j’ai très peu parlé de toi.

Je n’oublie pas cependant que tu as été la compagne de Julien pendant trois années et que tu l’as rendu heureux. Il voulait faire sa vie avec toi et avoir des enfants ; le destin en a décidé autrement et quel dommage.

Pourquoi lui ? Pourquoi ce virage ? Pourquoi ces voitures à ce moment-là ?  Pourquoi peut être une imprudence de quelqu’un d’autre, qui sans le vouloir, a brisé sa vie, la nôtre ses parents, celle de toute une famille et la tienne ?

Il n’y aura jamais de réponse. C’était écrit me dit-on. Si l’on savait et que l’on puisse changer le cours des choses.

Moi, sa maman, j’ai eu des ressentiments à ton égard : celui que tu sois encore vivante et pas lui ; celui également que tu lui ais  demandé de prendre les motos ce week-end-là alors qu’il n’en avait pas envie.

Trouver des arguments culpabilisants est très facile ; alors je veux te dire que je n’en suis plus là. J’ai évolué et aujourd’hui, ma colère est tombée. Je dois avancer face à l’adversité. Cela t’aidera à ouvrir un autre chemin que celui que vous aviez commencé à tracer tous les deux.

Christian et moi attendrons tes signes, parce que nous ne voulons pas embarrasser ton avenir que tu dois reconstruire.

Sache que nous sommes là.

A ta dernière visite, tu m’as dit que nous faisons désormais partie de ta vie, lorsque j’ai évoqué le fait qu’un jour ou l’autre, tu pourrais ne plus nous contacter, parce que tu dois regarder dans une autre direction. Quel beau message de chaleur et d’amour à notre égard et à celui de Julien  tu nous as donnés, toi que nous trouvions parfois insaisissable. Ton cœur s’ouvre à nous. Quelle belle récompense.

Avance et sois heureuse.

                                                                                                               Annie

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