Qu’il serait tout triste ce beau monde
Si Dieu n’avait eu l’idée de faire Eve.
Car l’homme après avoir fini sa ronde
Du matin irait le soir dormir sans rêve
Du lever jusqu’au doux coucher du soleil,
Entre nommer les bêtes et cultiver le Jardin,
Il s’irait asseoir tout solitaire devant le seuil
De sa maison, morose et triste, mangeant son pain
Il aurait finalement le sentiment
De mener sa vie de façon fade et presque sans goût,
Et dans la détresse qui est la sienne, certainement
Il en aurait eu marre et aurait exprimé son dégoût
De cette vie de machine, de cette vie robotique.
Heureux soit l’homme car celui qui est debout
Sur son trône, capable de lire la colonne squelettique
Du cœur des hommes, n’avait en fait pas fait tout
Du haut de son piédestal invisible
Celui qui sonde les cœurs et les reins
Avait vu la grande détresse de cette âme sensible
Qu’il conduisit par sa force dans un sommeil d’airain
Pour tirer de son coté ce que l’œil très curieux
N’avait encore vu. Ainsi l’argile qui se meut
Pouvait cette fois découvrir la splendeur de Dieu
Et cette beauté devant laquelle sans cesse il s’émeut
Finit par remplir en lui cette grande place vide.
Après un bon et intéressant Sabbat,
Après avoir loué celui qui dans la nuit
S’élance avec son glaive au combat,
Celui dont l’épée dans les ténèbres luit
Pour en poussière réduire ses ennemis,
Lorsque je me rendis en ma demeure,
Là ou vivent parents, frères et amis,
Je me sentis seul comme quand on meurt
Et autour de soi sent la tristesse de la vie.
Malgré les bruits faits tout autour de moi,
Rien ne pouvait me rendre joyeux et ravi,
Rien à vrai dire ne pouvait me mettre en émoi.
Aussitôt je fus envahi par une mélancolie
Si grande et si immense, véritable tristesse,
Si bien que je semblais me voir dans la glace de la folie
Tant je mourais pour faire l’expérience de l’allégresse
Mais en mon for intérieur il n’y avait pas la joie.
Je décidai d’aller dans ma chambre un peu mourir
De la mort dont meurt quiconque toutes les fois
Après avoir perdu le goût de l’éveil et du sourire,
Cependant ce fut impossible sur les ailes du sommeil
De m’élever par cette nuit douce, paisible et calme
Car je voyais avancer les pieds de ce vilain écueil
Qui paraissait me soumettre à ses mauvais charmes.
Mais comme m’avait dit un jour un de mes pères
Source de la vraie intelligence, du grand savoir du jour,
Sur qui je ne cesse de prendre tous mes repères,
Je me levai sans peine, sans courage ni bravoure
Pour, sur ma table en plein milieu du salon,
Venir me reposer par l’écriture d’un poème,
De ces poèmes qui semblent toujours longs
Mais que l’on écrit pour la femme qu’on aime,
Pour elle, elle, et elle seule seulement.
Là, les mots aisément semblaient tous couler
Et la vie reprendre sons goût normal.Si je mens
Puisse Dieu dans la géhenne entièrement me faire brûler.
Par une douce nuit en cette saison
De pluie, assis seul dans la maison
Je scrute à l’horizon un océan imaginaire.
Je n’ai point la sagesse d’un vieil octogénaire
Mais mon esprit me dit que mon cœur aime
De cet amour dont parfois on fait un emblème
Ecrit sur les pages invisibles de l’esprit.
Toutes les nuits sans cesse je prie
Que Dieu permette à ma bouche dégoulinante
De délecter ce fruit d’une saveur envoûtante.
A force d’y penser palissent toutes mes forces
Mais comme un soldat en guerre bombe torse
ainsi je pars chercher le précieux onyx
Comme Orphée dans le Tartare derrière Eurydice.
Mon cœur en cette nuit chante ses doux élans
Que je recueille à l’intérieur de ce cahier blanc.
En mon esprit existe toujours un grand royaume ;
Mon roi tient un grand sceptre en sa douce paume
Et son cœur comme la vie,vide de la haine
Attend l’arrivée d’une seule personne, sa reine.
Tous les hérauts de ma vie porte l’étendard
Signe qu’en tout lieu je proclame ma victoire.
Tous les chantres de mon royaume des ombres
Egaient sans cesse des foules en grand nombre
Et les pitres pour me réjouir utilisent l’humour
Mais j’ai besoin seulement de ma reine et de son amour.
.
La vie est brève
Comme le rêve
Qui s'élève
Quand s'achève
Le doux sommeil.
L'azur vermeil
Du pale éveil
Ouvre son bel œil
Sur un jour nouveau.
On immole le veau
Noir qui équivaut
La mort dans le caveau,
Ainsi s'ouvre l'écluse
De la paix recluse
Dans l'âme qui ruse
Avec le chant de la muse
Que joue la belle lyre
Du poète qui délire
Sa folie que sait lire
La sagesse, un collyre
Pour les aveugles
Du pays qui meugle.
La politique aveugle
La jeunesse qui beugle
Le changement. Les scélérats
Cyniques avec leurs dents de rats
Rongent sous leurs apparats
Vils les vies dans l'embarras
De la responsabilité vraie.
Ils marchent sur la raie
Du libertinage qui apparaît
Dans le pouvoir qui distrait
La masse au ventre vide.
La famine, déesse aride
Souffle son feu torride,
Plein d'un vitriol acide,
Aux portes creuses du pays.
La mort, princesse sans répit
Célèbre avec grande envie
Ses noces avec les impies.
L'espoir, dieu décédé
Jette son dernier vieux dé
Au sort brisé et débridé
Du peuple au visage ridé
Par les sanglantes lanières
Du temps aux viles manières
Qui n'exauce plus les prières
De nos larmes faites rivières.
Mes amis seront fiers,
Eux à qui je disais hier :
« Quand notre destin laid
« S’enivrera du miel et du lait
« Sucrés de nos rêves possibles
« Qui ne prendront plus pour cibles
« Les nations blanches ni
« Alors l’œil sur la grande souffrance
« S’ouvrira vigilant et responsable
« Pour endiguer le joug du périssable
« Qui ornait jadis notre cou tendu »,
De savoir que le présage de ce vendu
Ami à la vérité qui ne choisit pas de visage,
S’est avéré vrai sans qu’il en soit un sage.
Certaines choses sont si évidentes qu’il est sot
D’en dire des lignes qu’on résumerait en un mot.
Vouloir c’est mourir ; vouloir c’est souffrir.
Souffrir c’est combattre le combat pour offrir
Au destin ses allures de belle princesse
Aux somptueux habits de fée enchanteresse
Avec sa baguette du travail et de l’abnégation
Qui nous ôteront à jamais du gouffre de l’inhibition
Répugnante servie par une génération sans valeur
Qui voudrait clouer au pilori de l’utopie et du leurre
Notre bel avenir construit par Houphouët
Que certains ont tué par l’oubli et son fouet
De l’ingratitude abjecte qui vit dans leur conscience.