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poetenegre

lenegrenoir

le chant du chaos 2 Publié le Vendredi 29 Août 2008 à 16:30:18

               Oisiveté,

      Mère de nos vices

               Cupidité,

      Mère de nos abysses !

      Venez prendre les fils

      De vos idylles lugubres.

               Corruption, 

      Amie de Nous-Tous

               Damnation,

      Orchidée qui pousse !

      Eloignez la mousse

      De vos senteurs insalubres.

               Prospérité,

      Grand-mère maudite

               Vérité,

      Ange qui court vite !

      Enlevez-nous de l'orbite

      Malsain des politiques.

                  Enrichissement,

         Idole qu'adorent les bornés

                  Détournement,

         Prince au vilain gros nez !

         Vomissez vos marées

         Noires, salissantes et cyniques.

                   Cécité,

         Ténèbres dans nos regards

                   Obscénité,

         Handicap des nos égards !

         Otez-nous les bagarres

         Du pouvoir sanglant.

                   Misère,

         Reine au sceptre douloureux

                   Galère,

         Barque sur l'océan fiévreux !

         Prenez-nous dans vos creux

         Car on n'a pas d'autre plan.

                   Tristesse,

         Flèche qui perce la main

                    Paresse,

         Loup qui dévore le destin !

         Détournez de nous vos chemins

         Sombres, vos routes noires.

                     Libertinage,

         Longue épée de pagaille

                     Bavardage,

         Inutiles discours de marmaille !

         Repêchez dans vos grandes mailles

         Les errements de vos brouillards.

                      Impunité,

          Ornement de ce nouveau régime

                      Insécurité,

          Denrée qu'on consomme sans régime !

          Lavez vos sanglantes mains de crime,

          Criminelles mains de sang innocent.

                       Nuisances,

          Arc-en-ciel ensoleillé de nos nuits

                       Impuissances,

          Début scandaleux de tous nos ennuis !

          Ecartez-vous devant les vrais appuis

          Solides que procure le règne décent.

                       Injustice

          Souffle de nos gens de lois

                       Préjudice,

          Douleur de notre pays aux abois !

          Nous ôterons d'abord les bois

          Qui entravent nos regards d'aigle.

                        Amnistie,

          Chaux qui recouvre tous les morts

                         Démocratie,

          Juge qui condamne tous les torts !

          Transformons enfin nos esprits retors

          Pour ne plus chanter le mensonge espiègle.

                         Désarmement,

          Acte qui vaut plus que des paroles

                         Soulèvement,

          Option évidente dans un Etat drôle !

          Il est temps de jouer votre rôle

          Pour délivrer ce peuple exténué.

                         Prière,

          Huile qui maintient la flamme d'espoir

                         Bière,

          Onction qui  noie le désespoir !

          Les élections sont l'échappatoire

          Qui n'a pas fini de faire éternuer.

                         Désinformation,

          Train qui porte le mortel repas

                         Intoxication,

          Feu qui embrase l'antre du trépas !

          Jusques à quand poserons-nous le pas

          Décisif qui éteindra les foyers de haine.

                         Fanatisme,

          Voile qui empêche de voir la vérité

                         Incivisme,

          Plaie qui fait suinter l'insécurité !

          Brisons ensemble l'obscurité

          Qui a envahi cette terre d'ébène.

                  

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soudaine vision Publié le Vendredi 29 Août 2008 à 16:36:26

        Tout à coup une vision, ces sortes de rêve qu’on rêve l’œil ouvert

        Sur une face étonnée ; ces sortes de rêve qui sont les flash des cieux

        Dans nos pensées distraites tout le temps par la grisaille du temps,

        Superflu utile qui envahit les âmes. Tout à coup donc cette vision

        Haute dans la plongée du pays qui scintille des éclats sombres,et

        J’aperçois dans une file droite cinq personnes sereines s’avancer

        Dans un pas dignement militaire, les mains des uns sur l’épaule

        Des autres, le premier, pardon la première la main sur le dos du vent

        Qui souffle dans tous les sens.L’un après l’autre, les soldats fiers

        De ce bataillon de fantômes, se détachèrent du groupe pour dévoiler

        Leur identité cachée sous le masque hideux du prisme déformant

        Placé dans l’iris des hommes dont la pensée tout comme la langue

        Change à la couleur du temps ; ces hommes du village des caméléons

        Qui se lèvent avec le soleil mais refusent de s’étendre sur son lit jaune.

        Premièrement une femme aux cheveux longs et au sourire de gomme :

        -je suis la femme de tout le monde, la prostituée sans visage ni parti

        Politique, la sentinelle des libidos insatisfaites et de tous les adultères,

        Celle qui dort quand le pays traîne les pieds, celle qui travaille fièrement

        Quand le pays s’amuse, celle qui n’a ni congé ni férié dans l’année,

        Celle qui ne pleure jamais malgré ses ennuis et qui trouve sans cesse

        La force de conjurer le sort mauvais, celle que la police traque en permanence,

        Celle qui n’a pas de syndicat car n’ayant que des devoirs envers

        Tout le monde qui ne me reconnaît aucun droit, celle qui console

        Les ministres de la république et ceux que les femmes ignorent cruellement.

        Deuxièmement un homme en sueur, une lanière de cuir attachée à son bras :

        -je suis l’homme de toutes les femmes, le porteur de charrette,

        Charrié par les vicissitudes, celui qui use ses reins d’étranger

        Venu des terres sèches du Niger, celui qu’on traîne comme un chien

        Dans les détours des marchés puants, celui qui dort avec treize cousins gueux,

        Riz et haricot tristes dans le ventre qui grossit de misère avilissante

        Troisièmement une femme, jeune avec ses frêles jambes et  son regard entêté :

        -je suis la jeune fille du nord qui de lève quand sommeille le soleil rouge

        De nos tropiques en chaleur, celle qui tient entre ses mains le balai matinal

        Dans la cour familiale de sa grand-mère qui partage ses nuits avec le délire,

        Celle qui prépare le petit déjeuner de son père sévère avec ses principes du Coran,

        Celle qui part avant le réveil tardif du jour sur les routes de nos marchés

        Ou se trouve l’argent du travail, du mérite et de l’abnégation vrais, selle

        Pour une jeunesse sans goût ni sel.

        Quatrièmement un homme, jeune avec ses nauséabondes loques de boulot :

        -je suis le jeune homme sale qui tient en main la portière du Transport,

        Celui qui fait le griot des quartiers d’Abidjan, celui qui parle bien

        Son français à l’envers, celui qui essuie les quolibets des clients qui râlent,

        Des chauffeurs qui grognent au volant de leur vieille voiture, tacot grippé,

        Ferraille qui désengorge les masses, celui qui appelle, accueille, installe

        Et compte les vieilles pièces de monnaie balafrées des clients qui m’amusent,

        Me taquinent, m’encouragent, celui qui tombe malade tous les dix ans grâce à Dieu.

        Enfin s’avança le dernier de cette légion d’honneur que j’écoutais joyeusement

        Sur les ovations des ombres qui me regardaient avec beaucoup de patience.

        -je suis l’être charmant qu’étranglent les mains corrompues,

        L’être doux que brûle le feu de la haine, celui qu’étouffe la grande paresse

        Des hommes aux visions différées. Je suis le rêve qui dort en l’homme,

        La lumière sous le boisseau du chaos de nos Etats aux politiques louches

        Qui bouchent les bouches des couches sur la touche de la pauvreté.

 

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La genèse Publié le Vendredi 29 Août 2008 à 16:40:10

       Au commencement était le christianisme,

       Les missionnaires barbus dans leur toge de catholique

       Etaient la voix de ceux qui criaient dans le désert subsaharien :

       Aplanissez les chemins des colons ambitieux, faites leur des voies

       Pour exploiter vos riches forets denses où gisent de nombreux trésors.

       Au commencement était l’impérialisme,

       Les pâtissiers de Berlin avaient déjà partagé le cake

       Délicieux de nos terres pas encore en friche.

       Au commencement était la traite négrière.

       Les océans portaient et transportaient sur d’énormes navires

       Les valeureux hommes de couleur pour travailler dans les champs de coton.

       Au commencement était la colonisation,

       Les Blancs échangeaient leur civilisation contre nos richesses.

       Ensuite vinrent les luttes :

       Nos pères mirent fin à l’esclavage,

       Nos pères firent abolir le travail forcé.

       Ensuite vint la Négritude :

       Nos pères démontrèrent nos civilisations,

       Nos pères firent établir la carte de nos identités.

       Ensuite vinrent les Indépendances :

       Nos pères proclamèrent nos Libertés,

       Nos pères firent partir les Blancs chez eux.

       Ensuite vinrent les Dictatures :

       Nos pères furent pires que les Blancs,

       Le pouvoir leur monta à la tête.

       Ensuite vinrent les coups d’Etat :

       Le peuple était rassasié des Vieux dirigeants

       C’était l’heure de la relève.

       Ensuite vinrent les guerres :

       Les Fils se disputèrent le trône,

       Le pouvoir ignorait le droit d’aînesse.

       Aujourd’hui on recherche la paix :

       La paix qui nous permettra de travailler,

       Car seul le travail nous grandira.

 

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regarde là-bas Publié le Vendredi 29 Août 2008 à 16:41:39

       Regarde par là-bas ce petit garçon qui marche aidé de sa canne,

       Il a perdu son pied droit dans les champs de mine.

       Regarde par ici cette bruyante marmaille en sanglot,

       Ossements desséchés qui continuent de vivre.

       Regarde là-haut ce gros avion volé sur nos terres en souffrance,

       On jette des céréales comme à des poules de basse-cour.

       Regarde sur ce sol les fils de ta grand-mère à jamais couchés,

       Ils ont gagné leur mort dans le feu de leur haine inutile.

       Regarde tout ça et commence, commence à comprendre

       Pourquoi depuis longtemps on vit sans songe ni rêve,

       Comprends pourquoi sans cesse des yeux me sortent de nombreuses larmes

       Et pourquoi le mal-vivre me fait haïr  l’ébène, couleur d’Ethiopie

       Regarde tout ça et commence, commence à entendre dans ton esprit

       Les litanies funestes chantées en chœur par les pauvres de chez moi ;

       Entends les interminables couplets noirs des veuves sur leurs maris troués,

       Entends les pleurs sans mesure de ces ventres rachitiques, claviers

       De misère dont les notes jouées par l’ensemble des ténèbres lointaines

       Font comprendre aux hommes d’ailleurs les géhennes quotidiennes d’ici…

 

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le boomrang Publié le Vendredi 29 Août 2008 à 16:46:20

Cela fait maintenant des jours,

       Des jours qu’il n’est pas encore venu le camion,

       Le gros camion blanc et vert qui collecte,

       Qui ramasse les ordures dans le quartier.

       Cela fait des jours que j’observe les chiens,

       ces bâtards du coin y plonger leur museau ;

       La poule et ses poussins qui mangent de l’aube au crépuscule

       Ne se font pas conter le spectacle.

       Cela fait des jours que Cocody

       Jadis vitrine d’Abidjan, perle des Lagunes

       Elève aux cieux des effluves nauséabondes.

       Il ressemble maintenant aux autres, mon quartier.

       Les gens ne rêvent plus d’y venir

       Car les moustiques-docteurs font les piqûres du paludisme.

       Il a fallu que se propage jusqu’ici la gangrène

       Pour qu’on se rende compte de l’ampleur de l’insalubrité

       Et qu’on voie la souffrance qu’ont toujours vécue

       Ceux qui depuis leur naissance ne mangent que poubelle.

       Il a fallu que le théâtre d’Adjamé Renault

       Nous rende visite seulement une fois

       Pour qu’on réalise le mal dans le District.

       Partout, de la Riviera à Danga, partout dans les rues,

       Les canalisations, dans les égouts, dans les maisons

       C’est le même bourbier, la même odeur de putréfaction.

       Les femmes vendent au bord, les gens mangent la mort ;

       Les enfants, torse et pieds dénudés y prennent leur bain

       Personne ne se rend compte, tout le monde ignore que

       Ce sont les petits bouts de papier, les restes d’orange

       Les épluchures de bananes, l’eau de vaisselle

       Qu’on jette, qu’on déverse en toute innocence

       Qui revient boomerang meurtrier, microbes dans nos victuailles,

       Choléra dans nos quartiers, fièvre typhoïde dans nos chambres…

 

 

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